Billets qui ont '2024-10-31' comme date.

Quarante Langelot

Encore essayé de trouver des baskets (cette fois-ci des reebooks) — en vain—, mais trouvé une petite librairie, les Champs magnétiques. J'en ai pourtant une immense à deux pas rue Daumesnil mais je préfère les petites qui reflètent le choix du libraire.
Elle n'a pas passé la plupart de mes tests (pas de Janis Jonevs (mais ç'aurait été miraculeux), pas de Roubaud, pas de Dany Laferrière (L'énigme du retour, un livre jaune et bleu, chaud et froid)) mais elle a un très beau rayon poésie.

Je suis repartie avec
- Résistance(s) - Huit poètes russes, des Russes contre la guerre en Ukraine, un mince livre
- Mandelstam, Pierre et Tristia, édition Harpo &
- Joseph Roth, La Montée du nazisme, édition fari, collection Théodore Balmoral (qui est-ce?)
- Rekacewicz et Vidal, Palestine Israël, une histoire visuelle au Seuil. Des cartes depuis 1880. J'ai hésité: un journaliste du Monde diplomatique doit être biaisé. Je n'ai pas résisté aux cartes.

En passant à la caisse, j'y ajoute Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Dagerman, une plaquette que j'ai perdue il y a longtemps.



Ce soir, j'ai récupéré les trois derniers Langelot reliés par Sophie de Listel Or. Quarante en huit ans.
Nous avons célébré ça au champagne avec deux de ses élèves («tire sur le fil, Paul») en racontant des souvenirs.

Sophie m'a dit que depuis la dissolution, elle avait peu de travail «on est tous dans le même cas; le tapissier de la rue n'a plus de clients. — Mais quel rapport? — Je ne sais pas, peut-être la peur de l'avenir.»
Donc si vous avez des livres à réparer, consolider, protéger (reliure dite «de travail») ou si vous voulez un ouvrage d'art (pas le même prix, mais elle fait des choses superbes, je me souviens d'une couverture de La Vie mode d'emploi avec une pièce de puzzle), c'est le moment.

40 Langelot reliés par Sophie Quentin de Listel Or



J'ai également récupéré le Péguy dédicacé par Barthes que je me suis finalement décidée à faire relier pour le protéger. Le papier était en si mauvais état que Sophie n'a pas directement cousu les cahiers mais les a consolidés.

Prières de Péguy relié par Sophie Quentin de Listel Or Prières de Péguy relié par Sophie Quentin de Listel Or


Lundi infernal

Lundi étrange, tout le monde à cran. J'arrive tôt au bureau afin d'accueillir une formation qui commence à huit heures (ce qui suppose de prendre le train à six heures et demie) et gère les ennuis au fur à mesure qu'ils pleuvent. Comme je le répète parfois, «s'il n'y avait pas d'emmerdes, je n'aurais pas de travail».

Pas de cours officiel de parkour puisque c'est encore les vacances. Celles qui le peuvent sont invitées à venir faire de l'escalade à Arkose Pantin à partir de 19h.
Donc j'y suis allée — puisqu'il s'agit à la fois de ne pas avoir peur du ridicule; travailler l'agilité, l'équilibre et la musculation; accepter d'être parmi les plus faibles.

C'est fun. Ce ne sera jamais une passion, mais je perçois le potentiel de tout ce que cela développe, en esprit de décision, élongation ou étirement des muscles, décision de lâcher une main ou un pied en comptant sur la vitesse et la puissance, apprentissage de prises telles qu'on n'y pense jamais (pousser et non aggripper pour tenir); bref, toute une physique pratique à apprendre ou réapprendre par le corps et le cerveau paresseux qui au quotidien agissent et réagissent toujours de la même façon. C'est aussi, et c'est peut-être le plus amusant, un casse-tête en 3D, un labyrinthe à plat le long de la paroi devant l'énigme des blocs: très bien, pour commencer je mets mes pieds ici, mes mains là, et mon but est de poser les mains sur le bloc marqué de deux flèches là-haut. Mais comment faire? Dans quel ordre déplacer mes quatre membres, pour les mettre où, afin de progresser le long de la voie? Comment couvrir ces deux mètres de vide, êtes-vous sûr que cela soit vraiment possible?

J'apprends la différence entre blocs et voie (nous faisons des blocs); le code de couleurs correspondant à la difficulté (ce n'est pas le même que celui du ski — ça commence par jaune). J'apprends à tomber («c'est très important. Surtout ne mets pas tes bras en arrière, tu risques de te déboiter l'épaule. Ramène tes bras pliés devant ta poitrine.»), les gros matelas sont très agréables, ils accueillent le dos comme un hamac.
Je parcours quatre cheminements et je suis épuisée. «C'est parce que tu n'es pas détendue». Détendue? On peut être détendue en escaladant alors que tout se joue dans l'articulation de la puissance à la vitesse de décision et d'exécution? (smiley incrédule).

Après la séance nous devons prendre un pot et dîner dans la salle du club, mais c'est à Pantin et je veux prendre le dernier train (22h46). Je pars donc à dix heures moins le quart après une bière, footing dans les rues, la 14 est fermée, la 7 jusqu'à Auber puis le RER A, j'arrive sur le quai à 30, un train s'apprête à partir pour Montereau.
Je monte en catastrophe, il est plein comme un œuf, dérange trois personnes pour grimper à l'étage, il y a des places assises pourquoi donc tous ces passagers campant en bas, me renseigne: «ce n'est pas l'horaire habituel, c'est un train en retard?»

Oui. Accident de voyageur à Melun. Le train part à dix heures et demie, il se traîne, je m'endors, me réveille en sursaut chaque fois que sent ma mâchoire pendre (ma terreur: baver), le train n'avance pas, j'aperçois la Seine miroiter à Villeneuve, me rendors, déchiffre «Viry-Châtillon», mais qu'est-ce qu'on fait là?
Je me rends à l'évidence: au lieu d'aller directement à Melun, le train parcourt les deux côtés du triangle Paris-Evry-Melun.
J'arrive à minuit.
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