Alice du fromage

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Billets qui ont 'TG' comme mot-clé.

samedi 7 janvier 2017

Ethique et marivaudage

Les deux ne sont pas liés.

Journée de TG.
Etant arrivée en retard, je ne sais exactement quel était le thème de la journée, mais le contenu fut le cours d'un théologien moraliste rédacteur en chef à La Croix sur l'éthique (en suivant Ricœur, les chapitres 6 à 8 de Soi-même comme un autre) et la morale (comme obéissance à la norme ou aux normes).
« Le chrétien est moral, il se réfère à des normes. C'est extrêmement mal vu aujourd'hui, de respecter des normes. Cependant, la norme ne doit jamais avoir le dernier mot. Selon St Thomas (entre autres), le plus grand péché est de ne pas respecter sa conscience. »
Je cite sa définition du libéralisme économique: « offrir le plus grand choix à chacun » et celle du christianime : « répondre à un appel (une vocation) ».

Greiner a beaucoup insisté, comme désormais tous nos professeurs ou presque depuis l'année d'ecclésiologie, sur l'aspect communautaire des pratiques et surtout sur le fait qu'il n'y avait pas de foi sans praxis (pratiques : il s'agit ici de pratiques religieuses, prière, rassemblement, participation aux sacrements, et non de "bonnes actions", qui ne sont pas proprement chrétiennes, évidemment).

Curieuse discussion — à deux doigts de la dispute — à propos du permis de tuer de façon "extra-judiciaire" (traduire: illégale) de futurs terroristes. Deux élèves défendent l'obligation de se défendre au nom de la Real Politik. Greiner fait remarquer qu'au nom du Décalogue il est tout de même permis de s'interroger. Les deux élèves paraissent le tenir pour un doux rêveur.
Pour ma part, je n'étais pas au courant de cette récente polémique. Il me semble d'une part que cette pratique est évidente depuis la prise d'otage de la maternelle de Neuilly et la traque du terroriste Khaled Kelkal. Je regrette que les terroristes soient abattus systématiquement car il me semble que nous nous privons de témoignages importants.
Par ailleurs, je suis persuadée depuis l'expérience des procès de Nuremberg que le procès a une valeur cathartique (écouter, faire parler) et historique (laisser une trace autre que journalistique) fondamentale.
Quoi qu'il en soit, si un chef d'Etat décide des exécutions "extra-judiciaires", il me semble que cela devient son fardeau personnel. Cela fait partie du poids du pouvoir. En aucun cas il ne doit en faire l'étalage: qu'est-ce qu'un chef d'Etat d'un Etat constitutionnel qui se vante de ne pas respecter la loi? Que cette histoire éclate maintenant me laisse soupçonner une manipulation des bas instincts de la population: «Voyez, la gauche n'est pas si molle que vous le pensez, regardez ce que nous faisons pour vous».


Le soir, nous assistons à Villebon/Yvette à trois pièces en un acte de Marivaux au bénéfice de l'association Rétina qui aide la recherche sur les maladies de la vue.
L'ensemble est très plaisant; je suis toujours aussi ébahie à l'idée que des auteurs du XVIIIe siècle faisaient jouer de telles satires devant la noblesse: quels portraits peu flatteurs! Quels penchants féministes! Et quel recul au XIXe siècle: Balzac, Hugo ou Flaubert n'ont jamais atteint ce niveau de mordant.

La dispute : les femmes sont spontanément coquettes et égocentriques, les hommes sont fraternels tant que les femmes ne les poussent pas à la querelle. Cependant l'un et l'autre sexe est volage et inconstant, sans que la responsabilité puisse être rejetée sur l'un ou sur l'autre.
Cette pièce tient de l'expérience de laboratoire, mi-Ecole des femmes, mi-Barjavel. Un très beau jeu de miroir, au sens propre et figuré. Les acteurs masculins jouaient à merveille les benêts sautillants.

La colonie : une sorte de Lysistrata. Les femmes d'un navire échoué décident de faire sécession si le pouvoir des assemblées n'est pas partagé. La meneuse souhaite même qu'il y ait des femmes avocates!
Malheureusement le camp des femmes se dispute beaucoup, et par-dessus tout, les femmes n'ont pas appris à se battre: il leur faut compter sur les hommes pour se défendre. (Finalement, sans doute n'est-ce pas pour rien qu'en France, ce sont les guerres mondiales qui ont fait avancer la cause des femmes.)

Les acteurs de bonne foi était moins intéressante: une pièce dans une pièce, classiquement, avec des acteurs ne sachant plus où s'arrêtent leur rôle et commencent la "vraie" vie.

samedi 21 mai 2016

Récit et dialogue

TG sur la Trinité, avec ce moment étrange où on fait un tour de table en demandant à chacun de s'exprimer sur la Trinité:

- que risque-t-on davantage, le modalisme (trois modalités d'un seul Dieu (et non trois personnes en tant que telles, mais personne au sens antique et non moderne, chargée de conscience et de psychologie (mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire? Bien sûr que le ressenti de chacun par chacun a évolué, mais la notion est présente dès l'origine des écrits dont on dispose, non? Platon, Socrate, se considèrent bien comme des personnes, des individus. Le sentiment d'appartenance à la cité de Socrate ne l'empêche pas — au contraire — de mettre en avant sa propre opinion, son individualité)); donc que risque-t-on, le modalisme ou un trithéisme (accusation des musulmans)?

- comment vivons-nous la Trinité dans nos vies?
Euh… J'ai l'impression d'être à confess (nom des rencontres prof-élève en écoles préparatoires, du moins à mon époque) Qu'est-ce qu'une question pareille vient faire en cours? Serions-nous notés sur notre orthodoxie?
Je prends la parole, je raconte l'histoire de cette jeune fille qui me demandait si l'on pouvait s'inscrire au Cycle C sans être croyant, à qui j'avais répondu que c'était possible, mais sans doute non viable, car sans la foi, la motivation manquerait, c'était trop dur (déjà qu'avec la foi ce n'est pas facile tous les jours…) Mais elle n'avait pas entendu la fin de ma réponse, n'avait retenu que mon doute et avait protesté: «Ça me choque qu'on ne puisse pas s'inscrire en théologie sans la foi».
Ce n'était pas ce que j'avais dit, mais bon. Elle était encore étudiante, je n'ai pas insisté: comment expliquer une vie professionnelle et familiale à quelqu'un qui n'a jamais eu ni l'un ni l'autre — et qui n'est pas disposé à écouter? A quoi bon? Qu'elle essaie — ou qu'elle n'essaie pas.

Mais bon, «ce que je voulais dire, c'est que» je suis choquée de cette question sur la "Trinité dans nos vies" (entre guillemets pour souligner ma gêne, c'est vraiment le genre de sujet qui me paraît très privé): nous sommes en cours, pas en retraite spirituelle.

La prof insiste, nous nous soumettons, certains en restant abstrait, d'autres en jouant davantage le jeu, en étant précis, en parlant de prière, d'engagement dans leur travail. Nous dépendons pour une grande part de notre formation initiale, la qualité de l'enseignement reçu au catéchisme. Le mien, je m'en rends compte depuis que je suis ici, a été excellent, à croire que les prêtres de mon enfance passaient leurs nuits dans les commentaires théologiques et les analyses des conséquences de Vatican II. J'en suis rétrospectivement admirative.

Et donc, pour ne pas me dérober ici non plus, j'écris ma réponse: j'ai une foi christocentrée, sans doute parce que c'est l'entrée "naturelle" dans le catholicisme aujourd'hui (les enfants commencent avec l'Annonciation et Noël), sans doute aussi parce que j'ai lu les Evangiles dès qu'on me les a donnés (avant huit ans? après?), Jésus Christ est un compagnon quotidien, permanent1; je ne pense pas souvent à Dieu, dans une approche barthienne (un Dieu inconnaissable, sans mesure avec l'homme), partant du principe que les choses sont dans Ses mains et non les miennes; je vois souvent des signes de l'Esprit, les coïncidences, les coups de pouce dans les moments désespérés, ce que les athées appellent la chance ou le destin (toujours, déformation d'une vie parmi les non croyants, j'essaie de voir à travers leurs yeux). «Et il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité» (Mt 13, 58)

La prof ne triche pas et nous apporte son propre témoignage. Elle raconte également une anecdote dont je préciserai le cadre exact dès que je l'aurai retrouvé: comment, par expérience, les premiers moments d'un rapprochement passent par le récit de chacun, et non par la tentative de convaincre: se raconter, c'est accepter de se montrer, c'est le début d'une possibilité de se comprendre.


Note
1 : je me suis rendue compte, avec quelque gêne et un sourire amusé, qu'il y a un groupe sur FB qui peut très bien définir cela pour les non croyants: ce groupe s'intitule "je n'ai pas d'ami imaginaire". Le Christ comme le Hobbes de Calvin? De l'extérieur, c'est cohérent, je pense. De l'intérieur, ça n'a rien à voir, mais je n'ose pas m'expliquer. Ça m'intimide. C'est personnel (c'était déjà difficile en cours "entre nous", alors ici…)

samedi 8 mars 2014

Divine surprise

Premier TG de philo ce matin. Je pensais avoir la même prof que l'année dernière, et par exception aujourd'hui, pour des raisons d'absence, une autre professeur ayant officié l'année dernière et s'étant fait violemment détestée par son groupe (un homme pondéré avait ainsi écrit sur la feuille d'évaluation de cette professeur: «Nous avons tous compris que Mme X. n'avait pas besoin de préparer les TG tant notre niveau était bas et que cela la dérangeait de se lever pour venir nous faire cours […]». (Plus tard quand je lui en ai reparlé, il m'a avoué que finalement il n'avait pas rendu la feuille rédigée en ces termes).
J'allais donc en TG avec un peu d'appréhension.

Je m'étais trompée, je n'avais pas compris et mal écouté: je change de groupe donc de prof cette année, ce qui fait que du même coup j'ai échappé à la remplaçante redoutée! Alleluia! Le professeur de cette année est mille fois plus intéressant que celui de l'année dernière; décidément la philosophie n'est intéressante que lorsqu'elle ressemble à une longue conversation, chaleureuse, malicieuse, tourmentée, sombre, vivante.

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Agenda
Acheté une robe et des chaussures orange. Regardé des chapeaux. Ai fait réactivé ma carte vélib qui n'était plus disponible depuis mon changement de carte Navigo.
Only Lovers Left Alive. Film lent, envoûtant. Jarmush réussit le tour de force de maintenir une tension narrative dans un récit (une diégèse) languissant. Triste, calme, nostalgique, engagé. Beaucoup d'amour pour les livres, la musique, la nature. Oui, beaucoup d'amour dans ce film.

mercredi 29 janvier 2014

Manon ne lâche pas le morceau

Chaque fois que nous manquons un TG, nous sommes censés rendre le travail par écrit (ce qui est une puissante motivation pour être présent). L'année dernière, jouant sur la nonchalance de mon chargé de TG qui avait aussi peu envie que moi de s'embarrasser d'un travail écrit, j'étais parvenue à y échapper lors de mon absence du 9 février (2013). Mais mardi soir, Manon est revenue à la charge: il faut que je lui rende quelques pages sur le sujet du TG du 12 janvier dernier.

Or le sujet porte sur Gadamer, Vérité et Méthode, Seuil 1976, p. 405 à 411… et le livre que j'ai emprunté (Seuil 1976) n'a que 346 pages.

Bon. Je vais mener l'enquête auprès de mes petits camarades. (Le titre de ce billet reprend l'exclamation de l'un d'entre eux. Le contraste entre le doux "Manon" et le rustique "ne lâche pas le morceau" me remplit d'aise.)

samedi 12 octobre 2013

Samedi

Matinée de TG sur les Targums, pseudo-Philon, les Antiquités bibliques. J'aime ça.

O. a cours de solfège à 13h30, ça nous plante tous les samedis, nous n'arrivons pas à caser un petit déjeuner et des courses dans la matinée. Moralité: quand j'arrive à la maison, H. et O. ont brunché, et je n'ai rien à manger. Je vais me coucher pour cuver ma fièvre.

Vers cinq heures je commence les opérations de réorganisation de la bibliothèque (deux étagères de moins tandis que nous avons récupéré les mangas et les BD des enfants ainsi que la SF et les policiers que H. avait emmenés à Mulhouse: je ne sais plus quoi faire des livres). Je planque l'Encyclopédie Britannica en haut d'un placard en attendant que tout le monde l'ait oubliée pour m'en débarrasser.

Cinquante ans d'un voisin, anniversaire surprise, j'ai tant de fièvre que je ne bois que de l'orangina. Nous ne connaissons personne, il fait plutôt froid sur la terrasse, je suis surprise par la jeunesse des enfants, de deux à douze ans, pour des gens qui ont plutôt cinq ou six ans de plus que nous. Beaucoup de familles recomposées, je n'ai pas l'habitude.

A. revient de Lisieux (bloquée une heure aux Halles dans le RER). Nous sommes cinq pour la première fois depuis le 4 septembre (c'est O. qui me le fera remarquer. Tout cela doit lui peser un peu, je suppose).

dimanche 14 avril 2013

Repos

Matin: Qohélet 8.
Qohélet me fait penser à la phrase d'Alphonse Allais: «Ne nous prenons pas au sérieux, il n'y aura pas de survivant».

Après-midi: sieste et Big Bang Theory (fin de la saison 3). Il fait beau.
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