Billets qui ont 'couleur' comme mot-clé.

Retours

Retour au boulot sans se presser : arrivée tard à la gare, train supprimé. Arrivée à dix heures, ce qui était une habitude avant 2006… (avant l'entrée de l'aîné au lycée, l'accompagnement du plus jeune en primaire). Le temps passe.

Visioconférence «Le look à l'ère de Zoom». Je découvre l'existence d'un instrument indispensable, le light ring. (Pourquoi on ne me dit jamais rien ?)
Le bleu marine est la couleur la plus passe-partout, la couleur préférée au monde sauf en Chine et en Espagne, où c'est le rouge, couleur de la passion. Le gris est la couleur des diplomates (ni blanc ni noir) et celle des techniciens (le métal). (Ça me fait rire: à la fois évident et inconscient).
Sachez le message que vous voulez transmettre et en cas de doute… posez des questions.
Bref, toutes choses évidentes qu'on oublie de mettre en pratique.

J'ai perdu mon casse-croûte (acheté le matin gare de Lyon) je ne sais où. Sur un banc dans le métro? Encore heureux que je n'avais pas glissé mon téléphone dans le sac en papier comme je le fais parfois.

Je tousse tant que cela fait rire mon équipe (de perplexité, je crois). J'en profite pour demander à rester en télétravail demain. Je range mon bureau car j'ai été embarrassée à l'idée du bazar laissé au moment de mon absence imprévue. Il faut que je prenne cette habitude au quotidien.

Je rentre par le train de 19h42, les trains de la branche Bourgogne, les trains les plus sales que j'ai jamais vus en France. C'est un train étonnant, avec des compartiments de six à l'ancienne, non éclairés je ne sais pourquoi, les vitres si sales qu'on ne voit pas à travers.
Je voyage debout, ce qui ne m'était encore jamais arrivé. Il ne faut pas arriver quatre minutes avant le départ du train.

Il a gelé ce soir à la tombée de la nuit. J'ai ressorti mon manteau ce matin.
Retour à la Dame du Lac. Ça faisait longtemps. J'aime tant l'équipe qui tient ce restaurant.

Shakespeare en chaussettes

J'ai pris la photo à l'arrache, au moment de descendre, donc elle n'est pas cadrée.

Richard III, Roméo et Juliette, Hamlet

un voyageur a enlevé ses chaussures et mis ses pieds sur la banquette à côté d'un livre de Shakespeare. La couverture orange est assorti au siège

Couleurs

Dans la formation Wordpress on nous fait jouer avec Coolors (appuyez sur la barre d'espace pour changer de palette).

Ça me fascine. Si j'ai bien compris (source: H.), il y a 256x256x256 couleurs (système hexadécimal). Et le plus fascinant, c'est que chacune a un nom.
C'est magnifique. 256 au cube noms de couleur.

Suite (ou le début de la fin?)

Et maintenant repassage en regardant Better call Saul S2.

Pas le moral. Ça n'était pas arrivé jusque là. Le déconfinement ? La perspective de retourner à la vie normale?

Reçu hier un mail de mon coiffeur: nous pouvons commencer à prendre rendez-vous. Zut alors, la teinture rose abricot genre manga (dans mon idée cela devrait ne donner que des reflets) que j'ai commandée va arriver trop tard, je n'aurai pas le temps de l'utiliser avant le 11 mai, ou alors il faudra que je me reteigne dans la semaine. Too bad.

Il pleut et il fait froid.

Jaune

Ce matin, pour une raison incompréhensible, il y avait cette fleur dans la pelouse. Plantsnap l'a identifié comme une fleur de topinambour.



Je n'aurais pas imaginé une fleur aussi jolie pour un légume aussi laid.

Gris

Pas grand chose. Croisé Skot, pris à peine le temps de ralentir. Je suis allée acheter une robe de plus (après un week-end de réflexion) qui est en réalité une sorte de manteau ou veste sans manche que je vais porter en robe. Cela me fait cinq robes grises. Je commence à travailler mon look de vieille dame à la Jacqueline de Romilly. (Je ne m'habillerai pas en blanc à la Emily Dickinson, trop exigeant).
Toujours pas de verre de lunette en vue (ha ha). J'ai terriblement mal aux yeux avec la paire précédente.
Depuis que C. m'a dit qu'il voulait des t-shirts à Noël, je perds un temps dingue sur les sites de t-shirts.
H. a été recontacté par l'administration du Delawaere. Ça me fait plaisir. J'avais tellement cru, il y a un an exactement j'étais tellement en train de croire, que nous nous installerions à Wilmington.

Le conseil méthodo du jour : «Mgr Joseph Doré disait : il faut apprendre des tables des matières par cœur.»
De façon générale, tout penche dans la même direction : il faut que j'apprenne beaucoup plus (infiniment plus) par cœur. Il faut que je prenne le temps d'apprendre par cœur.

Que font les théologiens ?

Je ne sais plus très bien comment rédiger ces billets : ne reprendre qu'un thème, une anecdote, courtement, ou en faire davantage un journal, des pierres de Petit Poucet pour se souvenir, ce qui complique le titre à donner au billet.

Ce matin, TG sur Gaudium et Spes. J'ai très peu travaillé, je l'ai très peu travaillé. Overdose de Vatican II, overdose d'émerveillement devant le miracle qu'a constitué ce concile. Je suis fatiguée de ce que je ressens comme de la propagande ecclésiologique alors que toute ma pente va à la christologie (en termes ordinaires : ma foi s'enracine dans les évangiles, pas dans les actes du magistère).

Il se passe quelque chose d'étrange avec la professeur. Il est évident que mon mode de pensée, mes interventions et mes interrogations la dérangent, à tort ou à raison1 — et elle recentre le débat. Soit. Ce qui est embarrassant, c'est qu'elle culpabilise et me demande ensuite si je boude ! (non je ne boude pas. Simplement je me demande in petto si l'on peut s'interroger librement (puisque nous sommes entre nous, croyants de bonne volonté) ou s'il faut s'autocensurer.)

Des exemples : l'une des questions porte sur l'Incarnation : sans la chute, le Christ aurait-il eu "besoin" de s'incarner, se serait-il incarné ? Dun Scott penche pour oui, Thomas d'Aquin pour non.
Une autre question porte sur le péché : pensons-nous (chacun de nous, dans la salle) le péché comme constitutif de l'homme, ou pensons-nous la création (Création) comme essentiellement bonne, et l'homme fondamentalement bon, ensuite seulement corrompu par le péché ?
Depuis Vatican II la deuxième position prime mais pendant longtemps l'Eglise adoptait plutôt la première. Sur les deux questions, les deux positions sont possibles, acceptées par l'Eglise, ce qui amène mon interrogation de fond : que font les théologiens ? (de quelle nature est leur réflexion ?) : s'enferment-ils dans leur chambre pour prier et ensuite écrire, dans une inspiration tels les prophètes, ou nous livrent-ils leur opinion (étayée par la prière et l'étude des textes et de la tradition, bien sûr) qui dépend en grande partie de leur personnalité plus ou moins optimiste ?
Cette question-là n'a pas plu.
Suis-je la seule à ressentir du malaise devant le travail des théologiens, devant cette façon de vouloir expliquer l'incompréhensible et de le réduire à dimension humaine ?
Mais y a-t-il moyen de faire autrement si l'on veut se servir de sa raison ?

En sortant, shopping. Ça fait quelques semaines que j'y songeais, j'ai froid et je n'ai rien qui me corresponde vraiment dans ma garde-robe pour les jours froids.
Deux robes grises en laine chez Max Mara. La vendeuse est charmante.


Note
1 : autrement dit, il est fort possible que je sois hors sujet

Dimanche : Sienne

— J'aime beaucoup cette couleur.
— Je crois qu'on dit terre de Sienne.
— Ah oui, suis-je bête. Regarde ce bleu. Est-ce qu'on ne dit pas aussi bleu de Sienne ?
— Pas étonnant : tu as vu le ciel hier soir ? C'est exactement cela.
— Et cinq cents plus tard, il n'a pas vieilli, toujours le même bleu.
— Normal, on a changé les ampoules des étoiles.

Errances qui nous mènent à la basilique St François (j'ai déjà oublié ce qui fait une basilique. Ce doit être un lieu de pélerinage, je crois). Ce n'est pas tant que les osties ne se décomposent pas depuis 1730 qui m'étonne que le fait qu'on en mange une de temps en temps…
Je vérifie le soir qui est Viligiardi, son Gesù Buon Pastore me paraissant un montage photographique: non, 1893, ce ne sont que des moutons hyper réalistes sur des épaules quattrocentiennes. Peut-on parler de kitsch si l'intention était sincère?

De tous côtés, à tous moments, une enfilade de rues permet d'apercevoir la campagne ou un clocher. La ville est pavoisée, les tambours résonnent. (Quelques recherches plus tard, je crois comprendre qu'il s'agit de la fête de la Visitation. Catherine de Sienne a fondé l'ordre de la Visitation (damned, je viens de comprendre que Catherine de Sienne vient de Sienne!)). Apparemment c'est la fête du quartier de la girafe ("Festa Titulare", j'ai l'impression qu'il y en a une par quartier tout au long de l'année).

Parce que nous avons décalé nos horaires (prévoyant d'être dans un musée aux heures les plus chaudes), nous sommes seuls ou presque dans le Palazzo Pubblico (nous ne monterons pas dans le clocher de Quantum of Solace ), et seuls sur la terrace (la loggia) qui donne sur l'arrière du campo. Ne rien prévoir permet d'être surpris par tout, l'Italie est la plus merveilleuse place pour cela: chaque lieu paraît une apothéose indépassable jusqu'au suivant.

Achat de bottes jaunes, de sandales rouges, d'une écharpe rose.

Plus tard encore ce sera Santa Maria della Scalla. Je note ici Domenico di Bartolo, dont je n'avais jamais entendu parler et qui est extraordinaire.
Des salles recueillent les œuvres d'art de Norcia et un film montrent les pompiers dégageant tableaux et statues. (Notons au passage la belle indifférence aux touristes à la fois dans la ville et sur internet: quelques traductions en anglais, non systématiques, et c'est tout. Débrouillez-vous (mais dans les livres en italiens, des traductions de Jacques Le Goff)).
Nous sommes seuls à nouveau dans l'église. Je reconnais la scène de St Jean, la guérison à la piscine de Béthesda.

Il est six heures, tant pis pour le Duomo, nous reviendrons. Il faut encore faire des courses, reprendre la casa dei Rosso dans laquelle nous avons repéré une supérette. Achat chez "l'arabe du coin" (qui a travaillé gare de Lyon) pour les fruits et légumes (ils sont beaucoup plus fermes que chez nous: parce qu'ils n'ont pas poussés sous serre?), retour en évitant la voie rapide du matin.

Pieds dans la piscine qui n'est pas si froide. Cependant pas le courage de tenter la baignade. Devant nous oliviers jusqu'à l'horizon, pas une lumière dans le soir qui tombe.

Couleurs

A travers la somnolence qui berce souvent mes voyages en RER, il me suffisait d'entrouvrir à peine une paupière pour identifier une station: un flou rouge à travers les cils, Nation; orange, gare de Lyon; bleu, Châtelet; blanc, Charles de Gaulle.

Las, il y a longtemps que Châtelet n'est plus bleu mais gris (longtemps, mais quand? Je n'ai pas saisi le moment, je ne l'ai pas vu: ces disparitions brutales ou insensibles (qu'est-ce qui qualifie mieux le fait de se rendre compte un jour d'un événement survenu avant, sans date? l'incapacité d'enraciner un souvenir est un vacillement) me troublent, me poursuivent, car je n'ai pas pu faire mes adieux à un état du monde).

Je viens de m'apercevoir que gare de Lyon est en train de tourner elle aussi au gris. Photographie donc, pour se souvenir de l'orange.



Qui m'apportera une photo des étagères vert pomme de la bibliothèque Pompidou avant 2000 ?

Seine

Une photo des abords industriels plus près du club, pour changer. Gris sur gris.

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Blanc

La correspondance ligne 1-ligne 12 à Concorde a été interrompue d'avril à juillet l'année dernière, compliquant mon dernier trimestre (et qui dit complication dit fatigue supplémentaire).

Cela en valait peut-être la peine (maintenant j'attends la fin de la rénovation des Halles avec curiosité. L'autre jour j'ai découvert que le passage vers la ligne 14 avait été considérablement ouvert et dégagé).

Ligne 12 station Concorde, ce soir vers six heures.




Agenda
O. dans les Cévennes pour une semaine pour le programme de géologie de terminale. Rendez-vous à Port Royal à cinq et demie du matin. Le cours de ce soir a été dur.

Paris

Matin : visite guidée des jardins du Palais Royal en traversant la galerie Vérot-Daudat (le café du coin servait au tournage des Maigret) et en terminant par la place des Victoires. Nous apprenons qu'il est de tradition que les directeur et anciens directeurs de la Banque de France aient un appartement dans les arcades du Palais Royal.
Je repère un chapeau orange que je reviens acheter après.

Après-midi: Dallas Buyers Club. McConaughey est transformé, méconnaissable. Très bon film. Ce n'est qu'après que je découvre qu'il s'agit du réalisateur de C.R.A.Z.Y.

En sortant, longue errance dans le quartier Montorgueil. Je cherche une fringue pour l'anniversaire (14 ans) de ma filleule. Je n'ai pas l'habitude et rien ne me plaît (sachant que ce qui compte pour elle, c'est l'étiquette. Le fait que ce soit moi qui offre compte aussi.) Je continue à pied rue de Turbigo, rue des Francs-Bourgeois, rue des Rosiers, désormais il fait nuit, des boutiques ont déjà fermé.
Je trouverai in extremis mon bonheur au "Temps des cerises": je m'étais arrêtée lire sur la façade la plaque rendant hommage aux victimes de "l'attentat de la rue des Rosiers" (du moins c'est ainsi que je l'ai identifié: ce n'était pas sur la plaque, puisqu'elle est rue des Rosiers…)

Je rentre épuisée par ce shopping mais personne n'a remarqué mon retard: H. travaille à la campagne des municipales.

Divine surprise

Premier TG de philo ce matin. Je pensais avoir la même prof que l'année dernière, et par exception aujourd'hui, pour des raisons d'absence, une autre professeur ayant officié l'année dernière et s'étant fait violemment détestée par son groupe (un homme pondéré avait ainsi écrit sur la feuille d'évaluation de cette professeur: «Nous avons tous compris que Mme X. n'avait pas besoin de préparer les TG tant notre niveau était bas et que cela la dérangeait de se lever pour venir nous faire cours […]». (Plus tard quand je lui en ai reparlé, il m'a avoué que finalement il n'avait pas rendu la feuille rédigée en ces termes).
J'allais donc en TG avec un peu d'appréhension.

Je m'étais trompée, je n'avais pas compris et mal écouté: je change de groupe donc de prof cette année, ce qui fait que du même coup j'ai échappé à la remplaçante redoutée! Alleluia! Le professeur de cette année est mille fois plus intéressant que celui de l'année dernière; décidément la philosophie n'est intéressante que lorsqu'elle ressemble à une longue conversation, chaleureuse, malicieuse, tourmentée, sombre, vivante.

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Agenda
Acheté une robe et des chaussures orange. Regardé des chapeaux. Ai fait réactivé ma carte vélib qui n'était plus disponible depuis mon changement de carte Navigo.
Only Lovers Left Alive. Film lent, envoûtant. Jarmush réussit le tour de force de maintenir une tension narrative dans un récit (une diégèse) languissant. Triste, calme, nostalgique, engagé. Beaucoup d'amour pour les livres, la musique, la nature. Oui, beaucoup d'amour dans ce film.

Aura moderne

La lumière qui émanait du visage de la femme assise sur le siège en face de moi en diagonale n'était pas dû, comme je l'ai cru tout d'abord, au reflet de sa magnifique écharpe rose sur sa peau, mais, je l'ai découvert plus tard, à la lumière de l'iPad qu'elle lisait.

Contretemps

Vu sur un pull en vitrine :

Do Winter
Do Spring
Do Summer
Donot Fall


Journée très speed, dont un aller/retour cauchemardesque à Roissy sous la pluie et un avion raté à cause de soixante centimètres d'eau dans un creux sur une bretelle d'accès d'autoroute (une demi-heure de bouchon à quatre kilomètres de l'aéroport. Embarquement clôturé quarante minutes avant le décollage pour cause de navette vous emmenant à l'autre bout des pistes. Nous sommes arrivés quinze minutes trop tard.)
On recommence demain pour un avion à sept heures vingt. Quand je pense que je me disais que j'allais me détendre et dormir après le décollage de cet avion…

Par ailleurs l'hiver sera rouge.

De quelle couleur est le blanc ?

Comme le temps passe vite. Ce billet aurait dû intervenir tout de suite ou peu après celui-ci. En effet, j'avais eu la surprise en cherchant la couleur évêque (enfin, je ne savais pas qu'elle portait ce nom, j'ai cherché "violet" et "mauve" dans google images et pris ce qui me convenait le mieux) de découvrir l'existence de la couleur cuisse de nymphe émue alors que je pensais que c'était une invention de Louÿs (vérification faite, chez Louÿs, il s'agit de "cuisse de nymphe calmée").

Il ne faut pas confondre "cuisse de nymphe émue" et "cuisse de nymphe" (nous avertit Wikipédia). Je découvris alors les teintes de blanc et leurs noms.

Le prof de philo était habillé en bleu

Chaque fois que je le vois il me paraît un peu plus âgé que dans mon souvenir (c'est la troisième fois) (mais comme j'avais commencé par vingt-cinq ans, il est encore jeune), un peu plus fatigué (si pâle et les traits si tirés) et très doux. Contrairement au précédent habité par l'ardeur de son sujet, celui-ci glisse plutôt vers la contemplation. L'un paraissait en transes, l'autre translucide, éclairé par une bougie intérieure.

Ce soir il portait un pull irlandais bleu pétrole qui iradiait différemment son visage. J'ai eu autrefois une prof de philo que je trouvais à son meilleur en col roulé violet, couleur évêque.

J'ai trouvé la paire

J'avais la fille en rose, ce soir j'ai trouvé le garçon.





Noël bleu

Le pub Renault (enfin... L'atelier Renault) a choisi une décoration bleue pour Noël, en harmonie avec ma chère R8.





En terminale il y avait quatre redoublants. Laurent avait deux ans de retard (il avait eu un grave accident de moto dont le récit me fit donner du sang pendant des années), j'avais un an d'avance, il avait coutume de me dire qu'il aurait pu être mon père.
Notre amitié commença par une monumentale gaffe: un jour qu'en sortant de cours de physique il annonça qu'il était pressé car il devait aller se faire couper les cheveux, je répondis (jouant à celle qui connaissait la vie) que tant que sa mère ne trouvait pas ses cheveux trop longs, ça pouvait bien attendre.
— Ma mère est morte, me répondit-il très vite en me regardant à peine. Et il partit.
Je restai pétrifiée.

Au dernier rang, en cours d'histoire, il était à côté de moi et glissait des poils de barbe entre les pages de mon cahier en me disant que cela ressemblait à des poils de cul (Ils doivent y être encore si ma mère n'a pas jeté mon cahier). Il trouvait le prof trop gaulliste, lui dont le père était l'archétype de l'instituteur socialiste.

C'est lui qui m'a prêté le Coran et un certain nombre de livres sur les religions orientales. Ils appartenaient à sa mère.

J'avais pris l'habitude, dans l'état de dépression vague où je me trainais, d'aller marcher le long de la Loire le mercredi matin, entre huit et neuf heures (au lieu de travailler comme le pensaient mes parents). Il avait pris l'habitude de me récupérer sur le chemin du retour, m'effrayant la première fois qu'il s'arrêta pour me proposer de monter tant je pensais être tranquille et loin du monde (moment de stupeur avant de le reconnaître, sortie brutale du rêve).
Il possédait une R8 bleue, pas Gordini, au volant et au levier de vitesse en bois.
J'espérais secrètement récupérer cette voiture.
Mais quelques années plus tard, quand le croisant je m'enquis de sa voiture, j'appris que j'arrivais trop tard: elle était partie à la casse.

Couleurs

Cette vieille dame en béret bleu, imperméable rouge et valise anis lisait un livre rose : Réflexions sur l'esclavage des nègres, de Condorcet.

(Etrangement, je ne trouve pas trace de cette édition sur internet).

Fleurs de lin

«Avant l'arrivée du chemin de fer, la Normandie n'était pas verte, elle était bleue.»

Flamme rose

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