Billets qui ont '2023-06-25' comme date.

Le programme du Front populaire. Aparté sur une utopie

Deux remarques sur le sur le programme du Nouveau Front Populaire et une généralisation.

1/ la retraite

En tant que boomer, je suis stupéfaite voire scandalisée de voir des boomers en col blanc souhaiter la retraite à 60 ans. D'accord quand on travaille dehors ou qu'on porte des charges lourdes, mais quand on travaille dans un bureau? Sont-ils conscients qu'ils condammnent les générations plus jeunes à travailler pour eux ?

Je sais bien qu'au tournant de l'an 2000 notre génération a vu ses parents partir en pré-retraite à 58 ans dans un pays rongé par le chômage (les pré-retraités, c'était autant de personnes en moins dans les statistiques du chômage). Nous avons fait face, nous l'avons payé (par nos cotisations sociales), mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour nos enfants et petits-enfants?

Et que ces générations de jeunes, qui par ailleurs ne font plus d'enfants eux-mêmes et donc de fait interrompent la solidarité intergénérationnelle, s'enthousiasment pour cette mesure, me stupéfie. Se rendent-ils compte qu'ils se condamnent eux-mêmes à une dégradation de leur niveau de vie, soit en payant davantage de cotisations, soit en recevant des pensions plus faibles, soit les deux?

dessin illustrant quatre retraités pour un actif


Au moment du débat sur les retraites, j'ai retenu qu'il y avait UN (un seul) moyen de s'en sortir avec les paramètres actuels (population vieillissante, augmentation du rapport retraités sur actifs) sans augmenter les prélèvements ni diminuer les retraites: c'était augmenter la productivité.

Malheureuseusement, en France elle est en berne depuis 2019. Cela s'explique globalement par le plein emploi (les patrons conservent leur main d'œuvre dans les périodes de moindre activité par peur de ne pas la retrouver quand ils en auront besoin), par les contrats d'alternance (mécaniquement le temps passé à l'école fait baisser la moyenne de la production) et le manque d'investissements.
Ce manque d'investissements est un problème européen très inquiétant pour l'avenir:

décrochage de la productivité européenne par rapport aux Etats-Unis. 2000-2023


2/ un statut de déplacé climatique
J'applaudis des deux mains, je suis pour.
Enfin, je serais plus radicale: je souhaite que toute personne puisse entrer en France, et si elle n'a pas de papier, qu'on lui en fasse (pas des papiers français: une carte avec son identité, sa nationalité, etc. Déclaratif si pas possible autrement, avec le témoignage des compagnons de voyage éventuellement. Après tout quelle importance: l'important c'est le futur, la façon dont ils vont se comporter en France — et qu'on dispose pour eux d'une identification stable, quitte à ce que ce soit nous qui la leur donnions.)

Cela revient quasi au même qu'un statut de déplacé climatique, car bientôt tous vont l'être: se rend-on bien compte que l'équateur va devenir inhabitable d'ici 50 ans et que les populations d'Asie et d'Afrique vont naturellement se dépacer? (ce sera peut-être différent en Amérique grâce à l'altitude et l'Amazone, mais rien n'est moins sûr: en 2023 le canal de Panama a manqué d'eau et le Mexique brûle).

Les populations vont se déplacer. On peut s'en défendre, dresser des barrières, les laisser mourir dans la Méditerranée. Il faudra militariser de plus en plus, car les migrants seront de plus en plus nombreux et nous de moins en moins.
Ou nous pouvons prendre en compte cette donnée inéluctable et nous préparer. Comment? En préparant des logements et surtout en rénovant l'école. Nous n'arrivons plus à transmettre notre langue, notre histoire, nos valeurs, aux enfants français, comment les transmettrons-nous aux enfants étrangers? Il faut revoir les enseignements fondamentaux, la pédagogie, revaloriser la profession (et sans doute les salaires).
Accueillir les migrants et les intégrer passe par l'école, j'en suis persuadée.

3/ échapper à la condition humaine
De façon générale, en lisant les promesses ça et là (ma réflexion dépasse le NFP), je me demande combien font le rapport entre leur salaire et la valeur produite. Dans un monde libre, le salaire dans les entreprises est une partie du chiffre d'affaires, c'est-à-dire des ventes, reversée aux salariés. Ce n'est pas un montant arbitraire, il correspond à des ventes, à des frais fixes, à une marge souhaitée pour se développer. Pour augmenter les salaires, il faut soit vendre plus (effet volume) ou vendre plus cher (effet prix). Dans ce dernier cas, l'augmentation des salaires entraîne tout simplement une augmentation des prix.

Une autre façon est de diminuer les marges (quand il y en a) ou de redistribuer une partie des salaires faramineux de certains patrons (mais il n'y a pas tant de grands patrons: ça ne concernerait que certains salariés — et ces salaires faramineux, une fois partagés entre tous, représentent peu pour chacun). Vu ce qu'on vient de voir sur la productivité, je préfèrerais que cela serve aux investissements. Il faudrait encourager les investissements.

De façon générale, je me demande si les Français se rendent compte qu'ils dépendent les uns des autres: ceux qui travaillent, cotisent, paient des impôts, financent la sécurité sociale, l'école, les routes, les tribunaux, la solidarité avec les plus faibles, etc. Si tout le monde est à la retraite ou au chômage, ça ne marche pas. Si personne ne plante, récolte, fait de la farine, transporte en magasin, on ne mange plus.
La malédiction de la Genèse, «tu mangeras à la sueur de ton front», s'applique. On n'y échappe pas.

A moins, à moins… de revenir à l'esclavage. Parfois je me demande si certains gentils gauchistes (parce que les méchants droitistes, ça va de soi) se rendent compte que pousser leur raisonnement jusqu'à l'absurde reviendrait à condamner une portion de l'humanité à travailler pour que l'autre se prélasse, quelque chose du genre des castes du Meilleur des mondes ou la Grèce antique.
Ou condamnerait tout le monde à mourir de faim. Nous en avons eu deux exemples au XXe siècle: Holodomor et le Grand Bond en avant.

L'avenir

Un type (ou une nana) fait du trollage pour recueillir des réactions. C'est bien, ça permet d'identifier les comptes qu'on a envie de suivre.

Je vous laisse méditer sur cela.

Mélenchon, Bompard, Coquerel, Roussel, Autain, Garrido, Taché, Boyard, Bex, Faure, Ruffin, Léaument, Chatelain, Guedj, Wulfranc, Batho, Corbière, Quatennens, Rousseau, Bernalicis, Panot


Sortez le pop-corn.

Le bordel en Russie

La milice Wagner contre l'armée régulière se tapent dessus depuis hier.
Puis Wagner arrête, son chef Prigojine se retire en Biélorussie.
Personne en Occident n'y comprend rien, même si certains commentateurs font semblant de maîtriser la situation.

Commentaire hier de Colin Lebedev:
Mon moniteur d’auto-école à Moscou me disait: «tu vois tous ces fous au volant devant nous qui cherchent à régler leurs comptes? On les laisse partir devant s’entretuer, et on arrive tranquillement après eux pour analyser la situation. » A demain donc, et bonne nuit.
Son analyse du jour (24 juin 2023) est à lire ici.
Quelle que soit l'issue, certains acteurs, les combattants mais pas seulement, ne pourront s'empêcher de se dire:
1. Il n'a pas tort
2. L'Etat n'est pas si puissant si cette insurrection est même possible.
Et ça, c'est le petit dégât des eaux invisible, mais redoutable.
Quant à nous, Européens lambda, on serre juste les fesses en espérant que les têtes nucléaires ne tomberont pas entre les mains d'un plus barge que les actuels barges.

Une journée en piste

Après la semaine d'orage, j'ai pris une journée de RTT pour faire du planeur.

Sur le câble qui tient la manche à air, trois libellules.

trois libellules


J'en ai profité pour laver la voiture et le bureau. Ça m'a rappelé mon père qui me disait quand j'avais quinze ans: «tu ne fais pas le ménage dans ta chambre mais tu nettoies les écuries.»

Absurdité

Dîner à Ground Control, gare de Lyon à 19h36 pour un train qui part à 19h46. C'est un train de Bourgogne-Franche-Comté, à l'aspect extérieur sale et vieux et l'intérieur passé, le successeur des trains Corail. Ils ont l'avantage d'être confortables, on y dort bien.

Le train est déjà plein, mais nous trouvons deux places assises l'un en face de l'autre. Il fait chaud, nous nous installons, je sors La vingt-cinquième heure.

Le train se remplit, comme toujours à quelques minutes du départ. Il nous faut un moment pour nous rendre compte — «avancez dans le couloir, il y a encore de la place» — qu'il se passe quelque chose d'anormal. A écouter les gens, nous comprenons qu'un autre train n'est jamais parti — sans qu'aucune annonce ne soit faite — enfin si, une, au début, pour informer que le train de 19h21 partirait avec dix-huit minutes de retard — puis plus rien.
Et donc le train de 19h21 est en train de se déverser dans le nôtre, avec des passagers passablement énervés de n'avoir eu aucune information.

Notre train partira avec quelques minutes de retard et se refroidira avec le temps. Les gens debouts, très tassés, attendront plus ou moins patiemment. Heureusement pour eux, la plupart descendent au premier arrêt, à Melun.

En arrivant à Moret, tandis que nous parcourons la centaine de mètres qui nous sépare du parking, nous voyons arriver à quai le train de 19h21, finalement parti, et vide, absolument vide: je ne vois que deux ou trois têtes par les fenêtres.

Panne

Pas d'internet au bureau et pas de téléphone fixe. A midi nous avons renvoyé les équipes chez elles pour qu'elles travaillent à distance. Je n'ai pas compris exactement la cause, des travaux, une gaine coupée?

Nous avons laissé tout le monde en télétravail demain et acheté une antenne 4G avec amplificateur pour servir de relais.

Cependant, on nous a promis que tout serait réparé demain.

Orage

Dans l'après-midi, une élève-pilote nous envoie cette photo d'un orage au-dessus de la piste.

orage au club



Le soir — cela a-t-il un rapport avec l'orage? — il n'y a pas de train sur la branche Moret et je prends un train pour Champagne. Nous mangeons un kebab sur place dans une ville désertée — sans doute à cause de France-Grèce.

Petite journée

Les conditions n'étaient pas très favorables: nous avons commencé tard, vers quinze heures, le temps que les thermiques se forment. Je suis passée en troisième et je n'ai volé qu'un quart d'heure, le temps d'un remorqué (mon point faible) et d'un aterrissage.

Nous avons eu juste le temps de ranger les planeurs avant que l'orage n'éclate, très violent.
A Fontainebleau, le concert de Sting a été annulé.


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Pour mémoire, les réseaux ce soir se déchirent autour d'une bière bue par Macron à la fin d'un match de rugby. Je dois avouer que je suis écroulée de rire. Cette époque est vraiment particulière. Les LFIstes peuvent attaquer les policiers au mortier1, mais le drame, c'est que Macron boive une bière.
Je me demande si j'aurais l'occasion de relire ce billet dans dix ans, et si oui, ce que j'en penserai alors.



Note
1: tunnel Lyon-Turin.
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