Billets qui ont 'moi' comme mot-clé.

Témoignages

Les deux derniers jours ont consisté en des témoignages de chacun des neufs groupes face à des situations de la vie quotidienne et c'était très intéressant : les temporalités différentes, les énergies différentes, les objectifs différents.


— Elle me demande comment j'ai dormi : mais moi j'ai pas besoin qu'on me demande ça, je le sais, comment j'ai dormi !

— Je ne m'en fais pas beaucoup, je vis dans l'instant. Par exemple, j'ai acheté trois robes de mariée pour le même mariage. (rires)

— J'ai l'impression d'être un caméléon toujours sur la mauvaise moquette.

— Le petit garçon avait tellement envie de ma voiture rouge que je la lui ai donnée.

— Le recteur est complètement dépassé.

— Faire confiance, c'est très long. Ça prend des mois.

— On m'a dit « Toi, t'es jamais contente. » (elle pleure)

— On a choisi à ma place ; c'est vrai, ça m'a soulagé.

— Je voulais qu'on le change d'hôpital, alors j'ai dit que c'était l'évêque qui le demandait parce qu'on ne m'aurait pas écouté.

Je recommande l'ennéagramme aux personnes qui ont du mal à se situer dans un groupe et qui ont besoin de savoir-faire immédiats. C'est très intéressant et très chaleureux.

Epuisée

Troisième jour dans un groupe de trente. C'est fatigant d'être en interactions permanentes avec autant de monde, mais c'est passionnant. C'est moins intrusif et ruminatoire que de la psy (chanalyse ou chologie), davantage tourné vers notre façon d'agir et d'interagir avec les autres, plus directement exploitable.
A ceux qui s'intéressent au développement personnel ou la connaissance de soi, je ne peux que recommander la participation à un stage, ne serait-ce que par curiosité.

Communauté

Deuxième jour, enivrant, à partager des impressions, des craintes et des fous rires avec deux zazous qui sont du même type que moi (un spiritain et un oratorien : à chacun ses zazous).

Qui suis-je, suite

A-C ne jure que par l'ennéagramme (bien que la vraie pro soit sa sœur). Alors lorsque j'ai vu passer une annonce sur la page FB de la catho (plus précisément de l'ISPC, Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique1) pour une formation de quatre jours sur le sujet, je m'y suis inscrite : après le MBTI, je n'étais plus à ça près.

La journée a été instructive et amusante. Nous sommes trente dont une bonne moitié de prêtes et de sœurs en "parcours Nicodème2" et le reste en "mission diocésaine" (sauf moi qui suis tout de même en cycle C, même si personne dans la salle ne sait ce que c'est). Je suis toujours admirative de la diversité géographique de la catho : Birmanie, Haïti, Italie, Togo, Congo, Bénin, Madagascar, la Réunion… et Tours, Nîmes, Limoges.

La matinée (deux heures) est consacrée à une sorte d'échauffement en répondant à trois questions à partager ensuite en groupes de trois (groupes toujours différents de façon à connaître tout le monde3).
Je vous livre les questions :
- Qu'est-ce qui m'agace le plus chez les autres ?
- Qu'est-ce que j'aime que les autres disent de moi ? (quel compliment apprécié-je le plus ?)
- A quand remonte ma dernière colère et quel en a été le sujet ?


Pour nous montrer que nous avons besoin du regard et des comptes rendus des autres pour nous connaître nous-mêmes (besoin du reflet dans l'œil et la parole de l'autre), l'animatrice délimite quatre zones :
- la zone publique : ce qu'on montre aux autres en sachant qu'on le montre (ce que je sais que je montre et que les autres voient)
- la zone cachée : ce que je sais de moi mais que les autres ne voient pas (je le cache)
- la zone aveugle : ce que les autres voient mais que moi-même ne connais pas ou ne sais pas que je le montre (à mon sens, c'est cette zone qu'on prend le risque d'exposer quand on blogue, elle est l'enjeu du blogage.)
- la zone inconnue : ce que je ne connais pas de moi et que les autres ne voient pas (que faire de cette zone ? espérer la réduire ? l'appeler subconscient ? la conserver précieusement ? (ce sont mes questions, pas celles de l'animatrice)).


L'après-midi a été consacrée à la description des neuf types (je ne les donne pas, mais c'est du genre le perfectionniste, l'observateur, le secourable, le défenseur de l'orphelin, etc). « Il n'y a pas de sale type » est le credo. Le présupposé est une blessure d'enfance enfouie (pauvres parents, aucune chance de s'en sortir !) ; la recommandation est de ne jamais jouer à mettre une étiquette sur qui que ce soit en observant un comportement : il faut remonter aux motivations.

« Imaginez que vers la fin du repas X. se lève pour aller chercher le fromage : vous ne pouvez pas savoir si c'est pour rendre service, si c'est parce qu'il s'ennuie, si c'est pour échapper à une discussion dans laquelle il ne veut pas prendre partie, si c'est parce qu'il veut être sûr que le plateau sera présenté comme il convient… »

C'est ludique, c'est curieux, mais qu'en faire ? Je ne sais pas très bien. (L'écriture d'un roman ? Neuf personnages commettant la même action chacun pour une raison différente… C'est beaucoup, neuf.)


Note
1 : il faut dire que le sujet que j'envisage pour le mémoire de théologie va sans doute porter sur la catéchèse
2 : sorte d'année sabbatique et de formation continue volontaire pour les prêtes et les sœurs. Bonne initiative, j'en ai connu au bord de l'épuisement
3 : j'en profite pour partager "trucs et astuces pour animer un groupe" (car j'ai été surprise de constater combien c'était peu connu lors de mes dernières formations en entreprise)

MBTI

Cela fait plusieurs années que je vois passer des propositions de test MBTI au sein de l'association des anciens Sciences-Po. J'en suis curieuse depuis cet article et comme je suis à deux doigts de me mettre à chercher un nouveau poste, je me suis inscrite à une session individuelle, mi par curiosité, mi dans l'espoir que cela puisse être utile.

L'opération se passait en deux temps : tout d'abord un questionnaire à remplir en ligne, test que j'ai rempli très rapidement en pestant contre l'imprécision des questions, puis un entretien d'une heure pour valider les résultats de ce test.

L'entretien a contredit les résultats du questionnaire en ligne, entérinant le fait que j'ai passé ma vie à tenter de répondre aux attentes de mon entourage et non à suivre ma pente naturelle. En d'autres termes, je suis la version mentale et intellectuelle du gaucher contrarié, si bien contrarié que lorsque je réponds à un questionnaire en ligne je donne les réponses qui correspondent à la contrariété (être une efficace extravertie) tandis que lors d'une conversation, je reviens à ma réalité (une introvertie artiste). (Je présente tout cela très schématiquement, bien entendu).


Cette session m'a profondément déstabilisée. J'étais venue avec la question «Que dois-je faire de ma vie?» et l'on répondait à la question Qui êtes-vous?»
Ah bon, cela avait de l'importance ? Quelqu'un s'intéressait à qui j'étais? Cela a déclenché du désarroi et une colère venue des profondeurs: l'impression d'avoir été flouée toutes ces années, entre des parents qui ne s'intéressaient qu'à monter mon intelligence en épingle auprès de leurs amis (façon singe savant) et plus tard ma famille que je devais avant tout nourrir (d'où l'efficacité extravertie).
Et maintenant on venait me dire que qui j'étais comptait? On n'aurait pas pu me le dire avant?

Mais bien sûr, c'est une accusation trop facile : cela m'arrangeait bien de me laisser faire, de ne pas prendre la décision de faire ce qui me plaisait, tant je ne sais pas ce qui me plaît, tant je suis persuadée que ce qui me plaît ne nourrit pas son homme et que ce n'est pas possible. Bref, c'est de ma faute, je n'avais qu'à me remuer. Mais maintenant, que faire?


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A l'étage, les ouvriers qui travaillent à remettre l'escalier à neuf ont coulé une dalle sur les carreaux jaunes du palier.

Une explication

Déjeuner avec R. J'ai imprimé quelques billets d'Alice parce que cela m'a semblé plus rapide pour lui expliquer la situation, plus dépassionné, aussi, sans doute.
Il lit (j'aime bien regarder lire les gens qui se concentrent vite, ils disparaissent littéralement devant vos yeux, ils s'effacent) et sourit.
Il fait partie d'un jury d'agrég, il me raconte les pressions qu'il subit de la part de certains pontes pour que leurs poulains réussissent le concours:

— Non mais tu te rends compte? Et il est professeur d'éthique!
— Mais comment fais-tu pour te taire, pour ne pas exploser? Je n'y arrive pas, je me dis qu'il ne faut pas réagir, mais je n'y arrive pas.
— C'est que tu n'es pas une femme de pouvoir.

Pelote

Je commence des billets que j'écrase en écrivant par-dessus ou que je ne mets pas en ligne, à quoi bon ? Je les garde pour moi, seul inconvénient, ils ne sont pas indexés par Google. C'est pratique, Google, pour les aiguilles dans les bottes de foin.

J'ai des courbatures, mal à la gorge, aux oreilles, au dos, les yeux qui pleurent. Pas de fièvre.

J'ai un chef qui nous raconte pour la centième fois ses aventures de G.O. au club Med (moniteur de voile) dans les années 70. Nouveauté de la semaine : les souvenirs liés aux chansons de Carlos qui servaient de jingle pour signaler au bon peuple que le buffet était ouvert.

J'ai réussi à caser "Bises et zou !" en réunion (de spécifications détaillées, pour ceux qui voudraient avoir une idée de l'ambiance).

J'ai une chef qui me charge du compte-rendu de la réunion mais m'accable d'annexes en tout genre, pour le cas où "je serais perdue" (elle ne sait pas ce qu'elle risque, mais j'espère que les autres vont s'amuser, la minutie dans les notes prend des dimensions de révolte dans certaines situations (au moins la première version, je sais bien que tout cela finira poli et vernissé comme d'habitude)).

J'ai deux pages à lire et à colorier (je vous jure que c'est vrai1) selon les critères j'aime/je n'aime pas, c'est vrai/c'est faux (j'ai volé un stabylo bleu au bureau, il me manquait une couleur).

J'ai encore des cartes de vœux à écrire — à la famille, les dernières, je devrais y arriver en regardant Columbo. Finalement je ne vais pas détruire ce que j'avais copié hier. Je vais le mettre en ligne après minuit, ça fera le billet de demain. Demain sera long et sans doute pas très amusant.


Note
1 : ajout en janvier 2018 : le père d'un ami me faisait passer un test de personnalité pour m'aider à changer de boulot.
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