Billets qui ont 'cathédrale de Chartres' comme monument.

Chartres au soleil

Un rendez-vous plus tardif que les années précédentes. Effectif réduit cette année, il reste les inconditionnels, et la conversation roule autant (davantage?) sur Nadine de Rothschild (comment ça danseuse? Je la croyais cousette) que sur RC (avec suspens et décision demain, si j'ai bien compris).

Petits plats dans les grands grâce à la jeune fille de la maison (quand ça change, ça change). Etagères et livres, livres et étagères.

La cathédrale de Chartres, transfiguée par la mise au jour d'un enduit couleur sable. Cela change totalement le jeu de la lumière et des couleurs, c'est très impressionnant. Rosaces peintes découvertes pendant les travaux.
Explications (enfin) à propos de la grille déposée à droite de l'entrée: elle servit un temps à fermer le chœur après la disparition du jubée.

D'un mot à l'autre

En lisant Nabokov, je viens de réaliser que "tag" veut dire étiquette («peering at the price tags, as wishing to learn their museum names.» Spring in Fialta). Et je pense aux philactères des statues de Chartres. Peut-on dire qu'elles sont taguées?

Et puis je me souviens que philactère a déjà été récupéré par la BD.

Constellation

Ce qui est étonnant quand j'écoute Paul parler, ce sont les mondes qu'il fait naître, qu'il a côtoyés. Sa grand-mère paternelle avait une sœur qui a eu un fils, Gaston Fessard, qui est donc un petit-cousin. Son père avait deux frères. L'un d'entre eux, qui avait réussi langues-O mais abandonna la carrière sous la pression de ses beaux-parents, écrivit un peu, dont quelques articles à la NRF. Il fréquentait Gide.

Paul a été au collège avec Roland de la Poype, héros de Normandie-Niémen, et avec Jean Lefeuvre, l'un des artisants principaux du dictionnaire dit Le grand Ricci .
Le frère aîné de Paul entra dans la résistance aux côtés du père Michel Riquet, qui fut déporté à Buchenwald avec Marcel Paul. Plus tard, celui-ci devenu ministre fit verser au père de Paul, liquoriste, une allocation d'alcool pur en pleine période de rationnement, sur la recommandation du père Riquet [1].

Paul travailla à la première classification des vins (les Bordeaux AOC) plus ou moins sous les ordres de Claude Mauriac. L'une de ses belles-sœurs fut la secrétaire de de Gaulle, et c'est sans doute grâce à elle qu'il fut l'ami du médecin de Malraux.

Son beau-père habitait à Ville d'Avray la maison mitoyenne de celle de Jean Rostand. Il était professeur de littérature à Condorcet. Il eut pour élève Obaldia (et Paul se souvient d'Obaldia dans la salle à manger) et Jacques Laurent, qui bien plus tard emmenait son professeur devenu vieux revoir la cathédrale de Chartres, pour laquelle il avait une passion.

En dix ans de déjeuners hebdomadaires j'ai vu ainsi défiler des noms que je prends aujourd'hui la peine de noter. Je n'en reviens pas de tant de convergences (ou plutôt de tangentes, car Paul n'a jamais que côtoyé sans appartenir) autour de son seul nom.

Notes

[1] Je prends conscience qu'il y eut une fraternité entre les "revenus des camps" comme il y en eut une des tranchées: fraternité qui explique des courants souterrains débordant les classiques clivages politiques.

Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.