Billets qui ont 'maison de tante Léonie' comme monument.

Quelques surprises

— J'ai fini Tristan et Iseult, mais je ne vois pas le rapport avec Florence.
— Mais ça n'a pas de rapport avec Florence, c'était pour ton thème sur le Moyen-Âge!
— Je me disais aussi...

A. lit vite, très vite, et elle m'en redemande, elle semble prête à lire tout ce que je pourrai lui donner, je n'en reviens pas. En désespoir de cause (cela m'a paru malgré tout moins indigeste que le Que sais-je sur l'histoire de Florence) je lui ai donné L'Œil du Quattrocento ce matin, en espérant ne pas la dégoûter (ça a l'air d'aller) et je suis allée faire des provisions à midi. (Bon prétexte pour ne pas aller ramer. Il faudrait quand même que j'y retourne, sinon je ne sais pas très bien comment je vais tenir la randonnée sur le lac d'Annecy dans moins d'un mois).

Exposition sur Anouilh dans le hall de la mairie de IIe (pas le temps de regarder).
Un pepper hambuger au Saint John près de la Seine à Neuilly.

A. m'appelle. Puisqu'elle ne fera pas de chinois (problème d'emploi du temps), elle voudrait s'inscrire en informatique. Euh... bon. (Dans un sens ça me fait plaisir (mon côté militante MLF, si vous voyez ce que je veux dire). Dans un autre, cela me fait peur, elle a tellement tendance à se comparer à son frère).

(Complément le soir à dîner :
— Tiens, j’ai rencontré un proustien aujourd’hui.
— Un proustien ?
Rien n’est très clair dans ses explications, je ne comprends pas comment elle a été identifiée comme personne à qui parler de Proust. Aurait-elle parlé de la maison de tante Léonie? Je retiens qu’une visite ayant fait à l’époque l’objet de toutes les résistances devient moins d’un mois plus tard un sujet de gloriole.)

Réunion de collège pour O. Dieu que je déteste le collège, les années de collège, tout ce qui est collège. Beaucoup de profs nouveaux. Les profs de biologie (SVT, pardon) et de physique me font rire, ça ne m'étonnerait pas qu'ils en soient, l'un dans le genre Pierre Joubert, l'autre dans le genre gueule cassée (avec un indéfinissable accent de l'est). Pas mal. Le prof de gym explique benoîtement qu'un élève dispensé de sport n'est pas dispensé de cours, nuance. Il fait se pâmer toutes les MILF de la salle.

Zut, j'ai oublié de passer chez Mme V.
Zut de zut.

Pélerinage proustien

Comment expliquer Péguy quand la brume et la pluie noient la cathédrale jusqu'au dernier moment?

- Suivre une messe en latin n'est pas difficile, chanter en modulant interminablement chaque syllabe beaucoup plus.

- Je recommande chaleureusement la visite de la maison de Tante Léonie. Service à crème au chocolat et assiette à asperges inclus. Très belles photos, dont une du modèle de "Françoise" (cela m'émeut et me ravit).
Je ne connaissais pas le pré Catelan, planté par le mari de "Tante Léonie". Je ne tiens pas à remplacer mes images mentales de lecteur par des modèles géographiques "réels" (non, jamais ce parc ne remplacera l'idée que je m'étais construite de la première rencontre de Gilberte et du narrateur), mais cela m'a permis de dédoubler des images que j'avais superposées: pas de différence pour moi entre la demeure de Swann et celle des Guermantes au cours de la lecture, comme si Swann demeurait chez les Guermantes... Cela ne me choquait pas, Swann vit dans les limbes tant qu'il n'est pas installé avec Odette.
J'ai beaucoup aimé l'église d'Illiers. Pour une fois il est permis d'aimer le XIXe siècle (quelques fresques plus récentes, quelques statues) : qu'importe, du moment que Proust l'a vu. Le banc de la famille Proust est soigneusement capitonné de rouge.
Trois madeleines, les villageois n'ont pas transformé Illiers en Proustland, c'est le moins que l'on puisse dire (un peu interloqués par les travaux en cours d'une future station d'épuration dans la ville, face à des pavillons d'une dizaine d'années: est-ce vraiment possible?)

- Meslay-le-Grenet. La femme qui fait visiter (pas à nous) a un tic de langage qui m'exaspère mais que j'ai oublié maintenant que j'écris, ce qui me le fait regretter (ô paradoxes des blogs). Cette danse est très bien conservée dans sa fragilité, c'est-à-dire qu'elle est aussi bien effacée, bien pâle, bien mortelle... Un homme, un squelette, un homme, un squelette, et des commentaires en vieux français. Cette Mort est presque tentatrice, bien plus enjouée que les vivants qui paraissent répugner à la suivre.

- Château de Tansonville (il ne se visite pas, nous observons à travers la grille («— Mais qu'est-ce qu'on fait là? — Nous soignons notre fétichisme.»)), château de Villebon, premier nom qui apparaît dans les brouillons avant celui de Guermantes. Le château est magnifiquement conservé, en briques rouges, tours et pont-levis. Sully est mort ici (trente et un ans après Henri IV), il est enterré à Nogent-le-Rotrou, contre l'église Notre-Dame, mais pas dedans, puisqu'il était protestant. Nous trouvons sur les murs un Tristan Camus qui m'enchante. Il pleut des cordes, la voix frêle de notre guide couvre difficilement le tambour de la pluie sur les parapluies, les pavés, les gouttières.
Vieille tradition de service public qui tient les propriétaires successifs de ce château, au service des rois puis au service de la République.

- Froid. Lait chaud, café et macarons. Peut-on convaincre les enfants de l'intérêt de l'art et de la littérature en les faisant rencontrer des gens qui aiment l'art et la littérature en riant et racontant des (quelques) bêtises ? Peut-on leur montrer qu'il s'agit d'une vision du monde habitable, ni froide, ni méprisable?

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