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Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

Péripéties

Journée de réunions. Je prends (mal mais plus) la mesure de tout ce qui est en train de transformer la France, l'administration française, de l'intérieur. Informatisation et harmonisation à marche forcée. La DSN (déclaration sociale nominative) oblige les entreprises à déposer leur données de paie dans des concentrateurs, ce qui remplace les multiples déclarations de charges sociales et enquêtes, ce qui va également permettre la retenue à la source (de l'IS) (— Mais tu crois vraiment que la retenue à la source va passer? ça fait tellement longtemps qu'on en parle… — La PUMA1 aussi, on en parlait depuis longtemps. — C'est vrai…), le tiers payant généralisé, etc. Tout le monde est en retard sur tout (40 ou 60% des entreprises n'ont pas encore mis en place la mutuelle obligatoire depuis le 1er janvier dernier); de temps en temps une échéance est reculée d'un an quand les professionnels réussissent à démontrer que leur cri d'alarme n'est pas de la mauvaise volonté mais de la panique ou de l'épuisement.
Cette modernisation est fantastique et salutaire, mais les équipes informatiques ne savent plus où donner de la tête. Le risque, c'est un bug majeur. Le risque moindre, c'est ce qu'on connaît: l'engorgement, car pendant que les équipes créent le futur, elles ne s'occupent pas du présent.


Note
1 : votée sans que personne n'y prête attention le 30 ou 31 décembre 2015 pour une prise d'effet le 1er janvier 2016: nous en avons découvert la mise en place et ses conséquences en février…

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Axiome : «On ne va pas tarder à déménager. Chaque fois qu'on refait le hall, on déménage.»
Et de me citer trois exemples par le passé.
Pour moi, tout l'enjeu est de savoir où: pourrai-je encore ramer le midi? L'ICP sera-t-il toujours sur mon chemin de retour?
Rumeur concernant Nanterre. Vingt minutes de plus dans les transports, quarante matin et soir? De plus en plus il va devenir cohérent de travailler de chez soi.

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Je dîne avec O. et avec Paul qui l'héberge.
Paul commente le sujet de bac spécialité maths:
— Oui, il y avait une erreur de signe…
O. l'interrompt: — Moi je ne l'ai même pas vu tellement c'était évident.
— … et on nous l'a signalée au bout de deux heures. Donc l'éducation nationale s'inquiète pour ceux qui sont sortis avant: mais soit t'étais super doué et t'avais tout fini et même démontré pourquoi le signe était faux, soit t'étais tellement nul que de toute façon ça change rien.

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H. assistait à une grand messe américaine où chaque Etat essaie d'attirer les investisseurs sur son sol, et tout particulièrement les créateurs d'emploi. Hiiiiiiiiiii, il a vu Obama en vrai.

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Dernier cours de christologie, dernier cours de l'année. Encore un TG samedi.
Cinq ou six livres en bibliographie estivale. C'est bien une logique de jeu vidéo : à chaque étape le niveau monte.

Toujours la même erreur

Rêvé de ma prof de grec. Il faudrait que je m'y mette.
Prévisionnel 2015 par extrapolation du semestriel.
Encore une yolette de débutants. Philippe chef de bateau.
Rocco et ses frères. Une queue de cinquante personnes à la séance de cinq heure et demie, encore plus longue à neuf heures. Quel succès.
Vingt minutes d'attente de mon RER gare de Lyon. Je décide de prendre n'importe quel train et attendre à l'air à Villeneuve. Le temps que j'arrive à Villeneuve et tous les RER pour Melun sont supprimés : bus puis marche.

Comme je m'étonne de ne toujours pas avoir reçu les notes du bac de français d'O, C. m'affirme qu'elles ne sont pas envoyées et qu'il faut les consulter en ligne. Comme il a vu la convocation de son frère qui traînait dans sa chambre, je lui demande de regarder.
6 (écrit), 10 (oral) et 11 (TPE). Je ne suis pas vraiment surprise. Pourquoi suis-je quasi certaine qu'O le savait, le sait, qu'il ne nous l'a pas dit avant de partir en camp scout? Paranaoïa?
Un peu trop de tarot, sans doute. Club Mèd. Pas étonnée, mais vaguement écœurée, et je ne sais même plus si c'est par lui (eux) ou par moi. Indulgence coupable. Lâcheté, paresse, pas la sienne mais la mienne, paresse de surveiller, lâcheté devant l'obligation de dire non si souvent, de devoir se fâcher si souvent. Je réagis, mais toujours trop tard, toujours après coup.

Nuit écourtée

Lundi soir, O. :
— Maman, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, demain soir, j'ai audition de flûte à 20 heures. Et mercredi, il faut que je sois à sept heures et demie à Arcueil pour les olympiades de maths.
— Ah? Et tu as TPE l'après-midi?
— Oui.

Mardi soir, donc, audition de flûte entre huit et neuf heures.
Nous rentrons (décapotés!). Durant le dîner, l'interrogation du site Navigo nous apprend qu'il faudra prendre le RER de 6h28, donc partir de la maison à 6h15.
— Mais comment avais-tu fait, toi? demandé-je à C. Je ne m'en souviens absolument pas.
— J'avais dû dormir chez Nicolas.
Alors O. : — J'aurais dû demander à Paul.
Moi : — Si tu nous parlais de ton emploi du temps un peu plus tôt, on pourrait trouver des solutions.

Pendant ce temps-là, gestion d'un autre problème: O. voudrait un cordon de raccordement VGA pour le vieux Mac d'un camarade. O. pensait que c'était standard et que nous en aurions forcément un; ce n'est pas standard et celui qui convient est parti à Lisieux avec A. Or c'est sur ce Mac que son groupe doit présenter demain le powerpoint de leur TPE, épreuve du bac.
— Mais enfin, avec tous les weeks-ends que vous avez passés à préparer ce truc, vous n'avez jamais vérifié ça?
— Je pensais que c'était standard.
Je soupire. Ces enfants n'ont aucune méfiance, ni informatique, ni karmique, ni Murphique.
Plan de bataille, C. prête son ordinateur, se fait envoyer le fichier pour vérifier au moins une fois qu'il n'y a pas de bug quand on change de version de logiciel, etc., tout ça dans l'urgence, il est onze heures passées.

Préparation du sac, vérification du matériel pour les maths, pour le TPE, je réussis à mettre O. au lit et je m'endors comme une masse.

Minuit et demie. O. me secoue:
— Maman, j'ai mal à une dent, je ne peux pas dormir.
— Comment ça, tu ne peux pas dormir? Tu n'as pas dormi depuis que tu t'es couché?
— Non.
— Mais pourquoi tu n'es pas venu voir papa?
H. a programmé tard dans la soirée. En réalité, je pense que O. s'est endormi et vient de se réveiller mais qu'il n'en a pas conscience.
Je panique, je m'énerve. Depuis que O. m'a réveillée un matin à six heures en me disant «je me sens mourant», je suis habitée par le remords de n'avoir rien vu venir. Et s'il avait vraiment mal à une dent? Comment fera-t-il demain? Et cette nuit? Nous avons si peu de médicaments. Un ibuprophène, un cachet de lisopaïne pour son côté anesthésiant local, je l'envoie se recoucher en lui disant que c'est sans doute nerveux (ce que j'espère).
Mais je ne peux pas me rendormir. Je l'imagine avoir mal seul dans son lit et c'est insupportable. Alors je me relève, allume la lumière dans la chambre à côté de la sienne afin qu'il la voit et ne se sente pas seul et fait du grec tard dans la nuit (au lieu de tôt le matin comme je l'avais prévu). C'est étrange, L'Apocalypse, à la fois facile et de syntaxe étrange, je ne comprends pas comment il peut y avoir autant de nominatifs dans une phrase. Des sujets de relatives élidées?
Je me couche à trois heures et demie, dans la chambre voisine O. respire calmement.
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