Je suis dans une circonscription particulière: en 2022, c'était la seule de Seine-et-Marne qui ne présentait pas de candidat LREM. J'ai donc l'habitude d'être hors du circuit. Cependant, les soirs d'élections, nous suivions de minute en minute sur les boucles Telegram et les groupes WhatsApp les résultats des dix autres circonscriptions, les annonces de fin de dépouillement de chaque bureau pour essayer de consolider les scores avant la préfecture. C'était brouillon, effervescent, on n'y comprenait pas grand chose (les résultats réels se découvrent le lendemain dans la presse), mais c'était vivant, humain.

Ce soir, c'est le silence. Pas un message. Je réussis à avoir les résultats de notre circo via un contact chez les LR. Rien pour les autres. Quid d'Hadrien, de Franck, de Michèle?
Quand on est dans le jeu, c'est différent, la politique s'incarne: je pense au travail acharné, aux attachés parlementaires licenciés au moment même de l'annonce qui ont travaillé bénévolement pendant trois semaines, à l'espoir, à la fatigue. Ne pas céder au découragement. C'est un processus ingrat, les résultats ne sont pas proportionnels au travail déployé sur le terrain. Dans la décision individuelle de chaque électeur, il y a une dimension "air du temps", une autre "enracinement", une troisième "ras-le-bol, changeons tout", etc.

J'essaie de connaître les résultats de Shannon Sheban face à Mathilde Panot, les résultats de Dupont-Aignan: rien.

Mélenchon appelle les candidats NFP arrivés en troisième position à se désister (j'attends de voir sur le terrain: la réalité, c'est que vous ne pouvez obliger personne à faire ce qu'il ne veut pas, se présenter ou pas est une décision individuelle); Edouard Philippe appelle à se désister en faveur des candidats NFP s'ils ne sont pas LFI (mettant ainsi le parti communiste à droite de LFI).
Il y a peut-être eu d'autres annonces dont je n'ai pas eu vent.

Ne vous y trompez pas : nous sommes partis pour un RN président en 2027 (l'effet Obama-Trump). Les Polonais on mis huit ans à se débarrasser de leur gouvernement d'extrême-droite. Cela ne va pas vite. C'est le moment de faire preuve de résilience (et relire Histoire d'un Allemand d'Haffner).

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Remarque littéraire : cela me fait penser à Albert Savarus de Balzac, qui montre les calculs et les luttes d'influence souterraines dans une élection — et à quel point ça tient à peu de choses qui ont peu à voir avec l'intérêt général et beaucoup avec les passions humaines.

Dans l'après-midi, nous avons vu Furiosa, que j'avais très peur d'aller voir tant j'ai aimé Mad Max 4. C'est bien. Pas à la hauteur de Mad Max 4 (pas la dimension opératique), mais bien, cohérent.