Alice du fromage

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Billets qui ont 'lire' comme mot-clé.

samedi 15 décembre 2012

Ecrire pour sa vieillesse

[…] mais ce sera sans doute pour son amusement qu'il sèmera dans les jardins de l'écriture et qu'il écrira, si jamais il écrit. Amassant ainsi un trésor de souvenirs pour lui-même, quand la vieillesse oublieuse sera venue, et pour tous ceux qui marcheront sur ses traces, il prendra plaisir à voir pousser les plantes délicates de ses jardins, et, tandis que les autres recheront d'autres divertissements et d'adonneront à des banquets et autres passe-temps du même genre, lui, répudiant ces plaisirs, passera sans doute sa vie dans l'amusement dont je viens de parler.

Platon, Phèdre, traduction d'Emile Chambry, p.168 (Garnier-Flammarion 1964)

Je ne suis pas sûre de comprendre: cela veut-il dire que dans trente ans je passerai mon temps à relire ce blog (mazette!), ou que j'y écrirai plus longuement?

jeudi 17 mai 2012

Flemme

Journée à lire, ou plutôt survoler, Trilogie berlinoise de Philip Kerr prêté par une collègue.

Déçue: j'avais cru en le voyant qu'il était écrit par un Allemand, il s'agit en fait d'un polar américain avec tous les tics de langages (la comparaison incongrue comme figure de style imposée, cela me faisait rire à seize ans et m'impressionnait («quelle imagination!»), aujourd'hui cela m'ennuie profondément (exemple: «la cigarette dans sa main ressemblait à une dent plantée dans un jambon»)). Cependant, j'ai l'impression que tous les détails historiques ont fait l'objet d'une recherche poussée.

Je suis stupide aussi: si je veux une atmosphère à la Friedrich Glauser, je n'ai qu'à lire Friedrich Glauser.

Recherche: livre écrit par un Allemand dans les années trente ou quarante, chantant la gloire du régime et le bien-être apporté: parce qu'il y a bien dû y avoir des gens satisfaits, non? Il ne peut pas y avoir eu que des gens déçus, appauvris, amers? Ou bien si; dès 1934, il était trop tard pour protester, revenir en arrière? Les gens heureux n'ont-ils pas écrit d'histoires? Ou ces livres-là seraient-ils censurés?

mardi 1 mai 2012

Effervescence

Journée à essayer de travailler (+ crumble à la rhubarbe + identification de Martin Kluger). Commencé à utiliser Travers Coda. Saisie d'une sorte d'effervescence, cela va profondément changer la façon de travailler. Le référencement des références multiplie les croisements (sachant que sont reprises les références dans Journal de Travers, ô bénédiction).

lundi 20 février 2012

Lecture

Entre le boulot et la famille, pas grand chose de léger à raconter.

J'ai tant de lectures contraintes en perspective (je n'ai que cela, en fait) que je rêve de quelque chose de facile, de court, et cependant "d'utile", car j'ai trop peu de temps pour me permettre les lectures inutiles (ie, ne servant pas un but précis). Bruce Chatwin ferait l'affaire, mais je n'en ai pas sous la main.

Alors je prends Le Miroir de la mer.

samedi 21 janvier 2012

Programme

D'autre part, il y a les onze livres de RC durant les années 80 à caser avant mai, ce qui fait (ferait idéalement) quatre en février, quatre en mars, trois en avril (enfin, dix en réunissant les Tricks).

1989 L'Élégie de Chamalières (Sables)
1988 Élégies pour quelques-uns (P.O.L.)
1988 Tricks (P.O.L.)
1987 Journal romain (1985-1986) (P.O.L.)
1987 Roman Furieux (Roman Roi II) (P.O.L.)
1985 Notes sur les manières du tips (P.O.L.)
1984 Chroniques achriennes (P.O.L.)
1983 Roman Roi (P.O.L.)
1982 Été (Travers II) ; Jean-Renaud Camus et Denis Duvert (Hachette)
1982 Notes achriennes (P.O.L.)
1982 Tricks (Persona)
1981 Journal d'un voyage en France (Hachette)
1980 Buena Vista Park (Hachette)

Je m'aperçois qu'il n'y en a que deux que je n'ai jamais lus. Bonne nouvelle.

Pas lu une ligne aujourd'hui (vendredi 20). Feuilleté Mercanton, Sam Slote (sur le silence chez Mallarmé, Dante et Joyce) et Roland McHugh (un petit livre sur sa découverte de FW). Cela donne des envies de traduction. J'aime les livres avec des photos de personnages.

jeudi 24 novembre 2011

Cours familier de philosophie politique

Pierre Manent, métro ligne 1, hier soir.


dimanche 30 octobre 2011

Rare

Aujourd'hui, j'ai lu un livre.

Ne riez pas, c'est exceptionnel, suffisamment pour que je le note ici.

samedi 29 octobre 2011

Anna Karenina en turc




Vendredi soir, après les cruchons
Je l'observais, il était à soixante ou cent pages de la fin. J'étais inquiète pour lui, de ce qu'il allait lire.

mardi 25 octobre 2011

Décrire le monde

Hier, attendant un livre, je musais dans le sous-sol de la bibliothèque de Sciences-Po: tous les grands classiques de la philosophie politique et de l'économie, en accès direct, consultables sur place, quatre ou cinq rangées d'étagères remplies de livres tranches contre tranches (étagères perpendiculaires au mur, livres sur deux épaisseurs). Un moment j'ai été tenté d'évaluer combien de jours représenterait leur lecture intégrale, mais le vertige m'a pris, frustration et fatigue confondues, j'ai préféré abandonner.

Ricardo ou Pareto? Je voulais lire l'un des deux, mais je ne sais plus lequel (plutôt Pareto, je pense, car en regardant leurs biographies, il me semble avoir lu Ricardo il y a bien longtemps, en même temps qu'Adam Schmidt). J'aime cette écriture. C'est si simple au début. Cela ressemble à la physique: c'est si simple au début. On a l'impression qu'on va tout comprendre. Arrivé à Schumpeter et Samuelson, le découragement gagne (mais avec la théorie des jeux appliquée à l'économie, qui modélise l'illogisme du comportement humain à partir d'enquêtes et d'études statistiques, l'intérêt renaît (la "rationalité" économique est vraiment une hypothèse aberrante, je ne comprends pas qu'elle ait pu être utilisée si longtemps en étant si manifestement inadaptée)).

Je m'égare. «Ce que je voulais dire, c'est que» je suis tombée en arrêt devant la production de Raymond Aron. Combien de mètres d'étagère, deux, trois? Même en comptant les volumes en double, c'est énorme. J'ai ouvert les tomes reprenant les articles parus dans le Figaro. Papier bible, trois tomes, "huit cent cinquante six articles", me dit Amazon.
J'ai pensé à François Mauriac. Où sont passés les "plumes" de la presse? Y en a-t-il encore, que je ne saurais reconnaître? Les seules chroniques à la fois sérieuses et personnelles seraient-elles toutes désormais des billets de blogs? Mais peut-on comparer cela au prestige, au savoir, à la connaissance d'un agrégé de philosophie trempé par la guerre ou d'un prix Nobel de littérature? (Je sais, les titres ne sont pas un vaccin contre la bêtise. Mais tout de même…)

mercredi 12 octobre 2011

42

Vendredi soir, en allant aux cruchons, dans un des nouveaux wagons du RER B (je le note, ça fera un point de repère quand nous nous demanderons: «Mais quand donc la ligne B a-t-elle changé de wagons? Tu te rappelles, les wagons sales à lumière jaune?»)

Donc voilà, la lumière est blanche.

Quelques instants plus tard, cet homme s'est mis à rire tandis qu'il avançait dans les dernières pages du Dernier Restaurant avant la fin du monde, deuxième tome de la série de Douglas Adams.



mardi 4 octobre 2011

1984

Quai du RER D aux Halles hier soir.



jeudi 22 septembre 2011

Les Liaisons dangereuses

Nouveau téléphone. Mauvaise lumière du RER B que les Parisiens connaissent: insuffisante et jaunâtre. J'ai un peu hésité à mettre la photo en ligne, mais la jeune fille avait l'air si concentrée, et le livre de poche si ancien? (Un instant j'ai cru qu'elle lisait La Princesse de Clèves, ce qui aurait été fantastique. Tant pis.)



(Ce matin un lecteur d'Une vie bouleversée, mais il se levait pour sortir quand j'ai découvert son livre en m'asseyant devant lui. Dommage.)

jeudi 15 septembre 2011

Des nouvelles du front

J'ai (enfin) IE 8 au bureau, ce qui me permet de consulter et mettre à jour Google agenda (quel progrès).

Je repère quelques collègues: celle qui lit Le portrait de Dorian Gray en anglais, celui qui tient un livre Gallimard poésie (Jacottet) tandis qu'il discute dans le couloir (à croire que c'est son interlocuteur qui vient de lui passer, mais je n'ai pas eu le temps d'observer la scène), celui qui a la réputation d'être un puriste et ne supporte pas les anglicismes (week-end, interview...)

Je suis confrontée à l'homophobie ordinaire, celle des discussions de collègues. Quand je sens que c'est parti pour me déplaire (me faire de la peine), je proclame au milieu de la conversation «j'ai beaucoup d'amis homos, je les aime beaucoup», mais c'est surtout pour ne pas écouter la série de clichés que je sens poindre. Les homosexuels ont l'air de beaucoup choquer ma jeune collègue (condamnation morale), ce qui me surprend autant que du sexisme chez un jeune collègue: rien à faire, dans mon bisounoursisme, j'imagine toujours que ces attitudes sont celles des générations précédentes, qu'elles n'existent pas, n'ont jamais existé, chez les plus jeunes que moi.

Ça n'a rien à voir, je m'en rends compte régulièrement, mais mon préjugé (mon espoir) a la vie dure.

samedi 16 juillet 2011

Vendredi 15

Aménagé (de façon non préméditée, parce que H. veut «que je fasse lire O.», comme si c'était quelque chose qui se décrète), une étagère de livres à lire selon cette liste, c'est-à-dire que j'ai passé une heures à réunir les livres que nous possédons déjà sans avoir besoin de rien acheter (évidemment, ce sont les moins "drôles", les plus classiques, ceux qui se trouvent assez naturellement dans n'importe quelle bibliothèque si l'on excepte Les aigles décapités provenant d'une lecture scolaire d'un aîné ou Les bébés de farine, rescapé des années où j'achetais des livres pour enfants (très bon livre). (La grâce au désert fait partie de la liste, chic!)).

Mon but est moins «de faire lire» que de démontrer qu'un effort minime et régulier permet d'abattre beaucoup de travail: un livre par semaine, cinquante-deux livres en un an, sans s'en apercevoir (bon évidemment, je triche, tous ne se lisent pas avec le même effort).

J'ai pu constater que j'ai perdu toute crédibilité aux yeux de ma fille depuis que je lui ai avoué que je n'ai pas lu plus de la moitié de la bibliothèque:
— Tu as trouvé tous ces livres aussi vite?
— Euh oui. Je ne comprends pas où elle veut en venir. Ce n'était pas très difficile.
— Ah bon. Je ne pensais pas que tu savais ce que tu avais puisque tu ne les lis pas. Je la contemple, décontenancée. Il faudrait que je lui explique que non seulement je sais quels livres j'ai dans ma bibliothèque (Quoique... en ces temps de classement et chambardement, j'ai mis la main sur un Pages choisies de Descartes annotées par Paul Valéry dont je ne me souviens absolument pas), mais qu'en plus je me souviens du lieu de leur achat (ou du don ou du cadeau) et de son motif (parfois très irrationnel, là n'est pas la question)). (Oui, ce tome de Fanny vient de chez ma grand-mère, et ce papier rose est celui qui servait à envelopper les fromages qu'elle fabriquait.)

Un peu surprise qu'on conseille La vie devant soi à des enfants de treize ans. Un certain nombre de nuances va leur échapper, euphémisme («Madame Rosa se défendait à Alger»: O. ne va pas comprendre, et ne va même pas s'apercevoir qu'il ne comprend pas). Et les fautes de français aussi, les barbarismes d'un petit Arabe... Je me souviens de mon émerveillement à constater la gradation dans la langue, qui devient de plus en plus maîtrisée au fur à mesure que l'enfant grandit.

Mis quelques livres en carton (des tables de trigonométrie, des livres de mathématiques appartenant à mon oncle ou même à mon grand oncle (un Lavisse s'arrêtant après la guerre de 1870, promettant la paix sans oublier ces centaines de milliers de Français en exil de leur patrie...)), prévu d'en donner d'autres, dégagé de la place. Conservé une France et une Europe physiques à portée de main dans les étagères, avec l'espoir toujours déçu de lire ces livres de géographie (durant les voyages en voiture, peut-être?)
Le drame de classer les livres, c'est qu'on les feuillette et donc on les lit (ces Contes du lundi... cette page sur le chauvinisme des Bavarois... ça a l'air très intéressant...)
Retrouvé mon gros Rilke (tout la prose en un volume aux éditions du Seuil) que je me désespérais d'avoir perdu, pensant même l'avoir vendu dans un accès de fanatisme (genre «désormais je lis en allemand»), sagement à sa place: mais comment ai-je pu ne pas le voir?

Vers le soir, karchérisé la clôture, côté jardin, côté rue (demain peinture!) Les herbes folles ont envahi la place occupée par la haie de thuyas coupée à l'automne. J'ai désherbé une bande d'un mètre sur douze, débrousaillé plutôt, à la bêche ou à la pioche. Avantage de l'aviron : pas d'ampoule.

Relu en passant, je ne sais plus quand, Les lettres de mon petit frère de Christophe Donner, achetées par moi, pour moi, il y a bien longtemps. Surprise par la dédicace, A Hervé Guibert. Décidément, il existe bel et bien un sixième sens, un cercle magique.

Ah oui: et trouvé une réponse pour les enfants qui me demandent «Mais à quoi ça sert, de lire?»
Ça sert à appartenir à une société secrète dont les membres se reconnaissent entre eux et dont le lien de fraternité est invisible aux autres, à ceux qui n'y appartiennent pas .
C'est un vrai club secret (et ça, c'est une idée qui va plaire à O., surtout quand C., après une seconde, reconnaît: «C'est pas faux», et que A. sourit.)

jeudi 14 juillet 2011

Nabokov dans la Pléiade

La photographie du jour est dédiée à Dominique, qui m'a envoyé une page du Nouvel Obs circa 1999 donnant toutes les indications pour s'habiller en Nabokov chasseur de papillons.

Nabokov en chasseur de papillons - Nouvel Observateur


Ce jeune homme lisait à trente ou quarante centimètres de moi, debout dans le RER A (la photo est prise de trop près).
J'ai eu du mal à identifier le livre, son index s'étant déplacé sur le titre au mauvais moment (Roi, dame, valet, ai-je fini par déchiffer en haut de la page 176. Le volume avait été débarrassé de sa couverture protectrice en plastique).


jeune homme lisant Nabokov en Pléiade dans le métro



Pour la peine je crée une nouvelle catégorie.

(Plus tard, dans le RER D, l'homme à ma droite commençait La Dame de Montsoreau en folio (j'ai eu du mal à identifier le livre car il lisait la préface). Je me suis dit que cela ferait trop de photos pour une journée (et puis j'étais mal placée)).

lundi 4 juillet 2011

L'éducation sentimentale

RER A, ce matin en face de moi.

Pour Patrick qui ne voit jamais de lecteur (ce sont les vacances, ce n'est pas une lecture imposée).


mardi 31 mai 2011

Machisme, paraît-il

Ce repas post-électoral m'avait totalement écœurée et passablement désorientée (j'avais écrit "triste" pour ne pas écrire "dégoûtée").
J'ai l'habitude des écoles d'ingénieurs et des clubs de sport. Le langage cru, les plaisanteries stupides, j'y suis habituée. Mais comment dire, ce n'est pas (ou rarement, sauf cas particulier) malsain. C'est franc, parfois de mauvais ou de très mauvais goût, mais tout le monde sait à peu près ce que nous sommes en train de faire, c'est-à-dire en train d'utiliser des codes, de les retourner et de les re-retourner. Mais ce sont toujours des codes, et personne ne se sent atteint dans son être. Et parfois il arrive que la conversation débouche sur un vrai sujet, sur une vraie curiosité.

Ce soir-là, le soir de ce repas, j'avais une vague envie de vomir. Car on avait parlé de gens, de vrais gens, j'avais entendu calomnier d'un air gourmand des inconnus. Soit ce qui était dit était vrai, et il fallait faire quelque chose, soit c'était faux, et c'était ignoble (ne me demandez pas de quoi il s'agissait, j'ai oublié aussitôt. A vrai dire, je n'ai cru à rien. C'était juste malsain et pas amusant du tout (car à quoi bon parler cul si ce n'est pas pour rire ou s'instruire?))
Tron est à Draveil, pas très loin de chez moi. Le responsable de la section Modem de ma ville est une femme d'une trentaine d'année. A l'époque, elle nous a confié assez vite que les hommes politiques, passés un certain âge, imbus de leurs privilèges, semblaient absolument ne pas pouvoir imaginer qu'on ne se sente pas honorée de céder à leurs avances. Et cela même dans un parti plutôt obscur, sans grand pouvoir. Soupir.

Machisme à l'Assemblée. Que dire?

Je me souviens d'un soir où je lisais dans le RER le genre de livres que je lis quand je ne lis pas des bibliothèques vertes. Un élu Modem de la communauté d'agglomération, un homme courtois et bien élevé, me croisa par hasard, regarda mon livre, et me dit: «Ah vous lisez? C'est bien» d'un air heureusement surpris.

mercredi 23 mars 2011

Censure anti-moderniste

Ma professeur d'anglais de seconde m'aimait beaucoup. (Elle avait même envisagé de m'envoyer un an aux Etats-Unis, au grand effarement de mes parents (quand j'y suis partie pour un mois en 1984, ma grand-mère m'a prise à part pour me recommander de ne pas me droguer et pour essayer comme elle le pouvait (c'est-à-dire en utilisant que des périphrases) de me mettre en garde contre la traite des blanches. Pendant ce temps-là, l'organisme avec lequel je partais nous recommandait de ne pas nous mettre seins nus sur les plages (attitude français scandaleuse) et nous racontait que certains Américains entraînaient gentiment leur hôte français dans la cuisine pour leur faire découvrir... leur frigo): ce genre de séjour leur était totalement inconcevable. Passons).

Cette professeur ne suivait pas le programme mais nous faisait travailler sur des extraits littéraires. Je voulus lire l'œuvre intégrale dont un extrait m'avait plu. Comme je n'avais aucune idée d'où trouver cela (mais était-il réellement possible, en 1981, à Blois, de trouver des livres en anglais, quand recevoir un livre d'un éditeur français commandé en librairie prenait deux à trois semaines?), je lui avais demandé si elle possédait l'ouvrage: pouvait-elle me prêter The 42nd Parallel de Dos Passos?
Elle fronça le nez, me dit que ce n'était pas ce qu'elle me recommandait et m'apporta... The Mill on the Floss, de George Eliot, que je lus, même si j'étais dépitée de me voir ainsi imposés ses goûts.

A la fin de l'année, elle m'offrit The House of the Seven Gables. J'ai tenté de le lire en 1984 (je me souviens de la date car je me souviens des circonstances), je n'ai pas dépassé la page 60. Je devrais peut-être réessayer.

mardi 22 mars 2011

Deleuze

Le livre posé à côté d'elle, c'est Mille Plateaux, emprunté à la bibliothèque.


vendredi 25 février 2011

La bataille de Pharsale

— Je ne peux pas lire ton livre. Je n'y comprends rien.
— Bon, amène-le. (dont acte). Vas-y, lis à haute voix et arrête quand tu ne comprends pas.
— Ben la première phrase : «Tous les pouvoirs tombés accusent de leur chute les complots de leurs adversaires ou les intrigues de leurs successeurs.» Je me mords les lèvres pour ne pas rire. Oui évidemment, je ne m'étais pas rendue compte... Les "pouvoirs tombés", ça veut dire quoi?
— Les pouvoirs, ça désigne les gouvernements, les rois, les empereurs. Et tombés, à ton avis?
— …
— C'est la perte du pouvoir, par la révolution, la guerre, etc. Les pouvoirs tombés, ce sont les gouvernements qui ont perdu le pouvoir.
— "accusent de..." C'est pas français, accuser "de".
Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire. Le "de" la gêne, mais pourquoi?
— Comment se construit le verbe accuser ?
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Manger quelque chose, plus complément direct; pleuvoir est intransitif, il n'accepte pas de complément, il pleut; offrir… on offre quelque chose à quelqu'un, complément d'objet direct, complément indirect… Comment se construit le verbe "accuser" ?
— Euh, accuser quelqu'un de quelque chose ? Mais il a fait une faute, il a inversé les deux compléments !
— Mais non, c'est ça la littérature. L'inversion est sans doute dû au fait que le complément d'objet direct est très long. Alors, ils accusent qui? (réponse balbutiée) et de quoi?





Commentaire à la relecture quatre ans plus tard: il s'agissait de la première phrase de Histoire des deux Restaurations. Le titre du billet est une référence à la version latine corrigée par le père dans La bataille de Pharsalle.

lundi 14 février 2011

Rémanence

En discutant jeudi soir après l'Oulipo, je me suis rendue compte que si je lisais si peu, ou du moins si peu de romans, c'est que cela bouleversait ma vie pendant des jours. Pendant des jours je vis en transes, impressionnée d'images n'ayant rien à voir avec ce qui m'entoure, rendant mes réactions incompréhensibles à mon entourage sans que j'ai le courage de les leur expliquer.
Ne plus lire, c'était plus simple. (Et je ne comprends pas les lecteurs boulimiques, ceux qui vous annoncent fièrement qu'ils lisent un livre par jour: mais si cela leur fait aussi peu d'effet, quel intérêt?)

Les films m'impressionnent moins. Cependant, depuis vendredi, je marche dans la taïga et surtout je déambule dans un temple bouddhiste dévasté par les communistes. Même Pushing Daisies n'a pu effacer ce temple et j'erre dans les ruines.

jeudi 10 février 2011

Vies parallèles

La femme en face de moi lisait La vie matérielle de Marguerite Duras.
La femme derrière moi (je l'avais repérée quand nous étions toutes les deux debout) lisait La vie sexuelle de Sigmund Freud.

Duras et Freud.





Les deux en enfilade pour preuve de leur présence dans un même wagon, un peu flou parce que le train bougeait.

samedi 29 janvier 2011

Ulysses taché

Mon Ulysses porte la date du 11 septembre 1998.
A cette époque-là, le Bouillon Racine servait des tartines de banane écrasée avec du beurre salé.
Je commandais une tartine, une tasse de chocolat, et je lisais.
Ce jour-là, j'ai commencé Ulysses. Et j'ai éternué.
Mon Ulysses est taché de chocolat, une grosse tache sur la tranche, des petites taches sur les pages 4 et 5 .

jeudi 20 janvier 2011

Il avait les yeux bleus et lisait Kerouac.

— Tiens, j'ai encore photographié un jeune homme ce matin.
— Toi, tu vas mal finir !



2011_0119_jeune_homme_lisant_kerouac_100.jpg

jeudi 23 décembre 2010

Marque-pages

«Attends, je sauvegarde ma page», dit-il en glissant une carte dans son livre ouvert.

dimanche 2 mai 2010

Quand j'y pense...

Je continue d'indexer Vehesse. Ce matin, je tombe sur ça. L'ami, c'était Paul. J'ai prêté Douglas Adams à Paul… Ma folie (comprendre: mon inconscience) ne m'apparaît jamais que rétrospectivement.

Cependant, s'il me l'a rendu en 2004, c'est que je lui ai prêté en 2003. Il m'est difficile de me représenter la vivacité de son esprit à cette époque. Les derniers souvenirs écrasent les impressions antérieures.

J'avais pris très au sérieux son désir de "lire" (découvrir la littérature) et je tâtonnais, cherchant ce qui lui plaisait, ce qui lui aurait plu, ce qui lui aurait permis de discuter avec ses petits-fils (son grand souci), mélangeant les genres, les degrés de difficulté. Ce n'est que lentement que j'ai admis qu'il ne "lirait" jamais, il était trop tard, cela ne l'intéressait pas assez, il ne pouvait aller à la fin des livres (il les abandonnait sans les terminer).

Je n'ai découvert/compris que très tard que sa passion littéraire aurait été les auteurs latins. Il en avait un souvenir vif, me confiant qu'à une époque il lisait La guerre des Gaules couramment dans le texte. Vers la fin, il avait souvent sur lui une mince plaquette bilingue de Cicéron ou de Lucrèce.

Et ces mots de Fumaroli m'ont touchée au moment où j'en avais la preuve devant les yeux:
C'est au cours de la brève vacance de l'enfance et de l'adolescence que sont semées (ou non) dans la jeunesse les futures ressources de l'esprit, de l'âme et du cœur, dont disposeront (ou non) l'âge adule et le grand âge. Je me retrouve maintenant, senex-puer, au temps des vendanges, lisant et relisant, mais aussi écrivant et réécrivant, étonné de trouver dans ces exercices un remède aussi efficace à la mélancolie de mon automne que l'avaient été, à celle de mon printemps, mes premières plongées dans la lecture.

Marc Fumaroli, préface à Exercices de lecture, p.8 et 9
(Et je m'inquiète, faisant le compte de ce que j'ai lu à l'adolescence: quelle pauvreté.)

jeudi 10 septembre 2009

Osmose

En ce moment je vois circuler de nombreux d'articles (en français, enfin: on dirait qu'ils ont tous été traduits pendant les vacances!) sur les conséquences d'internet en général et de Google en particulier sur la lecture, l'attention et l'intelligence (sachant que cette dernière est très bizarrement définie à partir des qualités recherchées par les DRH: Dieu me préserve de posséder une intelligence de ce type).

Ai-je tort de ne pas me sentir concernée? Je suis sur internet depuis 2002. Je lis plus qu'avant, j'écris plus qu'avant, et, dernières mutations en date, j'ai le plaisir de vous annoncer un retour de la correspondance manuscrite et des longues plages de lecture (par opposition à la lecture en tranches de vingt minutes).

Pourquoi?
Parce que je féquente des gens qui écrivent et qui lisent, tout simplement. Il en existe sur internet. Parce qu'internet est juste un moyen de les trouver.
En d'autres termes, la pratique d'internet obéit aux mêmes règles que la plupart des activités humaines: ce sont les gens que nous fréquentons qui nous font évoluer.


Obaldia est interrogé par une jeune journaliste "doucement analphabète". Elle lui demande comment devenir célèbre:

— Le meilleur moyen si l'on veut devenir célèbre, c'est de fréquenter des hommes célèbres; si vous voulez être riche, Dany — permettez que je vous appelle Dany —, si vous voulez être riche vous avez intérêt à fréquenter des gens très riches, ça finit par déteindre.
René de Obaldia, Exobiographie, p.345

jeudi 23 octobre 2008

Hier: deux approches de la lecture

Midi

Le livre est sur la table.
— Qu'est-ce que c'est?... Ah, c'est en anglais...
— Oh, c'est un policier. C'est le seul auteur de policiers que je lis encore, j'achète toujours ses nouveautés.
— Ah, tant mieux si c'est un policier.
— Pourquoi?
— Eh bien, parce que c'est gros: un policier, on s'ennuie moins.
— Vous savez, il y a longtemps que je ne lis plus de livres ennuyeux. C'est fini ce temps-là, je n'ai plus le temps. Quand un livre m'ennuie, j'en prends un autre.


Soir

— Tu veux un livre?
Je me penche pour voir les titres que j'ai à portée de main... Un petit et un plus gros Melville, Cocorico et Le grand escroc, Stevenson...
— Tu veux un petit livre? (Je pense à Bartleby, mais il est au rez-de-chaussée). Et puis non, toi tu préfère les gros livres, les trucs bien massifs, je crois.
— Oui, les petits livres, c'est souvent plus difficile, il faut plus réfléchir.

lundi 8 septembre 2008

Parmi les choses qui m'agacent

Dans le RER, une fillette blonde d'une dizaine d'années en turquoise et sa mère en rose. La petite fille a l'air un peu faible en classe, j'ai l'impression qu'elle sort soit d'un cours de soutien, soit d'une séance chez un orthophoniste ou un psy scolaire. Elle s'installe à côté de sa mère et commence à lire à mi-voix pour avancer ses devoirs (Le mousse de ?? (je ne me rappelle plus)).
— Ça veut dire quoi, ce mot ?
— Je ne sais pas.
— Tu chercheras dans le dictionnaire.

Le manège se répète trois ou quatre fois de façon très rapprochée, ce qui signifie qu'une phrase ou deux n'ont pas été comprises. Ça m'énerve, pauvre gosse. C'est quoi cette manie, «tu chercheras dans le dictionnaire?» A croire qu'aucun parent ne se souvient combien il détestait chercher dans le dictionnaire (et même déteste: combien d'adultes recherchent dans un dictionnaire le sens d'un mot qu'ils ne connaissent pas?) Comment peut-on supporter de laisser lire sa fille en sachant qu'elle ne comprend pas ce qu'elle lit? Comment peut-on ne pas comprendre qu'il faut expliquer les mots, les passages difficiles, pour donner envie de continuer pour connaître la suite?
«Vous comprenez, elle n'aime pas lire...» Quand on ne comprend rien, c'est un peu normal. (Ça m'agace!)
Heureusement que j'étais de l'autre côté de l'allée et que j'entendais mal. Sinon, j'aurais tout expliqué (enfin... ce que je savais. Parce que le mât de beaupré et le haut-de-misaine, je n'ai jamais su vraiment ce que c'était, mais ça faisait également partie du charme de la lecture: ne pas tout comprendre).


(Quoi qu'il en soit, les parents ont intérêt à s'y faire: les enfants ne cherchent plus dans les dictionnaires, ils tapent define:misaine dans Google.)

jeudi 3 juillet 2008

Trente-deux questions

Theobald me propose de répondre à un questionnaire terriblement long et qui recoupe celui-ci.
J'avais d'abord pensé ne pas répondre maintenant, parce qu'il faut réfléchir, mais en fait, c'est très facile, même si c'est long. J'ai juste l'impression de me répéter parfois (mais finalement, nous sommes sans doute condamnés à radoter).

1) Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?

D'une part, les genoux de mon père, d'autre part, la grande salle de la synagogue de l'école. (Ma salle de classe était en mezzanine au-dessus d'une très grande salle (à quatre ans elle me paraissait immense) dans laquelle je jetais des coups d'œil furtifs (je suppose que la balustrade devait être assez haute pour que je puisse à peine regarder par dessus). Nous n'avions pas le droit d'entrer dans cette salle quand les portes en étaient ouvertes à deux battants, elle m'intriguait, j'en rêvais la nuit. Des années plus tard, je me suis réveillée un matin en ayant enfin compris (une illumination): c'était une synagogue.

2) Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ?

Voir questionnaire indiqué ci-dessus (que Teobald peut compléter, d'ailleurs).

3) Aimez-vous la lecture à haute voix ? Comment ? Pourquoi ?

Je suis fan des cassettes et CD de livres lus. Ça me permet de gagner du temps et 1/d'oublier les tâches ménagères 2/ ne pas m'endormir en conduisant.
Je n'aime pas lire à haute voix parce que je ne comprends pas ce que je lis. Il ne reste que des sons.

4) Votre conte préféré ?

Christian Andersen, le compagnon de route.

5) La meilleure adaptation cinématographique d'un roman ou d'une pièce de théâtre ?

Max Ophüls, Lettre d'une inconnue (Stephan Zweig).

6) Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre ou passages de roman ?

Non. Incapable de me souvenir d'un vers sans le déformer (je dois connaître un quatrain de Laforgue).

7) Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ? Lesquels ?

Une collection de tous petits livres Source de... (de joie, d'optimisme, de sagesse grecque, hindoue, arabe, chinoise, etc): des citations ou des proverbes. Je ne les lis jamais. Il y a bien longtemps que je ne lis plus aux toilettes (j'ai sans doute perdu l'habitude en Cité U et en internat).

8) Avez-vous plusieurs lectures en chantier ? Combien ? Lesquelles ?

Tout est toujours en chantier... Les Vagues de Woolf et Le structuralisme de Piaget (en Que sais-je).

9) Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ?

Baudelaire, Cavafis, La chasse au Snark.

10) Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ?

(Il s'agit de temps subjectif, et non de durée réelle).
Le plus rapidement: N'importe quel San-Antonio.
Le plus lentement: La Roue rouge de Soljenitsyne, énorme comme un petit Larousse, que j'ai trimbalé avec moi pendant deux semaines dans le RER, au resto U, etc; Le Don de Humbolt de Saul Bellow (j'ai cru mourir d'ennui, mais je suppose aujourd'hui que je n'ai rien vu des allusions à la vie d'un intellectuel juif new yorkais); La Montagne magique de Thomas Mann.

11) Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ?

Tout traîne mais tout a vocation à être rangé.

12) Préférez-vous les éditions de poche aux éditions originales ? Pourquoi ?

Non. Les poches me fatiguent les yeux (mais sont plus légers).
J'aime les livres imprimés au plomb, les caractères sont plus nets.

13) Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ?

Assise à une table.

14) Vos lectures sont-elles commentées « crayon à la main » ?

Oui, mais pas forcément dans le livre. Il s'agit plutôt de relevé de citations fait dans les deux ou trois dernières pages du livre ou sur une feuille glissée en marque-page (ce genre de pratique évolue, je cherche ce qui m'est le plus pratique, ce qui me permet d'aller vite sans rien oublier).

15) Offrez-vous des livres ?

Je n'en offrais plus, mais depuis que je connais des blogueurs, je recommence un peu (ils ont nettement plus de chance d'être lus).

16) La plus belle dédicace ? (Qu'elle soit de l'auteur ou de celui/celle qui vous l'offrît)

La seule dédicace dont je me souvienne: un ami m'a offert pour mes vingt ans Portrait of the artist as a young man. J'ai eu la surprise de relire la dédicace il y a quelques mois: «En espérant que cela diminue ta peur des Jésuites».

17) Quel est votre rapport sensuel au livre ? (son odeur, sa texture, le son des pages tournées, …)

Extrême. Le texte change quand ce n'est pas la même édition, pas le même volume. Qu'un mot soit en bas de page, ou en haut, ou en fin de ligne, et le texte n'est pas le même.

18) Quel(s) est (sont) le(s) auteur(s) dont vous avez lu l'œuvre intégrale ?

San-Antonio (mais pas Frédéric Dard), Walter Farley, Georges Chaulet.

19) Un livre qui vous a particulièrement fait rire ?

Le Maître et Marguerite, La Conjuration des imbéciles.

20) Un livre qui vous a particulièrement ému ?

Lettres à sa fille de Calamity Jane.

21) Le livre qui vous a terrifié ?

Le Livre noir sur l'extermination des Juifs en URSS et en Pologne (1941-1945), de Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg.

22) Le livre qui vous a fait pleurer ?

Tous les livres d'animaux de Jack London ou James Oliver Curwood, tous les livres de Paul-Jacques Bonzon qui n'étaient pas de la série Les six compagnons.
Tout livre peut me faire pleurer. Il suffit qu'il soit nostalgique. Football ombre et lumière doit être le dernier en date.

23) L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ?

Celle de Nabokov à Lolita : les Américains ne peuvent supporter trois choses: un homme qui vive une vie heureuse et honnête sans être chrétien, un couple mixte blanc/noir, qu'on parle de sexualité à propos des enfants.

24) Le titre le plus marquant / original / décalé / astucieux ?

L'importance d'être constant, d'Oscar Wilde.

25) Décrivez votre (vos) bibliothèque(s).

Heu... Meuble ou contenu? Dans le salon, une bibliothèque sur mesure par rapport à la pièce et aux livres, commandée à Rouge d'Orient, quai de la Mégisserie (je précise au cas où cela rendrait service à d'autres, car on a vraiment peiné à trouver ce qu'on voulait à un prix abordable: du bois brut, pas quelque chose de trop lêché, trop vernis, pas de mélaminé, de collé, d'aluminium, de moderne... Des planches, quoi), dans les toilettes et le couloir, des étagères de poches du sol au plafond (11x19 cm, afin d'en mettre un maximum sans qu'ils prennent la poussière), à côté de moi sept étagères blanches glissées en retour sous la mansarde, où sont rangés les Renaud Camus et les livres afférents (Claude Simon, Nabokov, Ricardou, Robbe-Grillet, J-M Levet, etc).
Je pense que d'ici trois ans il faudra qu'on "coffre" un mur de plus (je prépare psychologiquement le terrain).
(En fait ça ne fait pas beaucoup de livres, contrairement à ce qu'on pourrait croire: beaucoup de place occupée par des BD, des encyclopédies, des livres policiers, de la SF...)

26) Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé(s) ?

Tous ceux dont je savais que je ne les relirais pas et qu'ils ne contenaient aucun passage favori, aucune citation pertinente, souvent des France-Loisirs hérités de l'enfance ou des livres achetés à la va-vite ou des livres reçus (un peu à côté de la plaque), les livres de cours sur les ressources humaines ou le marketing (j'ai conservé quelques ouvrages de référence en comptabilité).
Je gère au plus près à cause de problèmes de place. Il n'y a plus grand chose à donner, même les livres qui ne sont pas "les miens" (les Tom Clancy, les Orson Scott Card, que je n'aurais pas achetés mais plutôt empruntés en bibliothèque) font désormais partie de mon univers, "mon papier peint" comme on dit à la maison.

27) L'endroit le plus insolite où vous lisez ?

?

28) Il ne vous reste que trois jours à vivre, que souhaitez-vous lire ou relire ?

Trois jours... Malade ou en bonne santé? En étant seule à mourir ou parce que c'est la fin du monde?
Je pense que je passerais plutôt mon temps à mettre de l'ordre dans mes papiers pour que les survivants ne soient pas trop ennuyés... (mon dieu, je crois que je les accablerais de recommandations en tout genre!) et peut-être à choisir à qui donner mes livres (une question qui me tracasse).
Bon: la thèse de Clémence Ramnoux sur Héraclite.

29) Votre livre d'art préféré ?

?

30) La bibliothèque idéale ?

La Mazarine, la bibliothèque historique de la ville de Paris.

31) L'incipit qui vous a le plus marqué

"J'avais une ferme en Afrique" (à cause de la voix de Meryll Streep dans Out of Africa).

32) La fin qui vous a le plus marqué

Hum. Celle du Maître et Marguerite ou la fin des Raisins de la colère, lorsqu'une femme nourrit au sein un homme affamé.


Je n'ose plus "tagguer" qui que ce soit, j'ai l'impression d'être environnée de silence. Ceux qui n'ont pas de blog (lecteur?) peuvent répondre en commentaire, pas forcément à toutes les questions s'ils trouvent ça trop long. Est-ce que cela intéresserait Chondre? Il parle d'opéra, de cuisine, de sport, de bricolage, de jardinage, que lit-il à part Femme actuelle?
(Au fait, Guillaume a répondu aussi.)

vendredi 7 décembre 2007

Complexe tendance absurde

Je lis Journal d'un voyage en France et je feuillette Corée l'absente[1]. Je m'absorbe dans ma lecture, je m'endors dans les trains, je ne sais plus quel livre j'ai en main, j'ai oublié qu'il y en a deux, et je m'étonne et m'émerveille qu'un journaliste parle de Buena Vista Park et de Tricks en 2004: bel effort, ce n'est pas si simple de se procurer Buena Vista Park.

Il faudrait que j'aille me coucher mais je n'en ai pas envie, il faudrait que je me lève tôt pour ranger mais je n'en ai pas envie, je pourrais ranger maintenant puisque je ne me couche pas mais je n'en ai pas envie.


Notes

[1] que vous lisez tous en regardant les photos, bien sûr.

dimanche 14 janvier 2007

Dilemme

Je suppose qu'il est normal de se demander de temps en temps à quoi bon bloguer, comme à quoi bon tout, finalement.

Lorsque j'étais au CE2, nous devions faire un résumé de chaque livre que nous empruntions à la bibliothèque de la classe. J'avais horreur de ça. En plus, j'étais désavantagée, car j'aimais lire, je lisais vite, je pouvais lire beaucoup de livres pendant que les autres n'en lisaient qu'un, ce qui me faisait beaucoup de résumés à rédiger. C'était pénible, car bien entendu, pendant que j'écrivais ces résumés, je ne lisais pas, et franchement, raconter ce que je savais déjà me paraissait sans intérêt.
J'avais résolu le problème en empruntant les livres en cachette pendant les récréations. Je les lisais puis les remettais en place, ni vue ni connue.

Pour le blog, c'est un petit peu plus compliqué : si je lis au lieu d'écrire, cela va se voir. Et si j'écris, quand lire?

dimanche 27 août 2006

Retour

Rentrés à 4 heures du matin. Il fait 17° dans la maison. Allumé le chauffage.

Il manque une chatte (sur deux). En revanche, la chatte des voisins a élu domicile dans la maison, je n'ai pas encore réussi à la faire sortir.

Bonne surprise, la maison était à peu près en ordre quand nous sommes partis, ce qui est rare (cela est dû à une invitation que nous avions lancée et oubliée : la veille de notre départ, notre ami O. appelle et demande innocemment : «Faut-il que j'apporte quelque chose ce soir (ie, vin, dessert)?» Euh… pourquoi tu viens? Bref, panique à bord, ménage et rangement en deux heures de temps (c'est à peu près tout ce qui peut m'amener à faire attention aux contingences matérielles. Il y a belle lurette que j'ai décidé de les négliger).
Finalement, c'est bien.

A peine arrivée, j'ai ouvert Rannoch Moor que je n'avais pas emporté en vacances («Mais qu'est-ce que tu fais?») : en feuilletant l'anthologie poétique de Gide dans la Pléiade chez un ami, j'avais trouvé la phrase suivante de Corinne de Mme de Staël en exergue à un poème de Jules Laforgue (Complainte des débats mélancoliques et litéraires) : «On peut encore aimer, mais confier toute son âme est un bonheur qu'on ne retrouvera plus.» J'étais persuadée d'avoir lu cette phrase dans Rannoch Moor, mais où?1 2

Cherché dans les alentours de la page 142. Rien. Peut-être voir du côté du voyage en Écosse? (Je sais, tout cela ne fait que prouver que ce "repérage" des livres est illusoire : ce n'est jamais ce qu'on cherche qui s'y trouve. Je ne suis pas si naïve, je l'ai toujours su. Mais c'est aussi parce qu'on sait bien mieux ce qui s'y trouve qu'on est toujours en train de chercher autre chose. Ça n'a au fond pas grande importance, tout cela n'est jamais que prétexte et encore prétexte.)

Matin.
Bu un thé. Gratté la tête du chat. Constaté un peu désabusée que je reçois désormais des catalogues qui proposent des ceintures de maintien, des charentaises et des protections pour énurétiques. Musé un instant sur les services marketing de ces sociétés par correspondance. Ce ne doit pas être très amusant d'y travailler.

Détail : la seule carte postale dans le courrier est due à une erreur du facteur (erreur de ville). Je la reposterai demain.


Notes
1mise à jour le 06/05/2007 : cette phrase se trouve p.216 d'Été.
2mise à jour le 03/01/2008 : Corée l'absente, p.554.

mercredi 7 juin 2006

L'art peut-il lutter contre le spleen?

(J'aime bien ces titres ampoulés comme des sujets de dissertation.)

La lassitude de Tlön ou celle de Guillaume me rappelle cette constatation déjà ancienne : la littérature ne peut rien, ou pas grand chose, ou pas pour moi, contre les idées noires, la mélancolie, l'impression de se heurter aux parois de son être ou du monde. Je ne sais pas si c'est tout le monde, je n'ai jamais demandé.1

J'ai essayé à plusieurs reprises de faire une liste de livres pour lutter contre les périodes de découragement, d'ennui ou de lassitude, une liste de livres qui donnent de la gaieté, de la joie de vivre, qui influent de l'énergie, une liste de livres littéraires qui rendent joyeux.
Je n'y suis pas parvenue. Je peux trouver des livres apaisants, des livres qui font rêver ou rire, mais rien de suffisamment profondément joyeux pour qu'il en reste une envie de vivre une fois le livre refermé.

J'ai essayé : La conjuration des imbéciles est très drôle, mais il y a quelque chose de triste dans le sort de héros, dans la façon dont nous ne pouvons pas, nous ne pourrons pas l'aimer, Le Maître et Marguerite, drôle, sort consolant de Ponce Pilate, destin doux des héros positifs, mais grinçant puisque les situations les plus absurdes ou comiques font référence à la réalité soviétique (il faudrait ne pas connaître cette correspondance avec la réalité historique), Feu pâle, drôlerie de cette histoire folle, mais justement c'est une folie, les poèmes de Cavafy, merveilleux mais pas gais, la Chasse au Snark, sans doute ce que je préfère, mais dont la fin pince un peu malgré tout, les souvenirs d'Evguénia Guinzburg, (Le Vertige et Le Ciel de la Kolyma) jamais amers, profondément humains et sages, qui réussissent à vous convaincre que tout cela vaut la peine, finalement, malgré tout. Mais ce ne sont pas des souvenirs qui rendent gais. Peut-être certaines pièces de Shakespeare? Je ne le connais pas assez, il y a peut-être là une piste.
Difficile d'apporter des livres à un malade, par exemple : un peu de poésie, parce que ça se lit sans suite, La vie, mode d'emploi, parce que c'est gros mais que chaque chapitre peut se lire indépendamment, Notes sur les manières du temps, parce que les titres des chapitres à eux seuls suffisent à faire rire ou rêver.
Toute poésie, toute littérature (tout art?) bien menées nous racontent la condition humaine, avec donc la mort à contre-jour, le temps, le vieillissement…

Je ne connais pas de livre "littéraire" qui apporte de la gaieté et donne de l'énergie. Les livres peuvent apaiser ou faire rêver. La présence des livres suffit à m'apaiser: une après-midi en bibliothèque (à condition que le mobilier ne soit pas moderne) ou en librairie suffit à calmer l'inquiétude qui me ronge parfois. Il ne s'agit pas de lire, mais d'être debout parmi les livres. C'est suffisant. Ils sont tous là, à disposition, le temps ralentit, le cœur aussi. Nulle inquiétude à l'idée qu'on ne pourra tous les lire, puisqu'ils sont là, et sérénité de savoir qu'il nous survivront: nous mourrons, ils seront encore là. Je ne connais pour la gaieté que le n'importe quoi, l'absurde sans prétention. J'ai une prédilection pour les héros qui n'abandonnent jamais et s'en sortent toujours, Blueberry ou Thorgall ou Bruce Willis. J'aime les livres de la collection L'école des loisirs. Je regarde les robes des stars dans Gala et Point de vue (Guillaume, rassure-toi, il y a longtemps que je ne sais plus qui sont toutes ces stars, notamment les chanteuses. Je ne connais que leurs noms.) Je regarde quatre épisodes de ''Starky et Hutch'' (vivent les DVD) ou des ''Têtes brûlées''. Je prie pour qu'un jour sorte la série des "Happy days", avec Richie le gentil et le dieu Fonzy. Une heure de rock m'infue davantage de vitalité qu'une heure de musique classique. La peinture, grâce à la couleur, peut être plus efficace: si l'on choisit soigneusement sa toile de Rotkho (par exemple), on peut y puiser de l'énergie.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire, finalement. J'ai du mal à lire ce que je n'ai jamais lu, j'ai peur d'ouvrir un nouveau livre, quel poids nouveau de malheur, de mélancolie ou de réflexions douces-amères va-t-il m'apporter? Et c'est ainsi que je me suis détournée des romans, par fatigue, par appréhension. Les essais ou les livres théoriques sont bien moins prenants, demandent moins de force vitale.


Note
1 : M. Duras, L'Amant.
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