Billets qui ont 'La Défense' comme ville.

Formation bis

Changement de prof, changement de style : plus juridique, moins passionné. Davantage dans le genre QCM pour passer les examens: chaque chose a sa définition et sa case.

Les règles de la commande publique : s'inscrivent dans la sphère de la gestion des deniers publics.
Principe d'égalité de traitement, principe de liberté d'accès, principe de transparence de procédure.

Beaucoup de vocabulaire. Je le note ici surtout parce que je trouve cela curieux.

Appel d'offres : une procédure initiée par une personne soumise au code de la commande publique.

Procédures formalisées: Appel d'offres et procédure avec négociations (PAN)
Procédures adaptées (en dessous des seuils): MAPA (marché à procédure adaptée)
Procédure de gré à gré: pas de publicité ni de mise en concurrence

Le monde des sirènes1 : «vous êtes une personne privée (ici, une SEM, société d'économie mixte) qui passez des marchés privés qui suivent le droit de la commande publique. En cas de contentieux, vous dépendez du juge judiciaire et non du juge administratif.»

pouvoir adjudicateur (secteurs classiques) / entité adjudicatrice (secteurs spéciaux (transports, eau, électricité, services postaux, entreprises publiques comme la SNCF))
+ groupement de commandes (un mandataire coordinateur)
Accord cadre: 4 ans. Mais dans le domaine de la défense et de la sécurité, 7 ans.

Vocabulaire : Passation (jusqu'à la signature) / Exécution

Travaux: appel d'offres obligatoire au-dessus de 5 382 000 € HT. Et toujours je pense à Largo Winch, quand il est l'objet d'un redressement fiscal: «et vous tenez beaucoup aux 87 centimes?»

**************


Le soir avant de reprendre le métro j'aperçois de la lumière au-dessus de l'esplanade de la Défense. Il me semble que c'est à l'emplacement de mon ancien immeuble: il devait être vendu et détruit, pour que soit construit à sa place l'un des plus hauts immeubles de la Défense. Est survenu le Covid, le projet était en péril. Apparement il a abouti. J'ai marché jusqu'au pied de l'immeuble pour me rendre compte.

construction de l'immeuble de Total the Link, de loin au pied de l'immeuble en construction de Total the Link




Note
1 : mi-chair, mi-poisson

Nanterre Préfecture

Je recherche des photos pour illustrer mon site. Je vais voir chez Patrick (la plupart sont fantastiques. Je ne vois pas toujours de quel lieu elles ont été prises) puis choisis celle-ci. Si ce choix est validé par les administrateurs, je demanderai quels sont les droits d'utilisation.


(Demain H. me dira que cette photo n'a aucun rapport avec notre activité et que c'est un choix non professionnel. J'ai donc finalement retenu tout autre chose.)


Mission Impossible 6, Fallout, avec H. à Bercy (17h30) : intéressant cette façon d'insister sur le fait que le fait de sauver un groupe ne justifie pas de tuer (ou laisser mourir) une seule personne. «Toute vie compte», on se croirait dans un vieux conte monachique.
Intéressant ou inquiétant également qu'il s'agisse de faire disparaître un tiers de l'humanité. Dans le dernier Avengers, il s'agissait d'une personne sur deux: serait-on en train de rappeler à tous (puisque ce sont des blockbusters destinés à un large public) qu'il ne faut pas céder à la tentation de détruire des vies sous prétexte de sauver la planète, ou de rendre meilleure la vie de ceux qui restent? En prenant le risque d'habituer les spectateurs à l'idée qu'un tiers ou la moitié de la population en moins ne serait finalement que le prix à payer pour une planète assainie (la vieille logique des sacrifices. Cela me rappelle la guerre de Trente ans: elle n'a rien changé mais a résolu le problème de surpopulation.)

Puis dîner chez Roberta, un restaurant très italien de Bercy.

Journée catholique

A midi je retourne pour la première fois depuis longtemps à la messe à la Défense (erreur de débutant: comme l’année d’ecclésiologie m’a fait prendre conscience de l’importance de la notion de «paroisse» ou «communauté» («faire Eglise»), je m’étais dit que j’irais à la messe dans ma ville, le samedi soir ou le dimanche soir. Après quelques mois, l’expérience prouve que je ne fais pas, par flemme ou pour ne pas déranger le rythme familial. Erreur de débutant: arrêter quelque chose « qui marche » pour mettre en place quelque chose, certes mieux en théorie, mais qui « ne marche pas ».)
Nous sommes en période de carême et j’ai la surprise de voir des adultes faire leur première étape de baptême (***) afin d’être baptisés le jour de Pâques.
C’est vraiment quelque chose qui m’étonnera toujours: des adultes qui se convertissent, qui viennent à la fois. Cela me paraît inconcevable dans notre monde actuel, tellement méprisant pour la foi (à moins d’être tombé dedans quand on était petit…)


Le soir, étrange écho, Hervé me propose d’aller au cinéma et je propose Spotlight: cela fait six semaines qu’il passe, j’avais peur d’un film bêtement (brutalement, systématiquement) anti-catholique comme le sont certains de mes amis FB, mais je n’ai rien lu nulle part sur ce fim (ni blog, ni twitter, etc), et quand un film tient six semaines, c’est qu’il est bon, ou tout au moins qu’il a quelque chose à dire.

En fait c’est un très bon film par sa retenue même. Il s’attache avant tout au travail des journalistes, c’est lent, sans éclat, comme le sont certains films sur le travail policier.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est la prédiction d’un psychologue: «Il devrait y avoir 6% de pédophiles parmi les prêtres, c’est la moyenne statistique», et son explication: «le vœu de chasteté n’est pas respecté dans la moitié des cas; cela crée dans l’Eglise une habitude du silence et du mensonge qui mène à couvrir des conduites plus graves.»
Il n’y a aucune raison que ces 6% ne soient pas universels, ils doivent être valables en Europe, en France. Si c’est le vœu de chasteté qui mène à cela, il faut accepter le mariage des prêtres (ce qui posera le problème du divorce, il faut l’admettre, l’Eglise le sait. Ce n’est pas pour rien que l’Eglise orthodoxe est plus souple avec le divorce.
En un mot, de nombreuses remises en cause. Mais c’est inévitable.

Est-ce dommage ou souhaitable ?

Parvis de la Défense, des jeunes gens en coupe-vents oranges arrêtent les passants au profit de la lutte contre le cancer:

— Madame, vous auriez quelques minutes ?
— Non, je dois aller travailler.
— Est-ce que le travail est plus important que l'amour?
— Ça rapporte plus.

Autre solution

Aujourd'hui j'ai pris le 43 boulevard Haussmann, puis le 174 dans Neuilly (les bus se suivaient). Je perds une demi-heure par rapport à mon temps de transport normal.

Les petits hommes verts

La grande affaire qui commence cet été est la fermeture du RER A entre Auber et La Défense.
Comme j'avais vu des affiches dès le mois de février, je ne le prends pas comme une brimade personnelle. Cependant, lorsque j'ai découvert à la suite d'une communication interne à l'entreprise, que les travaux auraient lieu sept ans de suite, quelques réflexions sarcastiques me sont venues à l'esprit. Je déclarerais bien à ma collaboratrice que je suis prioritaire pour prendre mes vacances aux dates des travaux (elle n'est pas touchée puisqu'elle habite dans l'ouest) mais je ne peux pas faire cela six ans de suite! (pour cette année, c'est trop tard).


2015-0727-rera_rvb_cal_7ans_fermetures.jpg


DisneyParis a-t-il demandé un dédommagement? Quelle pagaille cela va être dans Paris pour les touristes… D'un autre côté, j'ai pu constater que des navettes les attendaient directement aux aéroports et qu'ils ne passaient jamais dans la capitale.
Bon, après tout, ce n'est pas mon problème.

Mon problème, c'est d'arriver à La Défense. Toute l'information distribuée l'a été dans le but de nous détourner de la ligne 1. En particulier, la ligne 14 suivie de la ligne SNCF à partir de Saint Lazare est chaudement recommandée.

Ce matin, j'ai pris un Vélib jusqu'au pont de Neuilly en suivant le chemin du bus 43. Ce n'est pas désagréable mais il y a beaucoup de pavés. Je mets trois quarts d'heure à faire le trajet.

Ce soir, comptant sur le fait que les gens avaient dû étaler leur retour (et surtout partir plus tôt en arrivant plus tôt car la plupart ont beaucoup plus d'auto-discipline que moi qui suis incapable de quitter un lieu, que ce soit la maison ou le bureau), j'ai essayé la ligne 1 (avec succès: debout mais rame non bondée).
En arrivant en haut de l'escalier "Esplanade de la Défense", j'ai aperçu cela:

2015-0727-ligne-1-hommes-verts.jpg


Oh non, ai-je soupiré intérieurement, ce n'est pas possible, ils continuent à nous prendre pour des demeurés, nous allons maintenant avoir des cours sur la façon de prendre le métro…
Plus rationnel, Hervé suggère que le personnel étant embauché, la RATP l'a simplement reporté du RER sur le métro.

De façon générale, reconnaissons que la RATP n'a pas lésiné sur les moyens humains: je n'ai jamais vu autant d'agents se tenir dans les couloirs et la rue dans l'attente de renseigner les voyageurs.

Un été froid et nuageux

Evidemment tout le monde est au courant, mais si l'année prochaine ressemble à 2003, nous aurons oublié.

J'ai froid, j'ai froid, j'ai froid (je l'ai dit trois fois, c'est donc vrai), un gilet un poncho sur l'esplanade de La Défense (car aujourd'hui la ligne 1 ne fonctionne pas de Maillot à la Défense, il faut aller prendre le RER (je travaille au niveau de la station esplanade)).

Et c'est ainsi, ô miracle, que je découvre la grande arche sur fond de ciel dégagé, un ciel sans nuage, est-ce possible cet été?





(coucher de soleil : 20h50. «L'été passait, un peu moins clair chaque jour», Tony Duvert, en exergue d'Été.)

Deux fois Vivian Maier

Je me lève et m'habille comme pour aller bosser: A. commence ce matin un boulot d'été dans mon entreprise et je l'accompagne jusqu'à la Défense pour la rassurer (et lui expliquer les cinq manières de s'en échapper en cas de problème de transport (ligne 1, ligne A, bus 73, train vers Saint Lazare, tram vers n'importe où pour trouver un métro (je ne lui parle pas du Vélib, elle ne maîtrise pas assez Paris))). Cela me fait un prétexte pour passer en bibliothèque.

A la recherche de Vivian Maier dont j'ai entendu parler un matin à la radio (j'aime les documentaires). Les premières photos coupent le souffle, la jeunesse de l'inventeur fait plaisir, je remarque qu'il s'agit encore de ces hasards qui laissent une place à l'expérience: ce jeune homme avait l'habitude des brocantes et de l'évaluation du bric-à-brac, un autre n'aurait peut-être pas compris la valeur de ce qu'il voyait ou se serait peut-être découragé devant l'énormité de la tâche. Tandis que lui ne recule devant rien: téléphoner à des numéros de téléphone incomplets en essayant tous les indicatifs de la ville de Chicago, passer des nuits sur internet à tenter de reconnaître un clocher de village photographié cinquante ans avant… Ce jeune homme est attachant. Me fait sourire sa déception que les photos ne soient pas acceptées par les musées, "l'institution", comme il dit. Il n'a pas compris que les musées ne font qu'entériner l'engouement du public et la reconnaissance des collectionneurs. On ne commence pas dans un musée, on finit dans un musée.
Je parle beaucoup de John Maloof parce que je veux pas parler de Vivian Maier, je ne veux pas spoiler. Son look me rappelle un peu Simone Weil, sa personnalité un peu Annemarie Schwarzenbach (par association très libre). Allez voir le film. J'en suis ressortie le cœur déchiré, un peu déchiré, doucement déchiré, en sachant d'une certaine manière que c'était inéluctable: une vie de solitude et de silence qui se termine dans la solitude et le silence — même si à soixante-dix ou quatre-vingts ans elle l'a peut-être regretté. Fallait-il, faut-il exposer ses photos qu'elle n'a jamais montrées? c'est la question lancinante que se pose John Maloof, et peut-être n'a-t-il tourné ce film pour y trouver une réponse et apaiser sa conscience.

Je déjeune en terrasse au café Beaubourg — j'abandonne le Pouy sur mon siège — un Red Lady, du thon pour le comparer à celui de Dimitri, un autre Red Lady, et c'est un peu ivre que je rejoins un vélib pour entamer ma tournée des bibliothèques: d'abord l'ICP qui ferme pour deux semaines.





Je prends tous les livres disponibles (visiblement un autre étudiant a fait une razzia sur la bibliographie. Il faudrait aller rue Cassettes, mais je ne suis pas sûre d'avoir le droit d'emprunter à la bibliothèque de droit canonique) plus une nouveauté, Si j'avais su de Stanley Cavell après l'avoir feuilleté (je laisse tomber les Duhem sur la science grecque (pour A) mais je reprends l'Auguste Diès Autour de Platon qu'il faudra que j'achète un jour tant je l'aime. J'emprunte des Max Weber, ils ne sont pas sur la bibliographie de l'année prochaine, mais je sais par expérience qu'il vaut mieux revenir aux sources (lire Saussure, urgent!), et comment faire de la sociologie sans lire Weber? Plus de place pour le Löwith sur Weber, mais tant pis, je dois de toute façon passer à Melville pour Le Diable par la queue recommandé par Laurent. (Löwith vulgarise à mon niveau, il m'aide à ne pas avoir peur).





Je me rends compte que l'un des livres que je veux est ici en réserve, alors qu'il est en accès libre à Buffon où je dois passer prendre un livre que j'ai fait venir de la réserve centrale. Finalement j'aurais pu m'abstenir de venir ici, je repars avec le DVD et le Löwith, les deux n'étaient pas si urgents.
Il fait très lourd et très chaud, c'est assez désagréable.





Rue Buffon je prends les livres qui me manquent. En cherchant autre chose dans les rayons (je clopine, il fait chaud, je commence à avoir sérieusement mal au pied dans mes chaussures à talons pas tout à fait prévues pour ça) je tombe sur Le Savoir grec (dictionnaire critique) de Jacques Brunschwig, qui devrait convenir pour A. qui cherche des informations sur la science antique. J'échange des sms avec H. qui me propose de voir un film. Je lui dis de choisir ce qu'il veut en suggérant malgré tout Vivian Maier sans lui dire que je viens de le voir. En enregistrant les livres pour le prêt, je m'aperçois que j'ai exagéré la contenance de mon sac et que je vais avoir un problème, ce qui se confirme quand j'arrive devant un vélib: impossible de tout faire tenir dans le panier du vélo. Je finis par y déposer directement le Cavell, le dictionnaire et un troisième volume dans le panier et garde mon sac à la main. Le tout est assez lourd, et ajouté aux talons, compose un équipage malhabile et instable. H. choisit Vivian Maier, il m'attend au Bert's des Halles.

Je suis la Seine, et en passant devant la rampe de la Bastille, je ne résiste pas à la tentation de descendre au bord de l'eau: pour une fois que j'ai l'occasion de faire le trajet dans ce sens-là, et de jour, je vais pouvoir déterminer à quel endroit je peux descendre sur les berges pour y rouler le plus possible quand je rejoins la gare de Lyon.
Foule et pavés. Comme je le craignais, je me heurte à un escalier et je dois faire demi-tour. (Je sais maintenant qu'il faut descendre à peu près en face de la rue de Pontoise, au niveau de la pointe de l'île de la Cité).





Je gare mon vélib près de la Bourse (pas de place plus près), m'aperçois avec horreur que les secousses ont beaucoup abîmé la couverture du Cavell qui était tout neuf (c'est le défaut des vélibs, l'acier des paniers blesse le cuir des sacs (j'enveloppe mon cartable dans un tissu quand je prends un vélib. Je ne me suis pas méfiée pour des livres. Zut et zut.)), descends péniblement dans le cœur des Halles (tous les escaliers mécaniques sont arrêtés). En me voyant arriver boîtante les bras chargés de livres, les yeux de H. s'arrondissent, il rit, «je savais que cela se terminerait comme ça, c'est pour ça que je suis venu en voiture, pour te ramener. Mais tout de même, en vélib, tu es folle! Tout ça pour lire le quart du premier!» (je suis attristée qu'il ait sans doute raison) et me prend tous les livres pour les porter dans la voiture. Je bois une demi-Badoit en l'attendant. Je suis épuisée, et surtout très ennuyée pour le Cavell.

Et donc A la recherche de Vivian Maier une deuxième fois. (Ne faudrait-il pas traduire "Enquête sur Vivian Maier"? "Finding", c'est déjà avoir trouvé, "à la recherche" n'est-ce pas plutôt "looking for"?)


La liste des livres :
- L'Idiot (livre en cours)
- Pape François, La joie de l'Evangile. Trois cents pages, quand même. Moi qui avais espéré un livre court…
- Auguste Diès, Autour de Platon. C'est la troisième fois que je l'emprunte. Un jour je le finirai. Mais je l'aime.
- Max Weber, Le judaïsme antique et Sociologie de la religion. J'aurais peut-être dû commencer avec le protestantisme. Tant pis, trop tard.
- Stanley Cavell, Si j'avais su
- Karl Löwith, Marx Weber et Karl Marx
- Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d'un monde. En le feuilletant, je me demande s'il ne faudrait pas lui opposer Le Mystère français de Todd et Le Bras.
- Paul Beauchamp, L'un et l'autre Testament, tome 2. J'ai lu le premier, très péniblement, l'été dernier. J'espère que la lecture de celui-ci sera plus rapide.
- Que sais-je?, Dominique Le Tourneau, Le droit canonique
- André Vauchez, La Spiritualité du Moyen Âge occidental. Ouf c'est petit. Points Seuil.
- Geoffrey Lloyd et Jacques Brunschwig, le Savoir grec. (Pour A.)

Nuit

En terminant vers 23 heures, toujours la petite inquiétude de ne pas pouvoir sortir de l'immeuble.

L'air sent le printemps au dessus de La Défense et je pense à Buffet froid.

Peu de choses

Depuis que le RER a changé ses horaires (interversion des trains traversant Paris avec ceux s'arrêtant à gare de Lyon), j'arrive plus tard à la Défense et je ne peux plus aller à la messe du lundi ou du vendredi. Je tente donc celle du jeudi midi.
Je n'avais jamais vu cette église (petite, presque une chapelle, la place a été surtout accordée aux lieux de rencontre plus qu'à l'église proprement dite) aussi remplie. Est-ce le midi, le Carême, la conférence qui doit avoir lieu ensuite, qui la remplit ainsi?
A La Défense, l'assistance est composée majoritairement d'hommes entre trente et soixante ans. Ça change.

Merveilleuse médiathèque de CE. J'y trouve Le Bal d'Ettore Scola. J'aime beaucoup Ettore Scola. Je voudrais revoir La Famille, aperçu un jour dans un gîte près de Narbonne (juin 2000, j'ai un repère), qui est dans ma mémoire peut-être déformante ce qui approche le plus l'étonnement de vivre dans un monde qui change tandis que nous ne changeons pas et nous nous souvenons de ce monde (de ces états successifs du monde) que nous pensions immuable. Les gens autour de nous considèrent que nous vieillissons, mais la réalité pour nous c'est que c'est eux et les lieux et les techniques qui changent.

Allemand. Compte non tenu de la langue, le sens du texte m'échappe de plus en plus. Mais qu'est-ce que Thiessen a bien pu vouloir dire? A mêler forme poétique à fond philosophique, on jette le trouble sur toute interprétation: cette formule-ci, faut-il la considérer sur le fond ou supposer que l'auteur a voulu conserver une analogie de forme pour l'euphonie? (Thiessen utilise beaucoup les refrains.)

Sombre histoire de chaussures de sport (la paire de Neuilly à la poubelle, la paire de Melun disparue, la paire "vie quotidienne" (la seule mettable, les autres étant destroy) restée au bureau (pour remplacer provisoirement la paire de Neuilly, si vous suivez)) qui fait qu'au final j'arrive en salle de sport sans chaussure dans mon sac et rentre à la maison (tant mieux).

Conjonction astrale, vous dis-je

Saisi au vol en passant à huit heures devant le Relais H de la station Esplanade de la Défense:

— En ce moment, qu'est-ce qui marche ? … Rien !

Vendredi

Matin :
Je vais dire du bien pour une fois: les guichets de la SNCF de La Défense sont un modèle de gentillesse et de compétence.

Midi :
— Le mieux que j'ai vu, c'est un formulaire avec une case à cocher pour "Je certifie que je suis bien vivant".
— Et il y avait une case à cocher si tu étais mort?

Soir :
Je rejoins les enfants à Austerlitz. Départ pour Blois.

Modernité

Bénédiction du pain. L'élévation (ce mot mystérieux prononcé par la tante Léonie: «Mme xx a dû arriver très en retard à la messe. Est-ce qu'elle est arrivée après l'élévation?»). J'ai les yeux fermés, je tente de me concentrer, je veux dire de ne pas laisser vagabonder mon esprit comme il le fait dès que j'arrête de le surveiller.
Un téléphone sonne. Le prêtre interrompt le rite. Les sonneries continuent. Je suppose que le prêtre attend que le fauteur de trouble éteigne son appareil pour reprendre la bénédiction du vin. Ça dure. J'ouvre les yeux.
C'était le téléphone du prêtre.




A la fin, après l'envoi, il présentera ses excuses.

Un monde nouveau

Je m'absente cinq jours et quand je reviens, il fait jour le matin à huit heures quand j'arrive à La Défense (mais la Seine est toujours aussi haute).

Mon nouveau bureau

Il est au dernier étage d'un cube, vitré sur deux côtés, est et sud. Il est très lumineux, même par temps de pluie. Et j'ai vue sur la tour Eiffel et un petit morceau de Seine. (Sur la photo, une péniche passe. L'eau est aussi verte que les arbres.)




Dans les toilettes, le novlangue fait rage. J'ai l'intention d'enlever discètement cette affiche et de la remplacer par le numéro de téléphone seul.




Le rez de chaussée (rez de dalle, comme on dit) est au quatrième étage. Je retrouve au premier étage la bibliothèque de 1996. J'y avais emprunté mon dernier Bradbury (La solitude est un cercueil de verre), Madame Bovary et Cervantès en cassettes audio, et découvert Lawrence Block.
J'ai vérifié: Le fil de l'horizon est disponible (introuvable en librairie malgré la mort de Tabucchi). J'ai emprunté le journal de Kafka parce qu'il était placé devant les livres trop serrés sur l'étagère pour lui laisser de la place et l'édition 1972, la première, du Seigneur des Anneaux chez Bourgois, plus confortable à lire que les livres de poche.

J'aime beaucoup les bibliothèques. Je réfléchissais qu'à une époque, c'était finalement le moyen le plus sûr de trouver les livres épuisés.

Gazon à La Défense

Bon. Dans un sens c'est lamentable, dans l'autre c'est vert. Et puis il y avait du soleil, il ne faut pas bouder son plaisir.
Il y avait de la bière gratuite, je n'ai même pas bu (de la blonde, bof).

Buffet froid de Bertrand Blier

Ça fait longtemps que je voulais le voir — parce que mes parents étaient partis avant la fin un été que nous étions à la Baule. Il passait hier au cinéma de ma ville; j'ai été seule dans la salle durant dix minutes avant le début de la séance, puis une femme est arrivée. Buffet froid ne fait pas recette le jour de Pâques.

J'aime voir la Défense déserte. La station n'a guère changé, ce ne sont plus les mêmes rames et les sièges ne sont plus rouges mais verts RATP.
Je n'ai pas reconnu la tour dans laquelle se passe l'action. J'ai entraperçu un panneau "Brie-Comte-Robert" "Boissy-Saint-Léger", ce qui nous entraîne loin de la Défense.
J'aime beaucoup les papiers peints et la tapisserie "Le corbeau et le Renard" au-dessus du lit, en deux pans symétriques.

— Je vous présente l'assassin de ma femme. (L'inspecteur et l'assassin se serrent la main)

— Vous n'avez jamais tué personne, vous?
— Si, si, quelques erreurs de diagnostics…

Carole Bouquet a l'air folle, les yeux étrangement décentrés.

Mes parents devaient attendre Les Tontons flingueurs à cause de Michel Serrault et Bernard Blier. Ça a dû leur faire un choc.

Les essais de Michel de Montaigne

Vendredi (hier), quai de la ligne 1 à La Défense.

C'était un vieux livre de poche à la tranche verte. Comme il était couvert d'un papier blanc, il m'a fallu m'approcher pour lire le titre en haut de page, qui était indiqué exactement ainsi: Les Essais de Michel de Montaigne.



Petit matin à La Défense

Derrière le bouquet de bambous où je me suis arrêtée lire quelques dernières lignes avant d'entrer au bureau, j'entends la conversation téléphonique d'un Arabe, grand, sec, mal rasé, la trentaine.

— Ah bon? C'est pas une fille du bled?
— …
— C'est pas une fille du bled? Elle est pas réservée depuis vingt-six ans?

Dérive

Hier, 19h35 - J'arrive que le quai du RER A à la Défense, un peu plus bondé que normal. Une rame est arrêtée de chaque côté du quai, portes ouvertes, pleine, attendant de démarrer. Les écrans indiquent que les pompiers interviennent à Fontenay, que le trafic est interrompu entre Vincennes et Fontenay.
Peu m'importe, je descends aux Halles.

Alors les hauts-parleurs annoncent que les trains ne partiront pas: le trafic est interrompu sur toute la ligne. Aussitôt je reprends les escalators, me faufile dans les portillons pour passer dans la zone du métro (il est possible de sortir du métro sans ticket, tandis que pour sortir du RER il faut utiliser le ticket qui a permis d'entrer et les contrôleurs guettent souvent. Or je n'ai pas de ticket, je n'ai pas mis mon manteau et j'ai oublié ma carte navigo dans sa poche); je calcule le meilleur itinéraire pour rejoindre Paris en prenant en compte que le millier de personnes contenu dans les rames va prendre ces mêmes escaliers et faire les mêmes calculs.
Je choisis de prendre le train jusqu'à Saint-Lazare, cette possibilité est souvent oubliée par les usagers du RER. Je fraude encore. Je préviens les enfants de dîner sans m'attendre, je ne sais pas à quelle heure je rentrerai.
J'attends. J'achète des mars. Je mange un mars. Pas de cigarette.

Train. Il fait beau, comme prévu il y a de la place, je suis assise, je m'endors.
«Gare Saint Lazare», la voix traverse l'épaisseur de mes rêves, mouvement de panique et déception, je pensais être chez moi, mon sommeil ayant enregistré le bruit du train: quand le train s'arrête, je suis chez moi. Non, je suis à Saint Lazare. Je descends des escaliers, je remonte sur un quai parallèle à notre arrivée, j'aperçois des contrôleurs en bout de quai, ils semblent contrôler ceux qui prennent le train (et pour cause: j'ai changé de quai par le tunnel souterrain, je ne suis plus sur le quai d'un train que les passagers quittent (ce n'était pas pour frauder mais pour éviter la foule, gagner du temps)), je ne prends pas le risque, je fais demi-tour, je descends, sors rue de Rome, prends la ligne 14, note au passage dans le hall une rangée de barrières grises gardées par cinq ou six agents de la RATP sans comprendre ce qu'ils protègent ainsi (y a-t-il des travaux, un accident?)
De l'autre côté des portillons, encore des contrôleurs, assez loin. Mais j'ai des tickets métro, j'en ai acheté un carnet en constatant que je n'avais pas ma carte, les tickets de métro permettent de sortir de l'enceinte du RER dans Paris (zone 2) (mais pas à la Défense: zone 3. A quoi reconnaît-on un Parisien? Il sait que le RER de la Défense est en zone 3 et le métro en zone 2. Régulièrement il délivre des prisonniers du RER innocemment entrés dans le RER en zone 1-2 (c'est-à-dire dans Paris) et ne pouvant plus en sortir à la Défense (alors que s'ils avaient pris le métro ils n'auraient pas eu de problème) (astuce pendant que j'y suis: il y a souvent des contrôleurs à la sortie du RER à la Défense (ben tiens: après ce que je viens d'expliquer vous comprenez pourquoi), si vous n'avez pas de billet pour sortir, passez dans la zone du métro au niveau du palier intermédiaire, entre la très longue volée d'escaliers qui vient du quai du RER et la plus courte qui arrive au "raz de dalle".))

Je monte dans la rame, ne sors pas mon livre, rêvasse. Est-ce que je vais jusqu'à gare de Lyon, comme il est très simple avec la ligne 14 (le changement est très rapide), ou est-ce que je m'arrête aux Halles (changement nettement plus long)? J'opte pour les Halles, toujours en partant du principe que beaucoup de personnes bloquées à la Défense arriveront directement gare de Lyon: il s'agit de les court-circuiter en prenant le RER en amont.
Dans les couloir je croise des policiers, ça fait beaucoup d'uniformes pour un seul soir, mais que se passe-t-il?

Je franchis les portillons, j'entends «la circulation du RER B est interrompu en direction de St-Rémy-les-Chevreuse et Robinson. Ça m'est égal, mouvement de joie, absence de pitié, schadenfreude, le D circule.
L'accès de l'escalier qui descend sur le quai du D est barré par une bande de plastique rouge et blanc. J'ai joué j'ai perdu j'aurais dû rester dans le métro 14. Bande de menteurs, vous aviez dit le RER B! Je m'apprête à passer dessous mais une grosse dame genre juive pied noir me précède en maugréant. En se penchant pour passer sous la bande elle manque de tomber je la vois dévaler, dévaler, les marches de l'escalier... Elle se reprend, nous descendons les marches. Le quai est désert, au loin quelques uniformes sont en train d'évacuer les dernières personnes, le panneau indique "ZUCO 02mn", c'est mon train, ma direction (parmi les multiples branches possibles), j'espère que les uniformes ne nous ont pas vues, ou qu'ils vont venir lentement, deux minutes...

Je m'assois.

Ils sont là, un blanc un noir en bleu marine.
— Vous ne pouvez pas rester là Madame, on évacue le quai.
— Ça m'est égal, je veux me suicider sous une rame. La Chute. La Chute, mais sans arme, juste pour voir.
— Oui, mais pour l'instant, vous ne pouvez pas rester là.
—Non. j'en ai marre. Je monte le ton, j'ai dans l'oreille les blackettes hystériques, j'essaie de leur ressembler juste assez, pas trop mais suffisamment. Déjà à la Défense il n'y avait plus de train et maintenant ici… Ma voix tremble naturellement, j'aime bien l'effet. Je sens le souffle qui manque, le coeur qui se serre, les manifestations du stress. C'est bien. C'est ce qu'il faut. J'en ai marre.
Le noir insiste:
— Il faut partir.
— Je ne partirai pas sauf si vous me portez. Est-ce qu'il en a le droit? Est-ce qu'il oserait? Image nuptiale de seuil franchi, les escaliers royaux du RER D… Curiosité. Ulysses déteint.
— Je ne vous porterai pas Zut mais on peut vous amener un fauteuil… Vous pourrez vous reposer avec des petits gâteaux? Jane Austen maintenant, de la porcelaine à fleurs et des langues de chat.
— Je ne veux pas partir. Je veux exploser. Boum! Geste de mains. Je ne veux plus de tout ça. Laissez-moi. Longtemps je me suis dit que j'allais être arrêtée pour agression sur un agent RATP. Maintenant je me dis que je vais finir à Sainte-Anne. Repos. Rémi viendra me voir avec Bernard et ils me raconteront des anecdotes psychiatriques. Nous rirons. Le Maître et Marguerite.
Le blanc cède, conciliant, se tourne vers son collègue:
— Viens, on va la laisser.
Le noir insiste:
— Il n'y a plus de train, madame. Ils ne s'arrêtent plus.
Une rame arrive, ralentit. Va-t-elle s'arrêter? Jusqu'où sont-ils butés, jusqu'où voudront-ils avoir raison, les ai-je suffisamment convaincus que je perdais la tête pour qu'ils ne veuillent pas avoir raison à tout prix?
Le train s'arrête. J'en rajoute une petite couche s'il ne me laisse pas le prendre, je perds entre une demi-heure et une heure, le suivant ne s'arrêtera sans doute pas, il faudra que j'aille reprendre le métro.
— C'est mon train, putain. J'ai des enfants. Vous allez m'empêcher de le prendre?
Ils s'écartent.
— Allez-y.

Je monte.
Train.
Soleil. Le ciel est presque du même bleu que les toits en zinc. Cités ouvrières. J'essaie d'imaginer avant, avant les maisons, ou même avec les maisons des années trente, les rangés de maisons identiques. Il en reste quelques-unes.

La fin du monde (avec l'accent écossais): qui veut danser le rigodo, le rigodo, le rigodon?
Je suis heureuse de ne pas avoir abandonné dans les boeufs du soleil.

Les enfants sont gentils, ils prennent soin de moi. Ils m'appellent pour savoir où je suis, j'arrive à Villeneuve, en concluent que je ne suis plus loin: «On te prépare à manger aussi, alors». Jambon-pâtes, ça me fait rire (mais avec du pesto). Ma fille me surveille, me gronde parce que je me couche trop tard (je n'ai plus le courage de me coucher, ça m'ennuie, les gestes m'ennuient. Beaucoup de gestes m'ennuient (mais je ne lui explique pas cela)) et me réveille le matin. Je ne proteste pas, c'est étrange cette impression que quelqu'un assume la vie à ma place.

Aujourd'hui, matin - Voiture grise, celle qui est accidentée, car le pneu de la blanche m'inquiète. En arrivant en vue du quai, nous savons que quelque chose se passe mal. Les trains de 7h06 et 7h21, c'est-à-dire ceux qui vont dans le nord, sont supprimés. Cela signifie que les autres trains sont plus pleins, bien sûr, qu'on ne peut pas s'assoir, mais surtout que lorsqu'on a une correspondance aux Halles, il faut prendre la ligne A (ou 1 ou 14 en cas de problèmes…) entre gare de Lyon et les Halles. Un changement de plus dans ce chaos, un risque de plus de mise en satellite dans le grand n'importe quoi.

Vie quotidienne #resistance

Prendre des photos, c'est maintenir à distance, c'est éviter de se laisser envahir.

Décontenancée

Messe à La Défense. Saint Thomas d'Aquin. Prêche: "nous avons un devoir d'intelligence".

Au rez de chaussée sous la nef, le hall d'accueil propose une minuscule librairie. J'erre devant les titres, et finis par choisir Le château intérieur de Thérèse d'Avila.

Une très vieille dame courbée, sans doute bénévole, encaisse et note les références des achats dans un cahier à souche: «Ça y est, vous avez choisi? (Et prenant le livre et l'examinant) Ah oui, ce n'est pas tout jeune, mais on peut toujours s'y plonger.»

Canopée

Au centre de mon nouvel immeuble il y a une jungle et des poissons rouges.

La Défense, lieu d'histoire

Un homme m'a demandé si je cherchais quelque chose, j'ai dit que je voulais seulement voir l'ancienne gare [de Cahors], mais je n'ai pas osé expliquer pourquoi, de crainte de me présenter dans l'emploi fastidieux, et obscène pour le coup, chère Arcadie, de héraut de la poésie. Et pourtant il me semble que ce serait moins dur de travailler dans ces murs si l'on connaissait l'existence de ces lignes qui leur sont consacrées. Gare, ô double porte ouverte sur l'immensité charmante / De la Terre...[1]
RC, Journal d'un voyage en France, p.468

Certitude: La Défense est devenu pour moi un lieu "possible", habitable, vivant, un vrai lieu avec une histoire et non une place artificielle et inhumaine, du jour où j'ai découvert la statue de Barrias posée sur un pilier en plein centre du parvis (et curieusement invisible, in-remarquée, sur le fond de tours qui constitue l'horizon) et que j'ai appris que ce nom de Défense était un hommage aux Français qui avaient ici défendu Paris contre les Allemands en 1870.

Notes

[1] Valery Larbaud, Les Poésies de A. O. Barnabooth, in Poésie Gallimard, pp.38-39 et in Oeuvres, Pléiade, pp.51-52.

Déménagements

Au sein du même groupe :
- été 1996 La Défense côté Seine (filiale)
- été 1997 boulevard Haussmann (changement de filiale)
- décembre 2001 boulevard Malesherbes (au siège)
- février 2002 aux environs de la place Saint Georges
- décembre 2003 rue de Washington (changement de service)
- automne 2004 retour boulevard Malesherbes
- automne 2006 déménagement dans une rue adjacente
- mai 2009 La Défense côté Seine (retour dans la filiale de départ, mais pas dans le même immeuble qu'en 1996)


À la fin de cette semaine, je devais déménager du côté de la Grande Arche. C'est reporté à la semaine prochaine, et pour cause: j'ai vu le plateau à midi, rien n'est prêt, au mieux les cloisons ne sont pas posées, au pire c'est la moquette.

Je serai au sud, bureau très lumineux (et fenêtre qui s'(entr)ouvre, enfin!), mais vue sur la dalle de toit du centre commercial. Au loin le mont Valérien ? mais caché par un immeuble.

Profitons donc de la vue actuelle de mon bureau.
Ceci est un coucher de soleil hivernal, photographié comme toujours avec mon téléphone:

La Défense, terre de France

Ce matin je n'ai pas emprunté ma sortie de métro habituelle. (Quelle aventure!)
Et j'ai pris l'escalier en colimaçon plutôt que l'escalier large. (Quelle aventure, bis.)

Et je suis arrivée devant… une vigne.






Le soir, match contre le Mexique vu au "Soleil" à Ménilmontant avec Tlön et Sko† et Slothorp.

Le manège de La Défense

Lorsque j'avais vu cet éléphant, je m'était dit «Tiens, on dirait La maison à vapeur» (sans doute mon Jules Verne préféré, parce que ce doit être le premier que j'ai lu).





Bingo, la décoration du manège est entièrement inspirée de thèmes julesverniens.


Déjeuné avec Matoo. Il a perdu des joues et porte bien le costard.


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Note le 23 mai 2015
Je lui ai raconté la situation. J'ai beaucoup parlé, j'ai un peu honte en y repensant. Il a été très gentil.

Je copie les notes que j'avais écrites dans la partie non publiée du blog. Je suppose que les "questions" étaient celles d'H. qui n'a pas compris pourquoi j'étais si bouleversée — plus tard, quand j'ai été capable de parler, il n'a jamais admis que j'ai pu avoir peur que les huissiers débarquent à la maison, jamais admis qu'il y avait quelques raisons de s'inquiéter, que cela aurait pu choquer les enfants.
Donc les mots de l'époque que je n'ai pas mis en ligne parce que je ne voulais pas qu'on m'en parle, qu'on me demande de mes nouvelles: «Un chose est sûre, je ne sais pas répondre aux questions. Je ne peux pas répondre. Pas le courage, pas la force, la rage qui monte, tout de suite, la colère ne pas réussir à s'expliquer. Je suis autiste.

Crise de larme.»

Marelle

Quand vous marchez en talons sur les dalles de La Défense, vous jouez au vieu jeu qui consiste à ne pas marcher sur la ligne entre les carreaux.
Si vous coincez votre talon entre deux dalles, vous avez perdu.

D'où la démarche dansante de certaines femmes les yeux au sol, calculant le point d'impact de leur talon ou décidant de marcher sur les demi-pointes.

Notre-dame de la Pentecôte

8 heures, endormie et vaseuse. Vendredi. Messe à l'église de La Défense, un peu par curiosité, un peu parce que ce serait pratique si ça me convenait.

Nous sommes une trentaine, et à ma grande surprise, seulement quatre ou cinq femmes.

La lecture n'est pas une lecture mais une récitation: la jeune femme est aveugle, elle récite d'une voix claire, à peine hésitante vers la fin du passage, l'histoire de David et Bethsabée. Celle-ci me paraît longue, j'ai peur que la jeune femme se trompe, qu'elle ait un trou de mémoire. Jamais je n'avais écouté avec autant d'attention; je n'avais pas retenu les multiples péripéties de l'affaire, David invitant Ourias à sa table, souhaitant l'inciter à la faute pour couvrir la sienne. Si Ourias avait été moins pieux, s'il n'avait pas respecté la règle qui interdisait aux soldats de rejoindre leur femme en temps de guerre, David ne l'aurait pas envoyé à la mort.
Il arrive souvent dans la Bible que la vertu ne soit pas récompensée, je n'y ai pas prêté suffisamment attention quand j'étais plus jeune.

Mon premier sapin cette année

Je n'avais pas réalisé que nous étions si proches de Noël. Ce week-end, j'ai découvert que les pâtisseries vendaient déjà des marrons glacés.

Sapin lumineux à la Défense devant les portes d'une entreprise, premier sapin de l'année, accompagné de chants sirupeux :

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L'heure où les carreaux passent de la transparence au reflet

Phrase fétiche de Passage, phrase que j'aime beaucoup, évoquant l'arrivée de la nuit sans parler ni de la nuit ni du jour.

Chaque jour j'assiste à l'inverse des fenêtres de mon bureau.

Ville imaginaire, tremblante comme de l'eau, dans les carreaux le matin :






Cases illuminées dans la nuit, comme autant de tiroirs:






(Et toujours mes photos minables de téléphone. Désolée pour vous, je les aime ainsi.)

Qu'on la privatise!

sur l'air de «Qu'on leur coupe la tête!»

Ne m'envoyez pas de pétition pour la sauvegarde de la poste. Il est trop tard, bien trop tard, dans mon esprit.

A quoi sert une poste qui ne vend plus de timbres (véridique, vécu au 4 temps de la Défense: «Je n'ai pas de timbre à 0,90 centimes, utilisez les automates» (Mais je ne veux pas de leur hideuse vignette bleue, moi, qu'est-ce que c'est que cette poste?)) et où poster le moindre CD ou livre de poche coûte plus de cinq euros, en colissimo, car il n'existe plus de tarif économique pour les paquets («Vous comprenez, c'est pour tracer les paquets.»: mais je me moque du traçage, moi, je veux juste que ça arrive, et ça n'arrivait pas si mal, avant le collissimo. J'ai reçu des livres du monde entier et ils arrivaient. Et s'il y a des vols, pourquoi devrais-je payer pour un suivi? Double peine.)

Et j'ai trop râlé contre ces facteurs qui ne sonnaient pas à la porte mais mettaient directement l'avis de passage dans la boîte aux lettres — et quand on élève une protestation formelle (par écrit), on reçoit en réponse que cela ne dépend pas de la poste, qu'il s'agit d'une filiale (oui, il aurait fallu protester il y a des années, nous avons manqué de vigilance).

Qu'on en finisse. Arrêtons l'agonie, abrégeons les souffrances. Mettons-la à mort, ça ira plus vite.

Et installons des automates un peu partout, dans les gares et les bureaux de tabac, puisque nous ne pouvons plus avoir de timbres.



Bonus : projet pour les P.T.T. en 1953

Abandonnée

La Défense, huit heures du matin. Seule sur le parvis.



Les grues et la puissance de Dieu

Il me semble parfois que les grues répondent à la question: «Dieu peut-il créer une pierre si lourde qu'il ne puisse la porter?»

Peut-on bâtir un édifice si haut (pont de Millau, tours de Dubaï ou de Shangaï) si haut qu'on ne puisse utiliser de grue?

Ici, la tour Axa à la Défense dans le soleil levant.

Potager

Il y a quelques jours, j'ai remarqué un potager en contrebas de la tour Gan eurocoutage.
Un homme fait pousser des tomates et des courgettes au-dessus du boulevard circulaire, en dessous de la passerelle, entre les bouches d'aération du parking.


Vue d'ensemble : en bas le boulevard circulaire, le triangle flou en bas à gauche est la balustrade de la passerelle, les tomates sont au pied de l'arbre.



Vue de plus près (Photo de téléphone : les tâches rouges sont les tomates, les jaunes des fleurs de courgettes.):

L'été, enfin

C'est un classique, mais j'en connaissais plutôt la version Trocadéro.

J'aime bien.

Emmanuel Pouvreau

C'est amusant de redécouvrir La Défense treize ans plus tard. Les arbres ont poussé. Je ne me souvenais pas qu'il y avait autant de sculptures. Je vais m'asseoir dans la chapelle (ou l'église?), pour le plaisir.

Entre l'église et le Cnit, je remarque une plaque :




Je recopie pour Google :
En hommage à Emmanuel Pouvreau, 1900 - 1962, industriel, fondateur du Cnit.
Médaillon réalisé par Paul Belmondo
Inauguré par M. Jacques Gautier, premier vice-président du Conseil général des Hauts-de-Seine, président du Conseil d'administration de l'EPAD
Le 21 mars 2007

Escalator de la Défense, matin

Derrière moi deux jeunes femmes discutent :

— Et il fait tellement chaud dans les transports en commun! Tu fais comment, toi?
— Je me mets à poil. Je ne me rhabille qu'au moment de sortir du bus.
— Ah c'était toi? Je me disais aussi, quelle popularité, cette ligne !

A nos morts

Hier, journée à la Défense.

Je contemple longuement la vaste plaque de marbre fixée au mur dans un recoin formé par les couloirs qui se coupent à angles aigus dans cet immeuble moderne des années 70. Elle est gravée de plus de cinquante noms, sans prénom (et cela donne mauvais air à cette plaque, il est plus difficile de donner consistance à ces hommes sans les "Antoine", "Louis", "Armand" habituels), hommage aux salariés morts pendant la guerre de 14-18.
Je ne savais pas que cette filiale du groupe était si ancienne.

Plus tard, en remontant le parvis pour prendre le RER, je m'arrête devant une statue célébrant le courage des Parisiens durant la guerre de 1870 et replacée à sa place originelle en 1983, apprené-je grâce à une plaque, et tout à fait déplacée dans cet environnement, hissée sur une colonne pour atteindre le niveau du parvis. Drôle d'idée, mais émouvante, comme si l'histoire avait réussi à s'imposer malgré tout.
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