Aujourd'hui, je suis revenue écrire ici pour la première fois depuis longtemps. Je n'avais plus rien écrit depuis le billet du 2 mai, écrit le 12 mai. Le 12, j'avais volontairement choisi une date de billet avant ma connaissance de la mort de Didier, par pudeur. Je ne savais pas trop comment j'allais parler du 7, cela paraissait indécent.

Imaginez ma surprise aujourd'hui, le 20 mai donc, en découvrant ce commentaire de l'épouse de Didier:
pourriez-vous m'envoyer par mail en pièce jointe la photo que vous m'avez volé. Vous n'étiez pas invitée, je vous ai accueillie aimablement. J'ai honte pour vous. Catherine Goux.
Dans un certain sens je ne ressens rien. Je suis très embarrassée parce que sur le fond, elle a raison: je n'étais pas invitée, j'y suis allée parce que j'étais affectée, j'ai été triste que nous soyons si peu nombreux alors que j'aurais souhaité une église remplie de blogueurs commentateurs, c'était un souhait égoïste qui ne respectait pas l'intimité de la famille; et que oui, c'est vrai, je me suis imposée, pour une très mauvaise raison: mes remords de n'avoir jamais écrit (je veux dire par la poste), pour la mort de sa sœur, pour la (les) nouvelle année, et peut-être une carte postale pendant les vacances.
Comme si venir à l'enterrement aller y changer quoi que ce soit.

Mais de là à me prendre ce scud… Je sais que je ne saurai jamais ce qui s'est passé. Que quelqu'un ait réellement subtilisé une photo (j'aimerais bien savoir ce que celle-ci représentait. Didier, sans doute. Ou un groupe d'amis?), que quelqu'un l'ait juste empruntée pour la rendre plus tard ou que la photo soit tombée derrière un canapé, je ne le saurai jamais. Je sais qu'il est normal d'accuser une inconnue plutôt que des amis de quarante ans ou la famille ou les voisins. Je sais qu'il n'y aura ni excuse ou ni explication. Et je sais que cela aussi est normal, que le chagrin fait agir anormalement.