Alice du fromage

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Billets qui ont 'fatigue' comme mot-clé.

dimanche 8 février 2015

Week-end chargé

Pas le courage de faire hurler sejan en racontant le TG de samedi matin (pourtant ce serait fun (Royaume et eschatologie, Lumen Gentium et Gaudium et Spes (une constitution pastorale d'inspiration française que les Allemands ne prenaient pas très au sérieux) mais je suis fatiguée) préparé entre deux et cinq heures du matin — pas eu le temps cette semaine.
Samedi après-midi sieste (dommage il faisait beau) pour tenter de récupérer comme je peux de cette semaine, puis soirée pour les 140 ans du club d'aviron.
Dimanche matin ménage pour accueillir mes parents (j'apprends une heure avant que A. vient aussi, c'est une surprise: super la suprise quand on sait que sa chambre me sert de bureau pendant son absence. Je déménage tout en catastrophe), après-midi où je sombre peu à peu, allant jusqu'à oublier que le neuf est le quatorze à l'atout…:
— Tu ne peux pas monter ?
— Non.
Deux tours plus tard: — Mais tu pouvais monter !

(Bref. Je m'endors en jouant.)

Je suis au lit à huit heures après une crise d'étouffement. J'aurais dû acheter la ventoline prescrite par le médecin l'autre jour. Devenir asmathique à mon âge: fait suer !

vendredi 22 juin 2012

Divers

- Dépouillé toute la journée des bulletins dans le cadre d'un scrutin de liste (fastidieux).
- K. vient de comprendre que je m'en vais. Le premier juillet.
- Vincent m'a accordé mon aviron d'argent en me faisant remarquer que je n'avais pas assez travaillé. J'ai honte.

Le rasta émacié qui a croisé mon regard sur le quai du RER gare de Lyon m'a saluée d'un «Ça va ma sœur?» J'ai souri: «Oui ça va, merci.» (Je crois que j'avais l'air bien partie après l'aviron.)

lundi 15 février 2010

Wagon froid

Sur le quai, tandis que le train ralentit pour s'arrêter, l'appréhension d'un wagon vide et froid ferait presque espérer les wagons surpeuplés et malodorants.

En face de moi, une grosse jeune femme noire à casquette chinée blanc et noir a dû manger un pain aux lardons, l'air empeste la charcuterie. Mon voisin tient sa baguette dans l'alignement de sa cuisse, la forme de sa chaussure correspond curieusement à celle du pain, miroir blond.
Cinq rangs plus loin un homme lit Crime et Châtiment dans une édition de poche jaunie et cornée de Garnier-Flammarion. Il termine le tome I. Enfin, je suis persuadée que c'est le tome I. (Ce matin, mon voisin a fermé Ecrits sur l'hésychasme quand j'ai ouvert mon livre.)

Je souffle. Pas de vapeur blanche. Plus de 6°, c'est déjà ça. Je lis à mi-voix, je marmonne pour me défendre contre la voix de la femme au téléphone. Je change de place. Le froid alourdit le métal de mes lunettes. C'est long. Je lis un peu.

jeudi 11 juin 2009

Prenez un bain

There must be quite a few things that a hot bath won?t cure, but I don?t know many of them.
Il doit bien y avoir quelques malheurs qu'un bain chaud ne peut apaiser, mais je n'en connais pas beaucoup.
Sylvia Plath
Cette phrase rencontrée au hasard des pages d'un blog que je feuillette ces jours-ci m'a fait sourire.

Je me souviens que vers 1993, j'avais eu l'occasion de rencontrer une femme qui proposait je ne sais plus très bien quoi, des bilans de santé ou des conseils de beauté, ou peut-être de la psychologie, impossible de me souvenir. C'était sans doute dans le cadre de ces offres gratuites proposées par le comité d'entreprise, le genre de choses qui ne viendrait jamais à l'idée spontanément mais dont on se dit en passant devant le pannonceau "bilan trucmuche, trente minutes, gratuit": «bah, après tout, au point où j'en suis, pourquoi pas…»

Il en était ressorti que j'étais épuisée et à bout de nerfs. La dame m'avait gentiment conseillé (finalement, elle vendait sans doute de l'aromathérapie): «vous devriez prendre des bains, un bain pas trop chaud avec quelques gouttes de lavande…», en poussant vers moi une petite bouteille.

C'est alors que j'avais réalisé que l'idée de prendre un bain m'était devenue absolument exotique, étrangère: se détendre, se laisser aller, était inenvisageable, sauf à prendre le risque de se liquéfier complètement et de ne jamais plus émerger de la baignoire, de s'écouler par la bonde — enfin — soulagement et tentation.
Puis le temps a passé.



(Demain, je traduis à la va-vite les règles du site Ralentissez!.)

vendredi 7 novembre 2008

Latence

Je n'ai pas mes lunettes (je ne m'en sers que pour lire, les livres et les écrans, c'est-à-dire tout le temps, ou à peu près), mais j'ai la flemme de descendre les chercher. De toute façon, je les mets pour éviter de me fatiguer, et à l'heure qu'il est, ça n'a plus grande importance.

J'essaie de me discipliner, de ne pas passer mes journées à twitter et facebooker. J'essaie de ne pas écrire, de ne pas lire, de ne pas penser. Juste agir de façon mécanique, à la chaîne comme employée du tertiaire. Maintenant que la nuit tombe à cinq heures, je n'arrive plus à quitter le bureau. Dès qu'il fait nuit, dès que j'ai l'impression d'être dans une bulle de lumière au milieu de l'encre, je n'ai plus envie de bouger, mais de continuer à être là, dans la lumière dorée en regardant le noir derrière la vitre. Un silence très profond règne.
Je rentre hagarde.
Ce soir je suis arrivée en avance au dojo où je récupère O. Je me suis assise dans le hall et je me suis plongée dans un livre. Des adultes arrivaient peu à peu pour les cours suivants, je relevais la tête quand ils poussaient la porte, alertée par le bruit, sans vraiment les voir; «Bonsoir» me saluaient-ils tous — il s'écoulait quelques secondes avant que je ne réalise qu'ils s'adressaient à moi et que je réponde.
J'étais gênée à chaque fois de prendre conscience de ce temps mort pendant lequel je les avais considérés fixement — sans les voir.

mardi 17 juillet 2007

Post incomposé

J'en ai marre de Safari, j'ai l'impression que Netvaïbes ("Netvibes", c'est plouc, m'a appris Matoo) le fait planter. Zou, sur Firefox. Il paraît, H. dixit, que c'est tout de même à l'usage (de programmeur) Opéra qui respecte le mieux les normes supposées être suivies (j'adore les posts simili-geek. À propos, ceux qui ont besoin d'être réveillés peuvent aller voir ça).

Je suis en train de mettre de la sauce tomate partout. H. me bourre le frigo de plats micro-ondes avant de partir, parce qu'il sait que dans le cas contraire je vais manger des céréales toute la semaine à tous les repas — c'est gentil à lui d'y penser. Et donc comme il n'y a personne pour me rappeler les règles de la vie en société (il faut beaucoup de formes quand on dîne seul), je peux enfin manger devant mon ordinateur.
Le problème, c'est que ça refroidit vite. Et puis ce n'est pas très pratique.

Enfin bon, ce serait le bonheur si je n'avais pas si mal à la nuque. C'est la faute à Bruce Willis, ses films sont vraiment fatigants. Il faut qu'il arrête de boire, ses yeux se pochent de plus en plus. Ou alors il utilise la chirurgie esthétique à l'envers: il se les fait pocher pour avoir l'air intéressant (au fait, il paraît qu'Indiana Jones IV est en préparation). J'ai changé de portable aujourd'hui (l'ancien, c'était ça, je l'aurais bien gardé encore un peu, j'aime les dinosaures, mais il commençait à bugguer trop souvent. Dommage), et je pense que si j'apprends à me servir du nouveau un jour, je devrais moi aussi pouvoir hacker la Maison blanche.
Je retiens que pour survivre, il faut dans la plupart des cas rester dans sa voiture, et qu'il ne faut pas jeter sa vieille CB. Sinon... rien à faire, les réalisateurs des Die Hard ne croient pas au terrorisme idéologique, la motivation des terroristes, in fine, c'est toujours l'argent.
Les cascades... Argh, quelle chorégraphie, ça me fait vraiment de la peine de me dire que la plupart des scènes avec l'avion de chasse doivent être virtuelles. Autre tristesse, les méchants parlent désormais français (je les préfère arabes ou allemands.)
Et puis, toujours, inévitablement, la fille du héros se fait enlever. Heureusement, celle-ci est moins nunuche que Kim Bauer (difficile de faire pire, remarquez).

A midi, j'ai déjeuné avec Paul. Roland de la Poype a sorti un livre, L'épopée du Normandie Niémen, que Paul m'a offert. Le livre regorge d'anecdotes, et ce n'était pas ses chaussettes que La Poype avait perdues lors d'une cérémonie soviétique officielle, mais sa médaille, 35 grammes d'or. Ce livre s'inscrit parfaitement dans la continuité de celui de Grossman. Paul a tenté de joindre La Poype au téléphone pour le féliciter, mais celui-ci était absent. Il faudrait peut-être que j'avoue à Paul que j'avais écrit (jamais eu de réponse)... Bah, on verra bien.

Hier soir, j'ai vu La Traversée du temps. Je n'y serais pas aller de mon propre chef, car je m'étais un peu ennuyée devavant Mon voisin Totoro et Nausicaa. Le grand soulagement, c'est que pour une fois les voyages dans le temps ne sont pas traités de façon tragique. Là encore, ce film est fatigant, l'héroïne passe son temps à courir et à tomber. Et à bien y regarder, sans voyage dans le temps, le film se terminerait de la même façon — à l'accident près.

Quand je suis trop fatiguée, le monde se dérobe, je passe mon temps à vérifier que lorsque je pose quelque chose sur une table, c'est bien sur la table que je le pose, et non à côté (je tâte la table avant de poser le verre). Je vois des ombres dans le coin de mes yeux, toute ligne verticale, arbre, poteau, montant de portière, devient un fantôme possible. Il faut que je regarde l'objet en face pour qu'il retrouve sa qualité d'objet. Le pire ce sont les reflets dans les vitrines des magasins, qui s'animent au fur à mesure que j'avance.
Le plus drôle (je dois passer pour un peu attardée), c'est le temps de latence entre une question posée et ma réponse: il faut que je réalise que c'est à moi que la question est posée (puis blanc) puis me souvenir, grâce à la mémoire immédiate, de ce qu'était cette question, puis la reformuler en moi-même, faire un effort de cadrage (de concentration) et enfin répondre.
Je vais me coucher. Un peu de coca, peut-être.
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