Billets qui ont 'muflerie' comme mot-clé.

Ce que j'aime chez les sportifs, c'est leur tact

L'entraîneur d'aviron, que je rencontre pour la première fois aujourd'hui, voudrait que je recrute pour son sport au sein de mon entreprise :

— Non parce que tu comprends, surtout une femme! Une femme qui a la quarantaine, c'est bien mieux qu'un malabar de vingt ans, ça fait moins peur, on se dit si elle peut, je peux aussi !



(Non mais lol, comme dirait Tlön junior. Pas étonnant qu'en ayant grandi en club, j'ai des côtés un peu rugueux.)

Mademoiselle Julie, de Strindberg, au théâtre du Nord-Ouest

Je l'ai déjà écrit, le charme du théâtre du Nord-Ouest, ce sont ses salles toutes noires, l'absence de décor, la proximité des acteurs. Mademoiselle Julie se joue dans la petite salle, l'espace de la scène est donc bordé de sièges sur trois côtés.

La pièce commence lentement, sur un constat: «Mademoiselle Julie est complètement folle!»
Repas du domestique servi par sa promise, exposition de la situation, apparaît Mademoiselle Julie, scène de séduction (de drague) effrontée, malaise du domestique qui souhaite protéger sa maîtresse de la déchéance, sociale et humaine, qu'il sait fatale, sans pour autant désobéir aux ordres qui se font humiliants et impudiques...
Puis la chair reprend ses droits et tout bascule.

Pièce à voir absolument, magnifiquement jouée par Audrey Sourdive, Jean Tom et Nathalie Lucas.
On en sort passablement secoué par la violence du texte et de la situation: pas d'issue, pas d'issue, pour celui ou celle qui ne saura pas tenir sa place, que ce soit une place attribuée par la nature ou par la société.

Pour une critique plus élaborée, voir ce blog consacré au théâtre.

La blague du week-end

— Madame, vous êtes moche !
— Monsieur, vous êtes soûl !
— Oui, mais moi, demain, ce sera passé.

Préjugé ou constat ?

— Les premières filles furent admises à Sciences Po l'année du Congrès de Tours. Il y avait eu des résistances, l'un des directeurs soutenait qu'une fille, c'était cinq garçons qui ne travaillaient pas.
— Il avait raison à double titre: si la fille est jolie, elle les déconcentre pour les raisons qu'on imagine, et si elle ne l'est pas, elle se lance dans l'agitation politique !

Entraves

Une vie de fille / de femme se caractérise par un ralentissement du pas : basketts et jeans, on court, illusion qu'il en sera toujours ainsi, mini-jupe et joie des jambes libres, grossesse, on ralentit, poussette, enfant de deux ou trois ans à guider, jupes serrées, talons hauts...
(Ne disons rien des burqas ou kimonos traditionnels.)

Je ne supporte pas les hommes qui encouragent les talons hauts et ne prennent pas la peine de régler leur pas sur le nôtre — ralenti.

Sac de dame

Pour ne pas abîmer mes livres, je tends à privilégier les cartables.

Mon voisin de bus (inconnu) se penche sur mon cartable ouvert:
— Votre sac est bien rangé.
Je ne comprends pas ce qu'il veut dire:
— Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il a de spécial ?
— Rien. Pour un sac de femme il est bien rangé.
Je ne lui ai pas expliqué qu'il était impertinent, indiscret et pétri de préjugés.
Le plus étonnant est que la scène s'est répétée pratiquement à l'identique à quelques jours de là — à cela près que j'ai compris tout de suite.


Comme on se moquait de mon absence de "sac de dame", j'ai fini par trouver chez Loxwood le modèle idéal pour transporter des livres. Il existe en plusieurs tailles, plusieurs matières, plusieurs couleurs, qui changent à chaque saison (mais la forme reste la même).
Problème: les jours de pluie ou de neige.



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Vendredi dernier : jour d'Eglogues.

Vieille France

Dîner. Je suis entourée par deux inconnus d'environ 60 ans (chacun à leur manière, ils m'ont assez vite précisé qu'ils étaient proches de la retraite).

Mon voisin de gauche : — Et vous aviez quel âge, en 1968 ?
Mon voisin de droite : — Si vous aimez nager, Bains de mer de Paul Morand... Morand n'est pas mon genre, mais Bains de mer… c'est un petit livre, une centaine de pages… enfin nager, pas en piscine, non, dans la mer, c'est un plaisir sexuel…

Je n'avais pas été élevée dans l'idée qu'un homme s'adressait ainsi à une femme inconnue dans un dîner conventionnel.
Muflerie ordinaire, de celle qui a oublié le tact, sans aucune méchanceté, ni provocation, ni rien.
Je me sens goguenarde, j'imagine leur tête si moi aussi j'avais abandonné les conventions pour être un peu plus directe.
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