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Journée cool

Fini The Rookie, regardé 2012 donc je ne connaissais pas l'existence (une bonne bouse traditionnelle avec des parents divorcés, un fils et une fille et une catastrophe naturelle — soudain je comprends pourquoi tout le monde connaissait la prédiction maya), commencé The Recruit, plutôt amusant.

En y réfléchissant, 2012 est à inscrire dans la liste les films où les Chinois sont les sauveurs, comme dans Gravity, par exemple. C'est une histoire d'argent, mais aussi une façon de structurer les esprits — en un mot un instrument de propagande. C'est plus ludique et moins hostile que la manipulation russe de l'information. Reste à voir les conséquences à long terme.

J'écris quelques billets de blog en regardant ces films et épisodes; je nomme des photos, je fais des recherches Google. C'est les vacances.

Fan de la ligne de Wallace et de Stephen Hawking barreur d'un huit vainqueur à Oxford en 1961.

Lâcher prise

Je suis en vacances deux jours, soit cinq, par la magie du week-end et du 25 décembre.

Je n'arrive pas à «redescendre», adrénaline au plus haut. Le plus gênant, c'est pour dormir.

Aujourd'hui, je suis allée chez le coiffeur, j'ai récupéré mon imperméable et le cadeau pour ma sœur, fait la sieste, étendu une machine, continué la saison 3 de The Rookie tout en rédigeant un billet de blog, le premier depuis trois semaines; le tout avec un sentiment d'urgence que je ne maîtrise pas. Je n'arrive pas à redescendre.

H. a rapporté un sapin et l'a décoré. Il faut que j'installe la crèche.

sapin de Noël


Une grande photo pour un petit sapin. Je me suis toujours dit que le jour où nous ne ferons plus de sapin de Noël, nous aurons abandonné quelque chose.

Sur les chapeaux de roues

Restée à la maison (home office, ça me fait rire, cet anglicisme utilisé le plus sérieusement du monde), pas envie de braver les départs en vacances dans l'ambiance des grèves.
Traité un maximum de mails inquiets ou angoissés, dans l'idée de permettre à leurs auteurs de passer un bon Noël (ou tout au moins s'il est mauvais, que ce ne soit pas à cause de leur mutuelle).
Acheté quelques cartes de Noël, feuilleté le livre de souvenirs de Simone Veil, L'aube à Birkenau, fait quelques courses pour le dîner en en oubliant une partie je ne sais où (ce qui fait que nous avons mangé une omelette).
Ergo.

Débarassé le lit de A. pour qu'elle puisse dormir ce soir. Passé en revue les papiers qui s'accumulent pour traiter les plus urgent. Zut de zut, impossible de remettre la main sur un PV de 135 euros pour stationnement gênant de janvier dernier (je l'avais contesté, la réponse m'est parvenue il y a une ou deux semaines: contestation rejetée. Mais qu'est-ce que j'ai pu en faire? J'ai peur que ce ne soit passé à la poubelle.) Tant pis, je n'y peux rien maintenant, on verra plus tard.

Je suis défaite, je n'arrive plus à me concentrer, à tenir deux idées ensemble. Envelopper les cadeaux. Préparer ma valise. Prendre une douche. La séance d'ergo a été très dure. Est-ce le ROR1 qui me met dans cet état? Nous attendons O. qui avait un concert, A. est arrivée de Mortagne, nous dînons tard, C&C arrivent ensuite: tout est prêt pour le départ demain matin après les croissants.





Note
1 : je me suis fait vaccinée contre la rougeole lundi, après Tours. Le médecin m'a dit que si je devais avoir de la fièvre (il semblait en douter), ce serait quatre ou cinq jours plus tard.

Vacances

Dernier jour avant deux semaines de vacances.
J. me demande : — Alors, vous faites quoi ?
— Pour l'instant rien. Mais ce n'est pas grave, j'ai de quoi m'occuper à la maison.

(Cette année je n'ai pas organisé de vacances donc rien n'est prévu. C'est aussi une expérience: si je ne fais rien, que se passera-t-il, rien, ou quelque chose? Ma façon à moi de refuser absolument toute charge mentale depuis que les enfants sont grands (ils ont beaucoup soulagé cette charge pendant leur adolescence).)

Un comité financier dans l'après-midi, une réunion de caté le soir, cette fois-ci en présence des prêtres (toujours pas de dates. Ça va devenir compliqué avec les sorties prévues à l'aviron.) Le soir quand je rentre, H. a pris des billets d'avion pour Thessalonique. Il a choisi un hôtel le long de la plage à Platamonas. Il reste à le réserver, ainsi qu'une voiture, ce que nous faisons ensemble.
J'enverrai un sms à J. demain, pour la faire sourire.

Samedi : Toscane

Après études et concertations l'année dernière à St-Rémy, nous étions parvenus à la conclusion que le meilleur moment pour partir ensemble en vacances était juin: après l'envoi du matériel de vote aux électeurs de la mutuelle, avant l'AG, et du côté de H., ça correspondait pas tout à fait à un creux d'activité (après les ponts de mai) mais presque. C'était une période moins chaude que l'été, moins encombrée, moins chère. Septembre aurait sans doute été mieux du point de vue de la température de la mer, mais c'est un mois ou l'activité reprend à plein (considérons qu'en France nous travaillons de septembre à avril), impossible de s'absenter à ce moment-là.
J'ai donc systématiquement refusé tout engagement pour juin (aviron, concert, invitation) et attendu que H. m'indique quand poser une semaine de vacances.
Il a fait des réservations la semaine dernière alors que je commençais à ne plus y croire. Nous partons en Toscane, il a loué un gîte et une voiture.

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Arrivée à Pise. Recherche des comptoirs de voiture de location: ils sont à cinq cents mètres, une navette tourne sans arrêt pour y emmener les touristes.
Beaucoup de monde. Nous regardons avec effarement. «It's chaos» murmure avec fatalisme un Américain accompagné de sa femme et de jumeaux de deux ou trois ans très sages qui croise mon regard.

Guichet Avis. H. a réservé une Giulietta mais nous tentons notre chance (en anglais plus ou moins maîtrisé: H. fait tout en anglais, je mets ma fierté de Latine à vouloir comprendre l'italien et supposer qu'ils comprendront le français):
— Vous n'auriez pas un cabriolet ?
L'Italienne à la peau fatiguée par le soleil (genre Valeria Bruni-Tedeschi plutôt que Claudia Cardinale) nous regarde, semble peser le pour et le contre: «Attendez une minute» et disparaît discuter dans les bureaux.
Elle revient, demande: «Vous avez beaucoup de bagages?» Nous lui montrons notre valise rouge, le cartable d'H., mon sac à main (à l'épaule).
— J'ai un spider. Une fiat spider 124.
Il était réservé, mais le client n'est ni venu la prendre ni n'a décommandé, d'où son hésitation.

Spider rouge, magnifique, taché de sable (la pluie). Neuf (4000 km).
Nous comprenons pourquoi elle a posé la question des bagages: la valise s'encastre exactement dans le coffre, nous ne glissons les deux sacs supplémentaires qu'en tassant.

Je prends le volant. Il faut me réhabituer à une boîte manuelle. Les Italiens conduisent plus lentement que dans mon souvenir: nord de l'Italie ou multiplication des radars (fixes et signalés légalement par Waze)? H. m'assure que l'Italie a un nombre de morts sur la route inférieur à la France, il faudra que je vérifie.

Gîte sur le haut d'une colline à Gambassi Terme dans une ferme qui produit de l'huile et du chianti. Deux pièces emménagées sans doute dans une dépendance de la ferme, très propres, sobres, au dos des pièces habitées par la propriétaire. Des moustiquaires aux fenêtres, des poules en contrebas, beaucoup d'oiseaux, des pins.
Wifi en panne, H. grince des dents, mais il capte la 4G: ça ira.
Comme souvent, la piscine est davantage pensée pour le bain de soleil que la baignade.
Comme il y a trois ou quatre ans à Venise, ce gîte est entièrement dépourvu de toute nourriture (c'est agaçant: pas même du sel ou du poivre. Est-ce une tradition italienne? En France, il y a toujours un "fond", parfois comique dans ses choix, de farine, condiments, pâtes.

Nous allons donc au restaurant ce premier soir. Prosecco et poisson. La vue s'étend jusqu'à la plaine, magnifique. Le soir tombe, la nuit est d'un bleu profond. Parfois une clameur monte assourdie de la ville lointaine, je suppose le stade de foot local, nous apprendrons demain que c'était le match Juventus de Turin - Real Madrid. Il s'agissait les cris devant la télé…

(Pour l'histoire : à la suite d'une mauvaise blague (fausse alerte à l'attentat), il y aura une bousculade et des blessés. C'est Madrid qui a gagné.).

Encore un dîner d'affaires

Même principe que vendredi (un peu plus dans la représentation et moins dans l'amitié), avec davantage de participants. Nous sommes au Bouillon Racine: très beau cadre, carte très française (sauf les frites et les gaufres, c'est une brasserie belge) mais un service abominablement lent. Ils sont en sous-effectif chronique paraît-il.

Je discute dans mon éternel sabir frenglish. Cela ne paraît pas déranger mon vis-à-vis, un avocat de Philadelphie spécialisé dans les visas, en plein jetlag. J'ai de la chance, il est extrêmement compréhensible. Avec l'aviron, j'ai un sujet de small talk en or pour la côte Est, et spécialement Philadelphie: nous discutons Boathouse Row, je lui avoue que cela m'impressionne et que je ne suis pas sûre d'être au niveau, il m'assure qu'il me mettra en contact avec la bonne personne. Chic.
Lui a une femme qui vient de l'Idaho (cinq heures de vol sans ligne directe depuis Philadephie). Il nous montre des photos du peu connu canyon Bruneau.

Nous parlons vacances avec un Français établi à New York. Est-ce que l'activité est cyclique comme en France (où tout s'arrête de début mai à fin août: je force le trait, mais c'est le principe)? Non: d'une part les Américains n'ont que deux semaines de congés, d'autre part ils ne les prennent pas d'un bloc, c'est extrêmement rare, ils les accolent aux nombreux jours de fête pour prendre de longs week-ends (en d'autres termes, ce sont des spécialistes des ponts).
— Sauf les Indiens.
— Comment ça, les Indiens?
— Oui. Une fois que leur situation est stable, ils prennent deux semaines pour partir en Inde…
— Ah, dot-Indians, not feathered
— …et ils vous téléphonent au bout de deux semaines pour vous dire qu'ils se marient et ont besoin d'une semaine de plus. «Mais tu aurais dû me le dire! Pourquoi tu ne m'as pas prévenu?» Mais en fait eux-mêmes ne le savent pas: comme ils ont une situation stable, les familles ont arrangé ça entre elles. Ça m'est arrivé trois fois.

Un peu de gossip autour de l'hôtel Molière dans le premier arrondissement (à prendre tongue-in-cheek):
— Je suis sûr que c'est un faux hôtel qui cache une autre activité : on ne voit jamais un client et le personnel a l'accent russe.

Reprise

Pas retrouvé mon pass Navigo ni mon badge ce matin avant de partir (confiés aux garçons avant de prendre l'avion pour ne pas les perdre en voyage…), oublié ma clé de bureau parce qu'elle est sur le même porte-clé que la clé de la voiture et que j'ai pris le bus…
Pas de doute, j'étais motivée pour retourner travailler.

Vacuité

Une semaine passée à pas grand chose : une heure de grec, une heure et demie d'aviron par jour (ce qui fait quatre heures, le temps d'y aller, de revenir et celui de sortir et ranger le matériel. J'ai inscrit O. a un stage de cinq jours pour le sortir un peu (l'oxygéner et le renforcer, il souffre des mêmes faiblesses respiratoires que moi) et lui permettre d'accumuler les kilomètres (soixante par jour) pour sa conduite accompagnée.
Un peu de travaux ménagers, mais si peu et si banaux banals que je ne vais pas en parler.

L'atmosphère se durcit. Quand j'organise les vacances, elles sont qualifiées de "peu reposantes", quand je ne les organise pas, nous ne faisons rien (enfin, je trouve à m'occuper…) et "c'est pas des vacances".

(Reconnaissons malgré tout que ce stage d'aviron est un handicap : nous partons à cinq heures et rentrons à neuf, impossible d'organiser une visite de musée ou un cinéma à Paris. Ou il faudrait partir dès le matin et nous sommes bien trop lents et paresseux.)

Evidemment

— Aller jusqu'à Moscou en voiture? mais tu es folle, pas question!
— Mais pourquoi? Napoléon l'a bien fait, ça permettrait de se rendre compte.
— Napoléon n'avait pas cinq semaines de congés payés.

Flemme

— J'aurai rarement fait aussi peu de choses en vacances, ni m'occuper du jardin, ni classer les papiers, ni gratter et vernir la porte d'entrée, ni lessiver la cuisine, ni…
— Des vacances, quoi, constate O., logique et consolateur.

Oui, mais quand est-ce que je vais faire les corvées, moi? Se confirme ma vieille devise «Il ne faut pas attendre» (la phrase complète est : «il ne faut pas attendre des conditions idéales pour s'y mettre»): combien de fois ai-je dit cette année «Je ferai ça pendant les vacances»?
Eh bien non.

Matinée sur Alice et FB: 31 et 19 juillet. J'ai dû mal à me mettre aux billets grecs.
Cette après-midi il faut quand même que je range les valises et les vêtements, propres, sales, repassés, car demain à huit heures passe un couvreur pour un devis pour réparer le toit.

Départ — et surtout arrivée

A la suite d'un bug sur internet (le bus indiqué était celui du dimanche), nous avons finalement pris la voiture pour aller à Roissy (enfin, une partie d'entre nous, puisqu'à six et les bagages, deux ont dû prendre le RER).

Formalités d'enregistrement assez longues (et bruyantes. Dieu que nous sommes bruyants, j'ai honte), suffisamment longues pour que H. prenne le temps d'aller chercher du tulle gras pour O. (j'espère désespérément que O. va guérir magiquement et va pouvoir se baigner cette semaine). H. revient abasourdi, le tulle gras, ce produit magique que je considère comme l'un des basiques d'une pharmacie, est passé à 55 euros sans ordonnance… (mais que se passe-t-il dans l'industrie pharmaceutique?)

Puis enchaînement rapide (toujours cette impression que le temps se vaporise dans les aéroports) jusqu'à l'embarquement (la femme qui me demande si je comprends ce que veut dire «aléatoire» dans «contrôle aléatoire des sacs». J'aurais dû dire non). J'ai choisi Aegean Airlines parce qu'elle m'avait plu l'année dernière (les bonbons, les hôtesses); je découvre que je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué puisque la compagnie est notée "meilleure compagnie régionale 2013".

Nous admirons le profil grec des hôtesses et écoutons les paroles du garçonnet de cinq ans derrière nous qui commence toutes ses phrases par un perçant "Papa, papa, est-ce que…". J'en déduis qu'il ne doit voir son père que pendant les vacances mais H. me dit: «Il est mort de trouille. — Tu crois?». Peu avant l'atterrissage le petit garçon annonce: «J'ai réfléchi, je n'aime pas l'avion. Papa, papa, il ne faudra pas le reprendre pour rentrer à la maison».

L'Adriatique, Athènes, je ne sais plus ce que j'ai fait pendant le vol, commencé L'Idiot sans doute (non, pas par Markowicz, dans ma vieille édition de poche).
Nous récupérons un minibus Mercedes chez Budget (le moins cher, du simple au double) et partons vers Corinthe sous l'orage. Les motards en chemisette et sans casque attendent sous les ponts que l'averse se calme. Nous découvrons avec stupeur la conduite grecque — la bande d'arrêt d'urgence sert à tout, de voie lente pour les camions dans les côtes, de voie d'accélération pour les bretelles d'accès, de voie supplémentaire pour vous inviter à les doubler… Pas de sotte compétition, les gens roulent plutôt lentement et invitent les plus rapides à doubler en se déportant sur le côté. Je tombe aussitôt amoureuse de la conduite grecque, si pragmatique et si éloignée de l'agressivité française ou italienne.

Arrivée à l'hôtel, j'ai la surprise de découvrir que la personne de l'accueil se souvient que je connais "le père Maurice". Elle se fait expliquer la composition de la famille (l'aîné et sa copine, le frère et la sœur) et nous propose sur la terrasse un appartement pour nous et les plus jeunes, une chambre à part pour le couple. La vue est magnifique.

Premier dîner. J'ai l'impression d'être dans ces Agatha Christie où Miss Marple passe ses vacances dans les îles grâce à son neveu. Un peu de gêne en croisant les gens, sommes-nous censés les voir et les saluer (en quelle langue?) ou faire glisser notre regard comme s'ils étaient transparents pour ne pas paraître inquisiteur? Quelle est la bonne distance?

Je peux désormais répondre à Hélène: oui, cela fait plaisir à H. d'être en Grèce.

Six jours

Vu deux films, tricoté une écharpe, lu un demi-livre. C'est déjà beaucoup plus que d'habitude.
Ecrit aucune carte postale ni carte de v?ux, ce qui est tout à fait inhabituel.
Rêvé sur des catalogues de tricot en me disant que ce n'était pas raisonnable. René Girard à l'?uvre: ma nouvelle collègue tricote beaucoup.
Malade à force de poils de chien. «Pourtant, les poils de chien sont très peu allergènes». Certes, mais je soupçonne qu'à défaut d'être nicotinisés, les poumons de mes parents sont poilus.

Je n'ai rien de particulier à raconter, mais j'ai beaucoup de billets ou sujets en retard. Je fais une liste, j'essaierai de les traiter au fur à mesure.
- Suzanne le 28/12/11
- Le Havre, A Dangerous Method le 05/01/12
- Khodorkovski, Benjamin, L'exercice de l'Etat
- Les Suisses
- Le voyage à Venise
- Petit déjeuner vénitien le 2 janvier 2012
- Atteindre Tarente
- 2 août 2011
- 3 août 2011
- 4 août 2011
- 5 août 2011
- 6 août 2011
- 7 août 2011
- 8 août 2011
- 9 août 2011
- 10 août 2011
- L'Inde
- Le Brésil
- Réussir sa vie
- L'anniversaire de Matoo
- une réponse à Parapluie
- Des photos de lecteurs, que je n'ai pas osé mettre au fur à mesure parce que j'ai eu peur de ne remplir mon blog que de cela et que cela soit "tricher" (comprendre: "trop facile") le 30/12/11

Capoue

Je regarde les fines bretelles des robes et la peau nue et le bronzage et l'oisiveté et le soleil dévoilés.

Et je souris: quelle époque bénie de vacances et de lézardage, pourvou que ça doure, regarde de tous tes yeux regarde.

Ça ne durera pas.

samedi 1er août 2009

Retour, à peine plus chargée.

Roland Barthes, Le Bruissement de la langue
Roland Barthes, Mythologies
Roland Barthes, Le Degré zéro de l'écriture
Reginald Hill, Midnight Fugue. fini le 22 juillet.
Friedrich Nietzsche, Naissance de la tragédie. fini le 26 juillet.
Le guide vert Midi-Pyrénées
Jakob Arjouni, Happy birthday, Türke!. fini le 27 juillet.
Balzac, Pléiade tome 1
Jean-Yves Pranchère, L'autorité contre les Lumières
RC, Théâtre ce soir
RC, Demeures de l'esprit, Sud-Ouest, acheté à Castres le 23 juillet
Charles-Louis Philippe, La mère et l'enfant. Le père Perdrix, acheté à Albi le 25 juillet
Eugénie de Guérin, Journal, acheté au Cayla le 29 juillet
Maurice de Guérin, Le Centaure, acheté au Cayla le 29 juillet.

Retour

Toujours le même plaisir du train de nuit — que je suis seule à goûter, grâce à mon sommeil inébranlable.

Tarte aux fraises, lessive, nettoyage de FB, envie de tout laisser tomber. Il ne faut pas céder: si pour le mois à venir mes soirées me paraissent trop remplies pour bloguer, que ferai-je dans un mois? (Mais à vrai dire, j'ai des idées (au moins une)).

J'ai toujours l'impression de laisser un peu de moi dans les endroits aimés, un moi qui continue à y vivre à la façon de L'Invention de Morel, sur des anneaux de temps parallèles.

Dernier jour

Les vacances consistent souvent à vivre plus ensemble que d'habitude dans un espace plus petit. Que faire lorsqu'on se réveille plus tôt que la maisonnée, où trouver un endroit pour lire ou écrire sans déranger les endormis?
C'est ainsi que dès le mardi (lundi de Pâques: chiuso) je pris mes quartiers d'aube au café du coin, avec un col roulé et des photocopies d'articles de Broch. H. m'a rejoint deux jours après, ayant constaté que c'était le seul moment et le seul endroit où il pouvait travailler. Je m'entendais suffisemment bien avec le serveur (un sourire éclatant et des yeux magnifiques) pour que le prix des caffé latte soient très fluctuants, tendance baissière. Nous n'avons pas cherché à comprendre.
Je n'ai pas osé aller lui dire au revoir après le dernier spritz (rouge: campari) en terrasse en fin d'après-midi.
Mais nous avons prévenu de notre départ l'épicière que nous dévalisions chaque matin, de crainte qu'elle ne se retrouvât avec un monceau de ''croccante'' et de ''morbido'' sur les bras. (Nous avons mis quelques jours à découvrir qu'il ne fallait pas acheter le pain à 9h30 comme nous le faisions, mais attendre l'arrivée de son mari débarquant de Santa Martha les bras chargés du ravitaillement. Visiblement il n'y a pas de structure de grossiste ou de plateforme à Venise (et le cafetier allait acheter ses bouteilles de lait au fur à mesure à l'épicerie.)
Nous n'avons pas ramené de pot de cinq kilos de Nutella. Dommage. Tant pis.
Nous avons beaucoup observé les moineaux, plus malins que les pigeons, plus vifs, plus légers, s'envolant loin pour picorer leur miette tranquilles sans se la faire voler.
Les chiens semblent avoir remplacer les chats. Les chats m'ont manqué.

Evidemment, à prendre son petit déjeuner à 10h30, on ne met pas toutes les chances de son côté pour visiter les musées qui ferment à 13 heures ou 13 heures 30, ni pour atteindre les îles les plus éloignées en vaporetto avant l'heure de fermeture des églises.

Dernier jour, valises à boucler.
Question: ramenons-nous les passoires à thé achetés sur place? Poids: 50 grammes (on les a pesées). (Réponse: non)
J'en ai profité pour peser mes livres (y compris les trois achetés sur place): 3,4 kg. On est loin des dix kilos annoncés et reprochés au départ.

Dernier jour, derniers achats. Nous apprenons à une barman à faire le diabolo menthe, je prends mon premier spritz de la journée, nous achetons un sac Goldorak (si si, du genre qu'on achète à Londres), nous faisons un tour sur les Zaterre, le ciel, le vent, la lumière, nous étudions l'organisation sans faille d'une institutrice qui envoie une classe entière commander des cornets de glace (et tandis que j'écris les détails qui me reviennent, je pense à la Cantatrice chauve, à l'analyse du "profil Hatier": «paroles banales et conventionnelles»… Cela aurait-il déteint?).
Dernier jour, nous remontons jusqu'au Rialto, voyons la statue du bossu, errons sous la halle du marché aux poissons, j'admire les sculptures des colonnes, toutes sur le thème de la mer. Nous aurons vu les trois plaques réglementant la taille des poissons (place Santa Margherita, quai des Tanneurs).
Dernier jour, dernières glaces, les enfants m'entraînent devant le vendeur de glace figues-noix, car il est selon eux très beau.
Moins que mon barman.
Nous laissons les enfants rentrer à la maison.
Yesss, l'église San Pantalon est ouverte.

Dernier jour, retour à la gare, bien trop chargés. Nous arrivons très tôt: heureusement car l'heure sur les billets est fausse, c'est celle du train en gare de Mestre, pas en gare de Venise.

En famille

— Parfois dans la vie, j'aimerais bien pouvoir faire pomme Z.
— …
— Mais je me demande ce qui se passerait si tout le monde faisait pomme Z en même temps.
— Euh...


Par définition, les vacances sont l'occasion de passer beaucoup plus de temps ensemble que d'habitude. Evidemment, en troupeau bruyant (quatre ados ou presque), on fait très touriste et j'en suis parfois un peu gênée. Cependant, je m'instruis.


(minorité invisible)
— Et moi je pensais qu'un re-noi, c'était un habitant de Rennes; alors quand mes copains me disaient: «t'as vu les deux renoi», je répondais: «mais comment vous le savez?», et ça les faisait rire.


Qu'est-ce qu'une blonde paumée?
Une tarte aux fraises.


Qu'est-ce qu'une blonde avec des lardons dans les poches?
Une quiche lorraine.


Proverbe canin: si ça ne se mange pas, si ça ne se boit pas, si ça ne se baise pas, pisse dessus.



Un jet d'eau, des jedis.


Qu'est-ce qu'un nain sur le point de mourir ?
Un nain fini.


etc.


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Agenda
Giudecca.
Torcello, Burano.
Arrivés trop tard à Torcello pour visiter la basilique.

Retour - arrivée

Sieste. A mon réveil, deux ans ont disparu, j'ai la sensation de n'avoir jamais quitté ce lieu.
Retour dans nos pas, établissement de notre quartier général place sainte Marguerite.

Le cri des martinets dans le soleil couchant — la marque des vacances — et le silence particulier, profond, qui s'écoute: il est possible de détacher les bruits sur le fond de ce silence, autonome.

Bibliophore

Nous riions un jour entre blogueurs de notre propension à ne jamais partir en vacances deux jours sans emmener trois livres (le livre en cours, un plus léger et maniable si les circonstances faisaient que le livre en cours ne pouvait être lu, un troisième au cas où les deux autres soient lus trop vite, (et autres variations)), trois livres qui devenaient une petite bibliothèque si l'absence devait atteindre la semaine ou les quinze jours (peur de manquer, désir de profiter, espoir, faim, soif, sensation de la présence, besoin d'être rassuré, peur de la solitude, que sais-je).

Peu à peu je m'aperçois que je suis en train de reproduire le phénomène au quotidien. Je promène des livres toute la journée, tous les jours. Le gros et difficile que je lis comme la mer monte, avançant de dix pages, reprenant six pages plus haut, avançant de dix pages, au rythme des interruptions dues aux transports1, le petit commencé dimanche, trouvé par hasard dans une bibliothèque et que «je devrais vite terminer puisqu'il est écrit gros», le Susan Sontag parce qu'il faut que je fasse des photocopies, La Chambre claire pour retrouver les citations de Compagnon…

Je n'en sens pas le poids.



Note
1 : Et je songe le cœur serré à l'injonction de Rosenzweig, «il faut lire vite», puisque les livres se comprennent à partir de la fin.

Je vais finir par me coucher

J'ai trop dormi aujourd'hui: je n'ai pas sommeil.
J'ai trop dormi parce que j'avais de la fièvre. Allergie ou sinusite? Ou émotion d'avoir enfin réussi à ranger le dernier étage (y compris le transfert de quarante cartons d'archives et de jouets dans un réduit aménagé sous la charpente caché derrière des étagères: déplacer les étagères, vider le réduit (dans lequel il faut ramper parmi les toiles d'araignées (lâchement, nous y avons envoyé les enfants, sous prétexte qu'ils étaient plus petits)), monter les boîtes d'archives du rez-de-chaussée, extraire les cartons de jouets du grenier, trier, jeter, ranger, annoter, replacer les étagères)?

Bon évidemment, il y avait quelques compensations à se traîner dans la poussière, comme se déguiser en ninja, par exemple.


Commencé Conversions de Matthews. Je l'ai abandonné au bout de six chapitres pour entreprendre Locus Solus: Matthews s'est tellement inspiré de Roussel qu'il me semble préférable de lire dans cet ordre-là. Je me suis endormie.

Constaté hier que sk?ns n'avait rien trouvé de mieux que de me référencer sous les mots "nue sous son tablier". Je me demande ce qui l'a poussé à choisir ça (je ne mets pas de tablier). Voilà une description qui 1/ me pousserait bien à écrire des bêtises 2/ me fait craindre que certains, peu portés naturellement à explorer les blogolistes, ne se retrouvent ici malgré tout.
On verra.

Le sommeil commence à venir. Voilà une semaine que nous vivons sous le signe de Harry Potter. Est-ce avouable, vraiment? Tout a commencé vendredi dernier, quand nous avons écouté en voiture le tome I (enregistré en 2000 lors d'une lecture par Giraudeau sur France Culture: j'y avais passé la nuit, c'était avant les podcasts, eh oui (et c'est stupide, je sais. Il est même possible que ce soit pour cela que je l'ai fait)). En arrivant, nous avons entassé les bagages dans l'entrée et nous nous sommes installés devant le II (le film), parce que je ne l'avais jamais vu et que j'aime voir les acteurs grandir. Puis nous avons regardé le quatre, que je n'avais pas vu non plus (en fait, je ne regarde pas beaucoup de films, je préfère les séries américaines prévues pour petit écran). Puis j'ai repris le tome IV en livre, pour vérifier certains points, notamment relire les épisodes du labyrinthe et du cimetière. Puis j'ai passé la semaine à rouvrir les livres, le VI pour le souvenir de Slughorn, la potion felix felicis, le tatouage de Harry, l'épisode du lac, puis celui de la mort de Dumbledore, puis le VII, "King Cross station", le sauvetage d'Olivander et de Luna, la capture de la baguette de Malfoy, le dernier souffle de Snape et ses souvenirs... Et ce soir, retour aux films, le III, puis le V (je ne regarde pas de façon continue, je me lève pour mes moments préférés, comme les enfants (les patronus, bien sûr, et les feux d'artifice de Fred et Georges)).
Que quelqu'un m'explique ce que cette série console en moi.

Florilège:
un article littéraire sur l'utilisation et la déconstruction des stéréotypes dans le cycle Harry Potter;
une interview de J.K. Rowling à Havard (à l'écouter, je me dis qu'il y a beaucoup de résonances entre les souvenirs de Conrad voulant devenir marin et les souvenirs de Rowling voulant devenir écrivain);
et des muggles jouant au quidditch.

En rangeant, j'ai retrouvé mes notes de patristique. Je crois que je commence à avoir sommeil.

L'emploi du temps

Il faut me rendre à l'évidence : je ne sais pas être en vacances. Tout le temps que je passe à ne rien faire (je suis très douée pour cela) me laisse frustrée de tout le travail (les projets/corvées toujours remis pendant l'année: «on fera ça cet été quand on aura le temps») qui n'avance pas, tout le temps passé au projets/corvées me laisse frustrée du temps que j'aimerais consacrer à ce qui compte vraiment pour moi (lire, apprendre, voir, m'amuser).

Que faire ?

J'ai au moins trouvé une règle : personne ne fait seul une corvée (ie, une tâche ménagère, du bricolage, du jardinage, ce que j'appelle l'intendance); à deux (ou plus) on s'ennuie moins, on papote, on se dispute, on est ensemble — ce qui n'arrive pas si souvent le reste de l'année. Bon évidemment, ce n'est pas forcément le plus rationnel ni le plus logique. Au diable l'efficacité.


C'est douloureux de ressentir la fuite du temps avec encore plus d'acuité que pendant l'année. Je n'arrive pas à lâcher prise, j'aimerais pouvoir faire cinq choses à la fois.
Impuissance.

Trois semaines

— Tu pars où en vacances ?
— Je reste chez moi.
— ???


- finir le boulot que j'ai ramené à la maison (avant la fin de ce week-end, si possible) ;
- finir les trois billets en cours sur Cerisy ;
. 1/ le 18/08/2008
. 2/ le 26/08/2008
- terminer les notes sur la patristique (il y a un fou qui me l'a demandé!) ;
une le 30/08
- mettre à jour mes blogsroll en répartissant les liens en fonction du "style" de mes deux blogs ;
. fait à peu près le 13/08 + le 30/08
- terminer la reprise/sauvegarde des messages écrits de la SLRC que je veux conserver ;
. j'ai atteint juin 2005, il me reste un an à reprendre.
- harmoniser les catégories ;
- avancer les deux billets d'indexation de l'autre blog;
- aller au cinéma ;
. 10/08 : Mariage à l'italienne
. 12/08 : Le voyage de Primo Levi
. 14/08 : Wall-e
. 24/08 : Babylone A.D.
- voir ma grand-mère, passer chez mes parents ;
. OK du 18 au 22/08
- visiter quelques musées/églises/châteaux ;
. 13/08 : cité de l'architecture
. 18/08 : musée des hospices d'Issoudun
. 19/08 : cathédrale de Bourges (assez vite), palais Jacques Cœur
. 21/08 : château de Blois
. 22/08 : Notre-Dame-de-Cléry
- m'occuper du jardin (une heure par jour? deux heures?) ;
. 09/08 : tondu la pelouse
. 31/08 : les rosiers, un peu
- aller en salle de sport (quatre fois par semaine?) ;
. 10/08 (courbatures atroces); 16/08; 17/08; 23/08; 24/08; 29, 30 et 31/08
- ranger cette rognûtdjû de maison (ou au moins le dernier étage, les papiers et les livres (je fais si souvent des allusions à mes classements de papiers que je n'ose plus en parler)).
. journée du 15/08, après-midi du 17/08.
. le 26/08, fin de la chambre, le 27/08, fin du 2e étage avec réorganisation des archives en prime, le 29/8, rez-de-chaussée.
. le 31/08, premier étage

Et puis, éventuellement, lire et bloguer un peu ...


Un logiciel de To do list qui me plaît.


A une époque, je faisais des emplois du temps précis que je respectais. Puis j'ai fait des emplois du temps précis que je ne respectais pas (grosse frustration). Puis j'ai arrêté de faire des emplois du temps quand je me suis aperçue que si j'additionnais tout ce que je devais faire à tout ce que j'avais envie de faire, cela ne tenait pas en 24 heures (sans sommeil, évidemment) (je favorise largement la deuxième catégorie depuis que les enfants ont grandi).
Aujourd'hui j'essaie de m'organiser un peu plus.
Mais bon. La vie matérielle ne m'intéresse pas beaucoup.

Vacances romaines

Je pars.
La légère fièvre qui m'a tenue toute la semaine m'a enfin quittée.
Il est idiot d'emmener Rome 1630, il doit peser plus d'un kilo et je ne l'ouvrirai sans doute pas.
C'est plus fort que moi.

I will be back.

Un autre monde

Quatre jours chez mes parents.
Lundi, fin de matinée.
Hier, j'ai réussi (ce n'est pas difficile, le difficile serait plutôt l'inverse) à faire pleurer ma mère en faisant remarquer au petit déjeuner après qu'elle eut crié à travers la maison aux enfants captivés par la télévision «Allez-vous laver les dents!» «Tu aurais dû être colonel d'active, tu aurais été bien plus heureuse». C. a précisé «Maréchal des logis chef», papa a ri et ma mère s'est mise à pleurer.
Ce matin, considérant sans doute que j'avais assez dormi (à 9h30, certes, mais je suis rentrée hier très tard de chez ma grand-mère, et puis après tout c'est mon premier jour officiel de vacances), elle a fait entrer le chat dans ma chambre (j'ai entendu la porte qui s'ouvrait et se refermait), chat qui s'est mis à miauler dix minutes plus tard pour sortir.
Je me suis levée.

Après une journée passée hier avec mes tantes soixantenaires et leurs souvenirs de bureau («Ce qui a tué la vie de bureau, ce sont les horaires variables» (Je résume: Les horaires fixes obligeant à être présents de 8 heures à midi et de 14 heures à 18, il se développait une intense vie communautaire entre midi et deux heures, sorties sous les cerisiers, visites aux collègues en congé de maternité, atelier tricot ou crochet. En raccoursissant la pause déjeuner à quarante-cinq minutes, les horaires variables ont entraîné chacune à ne plus songer qu'à rentrer chez elles le plus vite possible.[1] (Et je voyais naître chez elles la nostalgie de cette vie policée et amicale, nostalgie que je comprends si bien en constatant que mes enfants ne connaîtront jamais le plaisir des interminables parties de tarot entre midi et deux en attendant la reprise des cours: il n'ont qu'une demi-heure pour déjeuner)), leurs regrets d'une organisation fixe, plus militaire, je songeais que toute une génération avait sans doute été marquée par sa vie en internat à partir de onze ans, seule manière d'aller au collège quand on habitait dans des communes reculées.
Il y aurait sans doute une étude à mener sur les impacts de la vie en internat sur les comportements sociaux des enfants nés dans les années quarante.

En attendant, n'ayant moi-même aucun goût pour la vie de caserne, je tape ici ma rage d'avoir été réveillée pour rien, au nom d'un principe.

Notes

[1] Un jour, je parlerais de Petit abécédaire des entreprises malheureuses, qui entre autres décrit concrètement les conséquences de 1968 sur la vie de bureau

Dimanche ferroviaire

8 h – lever. Dernières vérifications des valises, ce qui n’empêchera pas d’oublier lunettes de soleil et tongs de A. (J’ai comme l’impression que cela ne va pas lui manquer (hélas)).

9h30 – départ

10h35 – arrivée à la gare Montparnasse. J’y abandonne C., et lui abandonne mon livre Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée puisqu’il a oublié le sien. (Il a quand même cinq heures de train à endurer). Cela va lui donner un petit air alter-mondialiste… M’étonnerait qu’il en lise plus de cinquante pages, mais un livre, c’est comme un doudou : une affaire de présence.
Pour la peine j’erre une demi-heure dans la librairie de la gare et repars avec Notes d’un souterrain de Dostoïevski.

11h30 – Je gare la voiture gare d’Austerlitz. Je prends les bagages de O. Nous traversons le pont Charles de Gaulle à pied.

11h50 – Nous arrivons gare de Lyon au lieu de rendez-vous de départ de colonie de O. Une heure et quart à attendre, les organisateurs ont prévu large. Nous émargeons puis allons prendre un café. La voie du train n’est toujours pas indiquée. Notre voisin de table a un tatouage étonnant sur tout le bras droit, un motif de rectangles très art contemporain, Mondrian en noir et blanc. Voilà qui change des motifs celtiques ou hindous.
J'achète les billets pour A. et moi, en pestant contre les écrans tactiles qui restent impassibles sous mes doigts. Ce n’est qu’après dix minutes et plusieurs tentatives que je découvrirai qu’il faut effleurer l’écran et non appuyer dessus comme une malade. A. est écroulée de rire.

12h50 - Nous retraversons la garde de Lyon puisque bien entendu la voie du train est la plus éloignée possible du point où nous avions rendez-vous. Je préviens O. : « Nous ne resterons pas jusqu’à ton départ, sinon nous allons rater notre train. — C’est pas grave. » Visiblement la seule chose qui lui importe, c’est qu’on s’en aille le plus vite possible, qu’il puisse enfin lire son Picsou tranquille.

13h10 - Retour à la voiture gare d’Austerlitz, je récupère les bagages de A. Nous trouvons des places dans notre train.

13h35 – Départ pour Blois.

21h21 – Gare de Blois, je rentre seule à Paris. Le train a dix minutes de retard. Je m’installe où il reste de la place, dans l'un des quatre fauteuils centraux des voitures. En face de moi un jeune homme avec un coup de soleil (beaucoup de coups de soleil en général, les gens ont vraiment voulu profiter de cette première journée ensoleillée), à côté de moi au jeune homme le bras dans le plâtre. De l’autre côté de l’allée, une famille occupe les quatre sièges, lui, géant, elle, très jolie, enceinte de cinq mois environ, et une fille et un garçon très blonds de 18 mois et trois ans. Ils sont calmes. Ils s’énerveront peu à peu, c’est inévitable, il est tard, bien trop tard pour eux.
Je commence Dostoïevski en négligeant la préface de Todorov.
Le petit garçon se met à chanter très fort « Papa a pété, papa a pété », les parents ne réagissent pas (ils ont raison), la petite fille joue à la dînette, son frère veut manger du bébé, le père s’insurge, la mère rit, je pense à Swift. Ils sont bruyants et incohérents, le jeune homme à côté de moi les regarde avec ébahissement, bouche ouverte, œil exorbité. Il n’est pas près d’avoir des enfants.
La petite fille pleure, j’essaie de dormir.

La petite fille pleure de plus en plus fort, le père est totalement inerte, la mère très calme, toujours aussi jolie (mais qu’est-ce qu’elle fait dans cette galère ?), déplie une poussette dans l’allée, y met sa fille et tente de la calmer en marchant.
Quelques minutes passent, elle revient, le train s’arrête à Orléans, les deux jeunes hommes descendent, j’ai les quatre places pour moi seule, la poussette bloque le passage, le couple qui vient de monter ne peut pas avancer.
Et c’est la catastrophe.
Il reconnaît la famille de l’autre côté de l’allée, s’exclame, s’embrassent, parlent en français, en italien, tout le wagon en profite, le vacarme est ahurissant, ils s'installent en face de moi sans un regard et continuent à parler avec l'autre côté de l'allée. J’attends un peu, au cas où ils reviendraient à la raison et adopteraient un ton plus mesuré.
Las.
Je me lève et vais m’installer exactement à la même place dans l’autre partie du wagon. J’essaie de dormir. Le train est déjà en train de s’arrêter aux Aubrais, l’homme en face de moi rassemble ses affaires, je remarque ses mains, énormes, enflées, rouges, pelées, mais qu’a-t-il fait, la brûlure semble monter jusqu’aux coudes, il y a des tâches rouges sur les biceps. Ce n’est pas possible, il a voulu égoutter les frites à la main… Le voir saisir ses affaires avec cette peau à vif me fait mal, il ne paraît pas souffrir.

Le train repart, le compartiment est calme, de l’autre côté de l’allée, à la place de la famille infernale, se trouvent deux jeunes hommes, l’un regardant une vidéo, l’autre lisant Courrier international.
Je dors.
Je suis réveillée par une voix, malédiction le DVD est fini et l’homme téléphone, interminablement, à voix haute, il est 23 heures passées, il raccroche, demande à son copain de rappeler la fille avec laquelle il était en conversation, il veut obtenir qu’elle les invite à venir dîner quand ils arriveront à la gare parce qu’il n’a pas envie de manger des tagliatelles, son copain résiste, il doit trouver comme moi que cela n’est pas tout à fait poli, la conversation s’éternise, je suis prodigieusement agacée par cette muflerie tous azimuths, je me lève encore et vais m’installer en première (après tout les contrôleurs sont passés). Je m’endors pour de bon.

Je suis chez moi à minuit.

Bah

On s'absente deux jours qui paraissent deux mois, il semble que tout aura changé en rentrant.
Et puis non, rien.

Outils

Je m'absente donc une semaine. Je n'ai pas eu le temps d'installer (de faire installer) un anti-spam sur ce blog donc pas de panique s'il est brutalement envahi par n'importe quoi, je ferai le ménage en rentrant. (C'est une évidence, mais comme je déteste voir le blog des autres soudain envahi de mauvaises herbes, j'ai à cœur de vous prévenir).

Je ne sais pas si je pourrai écrire. Il y aura des e-cafés, bien sûr, mais la difficulté n'est pas technique : en vacances comme en week-end, le temps ne m'appartient pas, ce sont les moments où je suis le moins libre. C'est le temps de la contrainte. Il ne faut pas trop que j'y pense.
On va dire que le besoin de vacances me rend pessimiste.
Enfin, on verra bien.


PS : J'ai hésité sur le livre à emporter : les cinq tomes restant du Vicomte de Vaullabelle ou Journal de Travers? Finalement j'emporte le tome I de celui-ci, uniquement pour ne pas être trop à la traîne de vos lectures conjointes… Cela m'ennuie parce que je sais que chaque page va faire naître des correspondances que j'aurai envie de vérifier et que je n'aurai ni ma bibliothèque ni Vaisseaux brûlés sous la main.

À ce propos, pour ceux que cela amuse, je signale qu'il est toujours intéressant de faire une recherche sur un ou des mots dans Vaisseaux brûlés. (Utilisez le point d'interrogation en marge de droite).

Réflexions en passant sur les vacances

Je pars en vacances samedi. L'avion part à midi, je crois.

Je ne sais pas comment je vais réussir à ranger mon bureau et finir mes travaux en cours, ranger la maison, faire le ménage (pour être tranquille en rentrant), repasser pour pouvoir préparer les valises. D'après mes calculs, il faudrait que je ne dorme pas les deux prochaines nuits, ce qui voudrait dire que je passerais les trois premiers jours de vacances à récupérer. Pas très rentable sur sept jours de vacances.

Pour profiter de ses vacances, il ne faut pas partir fatigué. Sinon il vaut mieux rester chez soi.

Bon, je vais aller repasser en regardant Oz. (Je préfère poster les billets très tôt que très tard, j'ai l'impression de prendre de l'avance. J'ai triché sur l'heure du précédent billet pour qu'il soit publié en date du quatre. En réalité je viens juste de le terminer). Et oui, j'ai déjà dormi, couché à neuf et demi ce soir, et si tout va bien je me recouche à quatre. Je vais être fraîche pour boire du Sauvignon à midi. (Cela n'est pas le moindre défaut du manque de sommeil: une furieuse envie de boire pour oublier tout ce qui ne m'intéresse pas, l'impossibilité de boire sous peine de dormir comme une bûche).

Et ne me dites pas que ce n'est pas raisonnable: je le sais, je crois même que cela m'amuse, sinon je ne l'écrirais pas ici, n'est-ce pas. (Mais pas si sûr, il y a aussi le côté défouloir du blog).

Vacances

Au fond, un triangle de mer bleue, légèrement à droite, le phare de l'île du Levant. Le moutonnement des arbres, l'étonnante variété de leurs verts, couleur et matière, disposés en taches rondes, arbousiers, chênes, pins parasols, argentés des oliviers et des mimosas, quelques toits de tuiles gris et beiges. Le ciel au-dessus de cela remplissant les deux tiers du tableau. Et puis la piscine entourée de lauriers-roses, et puis cette villa, et puis ce balcon où j'attends (vraiment sans impatience) que les autres se lèvent, et puis cet hôte…

Le plus merveilleux dans tout cela, c'est d'être là par pure amitié, sans avoir rien eu à demander, à réserver, à calculer.


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