Conversation avec un spécialiste du tri et retraitement des déchets :

— Chic, je vais en profiter pour te poser des questions car H et moi, on ne fait pas pareil. Par exemple, le papier paraffiné qui entoure le jambon chez le charcutier, poubelle jaune ou pas?
— Il n'y a que deux questions à se poser: est-ce un emballage, est-ce du papier? Si la réponse est oui à l'une des deux questions, poubelle de tri.
— Et qu'est-ce que vous faites pour les enveloppes à fenêtre? Vous séparez?
— Non. Tout est broyé et transformé en autre chose. Ça ne redeviendra pas du papier, ce sera transformé en autre chose. Par exemple un pack de lait: c'est du papier, du plastique, de l'aluminium. C'est impossible à séparer, donc c'est broyé et réutilisé pour autre chose.
— Et les bouteilles de verre avec du métal ou des inserts en plastique, genre les bouteilles d'huile?
— Ces parties sont aspirés par soufflerie. Là aussi, tout est broyé. On récupère le métal avec des aimants. C'est de la physique élémentaire. Par exemple les bouteilles en plastique: leur corps et leur bouchon ne sont pas du même plastique. Donc on broie tout, on plonge dans l'eau et il y en a un qui flotte et un qui coule. On trie comme ça.

Précision : le message a été harmonisé sur tout le territoire français. Les règles d'une commune à l'autre variaient, c'était trop compliqué. Donc le message est partout le même, papiers et emballages dans la poubelle de tri. Mais ça ne veut pas dire que tous les syndicats ou toutes les communautés de communes ont la capacité de traiter ce qu'ils reçoivent. Chacun (citoyens, communes) fait sa part selon ses moyens, en attendant les investissements à certains endroits.

C'est bien la première fois que je passe la Toussaint à aller visiter les morts.

A l'origine, l'idée était d'emmener Madame mère sur la tombe de ses parents. Mon objectif était double: respecter la dimension rituelle et affective, bien sûr, mais aussi lui permettre de sortir, nous permettre de l'emmener en promenade sur les rives du lac du Der (puisqu'elle a grandi dans l'un des villages engloutis par la construction du barrage dans les années 60).

Malheureusement, Madame est tombée malade il y a trois semaines, et que ce soit à cause de son âge ou de la virulence de l'affection, elle n'est toujours pas guérie. Elle est fatiguée. Nous avons donc renoncé à la balade pour aller classiquement déjeuner à la brasserie traditionnelle.

Passage au cimetière sur la tombe de mon beau-père. Comme il n'y a toujours pas de pierre tombale, nous mettons le chrysanthème en pleine terre — ou plutôt dans un mélange de sable et terre. J'espère qu'il va survivre, peut-être même se développer. Résistera-t-il au gel?

Comme nous rentrons à la nuit noire, nous prenons l'autoroute. Je découvre (j'avais déjà pris ce chemin, mais sans faire attention) qu'il faut prendre la direction de Troyes et non de Paris pour rentrer chez nous.

Ça y est je suis lâchée. Premier vol solo. Et deuxième.

Horriblement rebondi à l'atterrissage, mais tant pis: je suis lâchée, je suis trempée (car la tradition, c'est un seau d'eau pour chaque "saut" dans la progression), et maintenant, à moi le ciel.