Billets qui ont 'RER A' comme autre lieu.

Retour dans le RER

J'ai abandonné la voiture pour aller à Nanterre : trop loin, trop fatiguant, pas écolo.

Quel bonheur ce déconfinement progressif : silence, distance, prise en compte de la présence corporelle des autres.
Les gens sont calmes, disciplinés, même le soir à 34o degrés.

RER A, dix heures du matin, huit personnes prévues sur la plate-forme (une sorte de rêve éveillé). Et il n'y en avait aucune.





En entreprise, on déconfine lentement : ascenseur le 11 juin, ascenseur aujourd'hui (une personne par croix devant se tourner le dos).






J'ai mangé au self pour la première fois (il y eut un blog qui s'appelait «la première fois» ou «le blog des premières fois». J'aimais bien.) Peu de monde, peu de choix, les fontaines à eau sont fermées, nous avons droit à une petite bouteille d'eau chacun. Les places sont condamnées en quinconce.

Mémoires d'Outre-Tombe tome 1

Pour la première fois depuis que j'ai repris le travail, nous prenons la voiture à sept heures pour petit déjeuner à huit près de Tolbiac. Croissant et chocolat, The Dark Side of the Moon en musique d'ambiance, ce qui fait que j'écris cela en écoutant Youtube.

RER A 8h30 environ.
La dernière fois que j'avais vu lire ce livre, c'était un pompier surveillant les toits du Mont-Saint-Michel (septembre 2015 ?)

Retour

Voir le chirurgien, passer à la radio, s'exercer à descendre les escaliers avec la kiné («Pliez le genou, il faut que le pied gauche dépasse le pied droit»), récupérer tous les papiers (ordonnances, bulletin de sortie, bilans sanguins) auprès des infirmières : «vous pensez que je pourrai sortir à quelle heure? — Oh, en début d'après-midi. — Mon repas est prévu? — Mais oui.»

J'appelle H. pour lui dire de ne pas se presser, ça tombe bien il est en pleine livraison (le prototype du projet sur lequel il travaille depuis un an).

Je range mes affaires en clopinant, je déjeune, le téléphone sonne: «je suis en panne à Belle Epine». Exaspération de la voix, trois heures de sommeil, une voiture révisée il y a quinze jours. Exploration rapide des possibilités: il s'occupe de la voiture, du dépanneur, de son propre rapatriement; je me débrouille pour rentrer de mon côté.

Clopin-clopant jusqu'à l'ascenseur avec le gros (mais pas lourd) sac de sport, attente au secrétariat (le pied en l'air qu'ils disaient) qui m'appelle un taxi pour aller à la gare de RER (je sais que H. va m'engueuler, mais même si ce n'est pas le plus confortable, c'est tout de même le plus rationnel, le plus rapide, pour traverser diamétralement la région parisienne).

Descente des escaliers marche à marche (je n'ose pas prendre les escalators, je ne suis pas assez rapide, peur de tomber), tourniquet, quai, voiture pour Marne-la-Vallée. Changement à Nanterre Préfecture, RER pour Boissy-St-Léger, je monte. De l'autre côté du couloir, un jeune homme dort à poings fermés allongé sur trois banquettes, genre migrant à la rue, le jean fendu le long de la raie des fesses. Il est sans slip. Il sent mauvais du côté du supportable.
Plus tard, vers St-Maur, il se mettra à tousser à fendre l'âme. Nous passagers nous nous regarderons, sans savoir ce que pense chacun. Pitié, gêne, dégoût, indignation comme les deux dames qui sont descendues plus tôt «ah, c'est bien le RER»?
Je pense à R. qui expliquait que soigner les immigrés illégaux (il n'y avait pas encore de "migrants" à l'époque) était une mesure de santé publique.
Nous nous regardons, ne disons rien, ne ferons rien. Qu'a-t-il traversé, qu'a-t-il vu, quel espoir représentions-nous, qu'avons-nous déçu? Il faudrait le réveiller, le doucher, le nourrir, l'habiller.
Nous partirons. Les passagers descendent un à un de station en station, je reste la dernière. Il dort.
Je descends au terminus. La rame repart, il dort toujours.

O. arrive avec retard. Quelques minutes plus tard je suis chez moi.


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Les ruches de Notre-Dame sont saines et sauves. Je ne comprends pas comment c'est possible.
Inquiétude pour les faucons crécerelles: où vont-ils nicher?

Salut, c'est pour un sondage

(Phrase d'accroche du Colaroshow, me semble-t-il (ça ne nous rajeunit pas. Cette émission a totalement disparu des mémoires)).

La banque Trucmuche nous a envoyé un lien pour un sondage de satisfaction.
Il y avait une seule question: «Etes-vous satisfait de la banque Trucmuche ?»



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Transport : depuis quinze jours, les problèmes se multiplient matin et soir. Ce matin, tous les RER D terminus gare de Lyon étaient supprimés, puis problème mécanique sur le RER A. Ce soir problèmes mécaniques sur le RER A et D.

Le portrait de Dorian Gray

RER A, 18h45


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La lose

Départ avec H. le matin à 7 heures en voiture (je dois arriver au bureau à 9 heures). Il me dépose place d'Italie. Ligne 6 jusqu'à Charles de Gaulle. Je ne suis pas concernée, mais j'entends que la ligne 1 ne fonctionne pas entre Vincennes et gare de Lyon. Des navettes sont mises en place entre l'extrémité de la ligne 1 et la station Vincennes du RER A.
RER A à Charles de Gaulle. Un passager a eu un malaise aux Halles, le trafic est ralenti.

Je quitte le bureau à 16h30 avec l'intention d'aller voir La Révolution silencieuse. Au moment de descendre dans la station de Nanterre Préfecture je me rends compte que comme ce week-end, j'ai oublié mon portefeuille dans mon tiroir. Demi-tour, retour au bureau. Trop tard pour être à l'heure pour la séance: donc je travaille jusqu'à 18 heures.

Puis de nouveau (pas tout à fait "de nouveau" puisque tout à l'heure cela n'a pas eu lieu) RER A à Nanterre préfecture. Deux rames sont à quai (normal, il y a très souvent une ou deux rames à quai), mais le comportement des passagers montrent qu'ils attendent depuis un moment : ils sont sur le quai, tendus, prêts à sauter dans une rame ou l'autre au moindre signal, mais en même temps une certaine nonchalance des corps montrent qu'ils ne croient plus à un départ imminent.
Je monte dans la rame de gauche (dans mon expérience elle part souvent la première). Annonce : un passager a eu un malaise à Auber (deux malaises dans le RER A la même journée (je ne veux pas dire dans l'absolu mais au moment où je suis dans le RER)), les pompiers sont attendus.
Le RER s'ébranle lentement, et lentement atteint la prochaine station: La Défense. La rame s'arrête et ne repart pas. Nous attendons. Au bout de cinq à dix minutes le conducteur nous annonce plein d'espoir: «Les pompiers viennent d'arriver à Auber, nous allons sans doute repartir dans pas longtemps». (Ah? mais où étaient-ils tout ce temps? Nous attendons depuis des heures!)
Nous attendons encore. Cinq minutes, dix minutes? Puis le conducteur, déconfit: «Les pompiers disent que le passager ne peut pas être déplacé [Ouaatt? que peut-il avoir? La colonne serait-elle touchée?]; il va falloir évacuer le train.»
Et l'annonce inexorable arrive: «Mesdames, Messieurs, ce train ne prend plus de voyageurs. Nous vous conseillons de prendre la ligne 1.»
Evacuation.
Je vais prendre la ligne U (je crois que c'est son nom) pour rejoindre la gare St Lazare. Nous ne sommes jamais que quelques centaines à avoir la même idée. Le train entre en gare. Nous entrons dans le train. Nous nous serrons. Il fait très chaud (violents orages sur la France chaque soir depuis samedi, j'en profite pour le noter). Le train se traîne péniblement (mais pourquoi?) de gare en gare jusqu'à St Lazare.
Je vais prendre la ligne 12 pour passer à l'ICP déposer le travail que je dois rendre puisque j'étais absente samedi.
Kilomètres de couloirs. J'ai mal aux pieds.
Ligne 12. Et devinez quoi? Incident porte de Versailles qui ralentit l'ensemble de la ligne.
Je dépose mon devoir à l'accueil de l'ICP.

Après tout ce temps sous terre, je décide de prendre un vélo. L'application m'indique plusieurs Mobike à proximité, je ne me décide pas et marche trop (mes pieds!) pour en trouver un.
Puis cela devient du grand n'importe quoi. J'essaie de suivre CityMapper pour vélos et ça marche très mal. Je me perds, m'arrête aux feux, fait demi-tour. Comme je vais derrière la Butte-aux-Cailles je suis obsédée par l'idée de devoir grimper une côte et m'obstine à choisir le sens qui monte plutôt que celui qui descend (avenue Coty, terre-plein central, une grande caisse en bois annonce «le terreau Coty-dien») ce qui fait qu'au bout de la rue de la Glacière je monte vers place d'Italie plutôt que descendre vers Corvisart.
Bref je tourne si bien en rond que je ne peux même pas raconter ce que j'ai fait puisque j'ai planté l'application cartographique de Mobike: elle n'a noté que mon temps et pas mon trajet, 47 minutes d'errance.
Pendant ce temps H. s'inquiète et m'envoie des sms auxquels je ne prends pas la peine de répondre (car que dire?)
J'arrive à 9 heures.

Nous dînons Chez Papa puis nous rentrons en voiture rouge (oui c'est important: c'est le plaisir de la journée, toujours le même émerveillement: oohhh, elle est à moi.)

Programme de la semaine

Cette année, j'ai d'une part posé mes vacances pendant la fermeture du RER A, d'autre part demandé des places de parking à La Défense pour la semaine où je travaillais encore.
J'ai donc fait l'expérience ce matin d'aller travailler en voiture à La Défense. Conclusion: c'est loin et le trafic est chargé. Il faut dire que le RER C est en travaux à la même période. (Ça tombe bien, justement l'année où il y a moins de touristes à cause des attentats).



Skiff le midi, dix kilomètres. Par instant je "sens" quelque chose, le temps se suspend.
Yolette le soir, encadrement de débutants. Cette semaine, ce sera aviron midi et soir, au cas où il y ait besoin de moi: la crue a décalé dans la saison la formation des nouveaux et plus on s'enfonce dans l'été, moins il y a de confirmés pour l'encadrement.

Grégoire, Nicolas, Sandrine. Yolette de trois rameurs, pas assez de monde. Grégoire fait partie de ceux qui explique TOUT dès la première séance alors que plus le temps passe, plus je me contente de trois fondamentaux: les pelles à fond dans les colliers, verticales quand elles sont dans l'eau, le mouvement calé sur la nage. Le reste… ça viendra, et parfois il arrive même qu'on trouve des trucs tout seul.


Mort de Ricardou.

L'étonnement philosophique de Jeanne Hersch


RER A, 7h50 environ, direction La Défense. Le lecteur était loin, pas en pleine vue, mais j'étais si contente de voir quelqu'un lire ce livre que je l'ai photographié malgré tout, comme je pouvais.

Autre solution

Aujourd'hui j'ai pris le 43 boulevard Haussmann, puis le 174 dans Neuilly (les bus se suivaient). Je perds une demi-heure par rapport à mon temps de transport normal.

Les petits hommes verts

La grande affaire qui commence cet été est la fermeture du RER A entre Auber et La Défense.
Comme j'avais vu des affiches dès le mois de février, je ne le prends pas comme une brimade personnelle. Cependant, lorsque j'ai découvert à la suite d'une communication interne à l'entreprise, que les travaux auraient lieu sept ans de suite, quelques réflexions sarcastiques me sont venues à l'esprit. Je déclarerais bien à ma collaboratrice que je suis prioritaire pour prendre mes vacances aux dates des travaux (elle n'est pas touchée puisqu'elle habite dans l'ouest) mais je ne peux pas faire cela six ans de suite! (pour cette année, c'est trop tard).


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DisneyParis a-t-il demandé un dédommagement? Quelle pagaille cela va être dans Paris pour les touristes… D'un autre côté, j'ai pu constater que des navettes les attendaient directement aux aéroports et qu'ils ne passaient jamais dans la capitale.
Bon, après tout, ce n'est pas mon problème.

Mon problème, c'est d'arriver à La Défense. Toute l'information distribuée l'a été dans le but de nous détourner de la ligne 1. En particulier, la ligne 14 suivie de la ligne SNCF à partir de Saint Lazare est chaudement recommandée.

Ce matin, j'ai pris un Vélib jusqu'au pont de Neuilly en suivant le chemin du bus 43. Ce n'est pas désagréable mais il y a beaucoup de pavés. Je mets trois quarts d'heure à faire le trajet.

Ce soir, comptant sur le fait que les gens avaient dû étaler leur retour (et surtout partir plus tôt en arrivant plus tôt car la plupart ont beaucoup plus d'auto-discipline que moi qui suis incapable de quitter un lieu, que ce soit la maison ou le bureau), j'ai essayé la ligne 1 (avec succès: debout mais rame non bondée).
En arrivant en haut de l'escalier "Esplanade de la Défense", j'ai aperçu cela:

2015-0727-ligne-1-hommes-verts.jpg


Oh non, ai-je soupiré intérieurement, ce n'est pas possible, ils continuent à nous prendre pour des demeurés, nous allons maintenant avoir des cours sur la façon de prendre le métro…
Plus rationnel, Hervé suggère que le personnel étant embauché, la RATP l'a simplement reporté du RER sur le métro.

De façon générale, reconnaissons que la RATP n'a pas lésiné sur les moyens humains: je n'ai jamais vu autant d'agents se tenir dans les couloirs et la rue dans l'attente de renseigner les voyageurs.

Willy et Colette - Claudine à Paris

Matin, RER A vers la Défense.


Anna Karénine

RER A, matin. Classique folio.
Le pendentif caché par le livre représentait une poupée russe.


La Voie royale d'André Malraux

RER A, 6 heures du soir à Châtelet. Ses lunettes étaient d'un rouge sombre dont les reflets s'assortissaient à son sac.


Les Confessions de saint Augustin

Il s'est assis à côté de moi à la station Etoile dans le RER A vers 9h10. J'ai d'abord cru qu'il lisait Rousseau, mais non, c'était St Augustin.
Je me suis levée de façon à photographier son visage (à côte de lui, je ne voyais que le livre).


Engouement pour La Rabouilleuse

Deux matins de suite dans le RER A : le 12 février en Pléiade, le 13 en folio chiffonné.


        

Wagon studieux

Mercredi, seule : je pars plus tard.

Dans le RER A debout, une personne lit La garçonne dans une édition de poche récente (je ne savais pas qu'il était réédité).

Je m'assois. Ma voisine lit Le Gai Savoir (j'atrappe au vol une allusion à Epicure, dont Niezsche se dit proche: voilà qui ne m'étonne pas). En face de moi m'intrigue le titre d'un livre : Mathématiques congolaises d'In Koli Jean Bofane. Renseignements pris sur Google, il est possible que ce soit aux mathématiques ce qu'est La faim de Hoffman à Spinoza.


2014-0115-mathematiques-congolaises.jpg



(Première photo avec l'iphone. Ça va mieux.)

Platon : Le Phédon




Ligne A vers la Défense, autour de 8 heures. Notez que le livre est déjà bien avancé. Poche, collection Garnier Flammarion.
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