Billets qui ont 'sexisme' comme mot-clé.

A la mémoire de George Floyd et tant d'autres

Ce qui plonge dans la stupéfaction en ce moment au point d'en faire oublier le virus en décroissance (sauf en Suède où ils paient un non-confinement), ce sont les émeutes aux Etats-Unis après la mort de George Floyd, noir mort étouffé par le genou d'un policier blanc devant ses collègues qui ne sont pas intervenus.
Cela a duré huit minutes. Le passé du policier en cause est impressionnant. Il a fallu une semaine d'émeutes pour que qu'il soit accusé de meurtre et les trois autres de complicité.

Sans proportion mais préoccupant, on vient de découvrir en France un groupe privé sur FB qui rassemble des policiers qui échangent des propos racistes, homophobes, sexistes. Cela rappelle par analogie la ligue du Lol qui harcelaient les femmes journalistes dans les années 2010.


Arte rediffuse Je ne suis pas votre nègre que j'avais raté la fois précédente. Il paraît qu'il est absolument à voir.

Incohérence et gentillesse masculines

Hier, rentrés peu avant minuit :
— Tu ne râleras pas, on a rallumé le chauffage, il faisait super froid.

Aujourd'hui :
— Bon, je vais te faire ton feu, mais c'est vraiment inutile.

(Ce n'est pas inutile puisqu'il fait froid, et si tu n'avais pas rallumé le chauffage, tu t'en rendrais compte. En faisant un feu, nous allons élever la température de la maison, et donc la chaudière va s'arrêter. C'est dommage de devoir écrire cela ici plutôt que s'expliquer IRL, parce que je sais que les explications IRL ne seront ni entendues ni reçues.

Mais c'est gentil de faire le feu. Pour tout dire, je m'appêtais à le faire moi-même, façon la plus sûre d'obtenir ce qu'on veut.)


PS : le titre sexiste est une contrapposée de la phrase "les femmes sont illogiques". Ben si, nous sommes logiques. Mais pas très écoutées.

L'affaire Tim Hunt

Des propos du prix Nobel Tim Hunt sur les femmes scientifiques on suscité le tollé: «Vous tombez amoureux d'elles, elles tombent amoureuses de vous, et quand vous les critiquez, elles pleurent» ; tant et si bien qu'il a été contraint de démissionner du University College of London où il travaillait.

Les propos de Tim Hunt ne me surprennent pas, je les ai déjà entendus. Ce qui me surprend, c’est la réponse qu’ils reçoivent.

Concernant les larmes, pourquoi pas. En tant que fille qui pleurait très facilement (au point que lorsque mon assistante m’avait demandé pourquoi je m’étais mariée (ça la torturait car elle était célibataire à vingt-six ans et j’avais trois ans de moins qu’elle) je lui avais répondu «parce qu’il a toujours des kleenex» (le pire, c’est que pendant trois secondes elle m’avait crue)) et qui recommence à pleurer facilement (les hormones?), pourquoi pas. C’est embarrassant, il faut faire avec, ne pas y accorder trop d’importance et réussir à le gérer sans avoir l’air trop con. Bon.

Ce qui manque, c’est la contrepartie masculine. Si les femmes pleurent quand on les critique, que font les hommes? C’est simple, ils ne reconnaissent JAMAIS une erreur, ils ne reconnaissent jamais leurs torts. Impossible. Au mieux ou au pire, acculés, ils se mettent en colère. Est-ce mieux et plus facilement gérable socialement que des larmes? Je n’en sais rien, mais il est sûr que c’est aux autres de gérer, car ils n’admettront pas non plus qu’ils sont en colère. Non, ils ont juste raison.
Donc j’attends simplement des hommes qu’ils soient capables d’entendre cette généralisation sans nous fournir des contre-exemples (car les hommes généralisent sur les femmes, mais si une femme leur rend la pareille, inévitablement «elle exagère». Donc s’ils reconnaissent que les hommes se mettent en colère, je reconnaîtrai que les femmes pleurent. S’ils nient, je nie aussi, je fais comme eux, je leur cite une douzaine de contre-exemples. Car pourquoi eux pourraient-ils s’en tirer ainsi et pas nous?)

Concernant la partie «les femmes mettent le bazar dans les labos par leur présence sexuelle» (et affective?), j’ai entendu cet argument entre mes treize et quinze ans, et il m’a marqué à cause des hommes qui l’ont émis: mon oncle (vétérinaire) et mon entraîneur d’aviron (ébéniste), deux hommes que j’aimais beaucoup et pour lesquels j’avais beaucoup d'admiration. Or le drame d’admirer quelqu’un, c’est que vous avez tendance à croire ce qu’il dit. Donc je prenais pour argent comptant la phrase «une fille met le bazar dans une équipe» et j’avais juste envie de supplier et de m’excuser: «mais ce n’est pas ma faute si je suis une fille. Je n’ai pas choisi, je vous assure, j’aurais préféré être un garçon, c’est tellement plus facile! Acceptez-moi quand même, je vous en prie !» (Mais bien sûr, je me taisais).

Aujourd’hui, trente ou trente-cinq ans plus tard, j’ai juste envie de répondre: «ce n’est pas mon problème. Je gère mes règles, ma contraception, mes grossesses, alors si vous avez des problèmes, gèrez-les, je ne les porterai pas pour vous, j’ai assez des miens. Vos appétits sexuels, votre problème; vos besoins affectifs, votre problème; débrouillez-vous, prenez du bromure si ça vous aide! VOS hormones, VOTRE problème.»

La fabrique des machos — où comment élever des assistés

Séjour de quatre jours (enfin, deux plus deux moitiés) de camping dans la neige pour le plus jeune.

Lever six heures pour rendez-vous à sept heures. Arrivés au local scout, personne. Coup de fil: le rendez-vous a été décalé d'une heure et O. n'a pas vérifié ses mails.

Une heure plus tard, je dépose O. en hésitant un peu à descendre de voiture, je me demande si j'enlève mon chapeau: et puis non, assumons, allons-y. Comme prévu, les autres mères me regardent un peu, mais tant pis.
Nous attendons un bon moment que les enfants aient fini de charger les deux camionnettes et la remorque. Nous discutons. Une fois de plus je suis intérieurement abasourdie de la façon dont les mères élèvent leurs garçons, la façon dont elles les surprotègent et font tout pour eux (il s'agit d'enfants de seize ans).

L'une d'entre elles m'assure que «les filles, c'est plus facile.» — Euh non, différent, mais pas plus facile, réponds-je. Mais je vois bien qu'elle ne me croit pas. La même trouve que l'autonomie du scoutisme ne se transmet pas beaucoup à la maison, «qu'elle a presque davantage confiance dans sa fille de huit ans». Je n'ose répondre que cela dépend aussi de ce qu'on demande aux garçons, je n'ose expliquer que les miens font quatre-vingt pour cent des repas quand leur père n'est pas là (oui, bon, je ne fais pas la cuisine, mais on s'amuse bien. Ça compense, non?).
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