Mes parents sont venus aujourd'hui. Nous ne les avions pas vus depuis Noël, j'ai un peu honte. D'habitude on se voit une fois au printemps, pour mon anniversaire ou celui de H. Nous n'y sommes pas allés en février, je préparais les championnats de France en huit; pas en mars, je ne sais pas pourquoi; pas ensuite, entre l'accident de voiture et leur propre voyage en Pologne. Puis mai et Sisteron, juin englouti…
Je ne suis pas fière de nous.
J'ai appris que la passiflore donnait les fruits de la passion (si nous avons de la chance, s'il fait chaud), que les tortues mangaient les escargots. Ce serait peut-être une solution pour notre jardin, malheureusement elles risquent de passer sous le portail.
Les forêts d'épicéa
du Harz sont mortes, c'est un spectacle terrible qui a marqué mes parents.
Il a fait vraiment chaud. Mes parents sont fatigués, leur roadtrip en Europe les a fatigués. Il faut dire qu'en voyage ils se lèvent à quatre heures du matin pour arpenter la campagne. J'essaie de suggérer qu'ils pourraient en faire moins, ou moins vite, prendre plus leur temps; mais ils m'opposent que c'est l'âge (qui les fatigue) et qu'ils ont un emploi du temps contraint: ils ne peuvent pas ralentir, ils doivent rentrer à temps pour s'occuper des maisons de leurs voisins (plantes, chats), tous partis en vacances. A les entendre parler, j'ai de plus en plus l'impression — ça ne date pas d'hier — que leur quartier est un kolkoze, un lieu collectif de partage.