Billets qui ont '2020-07-20' comme date.

Une décision soudaine et irrévocable

Une amie d'AC devait venir la chercher vers onze heures. En attendant nous avons longuement papoté sur la terrasse, essentiellement API (Application Programming Interface : H. a fait une sorte de formation-imprégnation en une demi-heure), management et conduite de projet.

Tard dans l'après-midi (pour éviter la chaleur) nous avons commencé à monter la tonnelle pour supporter le rosier.



Je ne sais plus exactement ce qui s'est passé. Est-ce pendant le repas que nous avons décidé de déménager? le coup de poignard dans le dos du voisin, après la réelection de Clodong (aussi méchant que NDA mais dans le genre insidieux), le RER D insupportable, le futur Leclerc de la gare qui va tuer définitivement la ville, la meulière éventrée en face de chez nous dont les travaux ne reprennent pas qui laisse présager une revente en catastrophe à un promoteur immobilier, les enfants devenus invisibles, la nécessité de changer de club d'aviron parce que l'actuel ne mènera à rien, le déménagement de P., potentiel futur associé de H., dans le sud de l'Essonne…
Je crois que c'est H. qui a posé la question. J'ai répondu oui comme une évidence. Cette certitude immédiate, sans hésitation, qu'il fallait partir est la preuve que nous avons atteint les limites de l'exaspération. C'est comme un dégoût; il faut fuir, recommencer ailleurs, même si nous sommes trop âgés pour ne pas savoir que nous partons avec nous-mêmes — dont nous ne savons pas si nous sommes le problème ou la solution.

Alors après le repas, sur un coup de tête, nous sommes partis à Coudray-Montceaux: H. voulait voir les bords de Seine qui m'avaient tant plu lors des Culs gelés.

A vrai dire Coudray-Montceaux est très laid, à l'image de ces villages "relais de postes" dans Alexandre Dumas, maisons anciennes alignées le long de la route vers Paris, lotissements construits au fur à mesure qu'à l'inverse Paris déborde. Il n'y a que les bords de Seine qui soient beaux — mais très beaux.
Je lui montre dans la nuit la maison aux volets verts qui me poursuit dans mes rêves.

Hébergement

Ce matin il y a beaucoup moins d'élèves en niveau avancé et nous nous retrouvons à deux pour quatre élèves, trois Iraniens et un Turc «d'origine kurde» précise-t-il toujours à l'enregistrement du matin — et c'est aussitôt déchirant de l'enregistrer comme turc.
L'autre animateur a prévu un petit jeu écrit — ce que je trouve étrange et scolaire puisque nous devons faire de la conversation française. Cela nous prend beaucoup de temps et il nous reste une heure pour traiter le thème du jour: la géographie.

Sans doute est-ce parce que j'ai consenti à son idée que l'autre animateur consent à la mienne: demander aux participants de nous expliquer la géographie de leur pays plutôt que nous celle de la France. Le Turc est en minorité devant l'enthousiasme des Iraniens pour leur pays: il faut absolument visiter l'Iran, c'est très beau, très varié (point culture: les plages sont non mixtes ce qui permet aux femmes de se baigner).
Plus tard lors du débrief inévitablement je me demanderai si je n'ai pas eu tort, s'il ne leur aurait pas été plus utile qu'on leur présente la France et ses régions.

Aujourd'hui j'ai appris que le prénom "Sader" voulait dire honnête et que la plupart des prénoms arabes ont une signification.

Le soir nous hébergeons AC, ma copine de St Brieuc. Elle fait une escale en route vers les Vosges.
Nous dînons au restaurant réunionnais en parlant principalement des malheurs (professionnels) d'Hervé.

En vélib

Il y avait moins de participants aujourd'hui, je me suis donc désistée et j'ai tenté d'aller à Nanterre préfecture en vélib. Je n'ai pas trouvé l'entrée du tunnel accessible aux vélos sous la Défenseet j'ai donc fait le tour, je me suis perdue dans Courbevoie et me suis retrouvée le long du cimetière (un sacré détour m'avisé-je maintenant en regardant la carte).

Je suis passée devant les Groues, l'occupation d'une friche à Nanterre. Camping, réparation de vélos, il paraît y avoir pas mal de choses à voir dans cet espace.





Photo un peu sombre car la luminosité était intense (ô paradoxe de la photographie).

Au bureau c'est la dèche: pas de machine à café, pas d'eau chaude pour le thé, le coin cafeteria est fermé. Je mange au self pour la première fois depuis le déconfinement.

Le soir, rencontre apéro avec une député LREM de l'Essonne au golf d'Etiolles. J'ai laissé tomber le Modem car je suis fatiguée de leurs querelles internes — treize ans que ça dure et je ne comprends rien à leurs dissensions. Je me suis emballée à propos de l'éducation, exprimant ma conviction qu'il faut un socle commun de lectures de référence. Je propose quelques fables de La Fontaine et Les trois mousquetaires, rien de révolutionnaire, mais quelque chose que vraiment nous ayons tous en commun — car il nous reste si peu de choses. Quand je l'interroge O. me dit qu'à deux ou trois ans près les jeunes n'ont pas les mêmes références, ne regardent pas les mêmes youtubeurs. Tout est devenu si éparpillé, si difficile à rassembler.

Est-ce ce soir-là que H. m'a demandé dans la voiture où je déménagerais si nous déménagions?
— Soit le long de la Seine vers le sud ce qui te rapprocherait de Pascal, Coudray-Montceaux m'a beaucoup plu, par exemple; soit vers St Germain-en-Laye pour un accès plus direct à la Défense.

Technologies

Le cours d'aujourd'hui portait sur les technologies. Je n'avais pas repéré que nous avions reçu les fiches de vocabulaire via un lien googledoc et je me demandais de quoi il fallait parler. En fait il s'agissait des technologies numériques, tout le vocabulaire des claviers, applications, internet…
J'ai trois élèves, aucun de ceux d'hier n'est revenu (c'est un peu inquiétant). J'apprends que les Iraniens et les Afghans se comprennent, que les Afghans parlent dari et pachtou et que le dari et le farsi sont très proches — mais qu'il existe une multitudes de langues en Afghanistan. (Je n'avais jamais entendu ce mot de "dari").

J'écris tout au tableau, Anne-Lise la prof de FLE reste un moment dans la salle pour voir comment ça se passe. Je joue un peu avec le franglais, «Google it!»
A la fin du cours, B** me demande: «est-ce que tu pourrais me donner un exemple de phrase avec le mot "numérique"? J'ai l'impression de connaître plein de mots que personne n'utilise.»
Je reste sèche.

Débrief. Un animateur en cours avancé a organisé un débat pour ou contre numérique pour les enfants, un autre a simulé l'achat d'un portable à la Fnac. Mince, je n'ai pas du tout pensé à cela, quand j'ai voulu préparer le cours hier j'ai focalisé sur «technologies» parce que je me demandais ce que cela recouvrait, et j'ai oublié l'aspect «conversation». J'exprime ma gêne durant le cours à utiliser certains mots technologiques en sachant le prix de ces objets, on me regarde avec incompréhension. J'exprime ma crainte de trop parler. Plus tard Anne-Lise croisée dans la cour me dira avec son grand sourire doux: «tu es dure avec toi-même».

Belle sortie en quatre, soleil et douceur.
Jean-François, moi, Bertrand et X. Le quatre des deux Eric n'a pas réussi à nous distancer, et comme ils sont imbus de leur force, ils font la tête (mais ils sont lourds, nous étions plus légers et plus techniques: l'aviron est un sport de glisse). Le soir dans la cuisine, j'aperçois des visiteurs à travers la vitre. Joie et bonheur, cela faisait plusieurs années que le dernier avait disparu.



(A noter, la bassine pour les déchets destinés aux poules. Et les limaces, délice des hérissons.)

Préparation de la saison prochaine

Les certificats de sport se demandent désormais tous les deux ou trois ans. Je devais renouveler le mien, j'ai pris rendez-vous pour une téléconsultation.
«Une téléconsultation pour un certificat de sport? On arrive aux limites de l'exercice» a commenté mon médecin.

Entraînement calamiteux en salle: une minute à cadence de référence, une minute à cadence de récupération, huit fois, huit minutes de récupération et de nouveau une série de seize minutes : la deuxième fois je n'ai pas du tout tenu les temps.
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