Billets qui ont '2025-01-05' comme date.

Happiness

Journée de repassage (commencé hier) devant Happiness, une série coréenne intéressante qui mélange épidémie et simili-zombies (une rage qui donne soif de sang et se transmet par morsure).

Série après série se dessine une Corée aux strates sociales imperméables et méprisantes coiffées d'une caste de puissants intouchables.

Le couple-phare d'Happiness est dynamique, joyeux, touchant. Le confinement transforme un immeuble en théâtre de Cluedo et ses habitants en pions manipulables et rapaces. Chacun (ou presque) montre un égoisme ahurissant dans sa bêtise, car absolument contre-productif dans un objectif de survie.
Dernier point remarquable : l'insistance sur le fait que les malades sont des êtres humains et non des monstres. Une phrase d'un épisode paraît impliquer que les familles des malades du Covid ont été harcelées durant la pandémie. Il faudrait retrouver le passage pour vérifier.

Le pull vert

Cousu les sept derniers centimètres d'un pull commencé avant 2001. Enfin, ce n'était pas exactement le même pull: à l'origine mon but était un pull chauve-souris. Puis (dans la mesure où le processus s'est prolongé) je l'ai détricoté pour un point irlandais — des torsades en diagonale — qui représentait un plus grand défi technique. Il me semble même que j'ai eu l'intention à un moment de l'offrir à ma nièce (vers 2014?).
Bref, j'ai terminé le dernier morceau l'année dernière et je couds les pièces depuis plusieurs mois (vous avez compris que chaque étape prend un temps infini dû à des interruptions de longueur imprévisible).

J'ai donc fini aujourd'hui.

Il me semble que je dois avoir encore deux ou trois tricots à terminer. Sans compter des pelotes achetées pour un pull jamais commencé.

Le sapin

Journée chez mes parents pour l'anniversaire de maman.

Il a plu tout le long de la route. Comme chaque fois que je suis seule en voiture, j'écoute des podcasts, et donc la fin de celui sur Poutine: sa logique de chef de bande (si ce n'est pas quelqu'un qu'il soutient qui est élu, alors c'est quelqu'un de la bande adverse), sa façon de tester les gens par l'humiliation, la maladresse d'Obama qui a traité la Russie de "puissance régionale" et n'a pas pris la peine d'apprendre quelques mots de russe lors de sa visite en Russie.
Le plus étonnant — et le plus flippant — a été d'apprendre que les protagonistes de la Manif pour tous ont appelé Poutine au secours devant l'ambassade de Russie à Paris. Tout de même de grands malades.

Journée filles : ma sœur et ma fille sont là.
Puis uniquement ma sœur. Au téléphone, ma mère expliquera à son interlocuteur ce fait si juste :«il nous arrive quelque chose qui ne nous était pas arrivée depuis trente cinq ans: nous sommes seuls avec nos deux filles». Comme c'est juste, et pourtant je ne m'en serais pas rendu compte seule: l'atmosphère ne m'évoque en rien mes souvenirs d'enfance. Je me sens tellement plus joyeuse.

J'avoue sans honte que je suis fière de mes cadeaux: une peluche sapin pour maman, une veste JO pour papa (pas si simple à trouver six mois plus tard. Beaucoup de tailles sont épuisées. Moi qui pensais que le Coq sportif allait surfer sur la vague, mais non).

sapin en peluche


Et les pièces d'Andorre ou Saint Marin ont eu beaucoup de succès.

Au retour, podcasts Blockbusters sur la saga du robot Gundam puis les Dragqueen qui commence en soutenant que les super héros sont des Dragqueen: une meilleure version d'eux-mêmes.
Pour moi c'est l'inverse: j'ai toujours considéré que les Dragqueen étaient des super héros. Une conséquence des années sida, je suppose. Je suis une fan des soeurs de la Perpétuelle indulgence et de leur voeu: promulguer la joie universelle.

Saint Gapour

Une à deux heures au téléphone avec Annie, prof d'histoire en terminale (SSGT : lettres données au hasard, je ne les retiens pas car je ne sais pas ce qu'elles signifient). Elle a toujours des histoires incroyables ou amusantes. A côté de Saint Gapour, il y a par exemple «Hé madame, on pouvait pas enterrer les comédiens au Carrefour: sous Louis XIV, Carrefour, ça existait pas!»

Echange de voitures avec un ami : on lui emprunte sa cinq places et je lui laisse mon cabriolet. Cela nous permet de récupérer les Bostoniens à Moret et de passer la soirée au théâtre de Fontainebleau.

Repas maison — gage d'excellence —, oie et bûche glacée, discussions tard dans la nuit.

Librairie polonaise

Encore une journée à répondre au téléphone pour soulager l'équipe. Les hôpitaux continuent à renvoyer les gens chez eux, sans que je sache si c'est pour leur permettre de passer les fêtes en famille ou pour libérer des lits en attendant les poivrots du 31.

Je suis passé à la librairie polonaise pour trouver un calendrier éphéméride pour mes parents.
En entrant, éblouissement: juste devant moi à l'angle de la table, Tigre, le dernier livre de Janis Jonevs, l'écrivain du génial Métal. Je ne savais pas qu'il en avait écrit un nouveau. C'en est fait de toute tentative de ne pas acheter de livres ce soir.

Je repars avec Tigre, donc; Ma vie en fragments de Zygmunt Bauman dont j'ai découvert le concept de société liquide à l'Institut Protestant de Théologie et Comment être socialiste + conservateur + libéral de Leszek Kolakowski parce que le titre m'a plu.

Le vendeur ne m'a pas proposé de sac et je suis partie les livres partagés entre mes deux bras (deux tomes de One Point en plus).
Ligne 10, sortie à la gare d'Austerlitz qui promet d'être magnifique mais qui est insupportable à traverser. Vivement la fin des travaux.

Chaud froid

J'ai amené au bureau de quoi préparer du vin chaud pour les six salariés présents. J'avais même emmené passoire (pour filtrer les épices) et casserole.
J'avais juste oublié qu'il n'y a pas de gazinière au boulot.
Je suis donc allée acheter en catastrophe un saladier et j'ai préparé le vin chaud au micro-ondes.
Cette cuisson a un peu nui au velouté de la potion, mais nous avons beaucoup ri, en terminant par le monologue de Maria Pacôme.

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Cependant, la fin de journée a été plus sinistre.

L'une des personnes de mon équipe a perdu son père lundi. Cela faisait une semaine qu'elle nous tenait au courant de son emploi du temps, télétravail à son chevet à l'hôpital, retour à Paris après le décès, absence pour les funérailles dès qu'elle en aurait la date.
Elle s'excuse beaucoup de désorganiser le service, ce qui est fort embarrassant car bien sûr secondaire.
Ce soir je l'ai au téléphone:
— L'enterrement est le 31 à dix heures, excuse-moi, je vais devoir poser ma journée. Je pense y aller en train de nuit avec les enfants, parce qu'avec les vacances, il n'y a aucune chambre de libre.
— Comment ça, tu ne peux pas dormir chez ton père?
— Ah non, la vache (comprendre: sa belle-mère) ne me parle pas depuis trente ans, ce n'est pas maintenant qu'elle va commencer. Ce n'est même pas elle qui m'a appris la date de l'enterrement, mais un voisin.
J'ai l'impression d'avoir mal entendu:
— Comment ça?
— C'est un des amis de papa qui m'a appelée pour vérifier que j'étais au courant de l'heure de l'enterrement; comme quoi il la connaît bien, la garce.

Je suis rentrée chez moi hagarde.

Petit salon du livre grec

Patrick m'avait signalé un "Petit salon du livre grec" au centre culturel hellénique et nous nous y sommes donnés rendez-vous.

J'ai longtemps déambullé devant les piles de livres. C'est toujours impressionnant de regarder des livres tandis que les éditeurs ou les écrivains ou les traducteurs vous observent ou s'appliquent à ne pas vous observer à quatre-vingt centimètres de l'autre côté de la table. Pour lutter contre la gêne ou la timidité, je me suis appliquée à regarder chaque livre comme si j'étais seule au monde. Cela a pris du temps.

Je suis partie avec des livres d'un Albanais (qui écrit en grec), d'un Luxembourgeois (qui traduit du grec), d'un Italien (interviewé par un Grec) et malgré tout de trois Grecs.
- Antoni Tabucchi, Une chemise pleine de taches (j'ai mis longtemps à me souvenir du titre Tristano meurt, dont les images grecques surnagent dans ma mémoire)
- Gazmend Kapllani, Je m'appelle Europe et Petit journal de bord des frontières
- Gilles Ortlieb, Sous le crible, Vraquier et Le train des jours, les journaux les plus courts que j'ai jamais vus
- Thanassis Valtinos, Accoutumance à la nicotine
- Dimitris Sotakis, L'argent a été viré sur votre compte et Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte
- Pètros Markaris, A travers Athènes
- une revue sur les juifs de Thessalonique


Dîner au Roméo, aux serveuses amateur et aux fauteuils en velours vert pétard.
Rentrée à temps pour attraper le train, qui est devenu ma grande obsession.
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