Rouen
Par Alice, dimanche 26 juillet 2015 à 23:30 :: 2015
Excursion à Rouen, comme l'année dernière à la même époque, pour voir l'exposition sur Sienne, aux origines de la Renaissance. (Commentaire de Laurent: «Les musées de Sienne doivent être en travaux pour avoir prêté autant de tableaux.» Ou il s'agit des réserves, qu'ils devraient envoyer à Liévain, pour que ce soit plus pratique, jugeons-nous).
Visite somptueuse à recommander.
Certes, les fonds dorés cèdent progressivement la place aux fonds bleus et aux paysage, mais surtout, les visages gagnent en expression, ils s'individualisent. Ce n'est plus l'homme en général, idéalisé, qu'il faut représenter, mais l'homme en particulier (et surtout la femme, la Vierge), incarné, fragile, qui est montré, rappelé, immortalisé.
Une explication très dictatique de la peinture a tempera me fait sourire: nous voyons sur plusieurs carrés de bois la préparation successive du support et enfin une peinture vernie à l'œuf : je ne sais qui a fait le petit tableau final, mais il est hideux: il ne suffit pas de maîtriser la peinture a tempera pour réussir un grand tableau, velouté et lumineux.
Une salle présente des films explicatifs plutôt longs qu'A. et moi choisissons de ne pas regarder car nous nous imaginons être en retard (j'en regarderai un l'après-midi) car nous avons perdu le reste de la compagnie et sommes persuadées qu'elle est devant (alors qu'elle est derrière), ce qui nous fait accélérer alors qu'il faudrait ralentir. Nous ne la retrouverons que par un sms de rassemblement pour déjeuner (mais comment vivre sans portable?)
Une pluie battante nous attend. J'ai prévu le parapluie après consultation des prévisions météo ce matin, mais bizarrement (ou pas bizarrement: par manque de temps, tout simplement) je n'ai pas tenu compte de la température annoncée, et je suis habillée bien trop légèrement pour les 14° ou 15° degrés ambiants. «En haute Normandie il pleut, mais en basse Normandie il mouille», proclame A. toujours empressée d'étaler un chauvinisme de dernière venue.
Tous les restaurants sont fermés, mais pourquoi était-ce ouvert l'année dernière? (réponse en écrivant ce billet: l'année dernière, nous sommes venus un jeudi.)
Nous finissons au chaud les pieds plus ou moins trempés dans l'un des restaurants face à l'église Sainte Jeanne d'Arc (mais qui a commenté: «par ce temps, les Anglais n'auraient jamais pu allumer le bûcher»?)
Le repas est le temps des bêtises : l'œuf parfait, nouveau snobisme des restaurateurs, la tarte au citron déstructurée («maintenant, ils ne préviennent plus qu'elle est déstructurée, mais elle l'est. — Tu veux dire que c'est la tarte reconstruite qui est l'exception? — La tarte déconstruite, ou tarte Derrida»).
J'apprends que le vélo hollandais n'a pas de frein, qu'il faut rétropédaler: il perd soudain tout son charme (j'aime beaucoup son guidon très haut, j'avais envie d'en ramener un en TGV), j'ai eu un vélo ainsi, cela signifie qu'il faut pédaler (faire le mouvement) même dans les descentes. C'est horrible, on voit bien qu'Amsterdam est plate.
Et il faut visiter Haarlem, bien plus calme qu'Amsterdam.
A. babille, raconte son expérience d'apicultrice (je suis impressionnée, elle a découvert et pratiqué énormément de choses), nous parle des trois cents cochons d'Inde:
— Quand il y a des malades, Luc les tue en les frappant contre le mur. Lise me demande pourquoi je ne leur fais pas un c0c1 ("cézérocéhun") mais moi je ne peux pas.
— Un c0c1?
— Cervicale zéro, cervicale un. Tu fais une décoapatation, tu tournes un coup sec, et crac. (Dans ma tête les légendes des trente façons de tuer à main nue.) C'est pour ça que les ostéopathes n'ont pas le droit de toucher aux cervicales.
— Décoaptation?
— C'est décoller les deux parties d'une articulation. En Angleterre, ils ont résolu le problème autrement: les ostéos ne font pas de décoaptation mais l'inverse, ils appuient sur la tête pour manipuler. Comme ça ce n'est pas dangereux.
En sortant nous visitons tout naturellement l'église Sainte Jeanne d'Arc. C'est sans doute l'une des églises modernes les plus réussies que j'ai vues, la charpente est très belle et l'ensemble très lumineux. Les vitraux Renaissance proviennent de l'ancienne église Saint Vincent.
Nous retournons au musée (re-)visiter les collections permanentes. J'aime beaucoup revenir dans les musées, cela permet d'acquérir une familiarité avec les œuvres, de les aborder autrement. Une partie des salles est fermée, cela interrompt le cours naturel de la visite, je me perds un peu (je ne verrai pas les Jacques-Emile Blanche de l'année dernière). Je contemple l'âne pelucheux de Rubens, Laurent me raconte le Démocrite de Velasquez (la transformation d'un portrait de buveur en philosophe).
Nous rentrons par le nord, vers Andresy. Il fait froid aussi à Paris, mais il ne pleut pas.
Visite somptueuse à recommander.
Certes, les fonds dorés cèdent progressivement la place aux fonds bleus et aux paysage, mais surtout, les visages gagnent en expression, ils s'individualisent. Ce n'est plus l'homme en général, idéalisé, qu'il faut représenter, mais l'homme en particulier (et surtout la femme, la Vierge), incarné, fragile, qui est montré, rappelé, immortalisé.
Une explication très dictatique de la peinture a tempera me fait sourire: nous voyons sur plusieurs carrés de bois la préparation successive du support et enfin une peinture vernie à l'œuf : je ne sais qui a fait le petit tableau final, mais il est hideux: il ne suffit pas de maîtriser la peinture a tempera pour réussir un grand tableau, velouté et lumineux.
Une salle présente des films explicatifs plutôt longs qu'A. et moi choisissons de ne pas regarder car nous nous imaginons être en retard (j'en regarderai un l'après-midi) car nous avons perdu le reste de la compagnie et sommes persuadées qu'elle est devant (alors qu'elle est derrière), ce qui nous fait accélérer alors qu'il faudrait ralentir. Nous ne la retrouverons que par un sms de rassemblement pour déjeuner (mais comment vivre sans portable?)
Une pluie battante nous attend. J'ai prévu le parapluie après consultation des prévisions météo ce matin, mais bizarrement (ou pas bizarrement: par manque de temps, tout simplement) je n'ai pas tenu compte de la température annoncée, et je suis habillée bien trop légèrement pour les 14° ou 15° degrés ambiants. «En haute Normandie il pleut, mais en basse Normandie il mouille», proclame A. toujours empressée d'étaler un chauvinisme de dernière venue.
Tous les restaurants sont fermés, mais pourquoi était-ce ouvert l'année dernière? (réponse en écrivant ce billet: l'année dernière, nous sommes venus un jeudi.)
Nous finissons au chaud les pieds plus ou moins trempés dans l'un des restaurants face à l'église Sainte Jeanne d'Arc (mais qui a commenté: «par ce temps, les Anglais n'auraient jamais pu allumer le bûcher»?)
Le repas est le temps des bêtises : l'œuf parfait, nouveau snobisme des restaurateurs, la tarte au citron déstructurée («maintenant, ils ne préviennent plus qu'elle est déstructurée, mais elle l'est. — Tu veux dire que c'est la tarte reconstruite qui est l'exception? — La tarte déconstruite, ou tarte Derrida»).
J'apprends que le vélo hollandais n'a pas de frein, qu'il faut rétropédaler: il perd soudain tout son charme (j'aime beaucoup son guidon très haut, j'avais envie d'en ramener un en TGV), j'ai eu un vélo ainsi, cela signifie qu'il faut pédaler (faire le mouvement) même dans les descentes. C'est horrible, on voit bien qu'Amsterdam est plate.
Et il faut visiter Haarlem, bien plus calme qu'Amsterdam.
A. babille, raconte son expérience d'apicultrice (je suis impressionnée, elle a découvert et pratiqué énormément de choses), nous parle des trois cents cochons d'Inde:
— Quand il y a des malades, Luc les tue en les frappant contre le mur. Lise me demande pourquoi je ne leur fais pas un c0c1 ("cézérocéhun") mais moi je ne peux pas.
— Un c0c1?
— Cervicale zéro, cervicale un. Tu fais une décoapatation, tu tournes un coup sec, et crac. (Dans ma tête les légendes des trente façons de tuer à main nue.) C'est pour ça que les ostéopathes n'ont pas le droit de toucher aux cervicales.
— Décoaptation?
— C'est décoller les deux parties d'une articulation. En Angleterre, ils ont résolu le problème autrement: les ostéos ne font pas de décoaptation mais l'inverse, ils appuient sur la tête pour manipuler. Comme ça ce n'est pas dangereux.
En sortant nous visitons tout naturellement l'église Sainte Jeanne d'Arc. C'est sans doute l'une des églises modernes les plus réussies que j'ai vues, la charpente est très belle et l'ensemble très lumineux. Les vitraux Renaissance proviennent de l'ancienne église Saint Vincent.
Nous retournons au musée (re-)visiter les collections permanentes. J'aime beaucoup revenir dans les musées, cela permet d'acquérir une familiarité avec les œuvres, de les aborder autrement. Une partie des salles est fermée, cela interrompt le cours naturel de la visite, je me perds un peu (je ne verrai pas les Jacques-Emile Blanche de l'année dernière). Je contemple l'âne pelucheux de Rubens, Laurent me raconte le Démocrite de Velasquez (la transformation d'un portrait de buveur en philosophe).
Nous rentrons par le nord, vers Andresy. Il fait froid aussi à Paris, mais il ne pleut pas.