Billets pour la catégorie Projet 2018 :

J. 50 ans de mariage

Mise en ligne progressive de billets écrits depuis un an, mais restés hors ligne par peur des fuites. Voici donc un récit débuté il y a un an qui commence par la fin: le jour de la fête surprise pour les noces d'or de mes parents, fête que j'ai voulu organisée comme un mariage.

Journée sous le signe de la trilogie pagnolesque, en commençant par Le Temps des secrets.

Dernier désistement le matin-même: un cousin malade (je ris car c'est sa femme qui appelle: nous avons vraiment un problème avec le téléphone dans la famille.)

Petit déjeuner à Tours, beaucoup d'enfants dans cet hôtel rempli d'hommes d'affaires pendant le reste de l'année. Les serveurs ne sont pas habitués. Pour la première fois depuis des jours, il fait presque trop froid pour rester dehors (quelle chance: parmi mes peurs, celle qu'il fasse trop chaud et que les invités fassent des malaises (après tout, la plupart ont plus de soixante-dix ans)). (Et de penser in petto : «Une chance pour le temps.»)

Nous récupérons A. devant l'église de Candé où elle laisse sa voiture et nous partons chez mes parents où nous arrivons bien plus tôt qu'ils ne le pensaient (évidemment: nous ne venons pas de Paris…)
Un repas et un après-midi sans se couper, à parler de tout et de rien, à rester calmes, très calmes. Nous avons dit à mes parents que nous les invitions le soir dans un "restaurant éphémère", tenu par un ami d'H. (ainsi mes parents ne peuvent pas vérifier la réservation, ou la décommander, ou…) Le petit voisin de cinq ans fête son anniversaire ce jour-là, dommage je ne le savais pas (j'aurais prévu une bougie), il est invité le soir, ma mère lui parle à travers le grillage, H. m'avouera plus tard que c'est le moment où il a eu le plus peur d'une fuite. (Ce que nous craignons, c'est que si mes parents se doutent de quelque chose, ils refusent de venir.)

Se préparer à partir, sans précipitation, s'habiller un peu, mais pas trop. H. coupe court: on prend notre voiture, oui, une seule voiture. A. est chargée d'envoyer des sms à ses frères de minute en minute, nous ne savons pas si les sms arrivent à destination, la réception est mauvaise au château. Nous décidons du lieu où tous les invités doivent se réunir pour attendre les héros de la fête (dans le château, sur la pelouse? Finalement ce sera en bas sur la terrasse. A. communique la décision.)
De quoi avons-nous parlé dans la voiture? Du Niagara, de la chute "le voile de la mariée" découverte en Amérique du sud, peut-être du Panama (où était-ce l'après-midi?), d'oiseaux ou d'araignées, rester calme, très calme. Les invités doivent descendre de la pelouse à la terrasse, soixante personnes, ça prend du temps, pourvu qu'ils soient prêts.

H. franchit la grille du château, traverse la cour, contourne le mur, arrive devant la terrasse noire de monde. Je suis impressionnée par la foule, je ne m'y attendais pas. «Oh, regardez, il y a déjà un mariage», s'est exclamé ma mère.
Puis elle a reconnu une personne, puis une autre.
Mes parents sont sortis de la voiture, souffle coupé.

Le reste comme dans un rêve, La gloire de mon père et Le château de ma mère, ou l'inverse.

J-1 Vouvray-Candé-Tours

Nous partons en voiture bleue (ie pas en roadster deux places mais en voiture familiale: nous avons prévu que A. nous rejoigne demain à Candé (pour justifier qu'étant trois nous ne soyons pas en voiture rouge) ce qui permettra le soir de ne prendre qu'une seule voiture pour notre fausse invitation au restaurant (pour éviter les hésitations, les doutes et la fuite) puisque nous ne serons que cinq (les garçons et ma sœur ont prévenu qu'ils n'arrivaient que dimanche, au désespoir de ma mère))1.

Arrêt à L'oiseau gourmandeur, le caviste préféré de H. qui cite Rabelais par cœur, achat de château Moncontour et de quelques bouteilles supplémentaires de Coudray-Montpensier (la légendaire crainte de manquer).

Pique-nique au bord de la route, arrivée au château, rangement des bouteilles au frigo, mise en place des tables (grands cercles en pastique, c'est amusant) et des chaises (plus fastidieux). La traiteur arrive pour mettre les nappes, pendant ce temps passage à l'intermarché de Chailles qui nous a préparé l'eau et les jus (je fais de la pub car ils sont très serviables: le magasin propose de reprendre ce qui n'est pas bu si on le ramène le lundi suivant), retour au château, mise au frigo, répartition des petits paquets de fruits secs sur les assiettes en suivant le plan de table. J'envoie mes ultimes recommandations par sms aux garçons (les pauvres! Heureusement qu'ils sont indulgents, ils ont conscience de mon stress) qui seront seuls ici demain à accueillir les invités pendant que nous jouerons la comédie auprès de mes parents.

Départ pour Tours où nous avons rendez-vous avec la responsable du syndic de propriété à 18 heures. Nous nous demanderons pourquoi elle voulait nous voir. Sans doute pour nous voir.
L'Indochine dit "Le petit Mao" (buffet au forfait où l'on paie en supplément ce qu'on laisse dans son assiette).
Hôtel. Nuit au frais, ce qui est appréciable en ce moment.




Note
1 : en donnant toutes ces explications sans doute incompréhensibles je me sens vraiment control freak. L'important est dans les détails.

J-3 Invitation lancée

H. vient d'appeler mes parents pour les invités au restaurant, à cinq (eux, ma fille et nous deux), samedi soir.
Alea jacta est
ou le rubicon est franchi.

(J'en perds mon latin — mais il n'y a pas grand chose à perdre).



Par ailleurs, appris ce matin que trois enfants de mes cousins ne venaient pas (ce que je comprends mais c'est dommage : nous nous voyons si peu).

J-4 Bonne nuit

Hier à 23 heures je découvre un message de ma sœur : maman ne comprend pas pourquoi elle (ma sœur) ne vient que dimanche. Elle l'attendait le samedi.
Je ne comprends pas: j'ai pourtant prévenu ma mère que les garçons n'arrivaient que le dimanche, j'espère qu'elle n'a rien prévu samedi soir…

La nouvelle a dû m'assommer car j'ai très bien dormi malgré la chaleur. (Mon téléphone prévoit qu'il pleut à Blois vendredi et samedi prochain…)

J'avais laissé un message à ma sœur pour lui dire qu'elle pouvait me rappeler très tôt (car mon portable est inutilisable au bureau : pas de réseau). Nous nous sommes mises d'accord («pas de problème, je vais dire que ça ne m'arrange pas d'être là samedi»). Au passage elle m'a appris qu'elle avait eu ma tante au téléphone, que celle-ci paraissait toute ravie et émoustillée par le projet.
Ça alors!







Quelques explications : la difficulté est d'amener mes parents à venir au château samedi soir. Nous avons imaginé d'être trois (H, A et moi) et de les emmener au restaurant en prétextant une réservation dans le nouveau restaurant d'un ami vers Chaumont («Mais il faut y être à sept heures car ensuite la table est réservée donc il ne faut pas qu'on s'attarde). L'idée est de ne prendre qu'une voiture pour ne laisser aucune chance de s'échapper (car je redoute une réaction de rejet).
Evidemment, ce serait plus compliqué avec ma sœur et ses filles (mais pas impossible: simplement moins naturel).

J-5 Derniers préparatifs

Fini les derniers paquets de fruits secs en regardant How I met your mother. Série amusante mais je crois que je vais arrêter là. Pas très intéressant, juste pour le fun.

Les paquets sont classés dans deux cartons selon le plan de table.
Je suis fière de mon évaluation de poids de fruits secs: il ne m'en reste qu'un, qui est celui que m'a offert le commerçant.

J-6 Dans les détails

Mise en page des menus (rédaction approximative car j'ai laissé mon dossier au bureau: nous ne savons plus exactement ce qui est prévu. Par ailleurs j'ai à nouveau oublié le nom du vin rouge laissé au château en septembre. Impossible de remettre la main sur le papier où je l'avais noté).
Impression du nom des tables.
Je continue à peser mes petits paquets en regardant la saison 4 de Prison Break.

J-9 Vérification du photographe

En attendant un RER A qui n'arrivait pas (tout fonctionne très mal cet été), j'ai appelé le photographe pour m'assurer qu'il ne nous avait pas oubliés car il enchaîne un mariage puis notre "événement".
Il m'a rassurée, il ne nous avait pas oubliée.

Tag stress.

J-19. Que boirons-nous ?

J'ai oublié quel vin nous avons laissé au château en septembre. J'ai appelé, M. Lépissier est gentiment descendu dans sa cave pour me donner l'information.

Dans le même temps il m'a donné les coordonnées de la personne à contacter à l'Intermarché à proximité: si l'on fait ses commandes de boisson dans ce magasin, celui-ci propose de reprendre les bouteilles non bues (et intactes) le lundi suivant.
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