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Bricolage

J'essaie de ne plus parler de mon boulot, et comme c'est l'essentiel de mon temps, ce blog devient une sorte d'Instagram : des photos, la photo du jour.

J'ai remarqué aujourd'hui (cela fait-il longtemps que c'est ainsi?) les fils au-dessus du toit devant ma fenêtre. Ils se croisent à l'air libre, comme abandonnés, et des plots en porcelaine (électricité ou téléphone?) sont directement branchés sur un fil qui court. (Pour mieux voir, faire un clic droit et ouvrir l'image dans un nouvel onglet).

Ça fait tout à fait bricolage, plutôt inhabituel en France (sauf pour la fibre où les fils sont parfois à l'air libre dans la rue).

fils téléphone ou électriques à Vincennes



Le soir, formation à l'utilisation politique de FB et Twitter.
Justine Henry : très bien.
Elle répond à quelques questions et dit des choses à la fois évidentes et incontournables: «la politique, c'est des liens»; «si vous voulez être sur Twitter, il faut beaucoup lire. Ce n'est pas du fond mais de la répartie, il faut bien connaître ses sources»; «chacun son style. Certains ne supportent pas la violence de Twitter, d'autres comme Marlène Schiappa s'en fichent et disent ce qu'ils ont à dire».

Perdus

RER A vers 18h à Nanterre préfecture. Normalement il devrait être climatisé, mais est-ce dû au fait qu'il s'arrête à La Défense (RER A coupé entre La Défense et Nation pour travaux), la clim ne fonctionne pas et la rame est une fournaise. A La Défense, message: «la ligne 1 est surchargée, veuillez emprunter la ligne L pour Paris-St-Lazare puis la ligne 14».
Impavide je remonte le long du terminus de la ligne 1 en provenance de Paris et m'installe dans les voitures surchauffées qui se vident de leurs passagers. La rame repart avant que les petits hommes verts de la RATP n'aient réagi. Elle accélère dans le tunnel, s'arrête il me semble bien plus tôt que d'habitude, et repart dans l'autre sens charger la foule amassée sur le quai en direction de Paris.
Correspondance ligne 6. Je m'endors. Il fait toujours aussi chaud.
Métro aérien, la Seine, la tour Eiffel, Pasteur, Montparnasse, je me rendors.
Brutale sonnerie à Raspail, trois stations avant mon but: «Malheureusement j'ai une mauvaise nouvelle, tout le monde descend ici, je dois évacuer la rame».
— What happens ? demande un jeune Anglais.
— I don't know. Just wait here and take the next one.

Je sors dans l'espoir de prendre un Mobike. Rien. Je marche en direction de Denfert: H. a proposé que j'attende immobile qu'il arrive en voiture mais je suis si énervée que je préfère user mon agacement en marchant.
Je repère un homme qui ressemble à Poutine en plus jeune et plus musclé, avec ce développement des épaules qui donne l'air aux nageurs de ne pas avoir de cou (je déteste ça) et une fillette de dix ou douze ans sortie tout droit d'un calendrier des PTT. Il a un sac en papier à la main, léger, elle tient un smartphone. Je continue à remonter le boulevard.

A quelle occasion m'ont-ils abordée? Me suis-je arrêtée pour remettre mon livre dans mon cartable? Je ne sais plus. Quoi qu'il en soit, ils m'ont demandé leur chemin: le Campanile avenue du Maine, sans que je sache s'ils parlaient anglais ou français. Un coup d'œil sur le téléphone de la fillette (qui ressemblait à l'affiche de Soleil trompeur) m'a fait comprendre son air suppliant et l'exaspération du père: 4 ou 5% de batterie, le nom des rues en cyrillique, et visiblement c'était elle qui avait insisté pour rentrer à pied par les rues de Paris… Ils étaient perdus, fatigués et bientôt sans carte.

J'ai sorti mon téléphone (pour économiser sa batterie), commencé à rechercher sur Citymap, un peu ennuyée de si mal maîtriser le fonctionement des cartes sur téléphone (je suis désorientée entre les applis qui conservent le nord en haut de la page et celles qui s'obstinent à vous présenter un chemin droit devant vous, tournant la carte quand vous tournez le téléphone dans la tentative désespérée de remettre le nord en haut de l'écran).
Ce n'était pas très loin, j'ai tenté de montrer le chemin avec les mains, l'homme a soudain vu son salut dans une station de taxis — mais pas de voiture (le taxi aurait-il accepté une course aussi courte?), j'ai commencé à me dérouter pour les guider, pensant que H. n'arriverait pas tout de suite et que j'aurais le temps de remonter ensuite à Denfert — mais non, il a appelé, rendez-vous au Campanile avenue du Maine «— mais qu'est-ce que tu fais là? — Je t'expliquerai, je raccroche» — nous avons continué le long des trottoirs à l'ombre, c'était plus loin que prévu. L'amusant a été de voir passer deux fois H. dans sa voiture-jouet au ras de la route, une fois devant nous, concentré sur la route il ne m'a pas vue, une autre fois à une intersection lointaine — toutes les rues en sens unique vers l'est tandis que nous allions vers l'ouest.
Soudain les Russes ont reconnu leur hôtel au loin, soulagement et reconnaissance, traversée imprudente du boulevard, je suis montée dans le cabriolet rouge garé devant la porte en me disant que tout cela était fort cinématographique.

Complainte des transports en commun pendant le retour:
— Ça marche de plus en plus mal. Si je n'avais pas peur du ridicule, je penserai à des sabotages. (Je pense aussi aux coupures du 27 juillet.)
— Peut-être.
— Ou alors il manque d'électricité? Ils ont arrêté des tranches de centrales? (Je voulais dire: dans une volonté écologique, mais H. répond:)
— Oui. Il fait trop chaud, ils n'arrivent plus à les refroidir.

(Bon. Cela n'explique rien. L'électricité de la capitale ne dépend pas des centrales sur le Rhône et l'Isère, plutôt de celles de la Loire.)

La panne

J'étais en cours de géographie quand les lumières se sont éteintes. 8h27, il faisait encore nuit. C'était une professeur que je n'aimais pas beaucoup. (L'année de cinquième n'est pas un bon souvenir: beaucoup de professeurs que je n'aimais pas beaucoup). Je ne sais plus comment elle a réagi. Je ne sais plus ce que nous avons fait pendant quatre heures. Y avait-il du chauffage? Avons-nous mangé chaud? Je ne sais plus.

Je me souviens de ma surprise le soir à apprendre que tout le monde en France avait connu la même panne. J'avais aimé cette communion dans les problèmes: pour moi, jusqu'à ce jour, une panne d'électrécité était toujours locale. Peut-être parce que j'avais grandi au Maroc, c'était pour moi quelque chose d'assez courant, moyennement exceptionnel: manquer d'électricité deux ou trois heures le soir, s'éclairer à la lampe de camping, j'avais déjà vécu cela, de temps en temps.
Mais soudain cela devenait un événement dont on parlait à la télé.


En regardant Poivre d'Arvor sur l'INA, j'apprends que la plus forte consommation de l'année intervient le troisième mercredi de décembre (en 1978. Est-ce encore vrai en 2019? Et qu'en sera-t-il quand nous serons à l'énergie solaire ou éolienne?)

Je retrouve «On n'a pas de pétrole, mais on a des idées.»
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