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Privatisation

J'ai réservé une salle de réunion pour moi toute seule, pour être tranquille. J'y ai passé l'après-midi. #mesvoisinssontbruyants
Je sens que je vais le refaire souvent.


Les Allemands ont perdu et tout le monde est bien plus ému que lors de la victoire des Français.

Menace

— Si tu m'embêtes, je vais regarder le foot.

Laudato si

Nous reprenons ce matin l'encyclique "écologique" que nous avions déjà préparée en janvier. La chargée de TD (ou équivalent) est une sœur auxiliatrice qui travaille dans un service néonatal de grands prématurés et nourrissons handicapés: une confrontation vraie à de vrais dilemmes. Son sujet de thèse est passionnant: tragédie classique et morale (peut-on utiliser les tragédies classiques pour résoudre des dilemmes moraux?)

J'avais peur que ce soit ennuyant, mais finalement (comme à chaque fois) non. Le peu que nous restons au bout de toutes ces années est trop passionné pour qu'une discussion quelle qu'elle soit soit ennuyante.

Au passage, la remarque d'un étudiant contre l'importance que prennent parfois les animaux au détriment des hommes: «les animaux des pays riches qui comptent davantage que les hommes des pays pauvres» et «la SPA 1845, l'abolition de l'esclavage 1848». (A quoi je murmure à mon voisin: «adhésion de la Suisse à la FIFA 1904, adhésion de la Suisse à l'ONU 2002». Il me répond drôlement: «Oui, mais ça, c'est normal.»)

Tout à la fin (mais pourquoi n'y ai-je pas pensé avant?), je jette un pavé dans la mare: est-il réellement cohérent de parler d'écologie, de sauvegarde de la "maison commune", sans parler de démographie, de surpopulation, et donc de contraception? n'y a-t-il pas là un angle mort de l'Eglise, un point aveugle?
Gros brouhaha. Jacques, que j'estime beaucoup, me surprend en évoquant la dépopulation européenne, à quoi je réponds que nous sommes sur une seule planète, et qu'il suffit de rééquilibrer la répartition de la population. Mais notre culture? me répond-il. Mais si nous attendons la Parousie, quelle importance, la population qui peuple l'Europe? Quel est notre espoir, qu'est-ce qui compte?
Nous nous séparons dans un certain désordre.

En carafe

Le petit déjeuner étant servi jusqu’à onze heures, c’est l’heure à laquelle nous quittons l’hôtel.
Détour pour aller voir au bout de la rue le restaurant Troisgros: apparemment la façade a beaucoup changé (n’a plus rien à voir) avec les souvenirs d’H.

Roanne Digoin par les petites routes. Nous arrivons aux Diligences sans avoir tout à fait le temps d’avoir faim.

C’est alors qu’H. flashe sur une bouteille de Nuits-St-Georges de 1971:
— Mais nous ne pourrons pas la boire et reprendre la route, il va en rester.
— A ce prix-là, je l’emmène!
— Mais elle va avoir chaud, dans la voiture.
Nous nous regardons.
Et c’est ainsi que nous décidâmes de prendre une chambre sur place, afin de pouvoir boire tranquillement notre bouteille, laisser s’aérer le vin — et accessoirement dîner ici ce soir.

Après-midi à ne rien faire sur le balcon de la chambre qui donne sur la Loire, au loin. je regarde les clubs d'aviron les plus proches — ils sont loin, Mâcon, Le Creusot. O. a fait remarquer que Digoin est au barycentre de Tours-Mulhouse-St-Rémy…

Au cinéma à sept heures, Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, avec Patrick Dewaere malchanceux et charmeur. Revoir la France de 1979, se souvenir que le foot rend fou et entendre le patron d'une grosse entreprise normande qui subventionne le club local dire: «j'entretiens onze imbéciles pour avoir la paix avec huit cents». Un bon film.

Puis fin de la bouteille au dîner.

Mauvais réveil, mauvaise journée

Réveillée par O. en plein cauchemar, il faut aller à Boissy à cause des grèves, O. qui devrait commencer à dix heures commence à neuf par un petit déjeuner avec ses professeurs, tous mes calculs de délai sont inadaptés, mon horloge interne déboussolée.

Coiffeur. Bibliothèque de l'ICP pour rendre trois livres. Je découvre la grève des éboueurs. Trains, avions, poubelles, terrorisme, tout coïncide pour faire de l'Euro un fiasco. J'espère me tromper, non par amour du foot mais par nécessité économique.
Je rends trois livres, je vais essayer de lire ma bibliothèque cet été. Exception peut-être, Le Buisson ardent de Greisch, la Correspondance d'Hegel et la quête du Jésus historique de Schweitzer.

Fête des Terminales. O. s'est déguisé en Blondin (Le bon, la brute et le truand). — Ça s'est bien passé? — Oui.
Il n'est pas très disert, ce n'est pas étonnant de sa part, mais en réalité, je le comprends quelques instants plus tard, il est malheureux. Il a eu ses résultats d'APB (admission post-bac), tous les grands lycées l'ont refusé, il est déçu, je m'attendais à cette déception (sans avoir osé le prévenir, espérant un miracle) car ses notes anticipées étaient mauvaises. Mais on a beau s'y attendre, cela fait toujours de la peine de voir son enfant avoir de la peine, et je m'en veux: il aurait vraiment fallu surveiller davantage son TPE, son français, ses études, tout enfin. Ma culpabilité, mon sentiment de responsabilité universelle me quitteront-ils un jour?
Eternellement1 je me souviendrai de la remarque d'Hervé, dans une rare occasion d'épanchement du fond de son cœur toujours si difficile à exprimer, apprenant les notes de français d'Olivier (et l'excellente note de Claire, sa cousine): «j'aimerais tant pouvoir être fier d'eux», et ma réponse: «nous n'avons pas beaucoup donné l'occasion à nos parents d'être fiers de nous».
Tout cela n'est-il qu'un retour de karma? Mais pourquoi nos enfants devraient-ils payer pour notre mauvaise conduite?
Je me rends compte à quel point il est vertigineux d'être sur des rails dès dix-sept ans: un lycée ou un autre, un cursus ou un autre, et c'est tout un avenir qui se dessine dans cette société française si conservatrice si fort qu'elle s'en défende.
La seule façon d'y échapper est sans doute de partir, pour un temps ou pour toujours, à l'étranger.

Le soir j'ajoute à mon blues en feuilletant les feuilles d'impôts des vingt ans précédents. Quelle vie en dents de scie, comme j'ai eu peur, comme cela a été compliqué (373 euros d'impôts en 2010, non imposable en 2000: les frasques professionnelles d'H.)

Mais H. est heureux, il revient de l'ambassade des Etats-Unis et prépare son prochain voyage d'affaires. Allons, tout va bien.


1: ou peut-être pas, car c'est à cela que sert écrire, oublier, l'écrit garantissant le souvenir offrant enfin la possiblité d'oublier (il me semble que Nabokov dit quelque chose de ce genre dans Mademoiselle O. en parlant de crayons de couleur. (Non, vérification faite, il dit que les choses racontées changent de substance.))

Ce trou noir est troublant

Soirée oulipienne et donc éclats de rire. Il est difficile de transcrire autre chose que des éclats, d'ailleurs, autre chose que des laps, aurait dit RC. Comment rendre le décousu des conversations tout en restant compréhensible hors contexte? Je note quelques points pour mémoire.

Les saxophonistes respirent par le nez en même temps qu'ils soufflent, avec les joues comme réservoir intermédiaire. Quand à la cornemuse, c'est un buffer. Ne parlons pas de l'accordéon (à jeter après une utilisation, vrai ou faux?)

— J'avais prédit la voiture jetable: quand le consommable est devenu plus cher que la partie fixe, tu jettes la partie fixe quand le consommable est épuisé: donc en imaginant un immense réservoir, tu jettes la voiture quand tu n'as plus d'essence…
— La cornemuse jetable, que tu jettes quand il n'y a plus d'air…

— Tu dis à des enfants de CE2 qu'ils vont mourir dans soixante dix ans de la grippe, ça ne leur fait rien, mais dans dix millions d'années d'une météorite, ça les inquiète.
— Oui, c'est la blague: "ma mère est morte de la grippe. — La grippe? ah, mais alors, c'est pas grave."

— Je vous invite le 9 juillet, la veille de la finale de l'Euro de foot, donc vous ne manquerez rien.
— Ah oui, d'ailleurs je l'ai noté: le 10, "fin du foot".
Et par dessus le coude de Dominique, je lis dans son agenda au 10 juillet, d'une écriture minuscule, "fin du foot", soigneusement entouré, et à voir ces deux mots dans le dernier jour d'une semaine encore vide, on comprend qu'il s'agit d'un soulagement, d'une libération patiemment attendue.

Demain soir, dernière de Conférence en forme de poire à Arcueil, autour d'Erik Satie (allez-y si vous pouvez, c'est très drôle). Et à propos de Satie, Dominique nous signale une émission d'Arte à venir (évidemment, il faut être insomniaque ou gardien de nuit).

La prégnance des émotions

Un 20 minutes qui traînait dans la rame m'a émue:
«Dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion mais il ne peut pas changer d’équipe de football» disait le célèbre écrivain Eduardo Galeano, décédé tout récemment. Il aurait pu ajouter qu’un homme peut tout oublier, sauf les émotions liées au football. C’est, en tout cas, le sens louable d’une expérience menée en partenariat par la fondation «Santé et vieillissement» de l’Université autonome de Barcelone et la revue espagnole Libero, dénichée grâce à une traduction publiée sur le site des Cahiers du foot.

L’idée de départ est simple: il s’agit, pour des patients victimes d’Alzheimer, d’inclure dans les exercices de travail de la mémoire des émotions liées à des événements sportifs marquants. Une approche testée avec succès aux Etats-Unis, où le club de baseball des Saint-Louis Cardinals a créé une association, la Cardinals Reminiscence League, qui permet à ses supporters touchés par la maladie d’échanger autour du passé du club deux fois par mois, dans l’enceinte même de l’équipe actuelle. «On a voulu faire la même chose ici avec le football, explique Diego Barcala, le directeur de la revue Libero. L’initiative est venue des médecins, qui ont fait venir des anciens joueurs du Barça pour générer une conversation autour du foot et essayer de mobiliser des souvenirs».

C’est là que Libero, une revue très centrée sur l’utilité sociale du football, intervient, en proposant gratuitement des numéros spéciaux adaptés aux époques recherchées, avec Suarez, Pelé, ou Cruyff en couverture. «Alzheimer efface la mémoire mais elle n’efface pas la passion pour le football, ni les émotions, et c’est cela que nous souhaitons récupérer par le biais de cette thérapie de la réminiscence», détaille Laura Coll, le médecin responsable du projet. Les résultats sont assez bluffants. On y voit des malades parfaitement capables d’identifier une action précise, comme le fameux but du talon de Cruyff, et même, parfois, de se souvenir de certains noms, quand ils ont oublié celui de leur enfant.[…]

20 minutes, le 30 juin.
Ça doit être étrange pour un fils de constater que son père ne se souvient plus de lui mais se souvient d'un joueur de foot… D'un autre côté, ça ne me paraît pas si étonnant que ça.

Peut-être parce que je suis en train de lire La norme et la règle, un dialogue entre Jean-Pierre Changeux et Paul Ricœur, l'idée que la mémoire et les émotions ne soient pas codées exactement de la même façon ou aux mêmes endroits du cerveau me paraît fascinant.

Souvenir de Pasqua

Mon souvenir de l'ère Pasqua, c'est un dessin, sans doute de Plantu, sur mon frigo à Aubervilliers: Basile Boli qui brandit une coupe (la Ligue des Champions 92-93?) et Pasqua en uniforme policier qui lui dit: «Où t'as piqué ça? Tes papiers!»


Il me semble que c'est dans ces années-là qu'est apparue la formule "délit de faciès".
Ce type était une ordure, et qu'il ait été résistant ne change rien à l'affaire: il s'agit d'un mode d'expression de sa relation au pouvoir qui à ce moment précis de l'histoire fut favorable à la France.
Je ne sais pas si ce fut toujours le cas.
Et que Sarkozy se soit joué de lui en se présentant (et en étant élu) à la mairie de Neuilly en dit long sur Sarkozy.


Aujourd'hui Pasqua est mort.

Un peu d'aviron

La vidéo est tournée principalement sur le bassin où je rame, celui du CNF (club sur l'île de Neuilly qui se voit du métro ligne 1). Le grand angle déforme les perspectives, mais cela donne une idée du dépaysement quand on travaille en bureau à la Défense.

Quelques points de repère :
- Il s'agit de pointe (une rame par rameur), donc l'équilibre est plus difficile à trouver: c'est comme si un équilibriste ne disposait que d'un demi-balancier, l'autre moitié étant utilisée par un coéquipier devant lui, les deux dépendant l'un de l'autre pour ne pas tomber.
- Remarquez la différence entre la force déployée durant la passée dans l'eau, le petit coup sec au moment de sortir la pelle de l'eau (le seul moment où les bras travaillent, l'essentiel de la force est fourni par les jambes) et le retour lent sur la coulisse.
- La première fois que l'on voit les rameurs de dos, ils rament "sans coulisse" (jambes tendues, soit le mouvement en barque, à peu près), la deuxième fois ils font des exercices d'équilibre en s'arrêtant deux fois durant le retour, une première fois après le renvoi de main (exercice classique) puis une deuxième fois une fois les pelles au carré (verticales), prêtes à tomber dans l'eau (exercice que je ne connaissais pas, il faudra que j'essaie).
- HJ8+ : "Hommes Junior 8 barreur" => «huit junior» dans le langage courant (on ne précise ni "barré", ni "de pointe", car c'est toujours le cas en compétition. On précise "filles" si c'est un huit féminin).



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Agenda :
Belle sortie en skiff avec la sensation de se déployer en ressort. Hauteur de mains réglée par le port de tête (à essayer en bateau long).
Découvert l'existence de la page de Vincent sur FB (je n'y avais pas pensé!)
Edge of tomorrow. Voyage dans le temps un peu différent: non pas des anneaux parallèles avec des histoires qui se poursuivent en chacun d'eux, mais un temps linéaire avec la possibilité de rejouer une journée (non, ce n'est pas exactement pareil, on évite les paradoxes temporels).
Allemagne-Brésil 7-1, incroyable et douloureux (dangereux?).

Quart de final

Je suis entrée dans la boutique, la Marseillaise retentissait dans le café d'à côté tout le monde chantait (et je me suis demandé quelle influence avait eu Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu?) je suis ressortie. J'ai pris un Velib, il y a eu un hurlement, et j'ai continué tranquillement vers le Marais (très difficile de garer mon Vélib) puis vers Ménilmontant (toujours tout droit, Commines puis Oberkampf) en me disant que c'était cool de mener un but à zéro comme ça dès le début.

C'est la mi-temps, Skot est en train de discuter en terrasse une bière à la main.
— Oh Alice, qu'est-ce que tu fais là? … Le problème, c'est que tu ne nous portes pas chance.
— Je sais, j'ai même hésité à venir à cause de ça. (Et c'est vrai.)

Ce n'est qu'en m'installant devant l'écran dans le café que je comprends que c'est l'Allemagne qui mène. La seconde mi-temps est riche en occasions perdues, les Bleus paraissent manquer d'esprit combatif. Ils manquent de hargne. Le gardien de but allemand est vraiment bon.

Surtout des Noirs dans le café, mais le patron est arabe. C'est le ramadan, très peu de verres sur les tables, beaucoup de silence, nous sommes de loin la table la plus bruyante. Amis d'amis FB, je ne connais que Slothorp et Tlön.

Couscous d'abord. Conversation de cinéphiles, journalistes de revue, un monde que je ne connais pas auquel je suis peu sensible. Plus le temps passe et plus les discours sur "l'art", "les œuvres", me paraissent vides de sens. Je n'arrive plus à les prendre au sérieux. Un échange sur Houellebecq (littérature ou sociologie?)

— Je l'ai eue comme prof à la fac, elle était très jolie.
Je ris stupéfaite et incrédule:
— Ce n'est pas possible! Tu es le plus sexiste de tous, et tu ne t'en rends même pas compte!
— Mais enfin, ce n'est pas sexiste de dire qu'elle était jolie!
— Pas en soi, mais dans le contexte, quel rapport avec la choucroute? Je ne te dis pas qu'Olivier Duhamel enseignant le droit constit à Science-Po était si bôôô dans son col roulé (même si c'était vrai)!

Glace ailleurs. La conversation roule sur la famille.

Vivement la prochaine coupe du monde, qu'on se revoit. (Sauf que je porte malheur, hum).

Point Culture

Anecdote relatée par Laurent qui m'autorise à la reproduire ici :

« Dans la salle de gymnastique, deux hommes parlent d'un troisième qui ne serait pas très au courant des choses du football, confondrait des joueurs, ignorerait la composition de certaines équipes, serait incapable de faire d'intelligents pronostics quant à la suite du tournoi de la FIFA.

Le jugement tombe, sans appel :
"Il n'est pas très cultivé."

Ouverture de la coupe du monde de foot

France Info ce matin. Interviews d'une dame, d'un policier.
Ils expliquent leur joie et leur stress, le Brésil va vivre pour le foot, le policier est là pour contrôler et surveiller la foule.
Soudain une phrase incompréhensible qui ne sera pas expliquée: la dame espère que l'équipe brésilienne va s'imposer dès le début, «sinon les protestations (désordres, mécontentements? je ne suis pas sûre du mot exact) vont continuer».

Il faut lire internet pour savoir qu'il y a eu grève de métro et menace de grève de métro, manifestations répétées contre la corruption, la misère, les sommes mises en jeu par le Mondial.

France Info a-t-il tant traité le sujet que tous ses auditeurs habituels sont au courant et que cela va sans dire?

J'en profite pour mettre un lien vers ces photos que j'adore.

Un Allemand à la maison

«Félix voudrait regarder Chelsea-Bayern de Munich.»

Et c'est ainsi que vous vous retrouvez avec un peu de surprise avec un ado hystérique devant un écran internet. (Ado tout à fait posé par ailleurs, le foot provoque d'étranges réactions.)

Mais le pompon, c'est de découvrir cette photo, dont j'ai cru qu'elle était un montage:



Je me demande si Hollande préfère le rugby.

(Autre titre possible: "Humain, trop humain". Mais c'est plutôt rassurant.)

Elégance footballistique

Ce matin dans le RER L'Equipe déployée par mon vis-à-vis me permet de contempler le pull bleu négligemment jeté sur les épaules de Waldemar Kita. Je songe aux cravates calamiteuses de Raymond Domenech et je me demande si cela influence les résultats d'une équipe.

Relais H La Défense

L'homme derrière la caisse est mince, visage ridé, fermé.
Je tends mon magazine de hand, il le regarde.
Sa bouche s'ouvre en une amorce de sourire, mi-goguenard, mi-désabusé:
— Au moins un sport où on gagne.
Silence. Il reprend (je ne l'aurais pas cru si bavard):
— Ma fille parle de reprendre le hand l'année prochaine.
— Au moins quand on les accompagne, on ne caille pas trop, on est à l'intérieur.
Nous échangeons un regard, il sourit un peu.




Pour ceux qui liront ce billet dans quelques mois: il s'agit du jour de l'élimination de l'équipe de France du Mondial 2010. Son comportement avait atteint un tel ridicule que nous en ressentîmes un certain soulagement: c'était fini.

Parc Astérix

Il a très bien vieilli, la végétation est superbe et les bâtiments sont bien entretenus.

J'ai moins bien vieillie, je m'aperçois que les montagnes russes que j'aimais tant me rendent vaguement malades sans plus beaucoup m'amuser.

J'ai découvert que O. connaissait le parc comme sa poche: on inscrit ses enfants à des excursions, on ne sait pas bien ce qu'ils y font, et quelques années plus tard on leur découvre des connaissances insoupçonnées.

Froid de canard.
Avantage : peu de monde, peu d'attente.
Inconvénient : difficile de sécher après le "Menhir express".

Dans l'après-midi je croise une jeune fille qui consulte un SMS et dit à ses amis: «C'est la catastrophe, il n'y a plus d'équipe de France, il n'y a plus rien». Elle rit d'un air stupéfait. Je crois à une défaite cuisante au cours d'un match.
Ce n'est que le soir en reprenant la voiture que j'apprends la vérité (la grève des footballeurs qui refusent de descendre du bus, etc). Tant mieux, l'attention portée à la radio m'empêche de m'endormir en conduisant (très fatiguée suite à la soirée d'hier).

RER soir de défaite

Il sont cinq blacks sur deux rangées de siège se faisant face, deux filles trois garçons, le plus jeune a douze ou treize ans, du maquillage bleu blanc rouge sur la joue, les autres autour de vingt ans.
Ils parlent parfaitement, c'est-à-dire que je comprends leur vocabulaire et qu'ils n'ont pas d'accent particulier (parfois c'est très dur…).
Ils commentent le match avec humour, l'analysent, ils sont très drôles, dignes des meilleurs moments de bistrot.

Un jeune mec arrive:
— Vous plaignez pas, nous on a été battu par des Suisses !
Eclat de rire général.
— Et les collègues, y se sont foutus d'ma gueule, y m'ont demandé: «Elle était bonne la paëlla?»
— Ah oui, va falloir se mettre à la fondue…
— En tout cas c'est pas ce soir qu'on va manger du cassoulet.
— M'en fous, j'ai l'air mexicain, j'peux dire que j'ai gagné. Et là j'vais chez des potes mexicains, y'a du chili con carne qui m'attend.


J'ai été un peu surprise de cette association naturelle sport-cuisine-fierté nationale. Est-ce que vous auriez pris le cassoulet pour "nous" représenter?



(Coupe du monde, Franc-Mexique, 0-2)

La Défense, terre de France

Ce matin je n'ai pas emprunté ma sortie de métro habituelle. (Quelle aventure!)
Et j'ai pris l'escalier en colimaçon plutôt que l'escalier large. (Quelle aventure, bis.)

Et je suis arrivée devant… une vigne.






Le soir, match contre le Mexique vu au "Soleil" à Ménilmontant avec Tlön et Sko† et Slothorp.

le sens du marketing

Conversation de machine à café (ici, je redécouvre la vie en entreprise, oubliée dans mon poste précédent où la vie entière était phagocytée par le responsable du service: tout devait tourner autour de lui, de sa vie, de ses souvenirs, de son petit-fils. C'était intéressant deux ans, au bout de cinq ça lassait (si au moins il avait partagé son temps de parole... Comme disait une collègue, «il a son heure gratuite de psychanalyse quotidienne»). D'où mon goût pour les ascenseurs et les machines à café) :

— Vous avez vu la pub Gillette? Vous savez, avec Thierry Henry...
— Heu, non.
— Il tenait un ballon à la main... Eh bien, ils l'ont enlevé !
— Mais y sont cons! A leur place j'en profiterais! J'ui f'rais vendre, ch'ais pas, moi, des gants!

A quelque chose le malheur est bon

Une fois n'est pas coutume, je suis plutôt contente des Français, ou plutôt deux ou trois fois. Mon poste d'observation est un peu particulier, puisque c'est internet (j'ai remplacé le rideau soulevé à la fenêtre dans les villages par les blogs et twitter), mais il me semble valable, car il enregistre la même impertinence que celle entendue le matin aux comptoirs des cafés tandis que cadres et postiers succèdent peu à peu aux ouvriers du BTP arrivés plus tôt.

1/ Au moment de l'hypothétique nomination de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad, puis surtout au moment de la fable de Nicolas Sarkozy à Berlin le 9 novembre 1989, la blogosphère et twitter ont éclaté de rire, ridiculisant "les puissants" dans une sorte de liesse populaire qui m'évoquait les pamphlets et les refrains circulant à d'autres époques dans Paris.

2/ La lamentable victoire des Bleus contre l'Irlande plongent les vrais supporters dans la consternation, et cela me rassure. Là encore, cette consternation se traduit par le rire et les jeux de mots (de mains, de vilains).

Domenech sauvé par Ingrid

Caricature dans L'Equipe de ce jour :

La foule, de dos, se presse pour apercevoir quelqu'un ou quelque chose. Au premier plan, deux hommes s'en détachent et s'apprêtent à sortir du cadre. Celui qui parle a la main sur l'épaule de l'autre:
— Viens Raymond, on va s'éclipser discrètement pendant l'arrivée d'Ingrid et tu reviendras délicatement en septembre.


(citation de mémoire. Je n'ai pas réussi à déchiffer le nom du dessinateur sur la feuille tremblante tenue par mon voisin de métro.)

Euro

Vu Turquie-Croatie hier : c'est toujours aussi ennuyeux ?
(Impressionnée cependant par les bonds en hauteur de certains joueurs (même si je n'en ai pas toujours vu l'utilité)).

Le monsieur en gris a sans doute sali son costume.

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Agenda
concert de jazz de Renaud, un pongiste.

Supporters dans l'Antiquité

Lors des courses de chars organisées à Constantinople sous l’Empire romain, les tribunes étaient occupées par des spectateurs, qui prenaient déjà activement part au spectacle. Ils avaient constitué deux camps, les Bleus et les Verts, véritables groupes de supporters des deux principales équipes de chars. Pline le Jeune s’étonnait que la principale préoccupation des spectateurs soit non pas tant les capacités des conducteurs de chars ou des chevaux que la couleur de l’équipe gagnante ! Procope partage cette incompréhension dont il fait état dans son «Bellum Persicum»: «de longue date le peuple était divisé dans les villes [byzantines] en Bleus et Verts, mais il n’y a pas longtemps que, pour ces dénominations et pour les gradins qu’ils occupent pendant le spectacle, les gens dilapident leur argent, s’exposent aux pires violences physiques et n’hésitent pas à affronter la mort la plus honteuse. Ils luttent contre ceux qui sont assis du côté opposé (…). Est donc née entre eux une haine qui n’a pas de sens, mais qui reste pour toujours inexpiable». L’armée était ainsi régulièrement appelée à la rescousse afin de mettre fin aux désordres liés à la violence des supporters, et son intervention aurait sauvé de justesse le règne de Justinien en 532.

extrait d'un rapport du Sénat, Faut-il avoir peur des supporters?

Question sur l'équipe de France de football

Je n'entends parler que de joueurs "vieux" : faut-il en déduire que tout à l'euphorie d'avoir gagné en 1998, les responsables du football français ont oublié de repérer et former la relève?


J'espère qu'il y aura quelqu'un pour m'expliquer ce point qui m'intrigue.

La FIFA, c'est mieux que l'ONU

Entre 1997 et 2003, j'ai beaucoup travaillé avec des équipes d'informaticiens, une en particulier. Des geeks et des footeux. J'aime bien les footeux qui savent de quoi ils parlent (j'aime bien ceux qui savent de quoi ils parlent). Je me souviens du départ de Fernandez du PSG en 1996. Je savais que le PSG venait de gagner la Coupe d'Europe, je ne comprenais pas bien pourquoi l'entraîneur s'était fait virer.
— Parce que le jeu n'était pas assez spectaculaire.
— Ahh… Et il est plus spectaculaire, maintenant?
— Non.
Mais désormais le PSG perdait.

En 1998, 2000 et 2002, au moment des coupes du Monde ou d'Europe, "mes" informaticiens avaient monté un intranet destiné à un loto sportif en interne. Comme nous étions peu nombreux, c'était très amusant.
A l'usage, on se rendait compte que cela n'avait pas beaucoup d'importance d'y connaître quelque chose ou pas. C'était très vexant pour les vrais théoriciens de ce sport, capables de réellement bouder quand ils s'étaient trompés. Le plus grand ennemi du pronostiqueur, c'est l'affectif, le détachement de celui à qui tout cela est parfaitement indifférent lui permet de réaliser d'aussi bons pronostics, voire de meilleurs, que celui qui connaît la biographie de tous les footballeurs sur le terrain.

C'est pourquoi, grâce à Vinvin qui m'a permis d'avoir une idée du tableau de départ, il me semble que la finale est évidente : Allemagne-Brésil.
Pour le reste, ça m'est égal : je vis dans un monde sans télévision, presque sans radio, je vais vivre la Coupe du Monde par procuration, comme d'habitude, et cela ne va pas me manquer (!). J'adore les moments où la ville est vide mais qu'on la sent respirer à l'unisson, les moments où s'échappent de toutes les fenêtres le même cri, cette impression de communion. Je préfère que la France gagne parce que j'aime le bonheur palpable des gens le matin dans le RER.

En 2002, J'ai lu La Terre est ronde comme un ballon, de Pascal Boniface. J'ai découvert quelques points d'histoire et de géopolitique intéressants : la Suisse, qui traditionnellement n'adhère à rien (elle a adhéré à la SDN en demandant un statut particulier qui respectât sa neutralité, elle n'a rejoint l'ONU qu'en… mars 2002) fait partie des sept pays fondateurs de la FIFA (fédération internationale de football association). La FIFA est l'organisation qui accueille les deux Chines, les deux Corées, la Palestine et Israël (qui joue parmi les équipes européennes pour les matches de qualification : il y a encore du chemin à parcourir…).
Alors bon. Même si je trouve les supporters un peu lourds parfois (euphémisme), j'ai décidé d'être indulgente. Le football nous sauvera peut-être.


Il est possible que je lise Les treize vérités sur le foot, de Just Fontaine. Ou alors, cadeau de fête des pères, puis je me l'accapare? A creuser.

Martine

J'avais pour première langue allemand, c'était à l'époque le moyen de reconstituer les classes de niveau supprimées par la réforme Haby qui était en place depuis cette rentrée (je n'ai pas eu de chance. J'aurais aimé être au collège avant la réforme Haby. Oui j'étais et je suis élitiste.)
La conséquence, c'est que nous avons été la même classe composée des mêmes élèves pendant les quatre années de collège.

C'est ainsi que je suis devenue amie avec Martine, que sans doute je n'aurais jamais fréquentée sans cela (nous n'avions pas grand chose en commun). J'étais mise à part en tant que grosse tête, elle faisait partie de ses filles mal dans leur peau qui n'étaient pas effrayées à l'idée de fréquenter d'autres mises à part.

Elle était passionnée de vélo. C'est grâce à elle que je sais qu'un vélo de course n'a rien à voir avec un vélo ordinaire (étant montée sur le sien et ayant failli me casser la figure).
Elle jouait au foot, aussi, ce qui était une rareté à l'époque (et c'est ainsi que je sais qu'un terrain de foot, c'est très très grand. Respect.)
Je lui dois Renaud, Balavoine, les sketchs de Roland Magdane (je m'en serais passée), mais aussi, plus étrangement, Martin Gray. Et les imitations du Collaro show (à partir d'octobre 1979, me dit Google).

Et si je place ici ces quelques mots en son souvenir, c'est qu'elle est arrivé dévastée par la mort de Claude François.
Je n'aimais pas Claude François, je ne l'aime toujours pas: ni sa musique, ni sa tête, ni ses costumes, ni ce qu'on racontait sur les Claudettes (je n'ai pas attendu MeToo pour avoir un instinct très sûr).
Mais même sans cela, même si je l'avais apprécié, il m'était incompréhensible d'être dévastée à ce point par la mort d'un chanteur, d'une star, d'un étranger en somme.

Quarante-deux ans plus tard, je me souviens de ce chagrin, de ses larmes en récréation.
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