Billets qui ont '2017-05-02' comme date.

Quelques mots d'adieu

Mon chef bien-aimé prend donc sa retraite (enfin, comme tous les vieux cadres de la maison, il doit d'abord éponger six mois de vacances). Voici son dernier mail (nous avons fait un pot d'adieu en tenue de plage et lui avons offert seau en plastique et canne de pêche enfantine):
D’abord un immense merci à toutes et tous pour vos somptueux cadeaux, vos chaleureux messages… Sans oublier vos talents gastronomiques et vos tenues maritimes (et légères ?)…
Côté plage, je serai désormais doté d’un matériel de professionnel qui va me permettre d’aborder sans crainte les concours de château de sable et faire trembler les poissons qui se hasarderont entre le Phare des baleines et le Banc des bûcherons…

Côté cave, je vais pouvoir reprendre contact avec mon ami Bacchus (pour être honnête, je ne l’avais pas complètement perdu de vue !) et, ce sans modération…

Désormais, il ne me sera plus possible de continuer ma provocation préférée (et si délicate), mon fameux (!!!): « je n’aime pas les gens » !!!...

Vous connaissez ma manie des citations… Je ne pouvais donc pas partir sans vous laisser une trace de mes compilations « professionnelles »… Sous forme de florilège… pour chacun et pour tous … Je ne vous épargnerai donc rien… jusqu’au bout !

Nadia A : « Le sport ne fait pas vivre plus vieux, mais fait vivre plus jeune » » (Stephen Leacock)

Denis B : « Il faut s’efforcer d’être jeune comme un Beaujolais et de vieillir comme un Bourgogne » (Robert Sabatier)

Françoise B : « On ne peut empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux » (Matisse)

Magali B : « Que seraient les êtres humains sans les femmes ? Ils seraient rares, extrêmement rares » (Mark Twain)

Jean-Pierre D : « Chaque homme doit inventer son chemin » (Jean-Paul Sartre)

Catherine D : « Le beau est partout et chaque homme non seulement le voit mais doit absolument le rendre à sa manière » (Eugène… Delacroix)

Véronique D : « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède » (Saint Augustin)

Fabien D : « Vous perdez 100 % des opportunités que vous ne saisissez pas » (Wayne Gretzky)

Guillaume D : « Le changement n’est pas nécessaire à la vie, il est la vie » (Alvin Toffler)

Françoise F : « Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire » (Alfred Sauvy)

Sylvie F : « Il faut abandonner l’idée qu’en matière de dépenses, « plus » est synonyme de « mieux ». (Laurent Fabius)

Jocelyne G : « Le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser (Charles F Kettering)

Hugo G : « La nouvelle génération est épouvantable. J’aimerai tellement en faire partie » (Woody Allen)

Christine G : « La joie n’est pas dans les choses, elle est en nous » (Richard Wagner)

Pierre-Alexandre G : « il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques » (Mark Twain)

Sylvie G : « Dans toute statistique, l’inexactitude du nombre est compensée par la précision des décimales » (Alfred Sauvy)

Philippe H : « L’avantage d’être intelligent, c’est qu’on peut toujours faire l’imbécile, alors que l’inverse est totalement impossible » (Woody Allen)

Christelle K : Quoiqu’elle fasse, la femme doit le faire deux fois mieux qu’un homme pour qu’on en pense autant de bien. Heureusement, ce n’est pas difficile » (Charlotte Witton)

Délestras K : « Les performances individuelles, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe » (Zinedine Zidane)

Violette L : « Les faits sont têtus, il est plus facile de s’arranger avec les statistiques (Mark Twain)

Marie L : « On aime guère le bonheur qui vous tombe, on veut l’avoir fait » (Alain)

Elisabeth L : « La patience est l’art d’espérer » (Vauvenargues)

Valérie M : « Tant que je pourrai voyager autour de ma bibliothèque, je ne me sentirai jamais tout à fait désespéré » (Michel del Castillo)

Christelle R : « Ce n’est pas la force, mais la persévérance, qui fait les grandes oeuvres » (Samuel Johnson)

Danièle R : « Voyager c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déception et fatigues » (Céline)

Michèle R : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » (Voltaire)

René-François R : « L’art de diriger consiste à savoir abandonner la baguette pour ne pas gêner l’orchestre » (Herbert Von Karajan)

Céline R : « Ce qui fait le charme et l’attrait de l’Ailleurs, de ce que nous appelons exotisme, ce n’est point tant que la nature y soit plus belle, mais que tout nous y paraît neuf, nous surprend et se présente à notre œil dans une sorte de virginité » (André Gide)

Voilà… Je vous laisse quelques citations… Mais je pars plein de belles images de personnes formidables, attachantes, bienveillantes… aimables !

Très bonnes vacances (grandes ou petites) !

Amicalement vôtre.
Le jeu consiste à se représenter les personnes à partir des citations (sont-ce des citations qui les décrivent ou qui leur donnent un conseil? Par exemple, est-ce que Christelle R est obstinée ou à l'inverse velléitaire? Sylvie F, je sais: elle s'occupe des budgets et du contôle de gestion!).
A part une ou deux personnes, je ne les connais pas plus que vous, je ne peux faire que des hypothèses. Mais à l'inverse de vous, je pourrai tenter de les vérifier.

Se décider

Je retourne en cours d'allemand pour apprendre que c'est le dernier de l'année. Nous traduisons trois poèmes de Bonhoeffer.
C'était prévu dans le descriptif du cours, mais on peut dire que ça tombe à pic.

Explication pour ceux qui ne connaissent pas : Bonhoeffer, pasteur protestant, est l'une des grandes figures théologiennes qui s'est opposé au nazisme au sein de "l'Eglise confessante" alors que l'Eglise allemande hésitait et se ralliait en grande partie au nazisme. Il a fait partie d'un groupe qui préparait un attentat contre Hitler (qu'un chrétien s'engage sur le chemin du meurtre reste pour moi in-pensable) et a été pendu en avril 1945.

Quel rapport avec aujourd'hui? Voici quelques lignes d'une lettre de 1934 sur l'importance de prendre une décision, de prendre le risque de prendre une décision ("œcuménique" représente les différents courants protestants). Je pense ici autant aux hésitants en général qu'à l'Eglise catholique qui n'ose pas employer de mots fermes par peur de brusquer les anti-mariages gay (heureusement quelques évêques ont été clairs et sauvent l'honneur). :
J'aurais beaucoup aimé discuter de nouveau de la situation actuelle avec toi, puisque la lenteur de la risposte œcuménique commence à mes yeux à friser l'irresponsabilité. Il faudra bien prendre une décision à un moment, il n'est pas bon d'attendre indéfiniment un signe du ciel qui viendrait résoudre le problème sans aucun trouble. Le Mouvement Œcuménique doit lui aussi prendre position, quitte à se tromper, comme tout être humain. Mais que la peur de se tromper les pousse à tergiverser et à se dérober alors que d'autres, nos frères en Allemagne, sont obligés de prendre des décisions infiniment plus difficiles tous les jours, me semble aller à l'encontre de l'amour. Retarder une prise de décision ou ne pas en prendre est un plus grand péché que de prendre de mauvaises décisions guidées par la foi et l'amour. […] Dans le cas qui nous préoccupe, c'est maintenant ou jamais. "Trop tard" mènera à "jamais".

Eric Metaxas, Bonhoeffer : pasteur, martyr, prophète, espion, p.280, éd. Première Partie, Paris 2014
L'un des élèves nous apprend que passant à Weimar en juin 2014, il avait voulu aller à Buchenwald voir le mémorial de Bonhoeffer: impossible, il venait d'être vandalisé.

Le soir, retour en cours. J'en ai raté quatre. Troisième cours sur "Sexualité, éthique et théologie". Je suis extrêmement sur la réserve.
Pour l'instant tout va bien : Thomas (d'Aquin), faire mémoire, agapê…
Mémoire, intelligence, volonté : selon l'importance plus grande donnée à l'un ou à l'autre, on sera plutôt augustinien, bonaventurien ou scottiste…

Piste : Eric Fuchs, théologien protestant, a écrit un livre qui a eu beaucoup de succès autant auprès des catholiques que des protestants: Le désir et la tendresse.

Généalogie matthéenne : les transgressions des patriarches n'entravent pas le dessein de Dieu.

199/365 : un migrant cuit

Je suis arrivée en retard à la gare, j'ai raté le train à trente secondes, puis découvert qu'un train sur deux était supprimé: les panneaux indiquaient qu'un homme était monté sur un train gare du Nord vers cinq heures du matin, bloquant la circulation, occasionnant de nombreux retards.
Selon les annonces, tous les trains étaient terminus gare de Lyon, mais en réalité ce n'était pas le cas.
Je suis arrivée à onze heures au bureau (j'ai un peu honte).

A quatre heures, départ pour l'institut de théologie protestant métro saint Jacques.
A six heures et demie, velib de Port Royal à rue Mézières.

J'apprends sur twiter que l'homme monté sur un train n'était pas un jeune en train de faire l'imbécile, mais un migrant tentant de rejoindre l'Angleterre. Il est mort électrocuté sur un TGV. Il est brûlé si profondément qu'il sera difficile à identifier.
Je note cela en détail car ma lassitude est extrême, tout cela est insensé et empire.

22 h ligne 4 saint Sulpice-les Halles.
J'arrive sur le quai du RER D à 22h19. Le prochain RER est annoncé à 22h39. Je lis twitter et je flippe (à cause de la conn*** ambiante). Dernière nouvelle en date publiée dans Le Canard enchaîné, Le Pen aurait prévu de dissoudre l'Assemblée si elle gagnait la présidentielle et n'avait pas la majorité (ça fait beaucoup de si).
Un train arrive, il est 22h43, il porte le nom de Zaco au-dessus du pare-brise de la locomotive, c'est-à-dire une destination pour Melun, mais les panneaux lumineux indiquent que c'est un Rovo destination Corbeil-Essonne.
Que croire? Confusion, les passagers s'interrogent. Je décide d'aller jusqu'à Villeneuve, au pire O. viendra me chercher.
Finalement ce sera bien un Zaco.

Dan

Comme à chaque fois que Kwa vient en France il sonne le rappel, ce qui fait que nous nous voyons plus souvent maintenant qu'il est à Boston que lorsqu'il était à Brétigny (mais il paraît qu'il ne faut pas le dire).

Rendez-vous donc Chez Marianne, le célèbre restaurant juif dans le Marais. Dan et son ami sont là, nous ne les avons pas vus depuis 2001 ou 2002. A l'époque c'était la fin de la bulle internet, Dan nous avait raconté avec beaucoup d'humour comment il avait failli devenir très riche (et puis finalement non, à un cheveu: c'était tombé sur un autre) (ah les start-up, l'horreur des start-up: comment raconter les rêves et les mythes autour de ce mot pour ceux qui vivent dans ce monde, quelque chose de l'ordre de la recherche de l'Eldorado au XIXe siècle, quelque chose que l'on atteind jamais mais qui vous anime… quelle importance tant que l'on sait que c'est davantage un mythe fondateur qu'une réalité concrète (concrètement, travailler dans une start-up, c'est travailler!))

Nous ne l'avions pas revu depuis cette époque, je ne me souvenais pas qu'il avait une aussi belle voix. Il a travaillé cinq ou six ans dans une autre start-up, à installer du réseau au Pakistan («Je suis arrivé le premier jour du ramadan, j'ai fait mon premier ramadan là-bas: ils m'offraient de manger, mais c'était gênant devant eux, alors j'ai fait comme eux. Mes parents m'ont dit "comment, tu ne fête pas Pourim avec nous, et tu fais le Ramadan!"»), Inde, Cameroun… Il a des souvenirs ancrés dans la géographie et s'ennuie un peu maintenant qu'il est rentré dans le rang (la holding de la start-up a arrêté de financer les investissements pour se contenter d'exploiter ce qui était déployé).

Dan et Patrick se sont fait opérer de la myopie à l'âge où l'on devient presbyte. Ils nous expliquent qu'en fait on devient double borgne: un œil pour voir de loin, un œil pour voir de près, c'est au cerveau à apprendre à gérer cela. Il est possible de choisir de "régler" les deux yeux pour voir de loin, si par exemple on fait du tir à l'arc, en acceptant de porter des lunettes pour voir de près, ou l'inverse. L'opération prend quinze secondes, «dix minutes si tu comptes le temps de t'asseoir, de préparer le champ opératoire». Ils nous ont donné un nom: le professeur Gatinel, à Rothschild. H. est tenté.

Nous parlons des vacances, Dan raconte un ouragan en Australie: «J'avais bien lu "n'allez pas au nord du tropique du Capricorne, il y a des ouragans" mais je m'étais dit que ça irait. Les palmiers étaient horizontaux, la pluie ne tombait pas, elle volait.»

Eux partent à Ibiza dimanche prochain après avoir voté et rentrent dix jours plus tard: «si ça se passe mal, nous ne rentrerons pas», disent-ils en riant. «Mais ça se passera bien», ajoute Dan confiant, tandis que Patrick paraît beaucoup plus proche de mon inquiétude: lui est sur les réseaux sociaux, il voit l'abstention et les discours délirants.


Par ailleurs je me suis inscrite pour être assesseur dimanche. J'ai besoin de faire quelque chose, de servir, au sens fort.
A Marseille, le soir du premier tour, un président de bureau est rentré chez lui en oubliant de donner le procès verbal de fin de vote: fatigue et manque d'expérience. Moralité, l'ensemble de la publication des résultats a été bloqué. Il manque des assesseurs pour le second tour.
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