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Ryan Gosling est quelqu'un de très bien

«Pour me détendre, j'ai un passe-temps bien à moi: je tricote. J'ai découvert le tricot sur le tournage d'un film en 2007. Des grands-mères qui jouaient des figurantes m'ont enseigné cet art, et j'ai trouvé ça très relaxant. Aujourd'hui, dès que je suis un peu stressé, pour me calmer, je sors mes aiguilles et ma pelote de laine. Ça m'apaise.»

Ryan Gosling cité dans la revue One n°80, mars-avril 2013


Les bienfaits du tricot sont confirmés par Proust: «il [Cottard] lui répondit que j'étais trop émotif et que j'aurais eu besoin de calmants et de faire du tricot.»

Mou, si mou

J'ai appris ce soir que ma fille prenait des anti-stress avant d'aller en cours de sport.




C'est à peu près inutile puisqu'il s'agit d'un placebo homéopathique que je lui avais acheté pour maîtriser sa panique l'année dernière à l'approche d'un examen de piano qu'elle avait mal travaillé (elle ne sait pas que c'est un placebo). Mais tout de même, de l'anti-stress avant le sport...

Difficultés

Grande tension. Ce n'est plus vivable, il faut trouver une solution, un moyen d'évacuer cette paranoïa (quand chaque mot est interprété comme une accusation ou un reproche) qui prend des proportions destructrices.

Première journée

Désormais je ne peux plus travailler dans le patio. Entre cinq et sept je travaille assise sur le carrelage de la salle de bain, l'ordinateur sur les genoux. C'est stupide mais ça m'amuse, inexplicablement ces bizarreires m'aident à me concentrer.
Je laisse mon ordinateur à H. avant de partir pour la journée afin qu'il mette en forme les citations sur keynote.

A 9h30 le programme prévoyait le discours d'accueil de "l'échevin de la culture", sans que je sache si c'était le terme italien ou une impropriété belge (patrie d'adoption de l'organisatrice). L'échevin est un grand italien barbu décontracté en jean et chemise à carreaux...

Interventions en français: Yourcenar, Léautaud, Morand et Nérimovsky.
Le film de Sophie Calle, Prenez soin de vous. Nous ne voyons que vingt minutes choisies de son film, c'est très drôle (les passages sont très bien choisis), mais son idée de faire lire publiquement une lettre de rupture pour s'en moquer me révulse. Guérir une blessure par l'humiliation publique de l'autre, mais quelle horreur. Le comble est qu'elle sera sans doute surprise si le suivant la quitte sans un mot.

Je me fais intercepter par H. au cours du dernier film de la journée que je ne peux donc voir en entier. Entretemps, en écoutant les interventions sur Yourcenar et Léautaud, j'ai eu une illumination sur la façon de terminer mon propre papier (les rapports entre destin et hérédité, mais c'est bien sûr!).

Sortis très tard de table après que H. ait obligé X. à venir dîner comme il s'y était engagé.

Je travaille jusqu'à avoir terminé (une heure du matin). Je remets au lendemain tôt (5 h du matin) le fait de tout copier sur Keynote puisque je n'ai pas d'imprimante: il faudra lire directement sur écran. J'espère malgré tout réussir à lever les yeux de mon texte... (Le problème est un problème de niveau de langage. Dès que je n'ai plus le soutien de l'écran, j'ai l'impression de parler atrocement mal, de façon très relâchée. L'écrit me rassure, non contre d'éventuels trous de mémoire (je pourrais parler sans avoir rien préparé), mais contre cette langue qui m'échappe et que je ne maîtrise pas. N. à qui j'explique mes craintes rit: «Oh oui, moi j'attends toujours les questions: on voit les gens qui lisaient un texte parfait, très léché, se mettre à parler naturellement, le décalage est souvent amusant.»
Voilà qui n'est pas rassurant.)

Repas du midi dans un restaurant que nous n'aurions jamais trouvé seuls. Buffet. Le restaurateur produit ses fromages. Je me damnerais (c'est peut-être ce que j'ai fait) pour cette ricotta.
Terra e Sapori
di Agata d'Alessandro
Via Martiri di marzabotto, 5
Bovino

Insomnie

Nuit de mardi à mercredi, de nouveau réveillée, un peu moins longtemps. Décidé de tout recommencer. Repartie de zéro.[1]
Je travaille, j'avance lentement.

Quand j'étais étudiante, les échéances me paraissaient des murs. J'avais l'impression que j'allais me fracasser contre, que le monde n'existerait plus, cesserait de tourner, au moment où l'échéance cherrait.
L'âge et l'expérience venant, j'ai pris l'habitude de m'imaginer après, une heure après ou le lendemain, afin de maîtriser la panique, de me convaincre de l'écoulement inéluctable du temps, de relativiser tout cela (il faut dire que cela me rendait réellement malade de terreur; c'est ainsi qu'à vingt-deux ans j'ai interrompu mes études en dernière année tant l'idée du grand O me terrifiait (je les ai achevées plus tard, après avoir appris à relativiser (au moins un peu) en entreprise (à l'approche de 2000, un chef me disait encore : «Tu prends tout au tragique».)).
L'inconvénient de cette méthode, c'est que j'ai le plus grand mal à me mettre à travailler: après tout, puisque quoi qu'il arrive le temps va passer, puisque tout cela n'a pas d'importance...
Tentation de laisser tout tomber, d'abandonner. Je me retiens de le dire, de le formuler; je sais que si je prononce ces mots, la machine se mettra en route, pour accomplir ce que je désire et ne désire pas.

Seule dans la journée. H. est parti à Bovino, à la recherche du wifi (succès sur toute la ligne: wifi gratuit pour le prix d'un capuccino dans l'après-midi, 80 centimes).

18h30. Début officiel du colloque, accueil dans la cour, nous attendons des Français en retard (!), Béatrice est très inquiète que nous puissions être mécontents, nous la rassurons comme nous pouvons, il fait un temps magnifique dans un cadre superbe.

Le soir, nous dînons comme les soirs précédents à Panni, auprès de nos hôtes qui tiennent également un restaurant, La Locandia di Pan. Pas de carte, à peine un menu, on s'obstine à nous demander ce que nous voulons, barrière de la langue, nous nous efforçons de faire comprendre que nous mangerons ce qu'on nous donnera: nous ne prenons pas grand risque, tout est excellent, les produits très frais (légumes, fromage, pâtes, fruits) cuisinés le plus simplement du monde, c'est délicieux. Je me souviens avoir lu que l'essor de la cuisine bourgeoise en France, terreau indispensable à une tradition gastronomique, date du mariage de Henri II avec Catherine de Médicis qui amena ses cuisiniers d'Italie.

Notes

[1] Ça me paraît tellement incroyable une semaine plus tard que j'ai vérifié la date sur le fichier: créé le 28 juillet à 2 heures 39, pour une intervention le 30 juillet à 10 heures, sachant que le 29 était entièrement occupé par des conférences. Visiblement je n'avais plus aucune notion du temps.

Somatique

Je me souviens qu'en février ou mars 1995, devant présenter un exposé sur Paul Ricœur auquel j'accordais une grande importance, je me réveillai avec une extinction de voix. Une amie lut l'exposé à ma place. (Le même jour j'avais rendez-vous entre deux avions avec une autre amie qui repartait à Tahiti. L'échange fut limité.)

Bovino

— Bovino, Bovino, mais qu'est-ce que vous allez faire à Bovino? Il n'y a rien à faire à Bovino!

Le stress peut-il se traduire de façon ligamentaire? Coude gauche en mauvais état.
Réalisé tard le soir que si je voulais avoir une version papier à emmener, j'avais vingt-quatre heure pour terminer, et non trois jours comme je le pensais.
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