Billets qui ont 'RC' comme nom propre.

Emilie perceuse

Pour aller au laboratoir d'analyses ce matin je passe par les rues secondaires du village. Une dame d'une cinquantaine d'année, blonde, habillée un peu trop court en blanc, est en train de jurer en s'approchant d'une porte la clé à la main («Fais chier putain»). Je remarque au niveau de la sonnette une plaque: «Emilie perceuse».
A-t-elle ouvert boutique pour faire des petits travaux? Pourquoi perceuse et pas chignole? Je me mets aussitôt à chercher une meilleure dénomination: «Emilie bricoleuse», «Emilie menuiserie»…
Il me faudra quelques secondes pour remarquer la devanture: Tatouage. C'est du piercing.


Au retour j'achète des croissants et Paris Match, pour Marlène Jobert en couverture (Rita des Canards sauvages reste une valeur sûre à la maison: «est-ce qu'on ne voudrait pas me piquer mes sous?»)
Je passe également récupérer L'esprit des terrasses au point Relay: je suis en train de me procurer les trois tomes de Journaux d'avant 2012 qui me manquent.

Amidon de patate

— Si la planète va mal, c’est à cause des riches. Ça va bien d’accuser les pauvres de détruire la planète avec des pailles; mais tout le monde n’est pas né en buvant du jus de sureau avec des pailles en amidon de patate.

Shameless saison 10 épisode 11
PS : RC ressemble beaucoup à Franck Gallager, en moins chevelu.

Les gens qu’on aime : #4 quelqu’un qui a changé le cours de notre vie

En lisant Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…»

Aujourd'hui, quelqu'un qui a changé le cours de votre vie : RC, évidemment.

Renaud Camus à l'Ircam en juin 2009
RC à l'Ircam - 2009


C'est compliqué. Je me souviens de Philippe Val disant après l'emprisonnement de Patrick Font: «Si je vais le voir on me demande comment je peux soutenir un tel salaud; si je n'y vais pas on me demande si je n'ai pas honte d'abandonner un ami».

RC n'était pas un ami, ce n'est pas un ami. Mais je me sentirai toujours l'obligation de ne pas en dire de mal. De juste me taire.

Dans le journal 2002, Outrepas, RC a écrit qu'il aurait souhaité que Le Pen ait le maximum de voix, juste assez pour ne pas être élu. Le livre est paru en 2004. Donc en 2004, la SLRC a appris que RC ne l'avait pas détrompée quand elle avait publié en 2002 une pétition contre Le Pen, pétition dont toutes les phrases commençaient par «Avec RC, nous…»
Je savais donc depuis 2004 que RC n'avait aucune loyauté envers son entourage, qu'il était capable de trahison — ce qui fait que 2012, le ralliement à MLP, a été une déception, la certitude que désormais le génie littéraire de RC ne serait jamais reconnu, mais pas vraiment une surprise.
Le dégoût est venu en 2013 quand RC s'est réjoui du suicide de Dominique Venner à Notre-Dame et le rejet sans retour est survenu après les white supremacists et Christchurch.

Quel gâchis, quelle horreur.

Mais il reste qu'il a changé ma vie. Le lire a changé ma vie.
C'est difficile d'expliquer à quel point, parce qu'il faudrait tenter d'expliquer tout ce que je ne connaissais pas (histoire, art, littérature, géographie, etc) quand j'ai commencé à le lire et tout ce que j'ai découvert en le lisant.
Il m'a aussi fait découvrir de quelle façon j'étais capable de lire, de me concentrer, de faire des rapprochements, de travailler par associations… Il m'a fait me découvrir moi-même.

L'Amour l'Automne, L'Inauguration de la salle des Vents, Vaisseaux brûlés sont de grandes expériences de lecture, elles me font accéder à des dimensions de conscience inédites, en profondeur et en extension. C'est difficile à expliquer, c'est comme une drogue, un état second du cerveau. Je pense que James Joyce produit le même effet à d'autres, et peut-être Arno Schmidt aux locuteurs germanophones.

RC me faisait, me fait, rire. Parfois je retombe sur une citation, et aussitôt, je ris: «Castro à mon enterrement? Plutôt mourir!» ou «Georges Marchais et moi n'avons pas la même idée de la poésie : j'en avais toujours eu le vague soupçon».

Hélas, la phrase la plus juste sur RC est sans doute celle de Jean-Yves, le pastichant après Christchurch: «On m'a mal lu».

RC a été l'occasion de me faire des amis qui ont survécu à la tourmente. Nous avons arrêté de lire RC ensemble mais nous avons continué à voyager, à visiter, à aller au concert.
La vie n'a plus jamais été la même après RC.

RC

J'avais reçu la semaine dernière un mail de l'avocat de RC. Il cherchait à me contacter. Je l'ai eu ce matin au téléphone. RC veut porter plainte contre Lesquen qui l'a accusé de pédophilie («souiller les petits garçons») et l'avocat me demandait si, en tant que lectrice et connaisseuse de l'œuvre, j'acceptais de témoigner en faveur de RC.
Tout en imaginant la posture de RC souhaitant laver son honneur façon XVIIIe siècle, j'ai fait remarquer que le mieux était de laisser courir.
Cependant, si c'était utile, j'acceptais bien sûr de témoigner.

L'autre blog

Je relis Le Concept de Dieu après Auschwitz.
Page de garde : "acheté à Levallois le 17 août 1994". Je ne sais pas quand je l'ai lu la première fois. Je me demande ce que j'y avais compris (non que ce soit difficile, mais les concepts qui me sont aujourd'hui familiers m'étaient inconnus). Je me souviens vaguement que l'essai de Catherine Chalier m'avait paru plus intéressant. Aujourd'hui j'ai l'impression d'une redite du texte de Jonas.

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Avoir cassé Alice a occasionné quelques opérations informatiques qui m'ont ouvert des horizons (une simplification dans l'indexation de Véhesse que je n'ai jamais menée à terme depuis 2010: pas le temps, trop volumineux). J'ai tourné un peu dans ce blog, mis à jour quelques billets (la catégorie "Livres" doit disparaître, "Citations RC" aussi), réouvert Vaisseaux brûlés. Toujours le même charme d'écriture, mais habité désormais par l'omniprésence du mensonge. La bathmologie était un mensonge à soi-même destinée à couvrir un dogmatisme en ciment.
En août, cela fera dix ans que sa mère est morte.
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L'infirmier m'a dit de passer mon pied sous la douche dans deux jours pour faire partir les derniers fils.

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Ce matin nous étions en train de discuter Gilets Jaunes, du fait que la France était divisée en quatre (cf. les élections de 2017) et donc ingouvernable, mais:
— L'a-t-elle jamais été? Quand on voit dessinait les scénarios de Goscinny dans Astérix…
Débat : Goscinny, les années 50 ou 60? Après 68?
— Avant 68: il a commencé dans Pilote.

Un tour dans wikipédia, premier album en 1961, trois ou quatre ans plus tard des tirages à un million d'exemplaires, le premier satellite français nommé Astérix.

Et soudain je me souviens.
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14215(note : un an plus tard : c'était le nombre de signes de ma dissert, finalement abandonnée).

Affaires classées

J'ai enregistré dans LibraryThing la vingtaine de livres de poche ou de petit format de l'étagère à côté de mon bureau. Tous avaient un lien avec RC, tous m'ont servi à l'étude de RC : Toulet, Barthes, Duane Michal, Saint-John Perse, les deux tomes du colloque sur Robbe-Grillet à Cerisy (quand je pense que je songeais à en organiser un autour de RC en m'appuyant sur Sjef Houppermans, un habitué des lieux), Cavafis, Levet, Ricardou, Projet d'une révolution à New York, L'invention de Morel, La route des Flandres, Bonnefoy. J'ai acheté la plupart entre 2004 et 2005 (avec des exceptions comme Toulet, acheté en 1991).
Je les enregistés et je les ai descendus dans la bibliothèque commune. Je n'ai gardé près de mon bureau que ceux auxquels je suis personnellement attachée : Cavafis (translittération du Gallimard poésie), Levet, Saint-John Perse et Duane Michel.

Navrance

RC a été interviewé dans le cadre des manifestations de Charlottesville car les néo-nazis (croix gammée et KuKluxKan) chantent : « ils ne nous remplaceront pas », « les juifs ne nous remplaceront pas » : le Grand Remplacement est le titre d’un des derniers livres de RC. C’est un terme que l’on retrouve d’ailleurs dans la presse française, ce qui prouve qu’il est davantage lu que les gens ne l’avouent.

Je suis comme anesthésiée. Je n’imaginais pas qu’il tomberait si bas.
Voilà qui fait curieusement écho à mes interrogations d’il y a deux jours.

Disparition annoncée

Par une bizarrerie (sans doute de la négligence), après m'avoir traitée comme une indésirable, la S*RC continue à m'envoyer les comptes rendus de ses assemblées générales.

Je signale donc à ceux que cela pourrait intéresser que le site risque de fermer pour une durée indéterminée. Si vous voulez faire des copies de certains documents (je pense en particulier aux versions intégrales des Eglogues (je ne retrouve pas Journal romain), mais aussi à certains articles ou interviews), dépêchez-vous.


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Je ne suis pas allée ramer. Je lis désespérément lentement. H. a invité les voisins pour une galette, je me suis enfuie au bout d'une demi-heure pour continuer de lire. O. et H. ont choisi un abonnement sur un serveur pour héberger vehesse qui lui aussi risque de ne plus être en ligne un certain temps (et être très dépeigné quand il réapparaîtra).

Le soir The Brass Teapot, traduit moins joliment en Cash Teapot. Un joli conte, agéable à regarder, presque pour enfants. Je note le rôle normatif du Seigneur des Anneaux: le héros prend une décision d'ordre moral après avoir comparé la situation à celle de la compagnie de l'anneau: «nous venons de rendre l'anneau à Sauron!» (remarque incompréhensible pour qui ne connaît pas l'histoire de l'anneau). En cela, et comme Harry Potter je pense, Le Seigneur des Anneaux fait désormais partie des mythes du temps présent.

L'annonce de la fermeture du site de la S*RC me fait poser une fois de plus cette question proustienne: ai-je perdu douze ans de ma vie pour quelque chose qui n'en valait pas la peine? Et surtout, surtout, remords lancinant, sont-ce les enfants qui en ont payé le prix?

Imprévus

A., le pilier juridique parmi les administrateurs de la mutuelle, part en congé maternité vendredi. Elle avait beaucoup insité pour nous voir, ma collaboratrice J. et moi, avant de partir en congé, tant insisté — alors qu'elle ne l'avait pas fait pour son premier enfant — que j'avais dit à J. qu'elle devait avoir quelque chose à nous dire. J., curieuse (c'est ma grande informatrice concernant les rumeurs qui circulent dans les bureaux), avait alors trouvé le moyen de se libérer pour déjeuner avec A.
J'avais vu juste : A. ne reviendra pas, elle suit son mari à l'île Maurice.

La nouvelle date de trois semaines, A. en est encore bouleversée (il faut dire que faire ses cartons pour l'autre bout du monde avec un bébé de trois mois est une perspective qui m'épuise rien que d'y penser).
Ce fut l'occasion de me rendre compte que je confondais plus ou moins l'île Maurice avec Mayotte: non, c'est une île indépendante au large de Madagascar avec l'anglais en langue officielle même si le français y est largement utilisé.

J'ai l'impression de vivre le début de la fin de l'âge d'or de la Mutuelle, A. qui part vendredi, mon patron probablement cet été (en retraite). C'était si facile de travailler avec A. et lui que je ne peux qu'envisager que ce sera moins bien. Mais après tout, cela pourrait être mieux. Dans l'absolu, c'est possible.

Schleiermacher à un rythme accéléré: nous traduisons si lentement que cette fois-ci pour couvrir plus de texte nous n'avons pas traduit le texte original mais lu les deux traductions françaises, Rouge et Raymond, en nous reportant au texte allemand pour comprendre quelle tournure traduisait quelle expression.

Bookcrossing sur le sport. Intéressante intervention d'Alain de Chanterac qui vient d'écrire un livre sur Antoine Blondin (Morand, Cocteau, Montherlant, bien des références que j'aurais dû noter — il reste la ressource de lire son livre).
Je repars avec Born to run, qui fait écho à une conversation de juin dernier.

En sortant, un jeune homme m'arrête, un revenant du temps de la SLRC: Rodolphe, rencontré chez Marcheschi. Evocation de Notes sur les manières du temps, les Demeures, je lui conseille de s'attaquer à L'Inauguration de la Salle des Vents. Quel plaisir de reparler de tout cela, quelques minutes. Quel gâchis.

Un rêve

Cette nuit j'ai rêvé de RC.

Nous étions en voiture sur une nationale, les nationales de notre enfance, pas encore transformées en "quatre voies". Deux chats persans caramel se tenaient sur la route immobiles, nous fixant de leur nez écrasé.
Nous les dépassions et je convainquais H. de revenir en arrière pour les déplacer, les enlever de la route où ils allaient se faire écraser et provoquer un accident.

Quand nous atteignîmes les chats, RC était sur place avec Pierre, pour les mêmes raisons que nous je suppose. Il avait une barbe longue de plusieurs centimètres, totalement sauvage, qui lui donnait l'air fou de certains Russes du XIXe siècle.

Fin du rêve, rien de plus.

Ce n'est pas ce que vous croyez

1/ "D'apparence musulmane", assise à côté de moi ce matin.


Fier d'être arabe et chrétien


2/ Je m'assois sur le lit d'un inconnu après y avoir déposé quelques billets.


(Je viens de trouver chez un libraire "à domicile" un texte de RC que je ne qualifierai pas de rare mais d'inconnu.)

Deux embarras

RC a encore fait des siennes1. Le concernant, ça m'est un peu égal, ça fait un moment que j'ai accepté l'idée qu'il ferait systématiquement tout pour saboter ses chances d'être lu (y compris peindre!). A croire que porter le nom d'un Nobel n'était pas un handicap suffisant.

Me concernant, cela m'ennuie beaucoup plus. L'idée de devoir me justifier me fatigue d'avance. Donc tant pis. Honni soit qui mal y pense et basta.

***


Ramé. J'ai un peu honte, tout le monde me salue par mon prénom, je ne me souviens de personne, à part deux ou trois noms. Il faudrait que j'ai un trombinoscope pour réviser avant de venir. Je me souviens de ce que les gens racontent, de leur passion pour la mer, de leurs petits-enfants, du club où ils ont appris à ramer, je ne me souviens pas de leur prénom. C'est très embarrassant.





Note
1 : octobre 2018, j'ajoute une note de bas de page : ce jour-là, il a annoncé qu'il appelait à voter Marine Le Pen aux prochaines élections présidentielles. Je l'ai appris par un sms de Matoo qui disait en substance: «Mais pourqoi ne se contente-t-il pas d'être une pd sympa de gauche?»
C'est bête, juste au moment de la parution du dernier tome des Eglogues.

Pour Dominique : le 26 novembre 1976

— Tu sais que je possède toute la collection du Monde depuis les années 70 ?
— Ah bon ? Mais alors... Tu vas pouvoir m'aider à trouver un article que Camus a écrit à la mort de Malraux?
Air surpris, coup d'œil circulaire pour appeler à l'aide. Deux ou trois voix s'élèvent en chœur :
— Mais ce n'est pas possible, Camus était mort!
Je mets une seconde à comprendre puis m'exclame avec soulagement:
— Mais non, pas votre Camus, mon Camus!

Merci d'avance.

[Vendredi 26 novembre 1976
RC, Journal de Travers, p.1280

[Samedi 27 novembre, cinq heures. [Chron. du retard: jétais en train de découper trois exemplaires du Monde pour conserver autant de copies du petit entrefilet sur Malraux, qui est paru finalement hier [...]
Ibid., p.1287

Entre-temps j'étais allé jusqu'au Drugstore pour acheter Le Monde, parce que Samia m'avait signalé que mon commentaire sur Malraux y figurait alors que j'imaginais qu'il ne paraîtrais plus, maintenant, que dans le prochain Monde des livres, jeudi.
Ibid., p.1289

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