Billets qui ont 'vocabulaire' comme mot-clé.

Equilibre des vertus

J'ai conservé ce doc pour m'entraîner à le traduire car certains mots ne me venaient pas spontanément.

manque             équilibre            excès

corruption          probité               procédurier
légèreté             clairvoyance       condamnation
égoïsme             amour               obsession
mépris               respect              idôlatrie
fierté                 humilité             dévalorisation
paresse             application         acharnement
débauche          mesure              puritanisme
lâcheté              courage              imprudence



vocabulaire éthique

Les marins ont leurs raisons de faire des phrases

Journée de m** comme je n'en avais pas eu depuis longtemps, à commencer par m'être trompée de jour et être restée en télétravail alors que je devais former quelqu'un au boulot.

Bon bref, je vous mets quelque chose trouvée sur Twitter.
Dans la Marine, un enseigne de vaisseau est appelé Lieutenant.
Il peut commander une petite unité. Dans ce cas, on l'appelle commandant.
Après on a le Lieutenant de vaisseau, qu'on appelle capitaine.
Quand il commande une unité, on l'appelle aussi commandant.

Après, le capitaine de corvette. On l'appelle commandant. Même s'il ne commande pas. On peut avoir plusieurs commandants sur un même navire mais un seul qui commande tout le navire.

Puis le capitaine de frégate. Lui aussi est appelé commandant.
Il peut commander un navire mais pas une frégate. Pour commander une frégate, il faut être capitaine de vaisseau. Alors qu'il n'y a pas de vaisseaux dans la Marine, c'est un terme générique.

Enfin on a les contre-amiraux, les vice-amiraux, les vice amiraux d'escadre et les amiraux, que l'on appelle tous "amiral".
Parce que .....
Ben parce que c'était déjà assez compliqué comme ça.

Dans le prochain fil, nous verrons l'appellation des navires modernes, et pourquoi nos frégates ont un "D" sur la coque qui veut dire Destroyer, alors que certaines sont des croiseurs.
Comme l'a commenté quelqu'un, le plus simple est de saluer tout gradé par «commandant» (et j'ai appris qu'on ne dit pas «mon» dans la Marine).

vocabulaire-marin


Oulipo

Dernier oulipo de l'année — mais il y aura une séance supplémentaire le 20 juin à la TGB, avec projection d'un film.
Dernier oulipo, mais je me demande si pas seul oulipo de 2023: entre les grèves, les concerts et les problèmes de train, je ne sais plus si j'ai assisté à une séance depuis janvier.

Le plus difficile aujourd'hui est finalement de trouver un restaurant qui conviennent à tous, sans être trop loin du métro. La fermeture de la 14 vers 22 heures décourage tous ceux qui habitent loin.

Certains font la différence entre «jour» et «journée»: vingt-quatre heures contre le contraire de la nuit, mais l'attribution à l'un ou l'autre mot n'est pas stable et dépend des utilisateurs. Nuance également avec après-midi: masculin ou féminin selon qu'il s'agit d'une durée (toute l'après-midi) ou une indication ponctuel («je passerai cet après-midi») (j'avoue que j'utilise un autre critère: féminin avec mes amis littéraires comme un secret partagé, masculin avec les autres).
A propos de je ne sais plus quel choix de mot, Nicolas propose une explication à laquelle je souscris totalement: l'un ou l'autre mot selon le nombre de syllabes nécessaires à balancer la phrase.
Enfin, question piège: d'El Desdichado ou de El Desdichado? Solution: construire sa phrase de façon à ne pas se trouver dans la situation de devoir choisir.

Deux surprises : GEF a lu un billet où je parlais de son père (je suis embarrassée: est-ce indiscret? Je suis surprise: il lit mon blog? (il a dû suivre un lien de référencement un jour où j'avais fait référence à ses travaux.)) Il me signale une erreur: son père n'était pas médecin mais pasteur.
Et choc, alors que je parlais de je ne sais quoi: «ça fait du bien de t'entendre tenir un discours de gauche comme ça». What? Parce qu'il pense que son laisser-faire laisser-aller est un discours de gauche? Je ne veux pas que l'Etat s'occupe de moi, je préfère ne compter que sur moi-même parce que le XXe siècle ne m'a pas convaincu que l'Etat était bienveillant.
Par ailleurs, il est exact que je crois que sans économie forte il n'y a pas de politique sociale possible. Il faut de l'argent pour avoir de la liberté de décision. Nous le savons tous, nous le vivons au quotidien. C'est aussi vrai pour un Etat que pour un foyer.

H. était là. Il s'est cassé la figure dans les escaliers de la TGB qui descendent vers la Seine et c'est tout juste s'il ne m'en a pas rendu responsable. Fin de soirée tendue. Je suis très fatiguée.

Préparatifs jour 2

Je vois Miriam ce soir, je continue le vocabulaire et la syntaxe : "à le", "à les", ça n'existe pas. Il n'y a qu'"à la" ou "à l'institut", "à l'opéra". Non ce n'est pas de ta faute, ça veut dire qu'il y a un problème de pédagogie, on apprend d'un côté le nom et l’article, de l’autre les prépositions et on ne met jamais les deux ensemble.

«J’en veux plus», elle me dit son étonnement devant les mêmes mots qui veulent dire deux choses exactement opposées.
Je réexplique, j’écris: j’en veux plus, je n’en veux plus. Pour éviter les confusions je propose d’utiliser plutôt «encore», ou «davantage».
"Davantage" n’est pas "d’avantage", avantage = contraire d’un handicap
Bref, je m’amuse bien.

Le soir, deuxième sac, celui des vêtements. Qu’emporter, est-il nécessaire/souhaitable d’emporter des vêtements de fille pour le soir? Dans un sens, je me dis que je suis avec des passionnés qui se moquent du reste; dans l'autre je me suis souvent fait avoir à l'aviron où j'étais la seule à n'avoir rien prévu. Oui mais à l'aviron il y avait des filles, là il n'y a que des mecs (donc pas de contraste, donc ils ne le verront même pas); mais justement, ça leur ferait peut-être plaisir (c'est sensible, un mec; il y a des petits efforts qui ne coûtent pas grand chose, pourquoi se priver). Mais je n'ai pas beaucoup de place, il faut que je puisse porter les deux sacs, combien de pulls, de chaussettes, il paraît qu'il fait très froid en altitude, pas de boucles d'oreilles, un bâton de fond de teint ça suffira, les chargeurs dont je ne sais pas où je pourrai les brancher, la bouteille de shampoing ne tient pas je la mets sur le côté du petit sac à dos dans lequel j'ai empilé la nourriture de premier secours; je ne sais pas ce qu'il y a dans la cuisine ni quand on ira faire les courses et je vais dépendre des autres; un litre de lait, des flocons d'avoine, de boîtes de lentilles cuisinées, des barres caloriques pour les longues virées (il paraît que ça demande une énergie dingue), je glisse la lampe frontale dans l'autre poche du sac à dos, je remplace l'écharpe en coton (rose) qui prend beaucoup de place par un tour du cou (bleu) en soie impalpable.

Je suis morte de trac et impatiente, je n'arrive pas à me souvenir d'une telle impatience, un tel désir, peut-être le père Noël à cinq ou six ans? Pourvu que je ne vomisse pas, pourvu que je supporte, pourvu que j'ai emporté les bonnes fringues. Je sais bien qu'il peut pleuvoir toute la semaine, il est possible que je ne vole pas pendant dix jours.
J'ai hâte.

Etymologie

Hier, pot de départ de la directrice. En réalité elle est en retraite depuis le 14 avril, jour de ses 67 ans (fonctionnaire rayée des cadres, limite d'âge comme un couperet) mais elle partira le 12 mai pour faire la soudure avec son successeur. (Je me demande sous quel régime elle travaille: CDD d'un mois?)

Elle avait engagé un magicien pour égayer la soirée. La plus jeune employée, 21 ans, était terrorisée à l'idée d'être hypnothisée et se retrouver à poil devant tout le monde. Impossible de lui faire comprendre que dans ce contexte pro cela n'arriverait pas. Sa terreur confinait à la superstition.

Prestidigitateur : les doigts prestes. Je n'y avais jamais pensé.


Rappel
Digit en français: doigt; digit en anglais: chiffre. Digital en anglais doit (devrait) se traduire par numérique en français.

Le temps passe, bis

Après la yolette hier, encadrement de bateaux "mono" (des planches à ramer insubmersibles pour débutants).

Après la sortie, café. (J'insiste sur l'importance du café: «quand vous saurez ramer, vous rejoindrez l'ensemble des rameurs. Pour qu'ils vous proposent de venir avec eux, il faut qu'ils vous connaissent. Pour cela, il faut prendre le café.»)

C'est à la bonne franquette et comme les nouveaux hésitent, JP déclare pour les encourager: «Servez-vous, n'ayez pas peur, c'est un kibboutz ici.»

Je regarde les jeunes (trente ans?), je souris intérieurement, m'approche de Sonia, lui demande en apparté:
— Tu sais ce que c'est, un kibboutz?
— Non, je regarderai sur Google en rentrant.
J'interpelle: — JP, tes références sont datées, je doute qu'ils sachent ce qu'est qu'un kibboutz.
JP: — Un kibboutz? C'est un kolkoze !

Le franglais ne passera pas par elle

— Lundi, il faudra revoir votre calendrier à rebours.

Dimanche

Réveillée avec le soleil. Pour je ne sais trop quelle raison je regarde mon téléphone (c'est rare que je le fasse au réveil) et me perds dans un blog qui m’apprend du vocabulaire: un brocialiste, une fémonationaliste, une TERF. J’ai beaucoup de mal avec ce genre de blog car je me demande toujours s’ils sont à prendre au premier degré ou s’ils sont parodiques. En l’occurrence, celui-ci me paraît réellement défendre les femmes, les personnes non blanches (non caucasiennes, racisées), les transgenres.
Le moins que l’on puisse dire est que je ne m’y prendrais pas de la même façon. Mais bon, pourquoi pas. Si chacun agit à sa manière pour défendre une même cause, on peut supposer qu’à terme, la cause avance. (L’archétype ici est le débat gay/drag queen: les drag queen nuisent-elles (ont-elles nui, à la grande époque où tout était à défendre, tout était à construire) à la cause gay? Aujourd’hui il est possible de répondre: non. Elles leur donnent de la visibilité.)

Rendormie, réveillée à 10h30, juste à temps pour manger mes croissants, lancer le lave-vaisselle (pas lancé la veille au soir car dans un volume sans mur, tout s’entend), laver à la main les verres fragiles, faire un brin de causette, enfiler une paire de boucle d’oreilles et nous voilà partis pour le bon restaurant de Moret (par opposition aux restaurants à la bonne franquette).
Repas agréable en terrasse terni par… la chaleur (! qui l'eut cru cet été?) qui devient lentement insupportable.

Retour. Nous n'irons pas marcher le long du Loing, hier l'orage, aujourd'hui le soleil, nous en auront empêchés.

Départ des Bostoniens. Ils reviendront sans doute avant que nous allions les voir; dans ma programmation en grande masse nous retournerons aux Etats-Unis dans deux ans (mais bon, rien ne se passe jamais comme prévu).

Coup de téléphone à ma fille, la seule non vaccinée de la famille (j'ai honte): elle ne veut pas de l'ARN messager. Nous l'informons qu'il reste à sa disposition deux vaccins plus traditionnels: Janssen et Astrazeneca.

Je m'abonne à Véligo, l'abri vélo protégé, même si je trouve fort de café que l'abonnement au parking pour ma voiture soit gratuit mais celui pour mon vélo payant.

Le soir, un mail automatique de réponse m'apprend que ma prof de grec est toujours en arrêt maladie. Elle est arrêtée depuis janvier, c'est inquiétant.

Traductions

— Ça veut dire quoi, AD ? BC, before Christ, mais AD? After what ?
(H google vite fait): — Anno Dominum. Ou plus exactement Anno Domini Nostri Jesu Christi, en l'année de notre Seigneur Jésus-Christ.
— Damned! Et AM? je pense toujours Post Midnight, mais ça n'a pas de sens, Post Noon, mais c'est un N.
(Googlage): — Ante Meridiem, Post Meridiem.
— Du latin?!! Les Américains sont au courant?

*****

— Non mais ça suffit! Digital, ça ne vient pas de doigt, ça vient de digit, nombre. Digital, c'est numérique, en français.

Et je pense à the phony war, la fausse guerre, la guerre pour de faux, devenue the funny war aux oreilles françaises, la drôle de guerre, ce qui étrangement n'était pas si loin du sens, de même que digital/doigt a un sens, même si c'est un coup de chance.

*****

Au petit déjeuner à l'hôtel à Paris hier matin, H. traduit gentiment pour le barman (barista, un mot étranger pour un autre) perdu devant ma commande d'un café au lait:
— Un latte, please.


Et j'aime ce mélange, cet espagnol, cet italien et cet anglais dans notre ville française, cette bonne volonté de chercher à se comprendre. Souvent je songe à la question de David Bellos (dans Le poisson et le bananier): «Quelle langue parlait Christophe Collomb avec les indiens?»

Toujours plus fort

J'avais parlé du magnifique vocabulaire, et très naturel, de ma directrice.

Le président a fait mieux, non sans y mettre quelque cabotinage: dans une réunion avec des délégants, il a placé: «dans ma vision téléologique de la situation…»

(Je ne sais pas si les autres ont compris. Pour ma part, je connais ce mot grâce à la théologie.)

Pour la peine, j'ai placé «holistique» quelques instants plus tard, même si ce mot est beaucoup plus courant grâce à la mouvance New Age.

Vocabulaire

J'ai déjà dit que j'avais l'impression d'avoir changé de dimension.

Exemples du vocabulaire utilisé naturellement par ma boss (je les ai notés puis révisés toute la journée, car si ces exemples me réjouissent, je les oublie bien trop vite pour les raconter ici):

— Il ne peut pas exciper de sa fonction pour […]

— Je sais que mes confrères n'en peuvent mais.

Ou encore ce matin, en visioconférence à vingt-cinq, tandis que nous cherchions à identifier l'interlocuteur que nous entendions, quelqu'un s'est exclamé: «c'est qui qui parle?»
Impertubable et sans temps d'arrêt, ma boss a repris la question: «Excusez-moi, qui s'exprime, s'il vous plaît?»

C'est si reposant. J'en ai le souffle coupé à chaque fois.

Contemporain

Dans le RER A, deux trento-quadragénaires, habillés en nuance de gris, de physionomie agréable, discutent de conduite de projet :

— J'ai pas envie de me jéopardiser avec une burne.

Crocodiles

Je me demande si les grands-parents et parents des hippies des années 70 étaient aussi surpris que ces mêmes hippies devant le monde de leurs petits-enfants.

Voici un thread de Desespeuphorie qui est un extraordinaire résumé de ce je lis et vois tous les jours sur internet.
Comme d'habitude, je le stocke ici : dans dix ou vingt ans, plus personne ne voudra nous croire; il faut garder des preuves.



Haribo fait maintenant des Croco "Parent-enfant" : une révolution sociétale, un thread
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Notons tout d'abord que bébé Croco n'a toujours qu'un seul parent.

La manif pour tous défile en scandant "un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants"
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Ils sont disponibles dans toutes les couleurs de l'arc en ciel.

Ludivine de la Rochère crie à l'infiltration du lobby LGBT au sein du conseil d'administration de Haribo et appelle au boycot.
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Marine Le Pen souligne sur BFM TV que le petit n'est jamais de la couleur de la mère. C'est pour elle le symbole du grand remplacement par le métissage.

+13 points dans les sondages
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Eric Zemmour quant à lui se félicite que les bonbons contiennent de la gélatine de porc.

"C'est toujours ça que les arabes n'auront pas"

357 plaintes au CSA. Aucune suite.
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Les vegans se mobilisent également sur Twitter, sur le débat suivant :
"Faut-il dévorer d'abord l'enfant sous les yeux de son.a p.mère, ou bien avaler le.a parent.e sous le regard horrifié du bébé ? Stop souffrance animale !"

Appel au boycot relayé par 2 personnes
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Les genderfluid se félicitent du fait qu'on ne connait pas le genre du parent.

"C'est une grande avancée pour la reconnaissance des gens non binaires dans l'industrie du bonbon. Bravo Haribo !"
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Les twitto.a.s qui sont à la fois vegan et non binaires sont en PLS, et lancent des threads avec plein de trigger warnings pour savoir si c'est bien ou pas de manger ces bonbons.
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Après 3 jours de threads régulièrement attaqués par le 12-25, le consensus est qu'il faut acheter les boites mais rendre aux croco leur liberté en les rejetant dans une rivière.
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Les khey du 12-25 décident de mettre leur grain de sel en se filmant en train de se mettre des crocos dans le cul.

Cyril Hanouna, fan de l'idée, met des Croco dans le cul de Matthieu Delormeau
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Une twitta demande l'interdiction de l'emoji Crocodile, arguant le fait que "ça peut trigger les crocophobes comme moi".

Elle reçoit 2433 DM avec des emojis Croco.

Elle menace de porter plainte pour cyberharcellement
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Sujet de bac philo 2020 : "est-ce que c'est beau la vie, pour les grands et les petits?"

Pétition en ligne des bacheliers qui trouvent le sujet trop dur.

"Tout le monde ne connait pas la différence entre crocodile et aligator, il faut annuler l'épreuve" : 150000 signatures
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Haribo propose un contrat de sponsoring à @Krokodeallll

Décalage trop grand entre les amateurs de bonbons et l'image de l'influenceuse : Christine Boutin demande l'interdiction de la publicité.

400 plaintes au CSA (qui est plus prompt à agir que dans le cas Zemmour, notez)
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Rupture de stock dans les magasins.

Macron lance un Grenelle du Croco.
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Les gilets jaunes manifestent pour la suppression de la TVA sur les bonbons.

Bilan : 4 yeux crevés.
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Boiron lance des granules "Croco 9CH". Ils achètent un paquet de bonbon et produisent 10 millions de tubes de granules.
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Boiron en profite pour demander le remboursement par la Secu. Le gouvernement hésite, les députés attendent les offres des lobbyistes.

Big Pharma est rebaptisé "Big Bonbon"
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Le twitto @desespeuphorie demande si quelqu'un a le @ du CM de Haribo, histoire de voir si il peut gratter un paquet ou deux gratos.

Bilan : 4 unfollow
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Gad Elmaleh prépare un nouveau spectacle sur les Croco.

N'allez pas le voir, tout est pompé sur ce thread
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TFou commande une nouvelle saison de "Schnapi, das kleine krokrodil".

En animation 3d ultra moche.

+20% de LV2 allemand au collège à la rentrée suivante.
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Le directeur du Leclerc Beynost pris en photo en safari chasse en Afrique posant fièrement près de la carcasse d'un crocodile fraîchement tué.

Boycot. Licenciement. #JeSuisCrocodile en tendance Twitter
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La team premier degré indique que c'est pas un crocodile mais un caïman.

Tout le monde s'en fout.
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Christophe Maé sort un album de reprises "Ah les croco ah les croco ah les crocodiles"

Double disque d'or en une semaine

En interview, il dira "c'est clairement ma meilleure chanson". Tout le monde acquiesce


Et pour parachever la démonstration, lorsque nous rentrons vers minuit, O. est en train de regarder "Questions pour un champion". Une fois que nous avons fini de nous moquer et de nous étonner, il nous explique qu'il le regarde au même moment que (environ) deux mille autres internautes en suivant le youtubeur Etoile et que c'est fun.

Le lendemain O., ayant lu les crocodiles ci-dessus, remarque : «C'est méchant pour Cyprien».
Comme je m'étonne que ce soit quelqu'un qu'il connaisse (et non un prénom random comme je le croyais), il me donne les noms des youtubeurs «qu'il pourrait être utile que je connaisse parce qu'ils sont connus»: Cyprien, Squeezie et Zerator.

Double paradoxe

Inscription sur un tee-shirt :
Brexiting : telling everyone that you are leaving the party, but you don't know what to do and continue to stay here.
Theresa yelled that she was leaving, but actually she was just brexiting in the hall1.
— Quel paradoxe, brexiting, c'est finalement le contraire de filer à l'anglaise.
— De toute façon, les Anglais ne sont jamais entrés dans l'Europe.
[Silence pour soupeser les implications de cette phrase]:
— Tu veux dire qu'ils n'arrivent pas à en sortir parce qu'ils n'y sont pas entrés ?




Note
1 : Brexiting : dire à tout le monde que vous quittez la soirée, mais vous êtes désemparé et vous restez là.
Teresa hurla qu'elle partait, mais en réalité elle ne fit que brexiter dans le hall.

Vocabulaire : pécho

Suite du LFV (Langue française du XXIe siècle).

Question: à votre avis, pécho, c'est le verlan de choper ou une déformation de pêcher ou de pécher?


(Définition: drague couronnée de succès)

Un monde qui m'échappe

Interloquée par un tweet de l'UNEF: «En tant que femme transgenre racisée je suis intersectionnelle. Mais ma racisation fait de moi une personne plus privilégiée qu'une afro descente et c'est à cause du colorisme qui crée un privilège entre les personnes racisées.» Clémence Zamora-Cruz


2019-0420-UNEF-racisee.png


tandis que ce genre de dessin circule (dessinateur inconnu pour le moment)


2019-0420-racise-dominant.jpg


alimentant les insultes d'une gauche qui ne sait plus prendre de recul.


(En fait ce ne sont pas les revendications que je rejette, c'est le vocabulaire1. Les mêmes idées exprimées de façon compréhensible remporteraient peut-être mon adhésion, ou au moins ma sympathie. Dans le cas d'espèce, il y a trop de mots dont je ne comprends pas le sens exact. Le lecteur (ou auditeur) est arrêté par le langage qui fait barrage aux faits. (Il essaie de démêler le sens des mots plutôt qu'accéder directement à la revendication.))

La fin doit vouloir dire : «il y a une hiérarchie2 dans le racisme subi en fonction de la couleur de peau. J'ai conscience d'avoir davantage de chances qu'une Africaine à peau très noire.» ("descente": est-ce une faute de frappe pour descendante ou pour décente? (mais dans le second cas, qu'est-ce que ça veut dire?))
Et le début : «je suis une femme latinos trangenre: je fais donc miennes les revendications des femmes, des personnes de couleur et des LGBT» (est-ce cela que veut dire «intersectionnelle3»? je n'en suis pas sûre car je ne sais pas exactement ce que désigne "sections" (pour moi une section était quelque chose de l'ordre d'une cellule du parti communiste).

Que ceci soit considéré comme une première contribution à un LTI contemporain (LFV, Langue française du XXIe siècle ?)



Notes :
1 : Ce doit être une preuve de mépris de classe blanc élitiste.
2 : On remarquera le choix de "privilège" plutôt que "hiérarchie": une tendance à s'excuser par avance, ce qui est certes sympathique, mais sans doute inutile pour un état de fait que l'on subit et dont on n'est pas responsable.
Hiérarchie des couleurs de peau (ce que veut dire colorisme?): c'est un fait connu; par exemple la société du Brésil est connue pour hiérarchiser subtilement le métissage. En France la hiérarchie me paraît moins subtile (euphémisme) et tenir davantage à la beauté (oui, personne ne le dit, mais oui) et aux vêtements qu'à la simple couleur de peau. Evidemment, ce genre d'intuition serait à mesurer.
3 : Je me suis renseignée: à l'intersection du racisme et de la mysoginie.

Incarnation

A l'ICP :
— Parfois, j'ai l'impression qu'ici on vit hors de la réalité, comme si tout le monde était croyant alors qu'en réalité presque plus personne ne croit. Par exemple si j'interroge sur le sens de passion avec un P majuscule, on me dit «mais si, je sais», et quand je demande des précisions: «c'est religieux, non?»
— Oh lala, si tu savais! Des ados m'ont dit il n'y a pas longtemps: «Jésus, il a pris cher!»


Et tout bien réfléchi, ce n'est pas une mauvaise définition, ni de la Passion, ni de la vie de Jéus: d'il a pris chair à il a pris cher.

Idée cadeau

Des gilets orange (pour le footing, le vélo…)

(Et toujours je pense à la règle du Bled, «les noms de couleur provenant d'une chose (jonquille, émeraude, etc) sont invariables sauf rose». (Ils sont également invariables si composés: rose bonbon.))

Twitter : la fin de l'expérience

Les relations sur Twitter sont beaucoup plus lâches que sur FB: on peut "s'abonner" et "se désabonner" sans conséquence (alors que sur FB, ne plus "suivre" quelqu'un est vécu comme un camouflet à la limite du supportable, à tel point que j'évite certaines personnes uniquement parce que je sais que si ensuite je souhaite partir, cela risque de causer un drame.)

Durant ce très étrange printemps, je me suis abonnée à des gens très différents, des pro-bloqueurs de facs, des anti-parcoursup, des grévistes, etc. Je voulais évaluer leur bonne foi par rapport à leurs convictions, essayer de comprendre leur opposition systématique à tout, la façon dont ils rationalisaient cette systématie.

Ce qui m'impressionne le plus au bout de ce temps, c'est à quel point je suis perdue dans une certaine gamme de vocabulaire: raciste (ça, ça va), racialisé (j'ai interrogé autour de moi. Apparemment cela veut dire "minorité de couleur non blanche dont les membres décident de se réunir exclusivement entre eux". (Moi, j'appelle cela de la ghettoïsation volontaire)), indigéniste (les mêmes, mais extrémistes), sexisé (?? contre le fait d'être désigné par leur sexe? ou revendiquant au contraire leur particularité, féminine, transgenre, gay, etc?)

L'important est de ne pas être dans un groupe majoritaire, généralement préfixé par "cis-". Si vous êtes un homme blanc occidental hétérosexuel, désolée pour vous messieurs, vous n'êtes pas du tout tendance.

Par exemple, pour la marche des fierté, cela a donné ce genre d'appel, controversé parmi les homo eux-mêmes:
A l'occasion de la Gay Pride, un collectif "Stop au pinkwashing" a lancé un appel pour défiler en tête de cortège. Il s'oppose au cortège LGBT officiel qu'il dénonce comme "homonationaliste et raciste, dont le discours officiel de la Marche des fiertés se fait le relai". Le collectif dénonce la domination des" hommes gays blancs, bourgeois et issus des classes aisées" , complices du gouvernement, des violences policières faites aux immigrés", etc.
[…]
Ce collectif «politique, radical, féministe, queer, antiraciste et anticapitaliste» ouvrira la Marche et demande que "les personnes blanches respectent cette non-mixité en se plaçant derrière elles/eux".
source
Je note tout cela ici pour garder une trace du moment où le vocabulaire est devenu fou.

Tout cela est très fatigant (je ne plaisante pas quand je dis que je ne comprends pas le sens des mots: je ne suis jamais sûre de ne pas comprendre l'inverse de ce que voulait dire l'auteur d'une phrase), je mets donc fin à l'expérience. Je me désabonne de tous les convaincus, les dogmatiques, les doctrinaires, je garde les vieux de la vieille, ceux qui apportent de l'info et ceux qui ont de l'humour. Fini les toxiques (autre mot à la mode ces derniers mois).

Aujourd'hui j'ai découvert Bernoid qui dessine des insectes et photographie des champignons. C'est magnifique.
Il y a une collection de jeunes twittos en histoire ou lettres classiques qui me réconfortent, par exemple Regina sur l'Egypte ptolémaïque ou Dorymedon, dans le genre littérature "on ne lâche rien" (sa préparation de cours sur les mémoires pour les troisièmes… Whouaouh).

C'est quoi ce délire ?

Cette expression me paraît traduire WTF mieux que "Fichaises", qui serait plutôt bullshit, à mon sens.

Il y a quelques temps (six mois, un an?) avait couru la rumeur que la directrice des ressources humaines de notre entreprise allait partir: mobilité dans le groupe ou démission? J'avais émis l'idée qu'elle remplacerait peut-être mon supérieur bien-aimé dont le départ en retraite est proche.
Puis il ne s'était rien passé.
Nous avons appris à midi qu'elle devait bien partir. Elle avait même fait un pot de départ avec ses équipes.
Puis elle était restée.



(Par ailleurs, des rumeurs courent sur le départ d'à peu près tous les cadres de direction alors que le nouveau DG vient d'arriver.

Deuxième jour après Noël

Il fait beau et froid.
A. part. Foins et débris (le lapin, le lapin !) jusqu'au milieu de la chambre. La maison paraît étrangement vide après ces derniers jours. Nous avons désormais des habitudes de vieux couple.
Classement de papiers (remontant à un an et même novembre 2014), échange d'écrans, premières cartes de vœux. Je m'astreins à ne pas regarder de films avant que le soleil ne se couche (ce qui nous amène aux alentours de cinq heures, ce n'est pas si terrible).

Episodes 9 et 10 de la saison 1 de Sense8

Les voisins à dîner. Organisation du 31. Lui est en arrêt pour burn-out. Autrefois, on aurait simplement dit que son patron pervers a eu sa peau, ou encore qu'il est épuisé nerveusement. Extension du vocabulaire. Un autre voisin est à l'hôpital pour burn-out "familial": il a demandé à ne sortir que le dimanche, pour éviter sa femme (ambiance. L'une de ses filles en est à sa deuxième tentative de suicide. Qu'est-ce qu'un burn-out? demandé-je. C'est quand on n'arrive plus à faire face, me répond-on).

Au moment de me coucher, j'apprends que Carrie Fisher est morte. Absurdement j'évoque le malaise ressenti à "la"1 voir à la fin de Rogue one. Je me souviens que je ne savais pas qui c'était quand j'ai lu un article qui l'interviewait (quand était-ce? il y a longtemps, peut-être était-ce pour ses quarante ans, donc en 1996), dans lequel elle parlait de sa façon de gérer son poids (oui, un magazine féminin sans doute chez le coiffeur. Un beau magazine, genre Elle ou Vogue, je me souviens de belles photos). Elle disait: «Ce n'est pas moi que l'on aime, c'est la princesse Leia». Mais je ne savais pas qui était la princesse Leia (et je découvrais Carrie Fisher dont je n'avais jamais entendu parler).
Morte à soixante ans. Incroyable. Pour reprendre une question de RC, comment peut-on mourir à soixante ans?



1: "la" entre guillemets car c'est une reconstruction technologique. Le problème est le suivant: soit un film tourné en 2016 racontant une action intervenant quelques jours ou semaines avant un film de 1976: comment y faire intervenir des acteurs ayant quarante ans de plus alors que leurs personnages a un an de moins?

Nommer la pluie

Trouvé sur le net, sans doute pour nous faire rire de tout ce qui tombe en ce moment.


2016-05-21-pluie-bretonne.jpg

L'Enéide

Ligne 12 entre Concorde et Sèvre-Babylone, vers 18h30.

Jeune homme en manteau, debout dans le métro, lisant l'Enéide

J'ai failli ne pas aller ramer, mais il fait si beau que cela aurait été péché.
Belle sortie en quatre. Peter, Gaël, François.
— C'est le dernier quatre qui reste, si nous le cassons, je pense que nous ne ramerons plus jamais!
— Et ben ça va, t'es optimiste!


Grec :
zugmos: d'où zeugme, «un pont entre deux sens», proposai-je.
— Oui. (Elle dessine au tableau) Ce qui lie. C'est un joug. (Elle continue), d'où sun, avec, sun zeugmos, lié avec, portant le joug ensemble, le conjoint, suzugos. Et syzygie, c'est vraiment le soleil qui a rendez-vous avec la lune.
Plus tard (Matthieu 4,13)
Parathalassian, c'est plus qu'au bord de la mer: Capharnaüm-sur-Mer, Capharnaüm-les-Bains.

Le mot du jour

est sédévacantisme (remarque : l'article se trompe, Mgr Lefevre n'est pas sédévacantiste).

(Jeudi dernier, c'était "hénothéisme".)

Haute mer : in altum. Profonde. "L'altitude" (la hauteur) n'est pas calculée au-dessus mais en-dessous du niveau de la mer.

Et sinon, est-il vraiment envisageable que "étant" vienne de sto, stas, stare ?
(C'est la remarque d'un élève en cours de latin: qu'"étant" viendrait du verbe se tenir debout. Un abîme s'ouvre devant mes pieds. Nous passons de l'essence à l'existence, il me semble. Est-ce vraiment possible?
La prof ne conteste pas mais nous fait remarquer que les mots latin commençant par "sc" ont pris un "e" en fançais, mais pas en anglais:
stella, étoile, star
scribo, écrire, scripture
scola, école, school )

Les étymologies incertaines

H — Ça sent bien la citronnelle, hein ?
Moi — Oui, comment t'as fait, t'as trouvé de la fraîche?
H — Non, j'ai utilisé de la mousseline.
Moi — Ah, t'as fait une infusion.
O — ?? Pour moi, de la mousseline, c'était de la purée…
H — Mais non, c'est un tissu très léger, comme de la gaze, comme les sachets de thé, si tu veux.
Moi — Oui, c'est l'inverse, la purée s'appelle mousseline parce qu'elle est légère comme de la mousseline. Si tu trouves "une robe en mousseline" dans un roman, qu'est-ce que tu comprends?
O — …
Moi — Mais je pensais que mousseline, c'était synonyme de gaze.
H — Non, gaze vient de Gaza : il y a toujours eu la guerre là-bas, alors le tissu utilisé sur place pour soigner les blessés a pris le nom de la ville.
Moi — Incroyable, ça c'est de la poisse! Mais tu tires ça d'où, parce que les étymologies fantaisistes, ça court les rues.
H — Alain Rey le matin à la radio. D'habitude je ne retiens pas, mais pour celle-là, j'ai fait exception.

(Bon, au moment d'écrire ici je vérifie sur CNTRL qui n'a pas l'air d'accord, mais je laisse, ne serait-ce que pour la robe en purée mousseline.)


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Agenda
Et c'est reparti, H. veut de nouveau monter une boîte. Nom déposé, logo créé, excitation…
Je ne participe pas, je ne participe plus. Si ça marche, les enfants seront riches, si ça ne marche pas, j'hébergerai la famille dans la moitié de maison qui m'appartient… (Oui, nous sommes mariés en séparation de biens, il avait déjà l'idée de monter sa boîte à l'époque.)

Ave

Et soudain, en lisant « "Message de salut" (Heilsbotschaft) » dans la "note liminaire du traducteur" de Pierre Jundt, traducteur de l'Épître aux Romains de Karl Barth, je comprends pourquoi Bonhoeffer refusait le Heil nazi qu'il disait être réservé au Christ : je n'avais jamais pris conscience que "salut", en allemand comme en français (mais pas en latin — ou bien si?), relevait tout aussi bien de salvation que de salutation.

Les féminins de la langue

Ce billet de Guillaume me fait penser à l'obstination de France Musique à parler samedi de "la maire de Lille", et moi systématiquement d'entendre "la mère Denis".

Je suis une fervente convaincue de Madame le maire. Nous parlons d'une fonction, non d'une personne. Cf. la différence entre Madame le colonel (elle est colonel) et la colonelle (son mari est colonel).

Par ailleurs, beaucoup de noms au féminin sonnent mal du fait du "e" qui fait entendre la consonne muette au masculin (maire, évidemment, n'est pas un bon exemple).

Juste une question de point de vue ?

Quelle est la différence entre une cougar et une MILF ?

Vocabulaire

Je suis debout dans le RER, au niveau de six places se faisant face trois à trois. Cinq jeunes filles révisent des noms en D, l'une donne le mot, les autres tentent d'en donner la définition, la première les aide. J'arrive au moment de "dépréciation" ou "déprécation", je ne suis pas sûre de bien comprendre, est-ce de l'anglais qu'elles révisent?

Non, c'est bien du français: démotique, désaffection, déshérence, desidérata (toujours au pluriel, prend un "s"), désolation (au sens de "destruction"),…
Je suis intriguée: sont-elles en première, et leur professeur de français a-t-il décidé de traiter le mal à la racine (avec un pincement au cœur, je me dis que cela aurait dû être fait il y a des années, au collège (mais leur sérieux me remplit d'espoir: quel professeur peut-il réussir à obtenir cela d'élèves de première? (car il n'y a aucun signe d'ennui ou d'exaspération parmi elles)); sont-elles en première année de fac littéraire?

Au moment de quitter le wagon, je me penche vers la jeune fille au bord de l'allée:
— Excusez-moi, mademoiselle, vous êtes en quelle classe?
— En prépa orthophoniste.

Gender study

— C'est facile: un tentacule comme un testicule.
— Hum, je ne suis pas convaincue. A partir de maintenant je dirai une testicule, ça sonne pas mal.

Mardi

Je fais passer des entretiens. Non, pas d'embauche, plutôt quelque chose comme des interviews: que faites-vous, comment, pourquoi, récupérations des procédures, etc. Cartographie des risques.
Cet après-midi, pour la première fois, cela s'est plutôt mal passé (le genre de personne qui sait tout sur tout et se plaint de ne pas être invité aux réunions d'information). J'ai trouvé la parade. Comme je voyais qu'il lisait tout ce que je notais, je me suis mis à noter mot pour mot ce qu'il disait, entre guillemets, genre: «non, ça ne peut jamais être faux, c'est des maths, c'est forcément juste».
Il s'est un peu calmé.

Ma collègue m'a fait remarquer que j'avais provoqué un blanc en réunion en utilisant le mot tautologie. Elle me parle de sa mansuétude. Je lui propose de remplacer "Bisounours" («elle est très bisounours, Alice» est une phrase qu'elle affectionne) par "irénisme". Je sens que nos réunions de projet vont avoir de plus en plus de gueule.

A vendre ou pas à vendre? Croyez-vous davantage un démenti ou l'absence de démenti?
L'absence de surprise sera la même. En attendant, tout le monde écoute BFM en allant au bureau (sauf moi, mais on me raconte l'essentiel).

Je continue Congar. Je tombe des nues. C'était quelque chose, l'avant Vatican II. On dirait un roman policier, ce n'est que délations et coups fourrés, qui à dit quoi à qui, rumeurs et censure. Je lis éberluée des choses comme: «Régime invraisemblable: policier, autocratique, totalitaire, crétin. Car ce qui me frappe le plus, c'est le crétinisme, l'invraisemblable indigence en intelligence, en caractère. Le système a fabriqué des serviteurs à son image» (Yves Congar, Journal d'un théologien, p.233) (Il s'agit de Rome et du Saint-Office, pour faire court).
Mazette! Je sais bien que ce n'était pas destiné à la publication, mais tout de même!

Comment réussir à se rendre compte de ce qu'était ce monde? Je repense à L'ange et le réservoir de liquide à freins: «Quatre à avoir bénéficié un an de l'enseignement de l'ancien catéchisme, du latin et des mathématiques traditionnelles, ces trois piliers de la sagesse disparus d'un coup sous les effets conjugués, quoique non concertés, d'Edgar Faure, de Mai 68 et du Concile.» (p.261)

Yves Congar est un homme selon mon cœur, entre sa façon de s'insurger contre les wagons réservés et vides dans un train bondé, et celle de s'interroger sur les dessous de son apparente soumission: obéissance ou lâcheté?:

Parfois, ces dernières semaines, je me suis interrogé. Je me suis demandé si, dans l'espèce de simplicité, d'absolu et d'entièreté de ma soumission, il n'y avait pas une solution à trop bon compte, une fuite, malgré tout, facile, hors du combat. [Mon attitude est foncièrement, vraiment et intégralement celle-ci: Qu'ils fassent ce qu'ils voudront! Rendez-vous au Jugement dernier, devant le Véridique. Je leur abandonne toute l'histoire, je n'attends que la Parousie, or ils n'ont pas la Parousie!] Ne suis-je pas dans la situation de quelqu'un engagé dans la Résistance, mais un peu lâche et craintif au fond, et qui, arrêté très tôt, a un certain sentiment de soulagement et presque de satisfaction d'être ainsi retiré, pur et avec les honneurs de la guerre, d'un combat difficile où il laissait désormais les autres se débrouiller comme ils veulent. Je ne voudrais pas être cet homme-là; j'ai une certaine propension à l'être. (Opus cité, p.269-270)

Tout me parle ici, même le rendez-vous au Jugement dernier.



(Parapluie, je n'oublie pas que je te dois une réponse.)

Souku, affolantes et détresse.

Souku : c'est ce que j'ai entendu. Il s'agit en fait de "sous-cul", épaisseur de mousse taillée en forme du siège de coulisse afin d'amortir la dureté du bois. Le club qui organisait la randonnée en a offert un à chaque participant.





Affolantes : ce sont les magnifiques maisons qui bordent la vallée de la Seine en amont de Melun. Elles ont été construites par de riches industriels à la fin du XIXe siècle, elles étaient souvent destinées à leur maîtresse.


Détresse : rien à faire, je n'ai pas beaucoup de points communs avec un groupe, même si c'est l'aviron qui nous réunit. Ma crainte, c'est le mot que je vais prononcer qui va provoquer un blanc dans la conversation. Je reste sidérée de constater combien nous avons tous besoin de parler de nous-mêmes, avant tout. Il me semble que ce besoin croît avec l'âge.

Vocabulaire de marine

«Il n'y a que deux cordes sur un bateau: celle de la cloche et celle du pendu.»

Les autres cordes prennent le nom générique de bouts ("boute"), sous réserve d'un nom plus spécialisé. Et l'on me cite les écoutes, les haubans, les aussières, les drisses...

Les rameurs adultes se divisent grossièrement en deux catégories: ceux qui ont fait de l'aviron enfant et ceux qui aiment la mer, pour qui c'est une façon de retrouver les éléments, l'air et l'eau, en ville.
J'apprends du vocabulaire et des coutumes. Ça m'amuse, je vais bientôt pouvoir relire Moby Dick.

Barbarie

Une amie professeur d'histoire nous raconte qu'elle faisait conjuguer leurs insultes aux élèves à tous les temps et à tous les modes:

que tu niquasses ta mère
qu'il niquât ta mère
etc.

Ces enfants ont une imagination à la capitaine Haddock: «Ta mère a trois poils au cul.»
nous eûmes trois poils au cul, vous eûtes trois poils au cul,... vous auriez eu trois poils au cul...

Il ne faut pas confondre

— Il m'a insultée, il m'a traitée de crétine!
— Non, ce n'est pas cela une insulte. Il y a très peu d'insultes, con, connard, salaud, salope, c'est à peu près tout.
— Mais qu'est-ce que c'est, "crétin"? C'est quoi la différence avec une insulte?
— "Crétin", c'est une opinion. Une insulte, c'est vulgaire et grossier. Il ne faut pas insulter, car quand tu insultes, tu prouves que tu ne sais plus quoi dire, que tu as perdu. Il faut surprendre l'autre, utiliser des mots auxquels il ne s'attend pas ou se moquer de lui. Tu peux le traiter de chameau, par exemple. Pour t'entraîner, tu peux utiliser le vocabulaine du capitaine Haddock.
— Marin d'eau douce, flibustier!
— Tu sais ce que c'est, un flibustier?
— Non.
— C'est un pirate ou un corsaire. Tu sais ce que c'est, un corsaire?
— Oui, c'est ça, répond-elle en promenant les mains le long de son buste.
— Non, ça, c'est un corset.

Au bon goût de brûlé

Question à O., sept ans:

— Et tu sais ce que ça veut dire, S.P. ?
— Saveur pompier !
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