De Pau à Ay***s
Par Alice, mardi 20 août 2024 à 23:06 :: 2024
Nous n'avons rien vu à Pau.
Hier, pendant le dîner, j'ai réservé deux places au Gueuleton. Ce matin nous avons pris tout notre temps, puis nous sommes allés déjeuner dans ce restaurant. J'avais ensuite pris un rendez-vous indispensable pendant les vacances: un rendez-vous chez le coiffeur pour «faire les racines», car je déteste autant les racines que j'aime avoir les orteils à l'air.
Ayant ainsi décidé de perdre allégrement le temps précieux des vacances, j'ai lu deux ou trois Paris-Match, avec des photos de Léon Marchand et Charlène de Monaco (c'est décidé, à Noël je demande un abonnement à Paris-Match, c'est toute mon enfant, mon amour des robes sans manche (d'où l'importance du bronzage sans tee-shirt) est directement issu de Jackie Kennedy-Onassis dans Paris-Match); j'ai posé des questions sur les palmiers de la place et la neige paloise (quelques centimètres deux heures dans l'année. Les palmiers résistent.)
Pendant ce temps, H. a expérimenté le funiculaire entre l'esplanade et la gare et a tourné dans la ville.
Nous sommes repartis pour Ay***s (dans la vallée d'Aspe), but de notre voyage. Je me suis invitée chez une amie de collège pas revue depuis trente ans. Elle poste si souvent des photos de la montagne devant ses fenêtres que je voulais voir. Elle habite l'ancien presbytère accroché à la paroi. On entre au niveau de la cuisine, les chambres d'hôte et la terrasse sont un niveau au-dessous, sa chambre un niveau au-dessus: «il y avait les pièces du curé, en dessous la jument et au-dessus le fenil.» Ici la brume s'accroche aux montagne et on peut être trois jours sans voir le soleil.
Nous prenons l'apéro en terrasse. Sonnailles des cloches et cris des hirondelles, fort bruit d'eau: un torrent alimente une centrale qui permet aux villages de la vallée d'être autonomes en éléctricité. «C'était pareil en eau, on avait la source; mais maintenant on va avoir un compteur et payer plus cher.»
Elle raconte ses aventures de propriétaire de gîte. On est loin des anecdotes attendrissantes et des récits «les gens sont merveilleux». Il en ressort le portrait d'une vie précaire, dépendante du moindre incident économique, la douche en panne ou la télécommande de la télé cassée. A côté de cette précarité il y a des avantages en nature inestimables, comme son compagnon logé sur les terres d'un vignoble bordelais ou son fils dans les vergers des puneaux d'Agen.
Le gîte semble tout juste à l'équilibre financier; l'hiver, c'est un gouffre à chauffer. Elle complète ses revenus (un tiers de retraite pour un départ de fonctionnaire très anticipé suite à un «accident de la vie») en salant des fromages. «— Tu as les mains dans quel état? Tu mets des gants? — Non, ça va. On nous donne des gants mais je fais ça à mains nus.»
Nous avons joué à retrouver la dernière fois que nous nous sommes vues; peut-être pour les 65 ans de René, en 1996. Elle venait de se marier, n'avait pas encore son troisième. Elle a passé quatre ou huit ans à Mayotte (je ne sais plus); en revenant elle s'est installée huit ans comme sage-femme libérale, elle ne supportait plus l'hôpital. «J'attends 67 ans pour toucher la retraite de cette période. Ça va faire combien? Cinquante euros par mois?» Elle nous raconte les visites à domicile, le nombre de kilomètres parcourus. «—Je n'imagine pas ce que tu fais, il y a beaucoup de travail? — Ça n'arrête pas. Les visites avant pour rassurer, après pour le suivi de couches, les monitorings… A Mayotte, les routes étaient tellement mauvaises qu'elles accouchaient toutes dans le camion.»
Elle nous prépare une mixture dans un Thermomix: myrtilles congelées et un peu de crème ou d'eau, je ne sais. Cela produit une pâte assez lisse et délicieuse.
Je ne sais plus ce que nous avons raconté. La lune était pleine ou presque. Dans la boîte à livre j'ai récupéré un Glauser.
Hier, pendant le dîner, j'ai réservé deux places au Gueuleton. Ce matin nous avons pris tout notre temps, puis nous sommes allés déjeuner dans ce restaurant. J'avais ensuite pris un rendez-vous indispensable pendant les vacances: un rendez-vous chez le coiffeur pour «faire les racines», car je déteste autant les racines que j'aime avoir les orteils à l'air.
Ayant ainsi décidé de perdre allégrement le temps précieux des vacances, j'ai lu deux ou trois Paris-Match, avec des photos de Léon Marchand et Charlène de Monaco (c'est décidé, à Noël je demande un abonnement à Paris-Match, c'est toute mon enfant, mon amour des robes sans manche (d'où l'importance du bronzage sans tee-shirt) est directement issu de Jackie Kennedy-Onassis dans Paris-Match); j'ai posé des questions sur les palmiers de la place et la neige paloise (quelques centimètres deux heures dans l'année. Les palmiers résistent.)
Pendant ce temps, H. a expérimenté le funiculaire entre l'esplanade et la gare et a tourné dans la ville.
Nous sommes repartis pour Ay***s (dans la vallée d'Aspe), but de notre voyage. Je me suis invitée chez une amie de collège pas revue depuis trente ans. Elle poste si souvent des photos de la montagne devant ses fenêtres que je voulais voir. Elle habite l'ancien presbytère accroché à la paroi. On entre au niveau de la cuisine, les chambres d'hôte et la terrasse sont un niveau au-dessous, sa chambre un niveau au-dessus: «il y avait les pièces du curé, en dessous la jument et au-dessus le fenil.» Ici la brume s'accroche aux montagne et on peut être trois jours sans voir le soleil.
Nous prenons l'apéro en terrasse. Sonnailles des cloches et cris des hirondelles, fort bruit d'eau: un torrent alimente une centrale qui permet aux villages de la vallée d'être autonomes en éléctricité. «C'était pareil en eau, on avait la source; mais maintenant on va avoir un compteur et payer plus cher.»
Elle raconte ses aventures de propriétaire de gîte. On est loin des anecdotes attendrissantes et des récits «les gens sont merveilleux». Il en ressort le portrait d'une vie précaire, dépendante du moindre incident économique, la douche en panne ou la télécommande de la télé cassée. A côté de cette précarité il y a des avantages en nature inestimables, comme son compagnon logé sur les terres d'un vignoble bordelais ou son fils dans les vergers des puneaux d'Agen.
Le gîte semble tout juste à l'équilibre financier; l'hiver, c'est un gouffre à chauffer. Elle complète ses revenus (un tiers de retraite pour un départ de fonctionnaire très anticipé suite à un «accident de la vie») en salant des fromages. «— Tu as les mains dans quel état? Tu mets des gants? — Non, ça va. On nous donne des gants mais je fais ça à mains nus.»
Nous avons joué à retrouver la dernière fois que nous nous sommes vues; peut-être pour les 65 ans de René, en 1996. Elle venait de se marier, n'avait pas encore son troisième. Elle a passé quatre ou huit ans à Mayotte (je ne sais plus); en revenant elle s'est installée huit ans comme sage-femme libérale, elle ne supportait plus l'hôpital. «J'attends 67 ans pour toucher la retraite de cette période. Ça va faire combien? Cinquante euros par mois?» Elle nous raconte les visites à domicile, le nombre de kilomètres parcourus. «—Je n'imagine pas ce que tu fais, il y a beaucoup de travail? — Ça n'arrête pas. Les visites avant pour rassurer, après pour le suivi de couches, les monitorings… A Mayotte, les routes étaient tellement mauvaises qu'elles accouchaient toutes dans le camion.»
Elle nous prépare une mixture dans un Thermomix: myrtilles congelées et un peu de crème ou d'eau, je ne sais. Cela produit une pâte assez lisse et délicieuse.
Je ne sais plus ce que nous avons raconté. La lune était pleine ou presque. Dans la boîte à livre j'ai récupéré un Glauser.