Blade Runner
Par Alice, vendredi 4 janvier 2008 à 13:32 :: 2008
Blade Runner une fois encore, au cinéma. Première version, sans voix off (me dit H., je ne me souvenais plus de la voix off) ni la fin trop claire mais consolante de la version de 1992. Première version de 1982 que je préfère.
Je n'arrive pas à me souvenir de la première fois que j'ai vu ce film. Est-ce avant que je lise des BD de science-fiction et de la science-fiction? Quoi qu'il en soit, toutes mes lectures sont imprégnées de cette atmosphère lumineuse et sombre, poudrée, désespérée.
Il y avait deux personnages féminins qui faisaient fanstamer les garçons de mon âge à vingt ans : la princesse Leïa (entre ceux qui avaient clairement vu qu'elle ne portait pas de soutien-gorge sous sa robe blanche lors de sa première apparition dans La Guerre des étoiles et ceux qui voulaient revoir la scène pour vérifier ce point) et Rachel, l'androïde glaciale et désemparée de Blade Runner. Lorsqu'ils parlaient de Rachel, il était évident que rêver et bander devenaient strictement équivalent, je n'ai jamais compris pourquoi. Que pouvait bien avoir Rachel qui les séduise à ce point? En y réfléchissant davantage, il me semblait que c'était plutôt ce qu'elle n'avait pas et c'était inquiétant et triste, donc j'évitais d'y réfléchir.
J'ai dans mes armoires quelques tenues directement inspirées de Rachel, taille serrée et épaules exagérément marquées.
Les fois précédentes, j'avais surtout été marquée par la poignante mélancolie de l'histoire, le destin sans issue, la stricte lecture d'une vie humaine à travers celle des robots.
Cette fois-ci j'ai été davantage frappée par la construction rigoureuse, pratiquement découpée en chapitre, et la rapidité, l'efficacité du récit, par la fierté des créateurs, qui ne peuvent concevoir que leurs créatures/création puissent être dangereuses, par l'effacement des différences entre les hommes et les androïdes, parachevé par le dernier geste de Roy Batty, devenu capable de miséricorde. Les décors dont il est devenu si courant de se moquer m'ont paru très beaux, très cohérents et très Jules Verne : voilà un futur qui ressemble à ce qu'on imaginait en 1880, voilà un futur antérieur, avec des photographies sépia, un piano, des livres derrière le canapé.
Il est difficile d'imaginer un futur plus présent, ou même déjà passé, originel: est-ce cela qui fait le charme de ce film? Ou est-ce l'importance centrale des souvenirs, ceux que l'on n'a pas si l'on naît androïde, ceux que l'on acquiert au cours d'une vie, androïde ou humaine, («Si tu savais ce qu'ont vu mes yeux, tu ne le croirais pas», «j'ai vu le soleil devant le bouclier d'Orion, …»), perdus à jamais à notre mort?
Je n'arrive pas à me souvenir de la première fois que j'ai vu ce film. Est-ce avant que je lise des BD de science-fiction et de la science-fiction? Quoi qu'il en soit, toutes mes lectures sont imprégnées de cette atmosphère lumineuse et sombre, poudrée, désespérée.
Il y avait deux personnages féminins qui faisaient fanstamer les garçons de mon âge à vingt ans : la princesse Leïa (entre ceux qui avaient clairement vu qu'elle ne portait pas de soutien-gorge sous sa robe blanche lors de sa première apparition dans La Guerre des étoiles et ceux qui voulaient revoir la scène pour vérifier ce point) et Rachel, l'androïde glaciale et désemparée de Blade Runner. Lorsqu'ils parlaient de Rachel, il était évident que rêver et bander devenaient strictement équivalent, je n'ai jamais compris pourquoi. Que pouvait bien avoir Rachel qui les séduise à ce point? En y réfléchissant davantage, il me semblait que c'était plutôt ce qu'elle n'avait pas et c'était inquiétant et triste, donc j'évitais d'y réfléchir.
J'ai dans mes armoires quelques tenues directement inspirées de Rachel, taille serrée et épaules exagérément marquées.
Les fois précédentes, j'avais surtout été marquée par la poignante mélancolie de l'histoire, le destin sans issue, la stricte lecture d'une vie humaine à travers celle des robots.
Cette fois-ci j'ai été davantage frappée par la construction rigoureuse, pratiquement découpée en chapitre, et la rapidité, l'efficacité du récit, par la fierté des créateurs, qui ne peuvent concevoir que leurs créatures/création puissent être dangereuses, par l'effacement des différences entre les hommes et les androïdes, parachevé par le dernier geste de Roy Batty, devenu capable de miséricorde. Les décors dont il est devenu si courant de se moquer m'ont paru très beaux, très cohérents et très Jules Verne : voilà un futur qui ressemble à ce qu'on imaginait en 1880, voilà un futur antérieur, avec des photographies sépia, un piano, des livres derrière le canapé.
Il est difficile d'imaginer un futur plus présent, ou même déjà passé, originel: est-ce cela qui fait le charme de ce film? Ou est-ce l'importance centrale des souvenirs, ceux que l'on n'a pas si l'on naît androïde, ceux que l'on acquiert au cours d'une vie, androïde ou humaine, («Si tu savais ce qu'ont vu mes yeux, tu ne le croirais pas», «j'ai vu le soleil devant le bouclier d'Orion, …»), perdus à jamais à notre mort?