Billets qui ont '2017-04-07' comme date.

Le futur

Vincent (petit Padawan)1 passe le week-end à la maison à réfléchir avec Hervé aux contraintes et à la modélisation d'un futur programme. Comment ne pas penser à François ou Eric? J'apprends incidemment (ça m'agace, cet "incidemment": je ne sais jamais si c'est délibération ou négligence, et les deux sont agaçantes, vexantes pour ne pas dire humiliantes) que H. envisage de monter sa propre boîte montée avec les cadres de sa boîte actuelle et un investisseur encore à trouver ou choisir.
— J'aurais aimé être au courant.
— Mais je ne te l'ai pas dit? De toute façon rien n'est encore décidé.

Et de nouveaux les mêmes chemins depuis l'adolescence, comme si nous étions condamnés à réemprunter les mêmes routes jusqu'à trouver une issue.
Heureusement que je ne me suis pas laissée tenter par le CDD à mi-temps de secrétaire de rédaction dans la revue Istina en novembre (de la rédaction et de la traduction anglais et allemand en milieu œcuménique: fascinant). Je m'étais dit que cela rendrait fou H.
Je ne suis pas sûre de ne pas le regretter. Après tout lui ne se gêne pas pour mettre le ménage en péril. Vivement la prochaine offre d'emploi de ce type.


Note
1 : Vincent a la moitié de notre âge. En entendant les discussions techniques, je prends conscience à quel point l'informatique s'est transformée en vingt-cinq ans. Oui, bien sûr que je le savais, mais le point de vue d'un utilisateur n'est pas celui des développeurs. Ils ne parlent plus des mêmes choses, de la même façon. Ce qui m'étonne chez Vincent, ce sont moins ses compétences techniques (sans elles il ne serait pas dans ma cuisine en train de prendre son petit déjeuner) que sa connaissance poussée des dernières tendances du marché, les temps de réponses chez OVH, les déplacements de backbones, les derniers providers, les bascules entre intervenants, X qui devient mauvais, Y qui monte (c'est important pour un produit, cela conditionne les temps de réponse. Pour ou contre le scrollage infini sur une page, quel temps d'affichage, etc): on dirait qu'il fait une veille sur tous ces points, c'est impressionnant

Arrêt maladie

J'avais posé une journée de congé aujourd'hui pour mon stage d'aviron. J'ai annulé le stage mais pas la journée et j'en ai profité pour aller chez le médecin demander un arrêt de travail. Je suis épuisée. Ce n'est pas tant la douleur mais l'attention qu'elle nécessite: c'est très gênant de laisser échapper un cri de douleur en public lors d'un mouvement incontrôlé parce qu'on a oublié qu'on avait mal, en réunion ou dans le RER. Imposible de se pencher en avant pour attrapper une feuille un peu loin, impossible de se pencher par dessus une épaule pour expliquer un chiffre dans un tableau, difficile de se lever de sa chaise…
C'est humiliant de devoir demander un arrêt de travail: après tout, si le médecin ne le propose pas, est-ce que ça ne veut pas dire que cela n'en vaut pas la peine et que je me plains pour rien? (pourtant je suis résistante à la douleur, elle ne me fait pas peur, je rappelle que j'ai accouché à la maison. Je n'en tiens pas compte, peut-être pas assez, d'ailleurs).

Bref, je suis arrêtée une semaine et je me sens infiniment soulagée, même en sachant que le conseil d'administration d'approbation des comptes se tient dans une semaine. Etre aussi soulagée alors que je sais cela prouve sans doute que j'ai vraiment besoin de m'arrêter. (Cette auto-justification traduit mon besoin de me rassurer. Je ne préviens pas J. de cet arrêt. Qu'elle parte en congé tranquille. La Mutuelle va être fermée dix jours; dans deux semaines, ce sera le dawa, les reproches des adhérents: «on n'arrive jamais à vous joindre» (sachant que nous décrochons si bien (selon l'expression consacrée "taux de décroché") que le standard nous transmet n'importe quel appel juste parce qu'il sait que nous répondons; sachant aussi que dans ces cas-là les gens trouvent une solution, appellent ailleurs. C'est rarement aussi urgent qu'ils veulent se le faire croire)).

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Levée tôt pour emmener O. à la gare: il part en stage BAFA une semaine.
Cela signifie que nous sommes sans enfant une semaine \o/

Ironie du sort

Je m'étais inscrite au stage d'aviron en sachant que cela tombait un jour de grec (neuf cours dans l'année, je le rappelle: chaque cours est précieux). Je m'étais dit qu'avec de la chance ce cours serait déplacé, la prof aurait un colloque, etc. En novembre en apprenant son accident et qu'elle ne reviendrait pas avant février, je m'étais dit zut, non seulement trois cours sautent mais en plus je vais en manquer un. (Cependant j'espérais encore qu'elle rattraperait des cours en fin d'année, en mai et juin.)
Finalement tous ses cours ont été annulés: je ne manquais plus rien en allant en stage d'aviron.
Mardi j'ai annulé ma participation au stage.
J'aurais pu aller en cours de grec.
Mais il n'y avait plus de cours de grec.
(Quand je dis que tout se délite cette année).

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Comité financier. Difficile de rester si longtemps assise après la tardive réunion d'hier.
Nous discutons politique sans déclarer nos opinions, abstraitement (ce n'est pas gratuit: conséquences sur l'économie, sur les cours de la bourse).
Enjeu des législatives: à moins que Fillon ne soit élu, dans tous les autres cas nous aurons sans doute une cohabitation.
— Mais vous croyez que Fillon peut encore être élu?
— Lui et Marine Le Pen ont le socle le plus solide: selon les sondages, ceux qui envisagent encore de voter Fillon ne changeront pas d'avis, et ils sont 17% (Marine Le Pen 18). Macron est à 20%, mais avec une volatilité de 50.
— En d'autres termes, il peut aussi bien faire 20 que 10.
— Oui. Beaucoup songent à Bayrou avec ses 17% au premier tour en 2012: puis après, plus rien, disparu.
Alors que nous remontons à la crise de 2008 et aux réactions des marchés après l'élection de Trump, le trésorier, que je soupçonne de voter Fillon1, parle des banquiers Golman Sachs au gouvernement qu'il paraît considérer comme une bonne chose (puisque Trump s'était présenté comme un anti-système et faisait peur aux milieux financiers) et voyant ma tête commente: «ce n'est pas moral mais c'est comme ça». Je réponds que c'est surtout dangereux, que les mêmes effets produisant les mêmes causes nous aurons une autre crise, en pire, «la seule chose qui va manquer c'est Madoff».
Ma prédiction tombe dans le vide et j'espère avoir tort.

Après le comité je rejoins Hervé chez Ladurée. Puisqu'il n'y a plus de coupe Soho (glace au gingembre) je prends une coupe Ispahan (glace à la rose). Mon téléphone m'envoie une notification: mon billet de train a été annulé par Trainline mais pas dans Wallet. Je devrais être en train de prendre le TGV pour Dijon.


Note
1 : en tout cas il est de droite, c'est sûr, c'en est même une caricature dans les préjugés (pas pire que les miens, je vous l'accorde volontiers). Il m'est très utile pour apprendre à rester zen avec ces gens; en fait il est gentil, il a juste des réflexes instinctifs à l'inverse des miens, ce qui est toujours ce qu'il y a de plus étrange au monde: on tend à considérer qu'un réflexe instinctif est le même chez tous les hommes.
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