Billets qui ont '2016-11-13' comme date.

Traduire Agapé

Je travaille au petit matin la traduction de 1 Corinthiens 12,31 - 14,1, soit le célèbre hymne à l'amour (gravé sur une stèle à Corinthe). Nous avons pour mission de tenter de traduire un mot par un mot, et non par une périphrase. Nous devons retrouver la force des mots avant qu'ils ne soient affadis par notre habitude de leur traduction.

agapé, agapé… Je tape "amour" dans crisco pour tenter de voir ce qui pourrait permettre d'éviter la confusion avec eros: tendresse, attachement, et à partir de charité, bienveillance, générosité. Je songe aussi à compassion, empathie.
A partir de désir, on trouve attente et privation, pénurie. Manque.

Il est mystérieux, cet agapé. Qui en est l'objet, Dieu ou les hommes? Est-il une aspiration vers Dieu, un manque, un désir de Dieu, ou est-il tourné vers les hommes, un trop plein de tendresse à déverser? Le vers 12,31 en fait plutôt un manque tourné vers Dieu, alors qu'à partir de 13,4 ce serait plutôt de la tendresse ou de la compassion.

Mais il y a l'obligation de traduire le même mot partout par le même terme.

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J'ai ramé dans un brouillard épais, avec prudence, en espérant ne pas me retourner. Cet épais coton blanc évoquait Maupassant ou Poe.

Une amie est passée emprunter Germinal pour sa fille. Elle est très impliquée politiquement et espère l'élection de Juppé avec Pécresse en premier ministre. Sa visite impromptue nous a mangé notre après-midi.
Dommage, j'avais presque cru que je tiendrais mon programme.

Le fils prodigue

Le thème de cette année est "De l'avantage de lire en grec" : il s'agit de se rapprocher des mots et de leurs racines (sous-entendu: de s'éloigner des traductions auxquelles nous sommes habitués — c'est tout l'enjeu de traduire des textes que nous connaissons par cœur : leur redonner une fraîcheur perdue).

Aujourd'hui nous avons étudié "Le fils prodigue" (Luc 15, 11-32). Je vous livre quelques remarques de cours (sans utiliser l'alphabet grec que mon blog ne permet pas).

(Auparavant, un commentaire sur Luc 15, 8-10, "la drachme perdue": c'est le seul endroit du nouveau testament où cette unité de valeur, la drachme, est utilisée. C'est sans doute un reste du passage des Grecs, un mot qui date de l'époque de Jésus. A l'époque de la rédaction des évangiles, on utilisait "denier" (on trouve aussi talents)).

Luc 15, 15. kollao : traduit ici par "s'engager auprès de" (trouver un emploi). Vient de coller, glu, verbe très fort. Certains exégètes contemporains en ont tiré parti pour émettre des hypothèses sur les relations entre le fils prodigue et son employeur.

Luc 15, 16. to keration : la graine de caroube : a donné carat.

Luc 15, 18. amartano : littéralement, rater sa cible; d'où moralement, rater son but; d'où pécher.

Luc 15, 20. splagcvizomai : remuer par les sentiments. Pour les Grecs, splagxa, c'est les entrailles. Dans Homère, ce sont les entrailles des bœufs du soleil que font rôtir les compagnons d'Ulysse. Alors que pour les Hébreux, le ventre, c'est plutôt celui de l'amour, la mère, la terre. Ici, il a fallu trouver un terme grec pour traduire une notion hébreue.

Luc 15, 23. thuo : sacrifier. Le sens a glissé pour devenir tuer. On sait que ce mot avait un contexte sacré car thus, c'est l'encens.

Ajoutons que Diogène ne vivait pas dans un tonneau («car le tonneau, c'est grec») mais dans une amphore.


Ces quelques notes pour essayer de rendre compte de l'atmosphère de ces deux heures mensuelles, qui sont une source de joie renouvelée.
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