Billets qui ont '2020-04-16' comme date.

Déconfinement déconfit

De ce que je comprends en lisant à droite à gauche, il y a les gens accablés à l'idée que cela va durer encore un mois (mais comment ont-ils pu croire un seul instant que cela durerait moins de huit semaines? 76 jours pour les Chinois — il n'y avait aucune raison que nous fassions moins ou mieux) et ceux qui ne veulent pas retourner travailler (salauds de patrons capitalistes qui veulent nous rendre malades; comme si l'école était plus importante que nos vies; etc, etc).


En résumé, il faudrait sortir du confinement mais ne pas retourner travailler.

J'ai l'air d'en rire mais en réalité cela me pertube.
Je pense au grand Bond en avant, quand l'Etat chinois a dit «Mangez, l'Etat vous nourrira», et que les paysans, mon dieu, les paysans, ceux qui savaient bien que la nourriture n'était pas magique, qu'elle poussait et se récoltait à force d'attention et de peine, l'avaient cru, mon dieu, l'avaient cru. Et ils ont mangé leurs réserves, c'était la fête, l'Etat veillait à tout, et ils sont morts de faim l'année suivante.
What do you expect? ai-je envie de crier, vous pensez vraiment que c'est magique, que l'argent sort des murs, des poches des milliardaires-qui-ne-paient-pas-pas-leurs-impôts (syntagme figé, entrée flaubertienne du dictionnaire — millionnaire: ne paie pas ses impôts), que la finance suffirait à nous nourrir tous? Mais la finance, c'est du vent; vous le savez, vous qui demandez le retour de l'économie réelle contre la finance: l'économie réelle, c'est votre travail.
Ô cette façon d'avoir oublié le lien entre son salaire et le travail accompli.
Il faut être à son compte en ce moment pour le mesurer.

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Pour les netfliqueux : si vous aimez les polars (un peu gore) vous pouvez tester Headhunters.
Vu American psycho (pas mon genre) et Wajda sur Arte (magnifique jeune actrice. A regarder en VO).
Commencé The Intruder (Arte toujours).

Chronologie des manques

Un twittos anti-macroniste a reconstitué une chronologie à charge de la gestion de la crise qui présente l'intérêt d'être également une chronologie de l'épidémie. (Apparemment, François Bonnet l'a plagiée dans Médiapart).

Les twitts sont appuyés sur des sources extérieures. Le gros bémol que j'apporterais, c'est l'ambiance de février, la bite à Griveaux, le 49-3, etc: je ne crois pas une seule seconde que les anti-macronistes auraient cru Macron avant le 16 mars, et ce pour une raison simple: quoi que dise Macron, ils sont contre. La preuve par l'absurde en a été apportée fin mars par la CGT qui a voulu… appeler à la grève. (Une amie a commenté: «c'est de la haute trahison».)

Cela posé, j'avoue mon exaspération devant l'absence de tests de dépistage en amont (pour connaître les asymptômatiques et non vérifier que les malades sont malades, nom d'un petit bonhomme) et le discours "les masques sont inutiles" (plutôt qu'encourager les gens à faire ce qu'ils pouvaient — heureusement ils l'ont fait) et surtout devant l'absence de discours clair.
Si l'on manquait de tests et de masques, il fallait dire: «nous manquons de tests et de masques. En attendant d'en obtenir, nous vous conseillons de…»
Ce n'est pourtant pas difficile.
Ça m'agace parce que j'ai les mêmes problèmes au boulot, cette incapacité à obtenir la vérité, l'obligation de la déduire lentement soi-même des faits parce que la hiérarchie, les prestataires, n'ont pas le courage de l'exprimer.
Et pourtant connaître la vérité, l'état de la situation, c'est la meilleure façon d'y faire face. Même s'il n'y a rien à faire, s'il n'y a qu'à attendre, cela permet d'observer les modifications de la situation en comprenant ce qui se passe, parce que cela correspond à notre information. Cela permet de réagir vite dès qu'on peut intervenir.

Cependant, je préfère avoir eu Macron au gouvernement pour gérer cette crise que MLP, Fillon ou Mélenchon. J'ai davantage confiance dans sa capacité de raisonnement et sa volonté d'agir pour la France (même si je comprends tout à fait qu'on puisse ne pas être d'accord avec la forme qu'il souhaite donner à la France).
Ses adversaires l'appellent "le président des riches", mais justement, lui ne pique pas dans la caisse parce qu'il a tout ce qu'il lui faut — MLP pique dans la caisse en continu, Fillon rends-l-argent est devenu proverbial; je ne sais quel pot-de-vin ou montage foireux ces deux-là auraient accepté en ces temps de pénurie médicale.

Quant à Mélenchon c'est un autre problème: la grosse tête, une tendance très yakafokon-X-est-un-incapable-moi-je. Se retrousse-t-il les manches parfois? A part prononcer des discours, a-t-il fait avancer des dossiers dans ses différentes fonctions au cours des trente ou quarante dernières années? Je ne sais pas s'il se serait occupé des gens. Être capable d'encenser le Vénézuela pétroliféraire dont les habitants affamés ont fini par manger les flamants roses ou les animaux des zoos m'en fait douter.
Par exemple, j'aimerais bien savoir ce qu'il a fait concrètement, à part accuser la mairie et l'Etat, pour les immeubles de Marseille. Après tout il est député des Bouches-du-Rhône, il s'agit d'une situation de crise: comment se comporte-t-il en situation de crise?

Un dessin pouvant (res)servir souvent :


Décision

Une décision c'est un choix parmi plusieurs possibilités d'action.

Après coup, une décision paraîtra toujours mauvaise, au moins partiellement: parce qu'elle sera passée de la théorie à la pratique, elle aura mis en branle le réel, déployant autour d'elle ses effets secondaires inattendus ou pervers. Apparaîtra dans la réalité toutes ses conséquences auxquelles nous n'avions pas pensé.
A l'usage, il semble parfois que plus une décision est radicale et plus ses effets pervers le seront (pervers signifiant ici: allant à l'encontre de la décision prise1).

Donc prudence et mesure.

Par ailleurs, avec le recul, toutes les autres possibilités restées à l'état abstrait paraîtront attrayantes: en effet, non mises à l'épreuve de la réalité, elles n'exposent pas leurs désavantages encore inconnus.

Hier soir Macron a annoncé la sortie progressive du déconfinement à partir du 11 mai, avec reprise des écoles et collèges mais pas des universités.
Les cafés et restaurants vont rester fermés. J'ai du mal à imaginer des villes mortes.
On verra bien.



Note
1 : Mon exemple préféré d'effet collatéral opposé à la décision prise: VGE fermant les frontières à l'immigration, Simone Veil plaidant pour les familles que cela séparerait, loi de rapprochement familial, arrivée en France de familles nombreuses, parfois polygames, qui ne repartiront plus par peur de ne pas pouvoir revenir puisque les frontières sont fermées.
Bref, si VGE n'avait pas fermé les frontières, les pères auraient continué à venir travailler seuls pour rentrer au pays pendant les vacances…
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