Billets qui ont '2023-08-06' comme date.

Dimanche tourmenté

Il fait mauvais, nous sommes peu nombreux. Nous sortons trois planeurs, un pour l'instruction et deux pour des jeunes pilotes.
Il y a beaucoup de vent et de fortes rafales. Il fait presque froid.

Nous réussissons tant bien de mal à atteindre 1400 mètres, sous les nuages.
— Que dit la réglementation sur les nuages?
— Qu'il ne faut pas y entrer.
— Qu'il faut être trois cent mètres en dessous. Mais en fait on ne la respecte pas.

RL m'a conseillé la programmation mentale: assise sur une chaise, yeux fermés, repasser et mimer toutes les étapes de l'atterrissage (la PTL).

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Ce matin regardé La tulipe noire sur Arte en faisant la vaisselle.
Ce soir, commencé Peu m'importe qu'ils nous prennent pour des barbares. Se souvenir de regarder les films de Radu Jude et de lire Isaac Babel.

Projets indécis

35 à 40 degrés en Italie, paraît-il. H. s'était chargé d'organiser les vacances et avait prévu de descendre toute la botte, mais il hésite de plus en plus devant les températures annoncées.
Je contre-propose Tallin. Après tout, nous ne savons pas combien de temps les pays baltes vont rester accessibles. Tarente ou Tallin, cela se décidera au dernier moment, le 15 août.

— Ah mais… Est-ce que l'Estonie fait partie de l'espace Schengen? Je risque d'avoir un problème.
— Comment ça?
— Mon passeport n'est pas à jour.
— Comment ça? Ni ta carte d'identité ni ton passeport ne sont valides? Tu m'as regardée faire refaire mon passeport en janvier sans réagir?

Comment peut-on s'en fiche à ce point-là? Cela vaut-il la peine de quitter la maison dans ces conditions d'indifférence, d'imprévoyance? Je dissimule mon découragement:
— Bon ben on suivra les frontières et on entrera là où on nous laissera passer.

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Laura est venue pour la journée. Il y a longtemps que j'aurais dû l'inviter; là, c'est presque trop tard: dans une semaine nous partons en vacances et en septembre elle s'installe à Bourges. Elle a pour projet d'aller en février prochain rendre visite à sa sœur installée en Australie et d'y rester plusieurs mois. Il paraît que l'Australie permet facilement de travailler sur place mais est stricte sur ses lois migratoires.

Elle nous raconte la vie l'hiver dans un village de l'Ariège: «Mes parents habitent sur la place au-dessus du café. Tous les cafés sont fermés l'hiver sauf un mais personne n'y va parce qu'ils n'aiment pas le patron. Alors les gens vont chez mes parents. Ils toquent et ils entrent. C'est infernal, il y a tout le temps du monde et on n'arrive pas à s'en débarrasser. Ils s'installent.»
Ça me fait rire. J'imagine si bien. La vie de village regrettée par les romantiques.

Le soir O et Y passent chercher leur chatte. Ils nous racontent Madère (Ronaldo y a fait construire un aéroport qui paraît infernal pour les habitants, les avocatiers sont de grands arbres, les mangues pendent au bout de looongs fils nus et il ne reste qu'à les saisir) et Amsterdam (un restaurant spécialisé dans la cuisine à l'ail, un loueur de vélos très confiant et la boue divine ou céleste qui vend de la mousse au chocolat).
Ils racontent deux expériences de lieux encore dans les guides de voyage mais déserts depuis le covid: une place renommée pour sa vannerie à Madère et une galerie marchande à Amsterdam. Cela paraît les avoir beaucoup impressionnés.

Promenade à Cracovie

Si ce film passe près de chez vous, allez le voir.

Je découvre ce soir que Libé lui reproche de ne pas être un film. Mais en fait c'est le cadet de nos soucis, même si parfois j'aurais bien aimé savoir comment ils avaient préparé les scènes: ces conversations à bâtons rompus, ce ne sont pas des conversations spontanées, n'est-ce pas? Il a fallu les préparer. Y avait-il un scénario, les deux amis/acteurs ont-ils répété? Ou bien non?

Polanski et Horowitz se promènent dans Cracovie et racontent des anecdotes, deux galopins sans âge remontent le temps. Horowitz était si petit, trois ans, il ne se souvient pas de grand chose (et il paraît plus introverti); Polanski était si seul, d'abord sans mère puis sans père, arrêtés tous les deux. La ville, le ghetto, les Allemands. Récits entrecoupés de questions, de rires, de silence. Le contraste entre la banalité du ton et la brutalité des faits vous plonge en état de sidération: «quel est ton premier souvenir, le ghetto ou le camp de concentration?»

Ce serait comme si l'un des Derniers témoins d'Alexiévitch avait décidé de se mettre en scène devant une caméra.
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