Billets qui ont 'femme' comme mot-clé.

Contrecoup

La plupart des jeunes pilotes, et notamment ceux qui pilotent les avions qui nous remorquent, ont pour ambition de devenir pilotes de ligne. J'arrive au milieu d'une conversation entre pilotes d'avion-remorqueurs, instructeurs de planeur, élèves-pilotes de planeur. Elle concerne une grande compagnie aérienne:
— Pour sept postes, ils ont pris six filles. Ils manquent de filles dans les cockpits. Pour le septième, ils ont fait évoluer un mec en interne.
Mon premier mouvement est d'être désolée pour lui (surtout que celui qui parle est mon préféré). Mais je dis seulement:
— Vous êtes en train de payer pour les dix générations précédentes.

L'histoire avec sa grande hache: être présent au mauvais moment au mauvais endroit. Je m'abstiens de leur faire remarquer que la frustration qu'ils éprouvent, c'est celle de générations de filles à qui on a dit non pour la seule raison qu'elles étaient fille. Ce n'est pas plus juste aujourd'hui qu'à l'époque. Mais je ne vais certainement pas regretter qu'on essaie de rééquilibrer la situation, même si c'est brutal et injuste au niveau individuel. Cela permettra de faire évoluer les mentalités (rendre la présence de femmes normale, ordinaire, que cela devienne un non-sujet. La guerre des sexes est plutôt ennuyeuse, vivement qu'on passe à autre chose).

Combien de temps pour que la situation s'équilibre? Avec les départs à la retraite et le remplacement générationnel, quatre ans ou cinq ans?

L'affaire Tim Hunt

Des propos du prix Nobel Tim Hunt sur les femmes scientifiques on suscité le tollé: «Vous tombez amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent» ; tant et si bien qu'il a été contraint de démissionner du University College of London où il travaillait.

Les propos de Tim Hunt ne me surprennent pas, je les ai déjà entendus. Ce qui me surprend, c’est la réponse qu’ils reçoivent.

Concernant les larmes, pourquoi pas. En tant que fille qui pleurait très facilement (au point que lorsque mon assistante m’avait demandé pourquoi je m’étais mariée (ça la torturait car elle était célibataire à vingt-six ans et j’avais trois ans de moins qu’elle) je lui avais répondu «parce qu’il a toujours des kleenex» (le pire, c’est que pendant trois secondes elle m’avait crue)) et qui recommence à pleurer facilement (les hormones?), pourquoi pas. C’est embarrassant, il faut faire avec, ne pas y accorder trop d’importance et réussir à le gérer sans avoir l’air trop con. Bon.

Ce qui manque, c’est la contrepartie masculine. Si les femmes pleurent quand on les critique, que font les hommes? C’est simple, ils ne reconnaissent JAMAIS une erreur, ils ne reconnaissent jamais leurs torts. Impossible. Au mieux ou au pire, acculés, ils se mettent en colère. Est-ce mieux et plus facilement gérable socialement que des larmes? Je n’en sais rien, mais il est sûr que c’est aux autres de gérer, car ils n’admettront pas non plus qu’ils sont en colère. Non, ils ont juste raison.
Donc j’attends simplement des hommes qu’ils soient capables d’entendre cette généralisation sans nous fournir des contre-exemples (car les hommes généralisent sur les femmes, mais si une femme leur rend la pareille, inévitablement «elle exagère». Donc s’ils reconnaissent que les hommes se mettent en colère, je reconnaîtrai que les femmes pleurent. S’ils nient, je nie aussi, je fais comme eux, je leur cite une douzaine de contre-exemples. Car pourquoi eux pourraient-ils s’en tirer ainsi et pas nous?)

Concernant la partie «les femmes mettent le bazar dans les labos par leur présence sexuelle» (et affective?), j’ai entendu cet argument entre mes treize et quinze ans, et il m’a marqué à cause des hommes qui l’ont émis: mon oncle (vétérinaire) et mon entraîneur d’aviron (ébéniste), deux hommes que j’aimais beaucoup et pour lesquels j’avais beaucoup d'admiration. Or le drame d’admirer quelqu’un, c’est que vous avez tendance à croire ce qu’il dit. Donc je prenais pour argent comptant la phrase «une fille met le bazar dans une équipe» et j’avais juste envie de supplier et de m’excuser: «mais ce n’est pas ma faute si je suis une fille. Je n’ai pas choisi, je vous assure, j’aurais préféré être un garçon, c’est tellement plus facile! Acceptez-moi quand même, je vous en prie !» (Mais bien sûr, je me taisais).

Aujourd’hui, trente ou trente-cinq ans plus tard, j’ai juste envie de répondre: «ce n’est pas mon problème. Je gère mes règles, ma contraception, mes grossesses, alors si vous avez des problèmes, gèrez-les, je ne les porterai pas pour vous, j’ai assez des miens. Vos appétits sexuels, votre problème; vos besoins affectifs, votre problème; débrouillez-vous, prenez du bromure si ça vous aide! VOS hormones, VOTRE problème.»

Spécialité régionale

J'ai oublié de transmettre l'info quand je l'ai eue: Niort est la ville des cougars (parole de recruteur qui s'en sert comme argument auprès des jeunes hommes pressentis pour travailler dans les mutuelles niortaises).

CQFD

Nous passons chez le marchand de fruits et légumes pour quelques commandes pour Noël. Il ferme le 24 au soir.
— Et vous rouvrez quand? demandé-je avec l'espoir que ce soit le 31.
— Jamais. Je change de vie, je pars au soleil, en Nouvelle-Calédonie.

Tandis que nous nous éloignons, je commente, un peu bitch:
— La Nouvelle-Calédonie? Bizarre, encore une histoire de femme.
— Mais pas du tout! Sa femme est de Nouvelle-Calédonie!
— …
— Je te déteste.

Question

— Alors, ce devoir de math ?
Mes garçons : — Ça n'a pas marché très fort, mais toute la classe s'est plantée, alors…
Ma fille : — Je me suis plantée, je suis nulle, je n'y arriverai jamais. Larmes, désespoir, drame.

Question en forme de sondage : peut-on remplacer "mes" et "ma" par "les" et "la" ?





Et sinon, rendu un livre abîmé à la bibliothèque (je pense qu'il s'est pris du café sur la tête).
— Il était déjà comme ça quand vous l'avez pris? Je ne vois pas de note sur son état.
— Oui, il était comme ça.
— Parce qu'on demande aux gens de nous rembourser les livres abîmés.
— Ecoutez, ce n'est pas moi qui ai fait ça, mais je veux bien le payer pour la collectivité. Mais dans ce cas, je le remporte avec moi!
— Ah non, on le garde, on n'a pas le droit de vendre les livres.

(Et à son avis, quelle est la différence avec le livre qu'on garde chez soi en le déclarant perdu?)

La guerre des Roses et Les femmes du bus 678

Hier.

Pour évacuer un peu de ma frustration et de ma violence, je regarde La guerre des Roses, l'un des films les plus violents que je connaisse, une histoire de divorce qui n'est pas une bluette sentimentale, malgré un début trompeur, très "Harlequin". C'est un vieux film, je spoile.
Elle s'aperçoit un jour que son mari lui téléphone des urgences en se pensant à l'article de la mort que cette annonce ne la plonge pas dans la tristesse mais dans le soulagement (ce qui est très violent, certes, mais franc, objectif). Elle décide de divorcer.
Le mari profondément blessé refuse de quitter la maison. Il en obtient le droit grâce à une loi qu'exhume son avocat. Suit une guerre des tranchées dans les pièces et les couloirs.
Chacun rivalise de mesquineries et d'humiliations pour décourager l'autre, mais avouons que la femme est bien plus salope que le mari.
Concernant le mari, ce qui est parfaitement mis en scène, c'est sa radicale incapacité à admettre que sa femme ne veut plus de lui: c'est impossible, au fond d'elle elle doit l'aimer encore, cette conviction guide tous ses actes, il ne peut admettre qu'elle veuille être seule, tranquille, débarrassée de sa présence.

Aujourd'hui.

Je vais voir Les femmes du bus 678 et je retrouve cette même lutte pour avoir la paix. Laissez-nous tranquilles, laissez-nous vivre, oubliez-nous.
Nous sommes en Egypte et le contexte est évidemment très différent, beaucoup plus physique, brutal et généralisé à la société entière (alors que La guerre des Roses illustre un cas particulier).
Trois femmes, une pauvre avec enfants, une mariée d'une famille aisée et une fiancée d'une famille plutôt aisée également, subissent ou ont subi un harcèlement sexuel ou des violences sexuelles (dans le bus, sur un stade de foot, dans la rue). Il s'agit pour elles de savoir comment se défendre alors que personne n'est prêt à les aider, que leur famille fait pression pour éviter le scandale.
(En voyant ces trois femmes, je pense à Marx et à la lutte des classes, ou plutôt au Tiers-état: comment une population aussi hétérogène, avec des contraintes et des ressources si différentes, peut-elle faire front commun? Scène dans laquelle la plus pauvre, voilée, accuse la plus riche d'être à l'origine, par sa tenue libre et ses cheveux détachés, du harcèlement universel des hommes.)
Ici, comme dans Il était une fois en Anatolie et dans une moindre mesure dans Une séparation, c'est un policier qui a le rôle du sage, celui qui comprend, se tait, mais essaie de protéger qui doit l'être et de favoriser la justice et la droiture.

Je reste émerveillée par la façon dont ces films du Proche ou Moyen-Orient (Une séparation, Les femmes du bus 678) mettent en scène les rapports homme-femme, la façon dont ils comprennent et montrent ces femmes lassées qui un jour disent non, à la présence, aux rapports sexuels, à la pression continuelle. Elles partent ou elles restent, mais elles disent non. Elles sont entendues ou pas, comprises ou pas (plutôt pas, sauf par une poignée d'hommes attentifs; c'est bien l'attention à l'autre qui est au centre du débat (dans La guerre des Roses, le manque d'attention du mari avant le divorce est caricatural)), mais elles disent non. Elles veulent être tranquilles, ne pas être dérangées dans leur corps, ne pas être surprises par l'intrusion d'un autre corps dans ou sur leur corps (car il s'agit tout simplement de cela: de la surprise d'une main étrangère ou d'une main non désirée qui se pose sur vous: insupportable, comment ne pas le comprendre?)

En Occident, ou tout au moins en France, nous sommes persuadés d'être loin de ce schéma. Or c'est faux. L'idée inconsciente de la plupart des hommes, c'est que les femmes ont beau proclamer leur désir d'indépendance, elles ne souhaitent que l'homme (cf. Rousseau et son idée d'une femme soumise à un désir irrépressible). J'en veux à toute la peinture occidentale, tous les Fragonard et tous les Watteau, à toutes les Pompadour et toutes les maîtresses royales (le tableau Mademoiselle O'Murphy me dégoûte, mais je n'ai pas tout à fait le droit de le dire: je vais faire rire, je le sais; il faut que je sois prête à supporter ces rires et ces airs supérieurs sans rien avoir à répondre: si ce que je dis n'est pas compris, qu'ajouter?), qui sont peut-être à l'origine de cette idée culturelle: la femme au fond d'elle-même, même quand elle ne le sait pas, est toujours consentante, comme Mme Rose est dans l'esprit de son mari forcément amoureuse, même inconsciemment.
C'est faux.

Rame

Ramé pour la première fois depuis longtemps. Beaucoup de courant. Bruine. Les oiseaux vont par deux. Beaucoup de cormorans. Courbatures. La capsulite qui rôde dans l'épaule droite (version gentille, avec des répits (visiblement je fais beaucoup plus d'efforts le week-end, en semaine, ça va) n'est pas affectée par le mouvement d'aviron. Un peu décontenancée qu'un rameur de soixante ans dise à un rameur de trente à qui je viens de faire un compliment sur son dégagé «Tu te fais draguer». Est-ce bien raisonnable, est-ce vraiment la question? Rien à faire, cela n'arrive pas à me faire rire parce que c'est vraiment trop décalé par rapport au sujet, à l'ambiance, au sport, à ce qui m'intéresse, etc. Rien à faire, le cul perpétuel m'ennuie. Comment quelque chose de si prévisible réussit-elle à me surprendre à chaque fois?

Raffiné

Au bistrot, la serveuse, la cinquantaine, cheveux très courts blond platine à un homme d'une trentaine d'années assis au bar, calvitie naissante, cheveux un peu trop longs comme en couronne:

— T'en as combien des femmes au bureau? J'espère que tu vas leur faire une bise dans le cou !
— Mmmm ???
— C'est la journée de la femme.
— Ah putain c'est vrai merde !

Marelle

Quand vous marchez en talons sur les dalles de La Défense, vous jouez au vieu jeu qui consiste à ne pas marcher sur la ligne entre les carreaux.
Si vous coincez votre talon entre deux dalles, vous avez perdu.

D'où la démarche dansante de certaines femmes les yeux au sol, calculant le point d'impact de leur talon ou décidant de marcher sur les demi-pointes.

Le syndrôme de Saint Paul

Parmi les comportements qui m'agacent chez les hommes, celui qui consiste à s'approprier les causes qu'ils viennent d'adopter : vous vous battez sur un sujet, pour une cause, depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois; ils n'y ont jamais fait très attention. Puis soudain ils l'investissent, s'en emparent (et tant mieux, le but est d'être nombreux, l'important, c'est la cause), et viennent vous expliquez ce qu'il faut faire, comment il faut s'y prendre, alors qu'il y a bien longtemps que vous avez mis les stratégies en place — sans eux, avant eux,— comme s'il fallait absolument qu'ils soient à l'origine des méthodes ou des solutions, comme s'il fallait que ce soit vocalisé par eux pour que cela devienne valable… (Mais qu'ils aillent l'expliquer à d'autres, nom d'un petit bonhomme, je ne demande même pas qu'on reconnaisse mon antériorité, je demande juste qu'on m'épargne le discours: je suis convaincue, puisque c'est moi qui vient de les convertir… Ah zut, c'est vraiment agaçant. (Inutile de le leur dire, il seront peinés ou en colère, incapables de le comprendre (et donc j'écris ici, défouloir, prévention, avertissement à tous les autres: please, arrêtez!!)))


ajout le lendemain: En attendant un contre-exemple s'impose le paradigme: Saint Paul. Agacement devant Saint Paul, la notoriété de Saint Paul, le Romain cultivé venu tard, expliquant le Christ à ceux qui l'avaient connu… (Sacré Jésus: lui s'est entouré d'hommes simples, pas pénibles, et n'a converti un pontifiant qu'après sa mort: il n'a pas eu à le supporter (Saint Paul aurait-il expliqué au Christ sa mission? Je me demande… Je l'imagine très bien essayer.))

En attendant je me recule discrètement, je me désengage. Je déteste qu'on me serine les leçons que j'ai moi-même écrites…

Je finirai par ne plus défendre que ma propre cause.

Peut-être aurais-je dû commencer par cela.

Samedi soir

Beau texte d'Oscarine Bosquet, Participe présent, mésanges et Rosa Luxembourg. J'écoute la voix dans la pénombre, douce et obstinée.

Puis Simone, qui est Simone, « C'est toi l'Arabe », sa voix rauque et chantante qui me rappelle une amie de ma mère, j'apprends que Joseph était merveilleusement beau et qu'il aurait bien pu coucher avec la femme de Putiphar, puisqu'après tout les douze commandements n'existaient pas encore (ce qui me paraît aussi magiquement absurde que d'imaginer qu'avant Newton, les pommes flottaient dans les airs). Dans une version de l'histoire, Joseph finit par prendre la femme de Putiphar en pitié, elle qui l'aura aimé toute sa vie. Ils ont cent ans tous les deux. « Comment tu veux élever des enfants avec une histoire pareille ? »

« Mon gynéco m'a dit : moi, j'ai coché la case garçon. » (C'est une bonne idée, désormais j'en ferai autant.)
« Comment ça tu es fan de TrucMuche? Il faut te défaner. »

Connais-je davantage Marie que Bernard, que dire des affinités immédiates, irraisonnées? Nous avons en commun quelques livres lues, c'est déjà ça.
La théière oblongue de Simone ressemble moitié à un char, moitié à un canard, mais nul ne l'a vue.
Elle aurait dû garder mes boucles d'oreilles, elles lui allaient très bien, et si j'avais été sûre qu'elle les portât, cela m'aurait fait plaisir.

Marie a oublié notre projet d'échange culturel. Zut alors. D'un autre côté, le titre de mon billet de septembre 2008, dont je ne me souvenais plus, montre que je ne me faisais pas beaucoup d'illusions.


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Dimanche

Pas grand chose à raconter, ou alors ma vie. Peut-être qu'un blog sert à ça, possible. Marché, jardin, rien de palpitant. M'enfin bon, s'il fallait attendre du palpitant pour écrire. Pas envie d'y retourner demain. Il faudrait réussir à écrire d'épaisses couches de rien pour pouvoir cacher quelques éclats de réel à des endroits où personne n'aurait le courage d'aller les chercher. Mais cela prendrait beaucoup de temps.
Continué les tas de feuilles. Presque plus de gazon, plus que de la mousse. Pourquoi les gens râlent-ils contre la mousse, c'est pourtant pratique, plus besoin de tondre.
Une épine dans l'index gauche, impossible de la fixer, ma vue se trouble.

Deux silhouettes

Matin, dans le RER A.

A ma droite, un jeune homme dort dans le coin, entre la fenêtre et la paroi. Visage poupin, très pâle, manteau bleu en laine, riche et lourd, chaussures noires pointus et cirées. Tant de jeunesse et une telle garde-robe, je songe à un jeune consultant. Il a posé ses pieds sur le rebord près du mur, sous la fenêtre, remontant les genoux vers sa poitrine. Instinctivement il a replié ses mains vers le creux de son ventre et tendu son dos en arc.
Il me semble voir le fœtus qu'il a été, entre abandon et abandon.

A ma gauche, dans le couloir, une belle femme d'une cinquantaine d'années, yeux très bleus, grande, blonde, fines rides, air d'ennui, porte un manteau en peau retournée coupé très large. Comme elle se tient à la barre centrale le bras assez haut, le manteau se déploie, et je songe à l'Afghanistan et Annemarie Schwartzenbach.

Quand vous vous taisez, votre mari lève le nez

Puisque cette note a été diversement interprétée, je vais donner l'arrière-plan personnel dans lequel s'inscrit ce minuscule incident.

Je me souviens très précisément d'un collègue avec lequel j'étais en train de plaisanter qui me dit : «En somme, quand vous arrêtez de parler, votre mari sort la tête de son journal pour voir ce qui se passe».
J'avais ri de bon cœur.

Rentrée à la maison, je racontai l'anecdote à H. qui à ma grande surprise se fâcha: ces clichés étaient insupportables, c'était inadmissible d'être aussi conventionnel, etc.
Je restai stupéfaite, à me demander si finalement mon collègue n'aurait pas eu au moins un peu raison (puisqu'il provoquait une telle colère), alors que j'avais pris ses mots comme une taquinerie destinée à se moquer de mon infatiguable bavardage.


PS : en recherchant le mot steampunk chez Caféine (l'endroit où je lai rencontré pour la première fois) pour savoir si je pouvais l'appliquer à Indiana Jones (non), j'avais trouvé ça, qui ne devrait pas plaire à Holly.

Jalousie

Mardi soir en sortant du cinéma, je reçois un texto:
10/06/08 21:05 - C francis rapel moi stp

Comme il est toujours possible que cela soit important, je réponds:
— Fx numéro.

Le lendemain dans l'après-midi, je m'aperçois que le message est resté coincé dans ma boîte d'envoi. Au lieu de le détruire, je le renvoie. S'en suit l'échange de textos suivants:
11/06/08 15:51 - Tu parle 2 koi?
— Un sms reçu hier soir par erreur: c'est francis, rappelle-moi.
11/06/08 15:57 - Nn pa par erreur c francis ki voulai ke tu rapel c la femme de francis
— Je ne connais pas de francis.
11/06/08 16:02 - Bin ci gabon!
11/06/08 16:06 - Et toi alor tu es ki?
— Une erreur de numéro. Effacez-moi de votre répertoire. Merci.
11/06/08 16:09 - Bin di moi ki tu es stp
11/06/08 16:13 - Alor t ki?

Désormais je ne réponds plus, je sais qu'il n'y a rien a répondre. Elle m'appelle une fois, deux fois. Je coupe la communication. La troisième fois, par erreur, je décroche. J'entends sa voix, jeune, inquiète: «Allô? Allô? Pourquoi vous parlez pas? Parlez-moi» Mais je ne veux pas parler, je sais que ça ne servira à rien. Il faudra attendre que j'ai un homme près de moi à qui passer le téléphone afin de calmer sa jalousie.
Elle rappelle encore, je décroche encore, méchamment. Même jeu. Elle raccroche, j'éteins mon téléphone.
Vers huit heures je le rallume. Je trouve ce message:

11/06/08 16:50 - Dsl c t vraiment une erreur pardon!

La vie mode d'emploi

[…]
Pour Nadine, les choses de la vie sont simples : les hommes se servent de leur intelligence pour devenir — ou, dans le cas du baron Edmond, rester — riches, et les femmes se servent de leur intelligence et de leur poitrine («Sans parler de ma jolie poitrine qu'il [le peintre mondain Jean-Gabriel Domergue] est le premier à admirer en véritable esthète») pour épouser des hommes riches.

Patrick Besson, in Le Point, 10 mai 2007
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