Billets qui ont '2018-05-07' comme date.

Une boucle de cinquante kilomètres

Réveillée vers minuit vingt. Inquiète. Demain j'ai caté, dans huit jours je dois rendre cette fichue dissert et je n'ai pas lu grand chose. Je me lève.

Je descends dans la cuisine, me prépare une grande camomille, sors les affaires de catéchisme. Saint Paul. La conversion de St Paul.
Dans le matériel pédagogique mis à disposition, on m'indique la possibilité de regarder les deux premiers chapitres d'un dessin animé sur Youtube. Je décide de m'en servir, pour une fois. J'ai la flemme pourrais-je dire, ce qui est vrai, mais d'autre part il est possible qu'un dessin animé soit plus efficace que mes récits.
L'important est de transmettre, tant pis si j'ai l'impression de tricher, de ne pas faire ma part.

Une heure moins dix (du matin). Le téléphone sonne. Une sonnerie à peine, je décroche. C'est O. J'entends sa voix paniquée. Donc il est vivant (mon cerveau analyse au fur à mesure). A-t-il cassé la voiture? Non, il s'est trompé de branche de RER, il est à Noisiel.
— Pas grave, j'arrive. Mais il y en a bien pour une demi-heure.
N19, Francilienne, A4, N19. Je dépose O. à Boissy pour qu'il récupère la voiture, je rentre, me couche et m'endors immédiatement.

La vérité, au fond

H. était à Tours pour la journée. Un ami cherche à recruter des informaticiens et H. les rencontrent pour vérifier leurs compétences.

Ils recherchent des candidats qui croient et aiment l'informatique tout en ayant compris que cela s'appuie sur les mathématiques. C'est volontairement que je décris cela de cette façon un peu étrange car H. se heurte toujours aux mêmes limites : des candidats qui n'ont pas le réflexe d'utiliser les mathématiques (même au niveau le plus simple, les problèmes d'ordres de grandeur, de dichotomie, de tri, de matrice), des candidats pour qui l'informatique n'est pas un mode d'être (il recherche des enthousiastes, des amoureux, des personnes qui vivent par l'informatique. Evidemment, c'est non seulement difficile à écrire dans une offre d'emploi, mais c'est également rare).
Je le rejoins gare de Lyon. Il oscille entre découragement, ébahissement (il me raconte un entretien de la journée : « il avait envie mais il ne savait rien»), exaspération.

Nous rentrons en voiture sous une pluie battante.

Je lui parle de l'invitation de Nicolas, de mon souhait d'inviter mes camarades de la catho. Il soupire. Je parle tout doucement:
— Mais pourquoi soupires-tu? Ce sont des médecins, des ingénieurs, des contrôleurs de gestion. Vous avez des sujets en commun, tu t'entendras avec certains, tu n'es pas obligé de parler religion et ils n'essaieront pas de te convertir.
Il répond, lui aussi très bas:
— Mais justement, pourquoi… (sous-entendu, pourquoi des gens comme ça, avec ce cursus-là, croient-ils en Dieu? Quelle bêtise, quel dommage, quelle perte du bon sens…)
Pour une fois je dis le fond de ce qui est, de ce que je n'ose jamais dire parce que c'est personnel, aussi personnel qu'une déclaration d'amour:
— Parce que nous avons rencontré le Christ et que nous l'aimons.
Silence.
Il reprend du poil de la bête:
— Comme dirait Coluche, si tu le croises, salue-le de ma part.
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