Billets qui ont 'Melun' comme ville.

Une grosse con***

J'ai posé ma matinée pour participer à un atelier sur l'Europe à Melun.
Je suis toujours un peu perdue dans les diverses offres autour de l'Europe; en l'occurence ce matin, il s'agissait de la communication institutionnelle du parlement européen dont le but est de faire voter, mais «de préférence pour des députés pro-européens», a fini par ajouter une des participantes, pointant les limites du parti pris apolitique.

La plupart des présents étaient professeur, préoccupés d'avoir des outils pour parler aux lycéens et aux étudiants. A été évoquée avec fierté par les jeunes organisateurs une vidéo de mauvais goût: un jeune votant et sa grand-mère, avec le slogan «c'est la première fois que je vote, c'est peut-être la dernière fois que je vote» (mais quelle horreur: eux étaient tout fiers de ce lien générationnel). Je vous mets quelques liens (s'ils sont en anglais, fouillez un peu, il est toujours possible d'obtenir du français): dans ma région, dans ma vie et quelques gros plans, série de podcasts.

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Le matin j'étais comme d'habitude en retard. En constatant que je n'avais pas de raclette pour gratter le gel sur le pare-brise, j'ai utilisé la coque de mon téléphone.
J'ai bousillé le pare-brise. Il est profondément rayé, de plusieurs grandes rayures, juste au niveau des yeux puisque c'est l'endroit qu'on gratte en premier.
Je ne comprends pas comment c'est possible. Sans doute le pare-brise n'est-il pas en verre? mais la coque est bien en plastique, comment est-ce possible?

Quoi qu'il en soit, cela met fin à notre espoir de faire réparer la fuite dans le dossier de la voiture due à une erreur du garage mandaté par l'assurance suite à l'accident de mars dernier. En effet, un nouvel expert devait passer. H a remarqué: «quand il va voir le pare-brise, il va réformer la voiture».
Nous allons devoir trouver une solution tous seuls. Je me demande combien ça va coûter.

Ce soir nous sommes déprimés.

Melun 7h17

passage en train sur le pont SNCF de Melun à 7h15 le 10 mars

Melun 7h17

Il pleut enfin. Sans doute pas assez, mais c'est un début.

passage en train sur le pont SNCF de Melun à 7h15 le 1er mars

Melun 7h15

passage en train sur le pont SNCF de Melun à 7h15 le 1er mars

Rien

6h58, la Seine à Melun.



Reprise de l'entraînement d'ergo de base, celui commencé pour la première fois en juin 2019 et que je reprends au début à chaque fois que je le reprends (l'année dernière en mars et maintenant).

Le soir, pas d'orage mais une athmosphère d'orage. J'ai dormi comme une masse pendant le trajet. Il pleut quand je sors du train. Il me reste quatre cigarettes. Nous partagerons.

Rien

6h57, la Seine à Melun.



Orage en sortant du train à Moret le soir vers sept heures et demie.
Deux google drive (mes premiers GoogleDrive à moi: jusqu'ici je recevais des photos, je ne créais pas les dossiers) pour partager les photos du mariage et de Cerisy.

La cravate solidaire

H. a perdu deux tailles lors de sa première infection au covid. Il a trié sa garde-robe et nous avions quatre ou cinq vestes, deux ou trois pantalons à donner.
Depuis que j'ai vu un reportage sur les vêtements européens au Ghana, je ne sais plus s'il faut utiliser les bennes à vêtements. J'aurais pu aussi les donner à la Croix Rouge ou au Secours catholique. Mais j'ai cru comprendre qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de très grandes tailles.

J'ai googlé et j'ai trouvé La cravate solidaire. Il s'agit d'une association qui ne récupère que des vêtements qui puissent être portés en entretien d'embauche. Pour Paris, les vêtements peuvent être déposés les lundi, vendredi et samedi après-midi de 13h à 17h au 134, rue Nationale à Paris.
J'y suis donc passée cet après-midi.

Puis velib, quartier St Germain, j'achète un pantalon blanc pour aller avec mes chemises et pour soulager mon pantalon noir reprisé.

Puis librairie polonaise parce qu'elle est toute proche. Et donc j'ai acheté des livres1.
Bibliophore :
Malgorzata Smorag-Golberg, Marek Tomaszewski, Mémoire(s) des lieux dans la prose centre-européenne après 1989
Dario Pontuale, La malle de Joseph Conrad
Stéphane Mosès, Exégèse d'une légende
Alexeï Varlamov, Mikhaïl Boulgakov
Jean-Luc Sochacki, Dictionnaire insolite de la Pologne

Ça m'a fait plaisir.

Le soir H. regarde la dernière vidéo de Xavier Tytelman qui est la référence sur la guerre d'Ukraine.
Les Ukrainiens ont bombardé et fragilisé le pont vers Kherson. Maintenant, il ne peut être emprunté qu'à pied ou en véhicule léger. Les Russes peuvent quitter la zone, mais sans leurs blindés.
Selon la diplomatie occidentale, l'enjeu maintenant est de ne pas humilier Poutine de façon flagrante, de peur que celui-ci réagisse par un missile nucléaire. Comme dit un participant sur la vidéo (Sergueï quelque chose, qui était à l'école de guerre avec Poutine: «nous réfléchissons comme si Poutine était rationnel, mais il ne l'est pas»).

Seine : deux photos vers l'aval, matin 6h57 et soir 19h44. Le train est proche le matin, sur des voies plus lointaines le soir.

Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h57 le 29 juillet 2022 Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 19h44 le 29 juillet 2022






Note
1: reçu une carte de Patrick qui m'a bien fait rire. Je cite: «J'ai lu un livre».

Les clients

Jeudi. Le jour de la semaine sans sport. J'ai des courbatures.

Matin 6h57 vers l'aval (vers Villeneuve-St-Georges, la Défense, là-bas, au loin); soir 18h41 vers l'amont (vers Bois-le-Roi, Fontainebleau, Montereau), sur le même pont, mais pas les mêmes voies : je regarde le fleuve et visualise son passé et son futur.

Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h57 le 28 juillet 2022 Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 18h41 le 28 juillet 2022


Je finis la saison 3 des Boys. Cette omniprésence du père dans la fiction américaine. Le côté «je suis ton père» est si récurrent que je me demande si ce n'est pas un clin d'œil sardonique à l'intention de ceux qui le percevront.
Par ailleurs, l'un des réalisateurs a tourné The Walking Dead: je suis fière d'avoir reconnu son esthétique (gore).

H. m'attend chez Toufik (la buvette de la gare). C'est toujours un peu la foire chez Toufik, il a fait brûler ses croissants ce matin (après mon passage) et une cliente vient de lui offrir un minuteur. Elle lui apprend à s'en servir: «Ne le laisse pas dans la cuisine, tu ne vas pas l'entendre, ramène-le au comptoir». Un second client, cuisinier, a, lui, trop fait cuire ses cookies et les a laissés sur le comptoir de la buvette car il ne pouvait les présenter à ses clients, leur consistance est excellente, celle de croquants aux amandes. Un troisième, épuisé («j'ai commencé un plafond et j'ai voulu le terminer sinon j'y aurais pensé toute la nuit»), offre du pain berbère non levé (j'ai déjà oublié le nom) à Toufik… et à nous puisque nous sommes là. Nous l'emmenons enveloppé dans du papier d'aluminium.

Tout est fermé à Veneux. Fontainebleau. Le japonais est aussi fermé. Bar'back.

Huit

La Seine vers l'aval à 6h59.

Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h59 le 27 juillet 2022


J'ai abandonné l'idée de télétravailler. Je gare ma voiture à Fontainebleau le matin pour rejoindre le club à l'heure le soir. Parce que j'ai insinué qu'on pouvez s'entraîner même si tout le monde n'était pas là, nous sortons en huit. Nous complétons le bateau et sortons. Il fait beau.
Je suis plus décontractée depuis que j'ai reculé ma planche de pied.

Repas devant le club jusqu'à la nuit. Empanadas et île flottante.
Pour blanchir les coques de bateau, appliquer de l'acide chlorydrique au pinceau.

Quotidien

Toujours pas grand chose. La Seine à 7h46, vers l'amont, une heure plus tard qu'hier car j'ai pris le temps de vingt minutes de Tabata ce matin. L'amont est moins beau car la voie est plus éloignée de la Seine.
Je pense à Barthes regrettant que l'édition d'Amiel en français expurgeât les mentions de la météo au dessus de la Genève.


Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 7h46 le 26 juillet 2022


Nouvelle organisation: je viens de comprendre qu'en achetant cinq jours de déjeuners à Prêt à manger, je gagnerai de précieuses minutes tous les matins, surtout les jours où je fais de l'ergo (ergonomètre: rameur).

Le soir je reprise mon pantalon noir sur la terrasse en continuant ma série. Bizarrerie des Boys : on peut montrer une partouze de superhéros (avec des bites télescopiques, des volumes monstrueux de sperme, etc), mais pas la paire de seins de l'héroïne. Cet épisode (S3:6) a une dimension grotesque dans son exagération.

Le jardin est un réconfort. Les fleurs de bougainvillier sont d'abord minuscules, puis grandissent (je veux dire que ce ne sont pas des fleurs en boutons qui éclosent). Nous sommes vieux: dans le jardin à regarder l'herbe pousser. Ce n'est pas désagréable. Les martinets ont laissé la place aux hirondelles.

The Boys

Il ne s'est pas passé grand chose aujourd'hui. Donc une photo de la Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h57, vers l'amont, vers l'est.

Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 6h57


L'été passe, il fait déjà moins jour, et j'en ai la nostalgie.

Entraînement d'ergo. Toujours pas au niveau d'avant le covid (niveau pas bien haut certes, mais justement, j'aimerais retrouver au moins ça).

Journée tranquille, à l'adhérent de 88 ans près qui me dit: «on m'a tué ma femme». Maladie nosocomiale après une opération banale d'un hallux valgus. Que répondre à ça? Et de chagrin (de fatigue) il est tombé. Deux mois d'hôpital avant «qu'on me mette dehors le premier juillet».
Il n'y a rien à dire, alors j'écoute.

J'entame la troisième saison des Boys. C'est vraiment très étonnant. C'est si violent que c'en est gore façon Walking Dead. Au début j'ai pensé que c'était une critique sardonique du capitalisme américain, de son cynisme et de son goût de l'image. Mais c'est aussi une illustration de la règle «Chacun a ses raisons». Les gentils sont méchants et les méchants sont malheureux.
C'est également un curieux mélange des années 60 (le méchant par excellence est nazi) et des années 2010 (réseaux sociaux et terrorisme islamique).

Tex Mex

Tabata le matin plutôt qu'ergo (séance plus courte, pour la reprise). Je tousse à plat sur le dos (les abdos) mais plus à l'effort cardiaque (l'essoufflement). J'ai décidé de partir plus tard car le soir je me décale beaucoup.

Canicule prévue cette semaine. Magnifique bleu profond à 7h47 de la Seine à Melun.

Seine à Melun à partir du train


Déjeuner avec une fournisseur. Si nous avons des anecdotes concernant notre déménagement, elle nous bat largement: déménagement avenue de la Grande Armée dans un espace de co-working. Cependant, parce qu'ils travaillent dans la santé, un espace privatisé a été aménagé, avec un sas d'entrée. La canalisation des eaux usées (toilettes) a explosé au-dessus du sas. Quatre étages de m*** se sont déversés dans le sas, l'eau marron qui monte...: «Et puis l'odeur... malgré le nettoyage, ça reste.»

Le soir, H. me propose de venir me chercher à la gare de Fontainebleau pour manger sur place. C'est aussi un test: combien de restaurants ouverts dans la ville un lundi soir, ce qui constitue une mesure de provincialisme.

Le résultat est en courageant.
Nous dînons en terrasse dans un Mexicain.

Un arbre sur la voie

Partie tôt du boulot, vu Titane aux Halles (je ne sais qu'en dire. Ce n'est pas un film d'horreur. C'est un film corporel: du corps nu non enjolivé… et du bizarre violent), attrapé le train de 18h07.

Arrêt à Cesson sous une pluie battante. Il y a un arbre sur la voie à Bois-le-Roi, tous les trains s’arrêtent à Melun, bouchon devant nous, attente, puis nous sommes invités à descendre du train pour prendre celui sur le quai d’en face qui va nous emmener à Melun.

Photo de la Seine sous la pluie juste avant la gare de Melun. La photo indique 19h07. Nous avons déjà perdu une demi-heure.



Melun. Attente sur le quai. Pluie fine. Toutes les cinq minutes les hauts-parleurs nous invitent à nous écarter car «des trains à grande vitesse circulent sur les voies». Je finis par demander à @ligneR (compte Twitter) si c’est vraiment indispensable. Je me demande d’ailleurs à quoi servent ces comptes Twitter: à nous permettre de nous défouler? A canaliser l’agressivité en lui donnant un échappatoire? Il me semble vaguement que les messages s’espacent, mais c’est peut-être purement psychologique, comme ces faux thermostats dans les bureaux pour régler la température.
Toujours est-il que lorsqu’enfin un train grande ligne passe, ce n’est pas le message enregistré qui passe, mais bien quelqu’un de la gare qui parle: le problème des enregistrements, c’est que plus personne ne les croit.

L’enfer de Dante traduit par Antoine Bréa en «parlure vulgaire». H. ne peut pas venir me chercher car la voiture est dans le parking et sa carte navigo n’est toujours pas activée pour permettre d’en sortir.

Je rentre à la maison avec deux heures de retard. Relativisons, c’est la première fois que cela arrive en six mois. Crêperie.

Vendredi 11

J'ai hésité à me lever, mais il semblait faire beau: impératif de ne pas laisser passer le moment. Tous les jours je me dis que je n'ai pas vécu la veille, les semaines précédentes, en me rendant compte suffisamment de ma chance (me revient Viktor Klemperer (en ai-je déjà parlé? je radote) ouvrant après la guerre une malle contenant quelques souvenirs, un album de timbres, et s'exclamant: «comme nous étions riches»). Comme nous sommes riches et chanceux.

Double avec Gwenaëlle. Quinze kilomètres, jusqu'au point G (! : un gros panneau sur la berge au-delà du pont de Chartrettes marqué G). Elle n'a pas arrêté de parler, c'est comme si j'avais eu la radio. Ce n'est pas désagréable, mais je m'interroge: poussé-je plus qu'elle, ce qui expliquerait que j'étais essoufflée et pas elle, ou suis-je en mauvaise condition physique?
La piscine de Melun , berceau de Manaudou, est fermée: six cent mille euros de réparation après la crue, les assurances remboursent à condition que les prochaines pompes soient dans des bâtiments insummersibles.

J'avais l'intention de ranger ma chambre (commentaire de O: «c'est ambitieux») mais wiskhy et sieste. Une petite heure de rangement.

Miss Peregrine et les enfants particuliers à Yerres. La salle pleine.

Seine

Une photo des abords industriels plus près du club, pour changer. Gris sur gris.

2016-0117-Seine-sabliere_100.jpg

Plumeau peupliers

Huit de pointe. La première fois depuis trente-cinq ans, au moins. Ou la première fois tout court, je ne sais plus, en fait.
Il ne me reste plus que le quatre de pointe à essayer.

Caroline, ancienne internationale en train de monter dans son skiff:
— Oh, un huit, ça ne se retourne pas. Mais ça peut casser.

Franz, entraîneur : «en huit, deux règles de base: être assis sur ses deux fesses et ne pas plumer» (ce qui signifie qu'il ne faut pas tenter de trouver l'équilibre en compensant par le corps ou la pelle mais travailler la hauteur de mains).

Un peu moins beau que dimanche, mais encore jambes et bras nus.





PS : j'ai téléphoné à ma tante qui travaillait à la sécurité sociale. Anecdote:
— Un jour, il fallait aider quelqu'un à remplir la déclaration de sa femme qui était enceinte. Il a coché "oui" à la question "s'agit-il d'un accident?" Impossible de lui en faire démordre, même en lui expliquant que pour nous, cela signifiait qu'un tiers était impliqué.
— Après tout, c'était le cas. Avec de la chance, c'était peut-être lui.

Sur l'eau

De nouveau ce soir j'ai traversé toute la région parisienne pour aller ramer. Il fait nettement plus froid que la semaine dernière.

Manu se moque gentiment de moi :
— Alors, cette détente?
— J'y travaille. Dimanche j'ai fait du fun skiff.
— Du fun skiff? Non non, tu dois sortir en skiff.

Sa théorie est que je me suis trop habituée aux bateaux stables (le fun skiff est plus large que le skiff). Il est normal qu'un bateau fin soit en déséquilibre, m'a-t-il expliqué (et savoir que c'est normal, que ce n'est pas un défaut de ma part, me soulage déjà), il faut juste l'accepter. Et pour s'y habituer, l'accepter, il faut sortir en bateau fin.


Une douzaine de kilomètres.
Comme des orages sont prévus, il y a eu des lâchers d'eau en amont, et la Seine charie des branches, des bûches, des troncs, parfois impressionnants, dangereux pour nos coques.
J'ai l'impression que je suis un peu moins tendue.





Printemps

Matinée en yolette de pointe. Elle n'est pas sortie depuis longtemps et quand nous la posons sur l'eau, elle commence par se remplir par une fissure… Elle embarquera environ deux litres d'eau, le temps que le bois commence à gonfler.
Belle sortie, un peu hésitante, nous n'avons pas l'habitude de ramer en pointe. Je n'ai pas ramé de la semaine, diverses réunions et urgences m'en ont empêchée, cela ajouté au geste inhabituel de la pointe me laisse courbaturée pour l'après-midi, des courbatures qui vont devenir de plus en plus présentes au fur à mesure de la soirée.

Pruniers en fleurs et saules pleureurs. (C'est la tache verte claire au dessus de la péniche la plus éloignée, vers le centre de la photo.) Ciel changeant, dès qu'il se découvre il fait chaud.





Taille des hortensias (une tâche jardinière par semaine, je ne peux faire plus). Vote. La relecture de ce blog me montre qu'il y a un an, je passais ma journée dans un bureau de vote. Cela ne me manque pas.

Dimanche

A Melun pour rien — accès au ponton inondé, débit à 585 m3/s. (La limite pour "sortir" est à 500).
En face du club, l'eau arrive au ras de l'île sur laquelle est bâtie la prison. Le ponton n'est plus accessible.





Le Revizor au théâtre de la Tempête. Spectacle s'appuyant sur un mot de la fin, "pantin", avec une mise en scène insistant sur la farce et le grotesque.

Eaux brunes

Impossible de ramer la semaine dernière pour cause de brouillard.
Aujourd'hui, le courant est rapide et le niveau de la Seine a beaucoup monté. L'eau est brun sale et charrie beaucoup de déchets, à commencer par des débris végétaux, branches et troncs, dangereux pour nos coques. Les péniches semblent dévaler la Seine comme les enfants une pente: «Normal, explique quelqu'un, il faut qu'elles aillent plus vite que le courant pour être manœuvrables.» Mais oui, c'est évident, c'est une question de physique.
Je contemple les arbres et me dis que j'ai été absente trop de week-ends: je n'ai pas vu la dernière chute de feuilles.

Monté la crèche, décoré le sapin.

Je continue mes notes sur L'Eglise de Congar. Livre aride, technique, dont le titre complet devrait être quelque chose comme L'évolution de l'idée d'Eglise à travers deux mille ans de christianisme. Exemple : le détournement de la pensée de Gélase:
«Il existe en effet deux instances par la primatie desquelles le monde est régi: l'autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal. En cela, la charge des évêques est d'autant plus importante qu'ils auront à répondre, au tribunal de Dieu, pour les rois eux-mêmes» «Duo quippe sunt, imperator auguste, quibus principaliter mundus hic regitur: auctoritas sacra pontificum et regalis potestas. In quibus tanto gravius est pondus sacerdotum, quanto etiam pro ipsis regibus hominum (domino?) in divino reddituri sunt examine rationem.»

Yves Congar, L'Eglise, p.32-33 (Cerf, 1970)
Au VIIIe et IXe siècles, cette citation est reprise dans un autre contexte:
Le Christ est à la fois prêtre et roi, selon le type biblique de Melchisédech. […] C'est pourquoi les deux pouvoirs, que le Christ réunit, se trouvent, mais séparés, dans son corps fait des fidèles. […] Et l'on cite le texte de Gélase, «Duae sunt» (supra, p.52)

Mais ce texte a subi ainsi un changement profond de sens. Pour Gélase, c'était le monde, mundus hic, qui était régi, comme par deux principes, par les évêques et par les rois. Pour l'épiscopat carolingien, c'est l'ecclesia-corpus Christi, l'Eglise-Corps du Christ. C'est au point que, si le texte de Gélase est souvent cité avec les mots originaux «mundus hic», «ce monde», bien que dans un contexte d'application à l'ecclesia, il arrive que les mots «mundus hic» soient remplacés, dans la citation même, par ecclesia ou, en tout cas, que le gouvernement de l'ecclesia soit attribué aux pontifes et aux rois. […] Ainsi ecclesia désigne, non plus (seulement) ce que nous appelons l'Eglise, mais le peuple des baptisés ou des fidèles, la société des chrétiens.

Ibid., p.52-53

Brume

Tellement de brouillard sur la Seine à Melun qu'on ne voyait pas les péniches qui passaient. Sorties interdites, pourtant un huit est parti dans le coton. Je songe à une nouvelle de Maupassant (mais laquelle?). Je regrette de ne pas avoir pris de photo: qu'aurait-on vu, qu'aurait-on compris?

Dormi tout l'après-midi. Je respire comme une bouilloire.



Je feuillette le Chenu acheté hier et trouve ces lignes de St Hilaire de Poitiers cité par Saint Thomas qui dépeignent à la fois mon impuissance et mon espoir croissants concernant mes études:
… C'est cette recherche qu'exalte Hilaire, dans son livre sur la Trinité: «Dans ta foi, entreprends, progresse, acharne-toi. Tu n'arriveras pas au terme, je le sais, mais le moindre progrès est déjà plein de grâce. Qui poursuit l'infini avec ferveur progresse, même s'il n'arrive pas à ses fins. Mais pour cela, garde-toi de prétendre percer le mystère, par cette immersion dans la vérité sans rivage; la première condition est de comprendre qu'elle passe toute compréhension.»
Somme contre les Gentils, Livre Ier, chap. 5 et 8.
Comm. sur le traité de la Trinité de Boèce, quest. 2, art. 3, rép. 5.

Marie-Dominique Chenu, St Thomas d'Aquin et la théologie, p.46

Du soleil

Ce matin, 14 km voire un peu plus sur la Seine — en fines bretelles, et j'ai même l'impression d'avoir le nez un peu rouge.

De Melun à Corbeil

En ramant. 25 km; j'en ai ramé 21 — à la nage. J'ai mal partout. Je ne comprends pas pourquoi, même à Venise je n'étais pas dans cet état-là — mais je n'étais pas à la nage.





Je me demande à quoi pense les grands sportifs quand ils ont mal. Mon ex-beauf parlait avec admiration de sa chienne qui «n'avait pas de mental» (moralité il lui a bousillé les cartilages à force de la faire courir avant qu'elle ait fini sa croissance).

Une chose est certaine, c'est qu'à partit d'un certain niveau d'inconfort, se concentrer sur le corps (genre méditation) est à éviter. Il vaut mieux écouter le bateau que soi-même.

Les bords de Seine sont magnifiques.

(Remarque : si vous devez passer le permis remorque, passez-le à Cesson, il paraît qu'il y a là une très bonne auto-école pour cela).

Dormi en rentrant après avoir mis le réveil à 19 heures pour aller voter. Cela n'aura pas empêché le FN d'être à 25%. Je ne suis pas surprise, c'était prévisible. Vu qui je connais que je pensais parfaitement "normal" qui a viré FN, tout me semble possible.
Désormais je n'ose plus parler à des inconnus (à la cafétéria, à midi durant le repas au club de Corbeil,…) en partant du principe qu'ils sont forcément anti-extrême-droite, que cela va de soi. Depuis un moment déjà je présuppose l'inverse: qu'ils sont peut-être d'extrême-droite.

Melun

Retournée à Melun pour la première fois depuis longtemps. Je suis profondément touchée par l'accueil qui m'est fait là-bas, j'y trouve une douceur dont je me demande si elle est due à l'éloignement de Paris; si c'est la Défense, l'environnement de travail ou de classe sociale, qui fait qu'à Neuilly, tout est imperceptiblement agressif, dans des rapports de pouvoir, de positionnement, dans la comparaison permanente…
Est-ce que j'exagère? (non, je ne crois pas. Mais peut-être y suis-je plus sensible que d'autres.)
Mais à quoi cela est-il dû?

Sur l'eau. Toujours de nouveau l'émerveillement. Mais comment vit-on sans connaître ça, l'union de l'eau et du ciel entre les arbres?

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Agenda
- Je regarde Limitless pour endiguer mon laisser-aller. J'adore le moment où ayant pris une drogue qui déculpe ses facultés mentales, le héros… range son appartement! (Bon, pour endiguer mon laisser-aller, je ne me suis pas juste zonée devant un film de plus, j'ai pris les récurrents travaux de couture, boutons, ourlets qui se défont, accrocs, etc.)
- Passage impromptu des beaux-parents. Je ne préviens pas H. parti en réunion pré-électorale, afin de ne pas l'obiger à choisir entre sa réunion et ses parents. Mes beaux-parents font des choix qui me paraissent toujours un peu étranges, comme prendre un hôtel à Courbevoie pour faire des courses dans un magasin d'usine alors qu'ils habitent près de Châlons.
- Je télécharge le plus ancien des Wes Anderson sur l'Apple TV. Assez ennuyant durant les vingt premières minutes que j'ai regardées. (Tête brûlée. C'est drôle d'y rencontre Owen Wilson que je viens de voir dans la bande annonce de Minuit à Paris précédant Limitless. Ce n'est pourtant pas un acteur si courant).

Dimanche

Donc ramé ce matin à Melun. Joie d'un bassin large, d'une nature omniprésente. Pas de péniche ce mois-ci, l'écluse (de Bois-le-Roi) est en travaux. Je me demande si c'est valable pour les week-ends ou tous les jours: cela représenterait un sacré manque à gagner pour les mariniers.

Accueil spontané très chaleureux. Cela me touche toujours beaucoup, peut-être parce que je me souviens de ma première arrivée dans un club d'aviron.
Au niveau des bateaux, je ne peux que noter par contraste tout le travail que Vincent a accompli à Neuilly (jeux de pelles clairement identifiés pour chaque bateau, par exemple).

Le club va fêter ses cent ans.
— Pour les cent ans, la mairie pourrait nous offrir un ponton, un ponton extra-long comme à Lagny. (Conversation tandis que nous attendons pour mettre le bateau à l'eau.)
— On aurait dû en avoir un il y a quelques années. La mairie l'avait prévu, un ponton de vingt-cinq mille euros. Et puis le président de la piscine de l'époque, comment il s'appelle déjà, l'entraîneur de Manaudou…
— Lucas?
— oui, c'est ça, Lucas: il s'est fait des chèques pour vingt-cinq mille euros et la mairie n'avait plus d'argent pour notre ponton.



HVCAO

Trois jours

- jeudi
Coup du fil du matin, chagrin.

Ramé le soir à Melun, bassin superbe, mais il ferme quinze jours: raté pour mes beaux projets.
Il y a un piano en libre service à la gare de Lyon, une vieille dame y joue quand j'y passe, droite comme un i. Elle est remplacé par un jeune homme. Ah, quelle bonne idée, enfin!

- vendredi
Passage en coup de vent aux bibliothèques Malraux et de l'ICP. Je m'inscris en médiathèque, visiblement les DVD sont beaucoup plus demandés que les livres.
Insaisissables en famille. Un peu décevant malgré tout, le jeu sur le cinquième cavalier aurait pu être beaucoup plus développé.

- samedi
Gare Montparnasse, courses, sieste, rien fait de la journée.
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