Billets pour la catégorie Boulot :

Calme

Une semaine seul responsable au boulot.
C'est reposant.

Convention et protocole, billet technique

Encore une journée passée comme en rêve. Je ne me souviens de rien, sauf que j'ai découvert le protocole PAOS, l'équivalent de l'IDA pour les dommages corporels causés par des accidents de circulation.
Sur ce modèle, pour les accidents de la circulation et les sinistres impliquant des bicyclettes, un protocole a été signé le 24 mai 1983 entre les trois caisses nationales d'assurance maladie (CNAMTS, CANAM et la CCMSA) et les organismes représentatifs des entreprises d'assurance (GEMA et FFSA) avec pour objectif d'accélérer le recouvrement par les caisses de sécurité sociale des créances qu'elles détiennent auprès de l'assureur du responsable de l'accident, de permettre aux assureurs d'indemniser plus rapidement les victimes d'accidents de la circulation et de simplifier les rapports entre les caisses de sécurité sociale et les entreprises d'assurance en éliminant les causes de litiges. (Annexe III)
Bon, tout le monde s'en fiche ici, mais il en ressort que les mutuelles de la code de la Mutualité ne sont pas concernées. Du moins je crois. Si cela se confirme, une méchante assurance à forme mutuelle (ne pas confondre) est en train de nous voler quinze mille euros. (Je suis assez contente de moi d'être parvenue rapidement à cette conclusion sans connaître le sujet une heure plus tôt).

Je suis allée chercher H. gare de Lyon et nous sommes revenus ensemble par la coulée verte au Janissaire dont l'enseigne matin après matin retient mon œil: «gastronomie turque».
Excellente cuisine.

Au retour vers la gare, H. a reconnu la mairie du douzième où il a déclaré O. lors de sa naissance (une aventure que je raconterai un jour). Je n'avais pas pris conscience que c'était ici.

Mauvais esprit

Et tandis que le prestataire informatique nous expliquait que l'un de ses clients mutualistes, assureur de nombreux policiers, avait demandé pour eux «une charte graphique un peu plus bleu blanc rouge que pour ses autres adhérents», je n'ai pu m'empêcher de murmurer: «qu'est-ce qu'on va choisir pour les nôtres? Picsou dans son coffre-fort?»

Entre deux chaises

Nous avons lancé un appel d'offres pour un développement informatique (ou quatre, ou quatre en un). C'est toujours extrêmement embarrassant pour moi: j'ai toute la compétence à domicile (via H.) pour savoir quelles questions poser; mais lorsque je suis au bureau, je n'ai aucune compétence personnelle pour juger des réponses.

Et décider en une semaine1 d'un engagement de 700 000 euros HT sur cinq ans (sachant qu'en assurance on ne récupère pas la TVA) me semble vraiment léger (le développement est urgent et les décideurs partent en vacances).

Bref, cette situation est inconfortable et frustrante.



Note
1 : ce n'est pas moi qui décide, je me contente de mettre des grains de sable dans les engrenages, ce qui est une autre source d'embarras : celle qui conteste sans apporter de réelles solutions.

Panne

Pas d'internet au bureau et pas de téléphone fixe. A midi nous avons renvoyé les équipes chez elles pour qu'elles travaillent à distance. Je n'ai pas compris exactement la cause, des travaux, une gaine coupée?

Nous avons laissé tout le monde en télétravail demain et acheté une antenne 4G avec amplificateur pour servir de relais.

Cependant, on nous a promis que tout serait réparé demain.

80 ans

AG et 80 ans de la mutuelle.

— Vous êtes une mutuelle à contre-courant.
— Non, nous sommes une mutuelle singulière.

Bu trop de champagne.

Départ en catimini

Départ à la retraite d'une salariée. Départ à 67 ans : elle est fonctionnaire détachée, sa retraite n'est calculée que sur son salaire de base, hors "primes", donc elle part le plus tard possible pour optimiser sa pension.

Je mets primes entre guillemets car celles-ci n'ont pas la même nature que celles du privé: elles ont un caractère permanent — tant que vous êtes présent au travail: elles ne sont pas versées quand vous êtes en arrêt maladie, ou même — en vacances (ce qui fait qu'un des fonctionnaires de ma structure ne prend jamais de vacances et est d'une humeur exécrable). Peut-être que ce n'est pas vrai pour toutes les primes, peut-être que ça dépend de leur nom. Je suis désarmée devant cet imbroglio et je découvre des bizarreries tous les jours.

Les fonctionnaires ne cotisent que sur leur salaire de base (salaire indiciaire brut) et touchent une retraite proportionnelle. Cela signifie que durant leur vie professionnelle, ils supportent moins de prélèvements que les salariés du privé, mais une fois à la retraite, leur pension est plus faible. En clair, il leur faudrait cotiser volontairement sur leur partie "primes". Je suis toujours effarée de me dire qu'on demande aux fonctionnaires de se comporter comme des salariés américains. (NB: je présente des généralités, il y a beaucoup de cas particuliers. Par exemple, comme le salaire des professeurs ne comportent quasi pas de prime, l'écart de calcul de retraite avec le privé est inexistant (ou presque: je n'ose rien affirmer catégoriquement.))

Toujours est-il que les fonctionnaires de mon équipe restent jusqu'à être rayés des cadres, c'est-à-dire mis à la retraite d'office à 67 ans. J'en ai même une qui, s'étant arrêtée de travailler dix ans pour élever ses enfants et n'ayant pas tous ses trimestres pour une retraite à taux plein, a demandé à poursuivre au-delà. Elle aura 68 ans en juillet, elle part en décembre. Je sens qu'elle commence à peiner; les changements dans les modes de travail la désorientent mais elle reste une excellente technicienne.

Donc aujourd'hui, l'une des fonctionnaires partait à la retraite. Comme je suis très attachée aux rites, je lui avais demandé il y a dix jours si elle voulait qu'on organise un pot de départ à la retraite. Elle s'y attendait si peu qu'elle avait rougi et répondu oui.

Elle ne s'y attendait pas parce que c'est une vraie peste.
Je ne suis ici que depuis deux ans, mais durant ce court délai, elle a envoyé à la direction un mail odieux de dénonciation d'une collègue. Personnellement, à ce moment-là je l'aurais renvoyée dans son ministère d'origine (ce qui est l'équivalent d'un licenciement, ai-je appris sur Google); elle a simplement eu droit, sur mon insistance, à une lettre d'avertissement (j'ai appris au passage que le droit du travail privé s'applique aux fonctionnaires détachés (enfin, je suppose qu'il doit y avoir des subtilités)).

Depuis que j'ai annoncé qu'il y aurait un pot, certains sont venus me demander si c'était obligatoire (non), d'autres combien de temps il fallait y rester (un temps décent). D'autres m'ont dit qu'ils feraient le pot pour fêter son départ. On m'a (re)raconté qu'elle avait des poupées vaudou; aussi incroyable que cela paraisse, elle suscitait de la peur chez les agents les plus anciens qui la soupçonnaient d'avoir provoqué la mort de collègues (je vous jure qu'on m'a vraiment raconté ça. C'est si Jacques Yonnet.)
Bref, elle a dû entendre des commentaires et des conversations. Elle est venue en fin de semaine dernière me prévenir qu'elle ne voulait plus de pot car «elle n'aimait pas les hypocrites».

Elle est partie à trois heures, une orchidée et un bougainvillier dans les bras offerts par deux ou trois salariées charitables.

*****

J'ai fini la lecture de Terre inhumaine. Finalement l'aide que nous apportons aujourd'hui à l'Ukraine face à la Russie, c'est celle que nous n'avons pas accordée à la Pologne en 1945. A l'époque Staline avait jugé que l'Occident n'entrerait pas en guerre pour sauver la Pologne; aujourd'hui l'Occident compte sur l'Ukraine pour épuiser la Russie (ou plutôt se débarrasser de Poutine. Mais quid des oligarques?)

Décalage horaire

Télétravail. Je me connecte à 9h30 pour une visioconférence à quatre. «Une personne va vous laisser entrer en réunion».
Rien.
Pensant que je n’ai pas le bon lien, je me connecte à partir d’un autre appareil.
Idem.
Je farfouille dans mes mails: cela a peut-être été annulé, c’est fébrile ces temps-ci, avec l’appel d’offres qui ne tombe pas.
De guerre lasse, je laisse Zoom allumé et continue ce que j’étais en train de faire.
Plus tard encore, Zoom me déconnecte avec un message: personne ne s’est présenté pour la réunion.

Dans la matinée, échange de mails à je ne sais plus quel sujet. «On verra ça durant la visio de 14h30».
Je réagis aussitôt: «Désolée, je n’ai pas de lien pour une visio à 14h30».

Il s’avèrera que les autres non plus, sauf un, l’organisateur de la visioconférence — qui est en vacances en Thaïlande mais n’a pas annulé la réunion — de 9h30 ce matin — qui est devenue 14h30 pour lui.
En fait nous sommes trois à avoir attendu bêtement ce matin à 9h30 que quelqu’un nous «laisse entrer en réunion». En temps normal nous nous serions envoyés des SMS, mais là, chacun a pensé qu’il s’était trompé.
Bref, nous annulons la visio de l’après-midi.

Télétravail

Journée à lire des contrats de 2016. Il faut que négocie, paraît-il. Aussitôt remonte la phrase du Cinquième élément: «Où est-ce qu'il a appris à négocier?»

Je suis installée dans la salle de bain sur la table rouge. Il fait frais. A ma gauche la vigne vierge. D'un trou dans le mur vont et viennent des petites guêpes.

Choquée

Une nouvelle embauchée est arrivée aujourd'hui. Elle habite Provins. Pour être sûre d'être à l'heure elle a réservé des chambres d'hôtel tout le mois.

Grand désarroi:
— Mais enfin, vous ne pouvez pas faire ça! C'est le travail qui doit vous faire vivre, vous ne pouvez pas perdre de l'argent pour venir travailler.
— Ça me plaisait ici. Je voulais ce boulot. Et la ligne R, c'est trop incertain, surtout l'été, avec les travaux. Ce matin il y avait encore une grève surprise.

Je ne suis pas marxiste. Je ne fais pas de grande analyse du capitalisme car c'est toujours moins mauvais que le communisme.
Mais tout de même, quelque chose dysfonctionne profondément.

Une glycine de moins

Avec Maria toute la journée (elle part à la retraite le 30). Ne pas avoir été sur site la semaine dernière a mis à mal le transfert de connaissances que j'avais planifié.

Le soir quand je rentre le jardinier a coupé la glycine blanche, ce qui donne une impression de mur pénitentiaire à cette partie du jardin. Il espère pouvoir sauver la violette en coupant les rejets et en dégageant la partie centrale. Ce sera pour cet automne.



Par ailleurs, j'ai reçu mon baptême de manager: la jeune embauchée du 15 décembre m'annonce qu'elle est enceinte. J'espère que le reste de l'équipe sera élégant avec elle, je redoute les remarques assassines.

Picpus

Le devoir de réserve impliqué par mon contrat de travail fait que je publierai mes notes dans cinq ou dix ans. Notons simplement pour mémoire (et parce que cela peut être utile à d'autres) que les dossiers suspendus à présentation verticale demandent un intervalle entre les étagères plus grand que les dossiers suspendus réservés aux tiroirs.

Vingt minutes de vélib tranquilles entre garde de Lyon et la rue Picpus. Le boulevard Daumesnil monte jusqu'à la place Félix Eboué puis descend en pente douce. Peu de circulation à sept heures et demie.

A midi, j'ai repéré une quincaillerie (j'adore les quincailleries) et une salle de sport vraiment proche. Le soir en rentrant j'achète un pinceau pour coller (à force de donner les miens je n'en ai plus) et je vais voir la salle. Elle est petite, sympa, elle a des fenêtres, elle n'est pas peinte en noir (ouf!). Je pense que je vais l'adopter, même s'ils me préviennent que le rameur Concept va être remplacé en juin (on verra bien).

J'emprunte beaucoup par curiosité un peu par erreur la petite ceinture: je pensais que c'était la coulée verte.
Je prends un velib et retourne gare de Lyon.

Sinon il y a lui qui lisait L'adolescent de Dostoievski à la table voisine à midi.

Jeune homme lisant Dostoievski en terrasse


Paper cuts

Levée à cinq heures vingt mais aucune envie (aucun ressort) de me presser. Je fais la vaisselle en écoutant la radio (les auditeurs de RTL expliquent leur vote), pars à la gare en voiture (quand je suis à l'heure je prends le bus), laisse délibérément passer mon train, prends mon café avec Toufik. Je lui suis reconnaissante de ne pas parler politique. A cette heure matinale, la plupart de ses clients sont mélenchonistes. Ils me regardent dubitatifs, avec une gêne imperceptible: ils me connaissaient avant la campagne, Toufik est amical (il l'est avec tout le monde, mais nous avons des conversations de fond — trois minutes avant de prendre le train), il leur faut choisir entre leur détestation théorique et leur jugement pragmatique.

Aujourd'hui (au boulot) c'est étiquettes et planification: nous déménageons de Vincennes à Paris durant trois jours. Je me rends compte que ce que j'avais fait avant mes vacances est faux, les étagères comptées pour trois mètres en font un cinquante (deux armoires côte à côte), il faut tout recommencer. Je ne sais pas comment tout cela va tenir dans les nouveaux locaux, tout est un peu laid, un peu de guingois, les boîtes d'archive de récupération ne sont pas toutes identiques, je m'agace devant des dossiers suspendus qui auraient dû être changés depuis longtemps; demain ils vont se vider à la première manipulation. Comment peut-on associer autant de dévouement dans ses fonctions à aussi peu de soins, aussi peu de sens de l'initiative (ici l'initiative aurait consisté à changer un dossier sans qu'on vous le demande)? Est-ce cela l'esprit bureaucratique?
J'ai fait changer les dossiers que j'ai repérés mais je sais que demain je vais en découvrir bien d'autres. Ça va être sport.

Dernier massage thaï à midi. Cela va me manquer. Cela ne procure aucune détente musculaire, ça fait un mal de chien, mais je suis persuadée (n'est-ce pas l'essentiel?) que cela remplace ostéopathie et acupuncture. Il me semble que je parviens à somnoler au milieu des douleurs.

Les LFI viennent expliquer que Macron est mal élu. Je pose ça là pour mémoire.



Il faut cependant admettre que 58%, quand on a l'extrême-droite en face de soi, ce n'est pas beaucoup. Dans un ou deux quinquennats, ça finira par craquer. Ce qui me déprime le plus, c'est de voir des noirs ou des basanés voter Le Pen ou s'abstenir. N'ont-ils pas conscience que pour eux la vie deviendra infernale? Délit de faciès multiplié par cent et associations de défense affaiblies ou disparues.

Quant aux plus faibles, aux plus pauvres... Est-ce Zweig qui commentait: «Quelques années après l'accession d'Hitler, il n'y avait plus de chômage: les gens étaient soit en prison, soit gardiens de prison»? (C'est un vieux souvenir d'un cours d'allemand de terminale, mais je ne suis plus sûre de l'auteur de cette citation (approximative)).

Marine Tondelier, conseillère d'opposition à Hénin-Beaumont, a publié un livre, Nouvelles du Front et gagné son procès en diffamation: délation et suspicion généralisées, c'est la vie sous le RN.

Elon Musk, trumpiste et nazillon, vient de racheter Twitter. Il veut supprimer la censure. Je pense à Sa Majesté des mouches.

Picpus

Visite de nos futurs locaux. La perspective de se retrouver dans Paris me fait étrangement plaisir. J'en suis partie en 2009 pour la Défense. Puis Nanterre, puis Vincennes…

Nous devrions déménager en avril.
Le paradoxe, c'est que je ne suis pas sûre de ne jamais y aller. Ou quelques mois. On verra.
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