Billets qui ont 'Soglio' comme ville.

Nous n’avons rien vu à Sils Maria

Réveillée à trois heures du matin pour une raison incompréhensible. Alors qu’hier soir le blog Alice était enfin accessible, il n’y a pas de wifi (O. me dira demain qu’il a lu qu’il était coupé de minuit à six heures). Je reprends le récit de la journée du 7 juillet dans TextEdit, la journée de randonnée d’Ibergeregg à Oberiberg. Les cloches du village ne sont pas interrompues la nuit. Quand sonnent quatre heures, je prends (pour mon genou) un Ibuprofène 400 retrouvé par chance au fond de mon porte-monnaie et j’éteins, afin de ne pas être trop assommée demain.

Réveil vers huit heures, mise en ligne de deux billets (il faut que je vérifie quelques noms pour le suivant), petit déjeuner en terrasse, départ. Je regretterai cet hôtel. J’ai particulièrement aimé quelque chose d’insaisissable, son odeur : une odeur de bois et de fleur, de cire peut-être, une odeur sans rien qui rappelle l’odeur humide des vieilles demeures en France.

Parking pour charger les bagages. Nous attendons onze heures l’ouverture de l’épicerie, je veux racheter (six ans plus tard) du shampoing de Soglio. Nous prenons également du miel, des cartes postales (plus que nous ne pourrons en écrire), de l’huile de massage. Nous avons vidé nos porte-monnaie, il ne nous reste que quelques centimes suisses (pas de paiement par carte).

Nous reprenons la route en sens inverse vers Sils Maria. Comme tous les matins, spontanément, O. prend le volant. Il fait frais, à la limite de la pluie, c’est très agréable. Nous montons les épingles à cheveux vers le plateau de Sils Maria (Segl en allemand). Il y a énormément de motos. Un Tchèque devant nous conduit agressivement dans la vallée avant de se faire peur dans la montée et de s’arrêter dans un dégagement dans la prolongation d’un des virages. Il y a trois objectifs potentiels: visiter la maison de Nietzsche (je reverrais volontiers la chambre au plafond si bas), faire le tour de la presqu’île où il se promenait et trouver la tombe de Claudio Abbado signalée le matin-même par Gv.

Tuons tout de suite le suspens: nous ne ferons aucun des trois. La maison de Nietzsche n’ouvre qu’à trois heures et nous avons l’intention de rejoindre Toblach à cinq ou six heures de route (nous ne prenons pas l’autoroute). Le tour de la presqu’île n’enthousiasme pas O. Nous décidons de déjeuner d’abord puis de chercher la tombe d’Abbado.
Installation en terrasse, violent orage, repli dans le restaurant. Le service est lent, mais il pleut tant que nous ne pourrions rien faire, en tongs et tee-shirt comme nous le sommes.
Fin du repas, fin de l’orage, recherche de la tombe, pas de cimetière à Sils-Maria (en tout cas rien trouvé), une église à Sils-Baselgia, mais rien dans le petit cimetière. Nous interrogeons le restaurateur en face, il ne sait rien; j’interroge trois motards arrêtés devant le restaurant qui ont ri en voyant mon look atroce (robe blanche, bottines en caoutchouc rose et ciré rouge, l’horreur étanche sous les dernières gouttes). Sabir franco-germano-anglais, le mot « tombe » m’échappe en anglais, j’utilise « grab », ils ne savent pas qui est Abbado, je montre l’article de journal sur mon téléphone. Oh, ABBAdo (accent tonique), mais bien sûr, l’un des motards est soudain très intéressé, surpris et enchanté, mais non il ne sait rien (cherchera-t-il plus tard pour son propre compte? C’est probable, il semblait heureux.)

Nous retournons à la voiture, nous retournons à Sils-Maria, c’est agaçant à la fin, moins je trouve et moins je veux abandonner. En désespoir de cause j’envoie un sms à Gvgvsse en même temps que je fais une recherche en allemand cette fois: « grab claudio » et aussitôt « grab claudio abbado » et « grab von claudio abbado » apparaît et l’image enneigée de l’église de Fex Crasta. Dans le même temps Gvgvsse m’envoie des indications en précisant qu’il s’agit d’une heure de marche.
Il est trois heures, O. s’est mis dans l’idée que nous atteindrions Toblach ce soir alors que cela me paraît improbable, il n’a pas envie de marcher pour cela, l’orage menace encore, j’ai le genou qui va mieux mais qui reste sensible… Je propose à O. de dormir à Fex puisqu’il y a un hôtel mais il veut avancer, l’étape lui paraît trop courte.

Nous repartons sans avoir rien vu à Sils Maria.

Maintenant que j’écris je ne me souviens plus de la succession des vallées, des montées et des descentes. La route est parsemée de motos, de cyclistes et d’arrêts de bus. Le « car postal »(des bus jaunes suffisamment emblématiques pour qu’on en fasse des cartes postales) passe partout, des arrêts sont prévus pour ce qui paraît n’être que trois ou quatre maisons à flanc de montagne. Peut-être sert-il aussi de voiture-balai aux cyclistes épuisés, ou de véhicule de rapatriement vers leurs pénates (je mets ici un lien vers les les statistiques d’accidents car nous nous sommes posés la question, époustouflés par le nombre de cyclistes dans des endroits impossibles.) Quoi qu’il en soit c’est fantastique de maintenir un tel réseau de transport public à travers un pays entier.
Longtemps nous avons davantage monté que descendu. Passo Bernina (2330 m), des neiges éternelles en face de nous, à portée de main; passage en Italie, avec aussitôt, brutalement, un changement de paysage, des arbres fruitiers et des vignes et des villes qui ressemblent à des villes, populeuses, commerçantes, mille choses oubliées durant notre traversée de la Suisse qui nous a paru si étrangement déserte (mais nos choix d’itinéraires ont été particuliers).

Nous changeons de conducteur à cinq heures (toutes les deux heures, c’est la règle instaurée). Le volant est poisseux de sueur et de crème solaire, j’ai pour objectif de nous acheter des gants de conduite dès que possible.
Nous avons abordé la montée au col du Stelvio sans savoir que ce serait un col. Après quelques tunnels, quatre ou cinq, les panneaux ont indiqué le nombre d’épingles à cheveux à venir, quatorze d’abord, puis ensuite dix. Rien de difficile après le vaccin d’Ibergeregg, une route où il y a de la place pour se croiser et aucun arbre, une grande visibilité à flan de montagne, quelques secondes d’ignorance au moment de l’épingle et voilà tout, un jeu d’enfant.
Nous montons, montons, le plus étonnant est moins la vallée qui s’éloigne que les sommets qui paraissent à la même hauteur que soi. Les parois sont grises, c’est austère après la verte Suisse, mais d’une grande majesté.
Col du Stelvio (2758 m), pause au restaurant Le Genziano, capuccino auquel je dois d’être éveillée si tard. Au mur des photos impressionnantes de cyclistes franchissant le col entre des murailles de neige. Est-ce Fausto Coppi ou Claudio Chiappucci qui a dit (en anglais dans une coupure de journal affichée sous verre): « c’est comme lutter avec un gorille : vous n’arrêtez pas lorsque vous êtes fatigué, mais lorsque le gorille est fatigué »?

Nous remontons dans la voiture à six heures, il commence à pleuvoir. Les motards présents en quantité sont partis devant nous. Longue descente à la suite d’un mini-bus familiale rouge contenant six personnes et un bateau style rafting sur le toit. Nous continuons jusqu’à Merano où à la suite d’un malentendu entre nous (car nous voulions tous deux un hôtel modeste où nos tongs ne dépareraient pas) nous nous retrouvons dans un hôtel de luxe (le prix affiché n’est pas par chambre mais par personne. Damned. Nous nous débrouillons trop mal en anglo-germano-italien pour avoir envie de débattre ou de tourner les talons. Tant pis. Il faudra que j’essaie demain la piscine avant le petit déjeuner afin d’amortir tout cela.)

Nous dînons dans une brasserie en ville. Toujours la même impression de désert: mais où sont les gens?
Je fais découvrir à O. le cocktail Hugo qui me paraît à la couleur être celui que j’ai bu à Dessau. L’essayer c’est l’adopter, c’est très fin et très bon.

Tard le soir je finis d’écrire ce jour puis la veille (le 8). Alice est à nouveau inaccessible.

Demain Toblach puis direction Klagenfurt.


PS : ça alors: une recherche après coup m’apprend qu’Anne Franck est venue ici. Quant au val de Fex, c’était un lieu de résidence de Thomas Mann.

En voiture dans la montagne

Je réveille O. à huit heures, je ne sais pas à quelle heure il s’est couché. Aujourd’hui nous devons rejoindre Soglio et je voudrais voir la charte de la Confédération suisse au musée de Schwyz. Après tout, si nous sommes ici, c’est que je voulais voir le lac des quatre cantons et la prairie du Rütli. En faisant des recherches j’ai découvert cette randonnée panoramique de Schwyz et il m’a paru plus pratique de coucher à Oberiberg. Mais le but premier était de voir le berceau de la Suisse.

J’ai mal au genou droit, je ne plie plus la jambe, mais sinon tout va bien, pas de courbature.
Petit déjeuner, valises, vaisselle — le reste de fondue part très bien. En faisant le tour des armoires pour vérifier que nous n’avons rien oublier, nous trouvons trois caquelons… Trop tard, trop tard. Nous avons manqué de foi.
Nous étions bien ici, à l’écart du monde.

Encore une fois la route pour Ibergeregg, puis la descente. O. est au volant, il descend ce que j’ai monté il y a deux jours, il y a vraiment à peine la place pour deux voitures. Nous espérons ne pas croiser de bus. Un obstiné dans une voiture genre Fiat Panda ne se gare pas et heurte notre rétroviseur gauche, la roue droite de la voiture me paraît quitter le goudron, c’est effrayant. Plus loin c’est l’inverse, un 4x4 met une roue hors du bitume pour nous laisser passer… Les huit mois de permis d’O. sont validés.

Musée des chartes confédérales. Ce qui nous est expliqué, c’est que la Suisse s’est « inventée » au XIXe siècle, en 1848, et que pour ce faire, elle s’est inventé ou retrouvé des mythes prouvant qu’elle avait toujours été unie — ou tout au moins que son histoire était une longue histoire d’entraides et d’alliances internes et de luttes contre l’extérieur. C’est donc à cette époque qu’elle a choisi une charte inconnue datant de 1291 pour faire débuter son histoire commune, alors qu’elle aurait pu tout aussi bien choisir la bataille de Morgaten pour ce faire.
Nous apprenons au passage que c’est la défaite subie à Marignan contre François 1er qui a contenu les désirs expansionnistes suisses: suite à cela, les cantons n’ont plus cherché à sortir de leurs frontières.
Je fais remarquer à O. que d’une certaine façon la Suisse a toujours été hors de l’Europe: aujourd’hui l’Union Européenne réunit peu ou prou les pays qui échangeaient leurs princesses lors des mariages royaux. Il n’y avait pas de noblesse suisse, ils ont été exclu du jeu politique européen à l’époque comme ils s’en excluent aujourd’hui… tout en pouvant servir de modèle à l’Europe dans la façon de bâtir une confédération. L’Europe manque d’un mythe fondateur, c’est souvent souligné (mais il est peut-être trop tôt pour qu’elle en ait un), plus étrange est la façon dont la France s’obstine à détruire (à ne plus transmettre) les siens.

Nous repartons en suivant le lac de Brünnen à Flüelen, nous déjeunons au bord du lac à Flüelen avant de le quitter. Direction le col du Gothard en ne prenant pas l’autoroute puisque le but est de voir du paysage, pas de prendre un tunnel.
Je dors dix minutes, O. me dira que j’ai raté de magnifiques paysages mais qu’il n’a pas voulu me réveiller (il a eu raison, je suis très mal si on me réveille au milieu de mes dix minutes).
Route du col protégée par un toit (toit en travaux, buldozer au-dessus de nos têtes, nous nous en apercevons après coup quand nous sommes plus haut que la galerie déjà empruntée). Les travaux de terrassement sont extrêmement nombreux, il est rare qu’il se passe dix kilomètres sans en rencontrer un.
Motos à foison (parce que nous sommes samedi?), en cuir du cou aux orteils. Cyclistes, catégorie folle, cyclistes rencontrés à tout endroit des cols, posant la question angoissante de leur apparition: mais d’où viennent-ils, où espèrent-ils être ce soir, pourquoi tant de souffrance, et savent-ils (songeons-nous quand nous les avons dépassés depuis quelques kilomètres) ce qui les attend?

Direction Chur (Coire), nous plongeons vers l’Engadine un peu avant de l’atteindre, longeons le lac de Sils en direction de Soglio. (Nous reviendrons demain). La descente de la vallée de l’Engadine est impressionnante, une route en lacets au flanc d’une seule montagne fait descendre la paroi en quelques minutes.
Il fait doux, la pluie annoncée menace sans se décider, il fait frais après les jours torrides précédents.

Montée vers Soglio, parking, palazzo Salis où descendait Rilke. Il y a six ans nous n’avions pu y dormir, cette fois-ci j’ai réservé à l’avance (c’est mon cadeau d’anniversaire).
Apéritif dans le jardin, table en pierre sous le tilleul, nous étudions la carte d’Europe, W ou Z, Klagenfurt Vienne Ohlsdorf Prague ou Ohlsdorf Klagenfurt Vienne Prague; tour du jardin pour aller admirer les séquoias (cinq ou six mètres de diamètre).
J’ai mal au genou, une douleur de bleu au toucher, comme si j’avais reçu un coup de marteau sur la rotule. J’évite de plier la jambe, je descends les escaliers une marche à la fois, jambe gauche la première.

Dîner, la salle à manger est comble et bruyante. Nous parlons d’Emily Dickinson (à propos de s’habiller en blanc). Qui connaît Emily Dickinson? J’évalue les personnes autour de nous:
— Ici? Sept sur dix. Il y a même une chance pour qu’il y en ait un spécialiste.
O. me regarde dubitatif. Je reprends:
— J’appelle spécialiste quelqu’un qui l’a lue, connaît sa biographie, est capable d’expliquer ses influences, etc. Sinon, « connaître », c’est avoir lu un de ses poèmes ou rencontré quelques citations… et savoir qu’elle ne s’habillait qu’en blanc.
— Hmm. Sept c’est beaucoup.
— Oui, mais les gens qui sont là ne sont pas là par hasard. Ceux qui ne font pas le tour des hôtels historiques suisses sont là à cause de Rilke… Je ne dirais pas la même chose d’une salle UGC aux Halles.
— Tu dirais combien pour une salle UGC?
— Ça dépend. Pour quel film?
— Les gardiens de la galaxie.
— Trois… peut-être cinq…
— Trois sur dix?
— Non, cinq pour toute la salle.
O. rit.

Le service est plutôt lent. Chaque fois que je finis par sortir mes cartes postales pour les rédiger, le plat suivant arrive. Trois fois : est-ce suffisant pour se convaincre du pouvoir des cartes postales sur la rapidité du service?

Ce soir était la dernière étape planifiée du voyage. Désormais nous n’avons pour seule contrainte qu’être rentrés pour le 5 août ou si possible un ou deux jours avant.

Emily Dickinson

Pas de RER aujourd'hui : aller-retour en voiture avec H. qui a des rendez-vous (maintenant que Macron est élu, il y a un ou deux projets touchant les municipalités que H. a à cœur de faire aboutir malgré la folie de B., projets qu'il aurait laissé s'enferrer sans remords si MLP était passée.)

Vu Patrick à midi qui sillonne la région parisienne et est coincé ici en attendant que sa voiture soit réparée.

J'ai quitté le bureau tôt pour aller voir Emily Dickinson. J'espérais retrouver la maison visitée en 2012, voir mis en scène ce que nous avait raconté l'excellente guide (et vérifier ce que j'avais compris, car après tout j'ai traduit de l'anglais oral) et j'ai vu un film sur le puritanisme d'une famille fermée sur elle-même.
Je suis sortie de la salle en me disant qu'il fallait que je lise la biographie que j'avais acheté sur place.

J'ai posé le premier jalon des vacances en réservant une nuit au Palazzo Salis à Soglio, le village de Suisse où Rilke prenait des vacances et où nous n'avions pu rester il y a six ans.

Rapporté

(Mulhouse) des leggings à trous ("découpe au laser"); Que sais-je? Histoire de la Pologne; Que sais-je? Les guerres de religion; Stevenson, Othon; Romain Gary, Ode à l'homme qui fut la France; de l'encre Mont-Blanc bordeaux; (Bâle) un mobile; (Zurich) Fritz Senn, Joycean Murmoirs; des chaussures de tennis camouflées en chaussures de ville (streetwear?); (Saint Gall) La bibliothèque abbatiale de Saint-Gall; un tapis de souris; (Appenzell) du fromage (à consommer tout de suite et sous vide, pour emporter); du miel; des fruits secs dans du miel (mon vice); (Vadouze) des bâtons de marche en fibre de carbone; (col du Julier) de la viande des Grisons; du pain des voyageurs (pain extrêmement nourrissant fourrés aux fruits secs (nous ne le savions pas, nous l'avons découvert en le découpant. C'est l'équivalent du lembas elfique (en plus lourd))); (Soglio) du shampoing (par besoin, si, si (et il est très bien)); de la crème de marron; (Rarogne) de l'eau de la fontaine sous l'église dans une bouteille d'Appfelshorle; Rilke, Das Studenbuch; (Sierre) Rilke, Poésie aux éditions du Seuil; Rilke - Tsvetaïeva - Pasternak. Une amitié russe / Russische Freundschaften; (le long de la route valaisienne) des abricots; de la confiture de cerises; de la confiture d'abricots; (Neuchâtel) des chocolats dans la pâtisserie Suchard; François Mauriac, Blaise Pascal et sa sœur Jacqueline (parce que je n'arrive pas à lire la biographie que je possède); André Maurois, À la recherche de Marcel Proust (parce que Pascal dit toujours que c'est le meilleur livre sur le sujet); Václav Havel, Interrogatoire à distance; Pouchkine, La dame de pique et La fille du capitaine; (Mulhouse) un manteau rouge; un sweat Chaperon rouge; une robe sorcière; un maillot de bain; (Colmar) un tirage des cochons de Schongauer, un jeu de cinq aiguilles n°3.

PS: J'avais emmené un assortiment de livres correspondant aux différents auteurs que nous devions croiser durant le voyage; la prochaine fois j'emmènerai vide le sac dédié aux livres.

Liens suisses

Nabokov a légué ses papillons au museum de Lausanne.

Fondation Joyce: unhurried reading (c'est bien mieux que close reading);
le Schnebelh;
Saint Gall;
casa Nietzsche;
Soglio;
fondation Rilke;
espace Ella Maillart;
Amiel et Nabokov;
Gustave Roud;
centre Robert Walser

Pas de poussière mais de la patine

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