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Reprise

A la nage du quatre de couple (pour éliminer le foie gras) (Wikipédia est si mauvais en français que je vous mets le lien en anglais). Onze kilomètres. Je me suis fait mal en portant le bateau. Il faut que je fasse des pompes, je n'arrive pas à mettre le bateau en tête.
Le plus important : j'ai vu trois canetons de l'année. Avec la cane, mais plus étrangement un canard.

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Sinon une emmerdeuse, une lettre de rappel de l'ACPR (nous devons envoyer deux exemplaires papier des tableaux télétransmis fin avril… Je l'ai sans doute fait l'année dernière, mais c'est si illogique que je l'avais gommé de ma mémoire). Les lettres T sont arrivées, ouf.

Sur l'eau

La Seine descend. Les retenues d'eau en amont sont pleines (lac du Der, etc), il va falloir les vider je suppose, nous allons avoir beaucoup de courant plusieurs jours encore.

Vincent a fini par autoriser les sorties, uniquement en yolette, aller retour dans le petit bras de l'île de la Jatte. C'est tout à fait exceptionnel, normalement nous descendons (sens du courant) par le grand bras (où passent les péniches) et remontons par le petit.

De loin j'ai aperçu une cane et deux ou trois canetons. Tous les cygnes de l'automne ont disparu, peut-être sont-ils retournés en Angleterre (la légende veut qu'ils viennent des parcs anglais, partis quand la reine a demandé qu'on ne les empêchât plus de voler). Ou il y avait trop d'eau pour qu'ils puissent nicher et couver (est ce qu'un cygne niche?).

Je n'ai pas d'ampoule mais le dos ankylosé. Dès que j'aurai un peu de temps il faudra que je me fasse remettre d'aplomb une ou deux vertèbres.

Clément est parti à Londres en bus.

Naze

Ah les vaches ils m'ont épuisée : toute la sortie à la nage (j'ai prévu de vous faire un cours de vocabulaire un jour mais pas maintenant: la nage, c'est le premier rameur de la file (installé au siège quatre…), celui qui donne le rythme à tous les autres, qui les traîne et les entraîne).

Trois semaines sans ramer, je suis bien punie de ma paresse : les petits cygnes et les canetons ont eu le temps de grandir, zut.

(Le principe était le suivant: très en retard sur un document à rendre, donc je me suis interdit de faire autre chose que travailler à ce document, moralité je n'ai plus rien fait du tout pendant trois semaines).

Je suis vraiment fatiguée, je vais m'endormir au clavier.

Bestiaire

Sur l'autoroute, juste devant nos roues, une cane et sa troupe de canetons minuscules et souriants finissent de traverser les six voies en se dandinant et disparaissent dans les fourrés.


Rue du Louvre, un homme arrête les voitures pour permettre à une souris gris foncé de traverser sans être écrasée.


Dans Carnets de guerre de Vassili Grossman acheté hier, la photo du chameau Kouznetchik m'enchante.



Comment trouver notre vieille [division] amie de Stalingrad1 dans la poussière et la fumée, au milieu du rugissement des moteurs avec le cliquetis des chenilles des tanks et des canons automoteurs dans le grincement des énormes convois sur roues qui vont vers l'ouest, dans le flot de ces gamins pieds nus, des femmes en foulards blancs qui se déplacent vers l'est, de ceux qui ont fui devant les combats avec les Allemands et qui maintenant rentrent à la maison ?
Des gens bien intentionnés nous avaient conseillé, afin de nous épargner les arrêts et les questions, de chercher une division caractérisée par une particularité connue de beaucoup : dans son régiment d'artillerie est attelé à un charroi un chameau surnommé Kouznetchik [«Criquet»]2. Ce né natif du Kazakhstan a parcouru toute la route de Stalingrad à la Berezina. Les officiers des transmissions ont l'habitude de repérer dans le convoi Kouznetchik et trouvent sans avoir à poser de questions l'état-major qui se déplace jour et nuit. Nous avons ri à l'écoute de ce conseil farfelu comme à une bonne plaisanterie, et nous avons continué notre chemin.
Et voici que nous sommes de nouveau sur la grand-route, dans la poussière et le fracas. Et la première chose que nous voyons est, attelé à une télègue, un chameau brun, la peau presque à nu, qui a perdu tout son pelage. C'est bien lui, le célèbre Kouznetchik.
Avance à sa rencontre tout un groupe de prisonniers allemands. Le chameau tourne vers eux sa tête peu avenante à la lèvre pendante : il est apparemment fasciné par la couleur inhabituelle des vêtements, peut-être renifle-t-il une odeur étrangère. D'un ton entendu, le conducteur crie à l'escorte : « Fais venir les Allemands ici, sinon Kouznetchik va les bouffer!» Et sur-le-champ nous apprenons tout de la biographie de Kouznetchik : lors des échanges de tir, il va se cacher dans les entonnoirs laissés par les obus et les bombes, il a déjà été recousu trois fois pour ses blessures et s'est vu décerner la médaille «Pour la défense de Stalingrad». Le commandant du régiment d'artillerie Kapramanian a promis à son conducteur que s'il amenait Kouznetchik jusqu'à Berlin, il serait récompensé. «Tu auras la poitrine entièrement couverte de décorations», a dit avec le plus grand sérieux, ne souriant que du coin de l'œil, le commandant du régiment. En suivant la route indiquée par Kouznetchik, nous sommes arrivés à la division.

Vassili Grossman, Carnets de guerre, p.302-303



1 Il s'agit probablement de l'ancienne 308e division de fusiliers, commandée à Stalingrad par le général Gourtiev et qui deviendra la 120e division de fusiliers de la garde en septembre 1943. Cette formation en majorité sibérienne avait défendu l'usine Barrikady à Stalingrad. Pendant l'opération Bagration, elle fut intégrée à la 3e armée.

2 Le chameau Kouznetchik devint célèbre moins d'un an plus tard quand il arriva à Berlin et qu'on lui fit traverser la ville pour cracher sur le Reichstag.
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