Fête de famille
Par Alice, dimanche 3 mai 2009 à 23:11 :: 2009
Tentative d'instaurer une tradition, pourquoi pas.
Réécriture de l'histoire: il est vrai que nous sommes réunis au nom de la grand-mère disparue, il est vrai qu'elle serait enchantée de nous savoir là , petits-enfants et arrières-petits-enfants, il est faux de penser qu'elle "aurait aimé voir ça", je ne me souviens, moi "la pièce rapportée", que de brouilles et de lettres vengeresses du temps où elle était en vie.
Mais si certains le pensent nous nous taisons tous, et nous passons vraiment un bon moment, dont quelques longues minutes à réexpliquer aux plus jeunes qui est qui (— Doudou c'est mon beau-père — Ah, ouuiii! — C'est vous la mère d'Harry Potter?), et qu'ils oublient aussitôt comme de juste.
Cette année un cousin nous accueillait chez lui, à la ferme. Poules et brebis. Je me rends compte que ce qui me manque le plus, ce sont les odeurs (et particulièrement les odeurs mécaniques, l'odeur de la graisse froide des outils et celle du cuir, puis celle des bêtes). Passé un long moment à regarder les agneaux, à les écouter bêler comme des bateaux perdus dans la brume: l'identification de la mère se fait à l'oreille. Ri à voir les agneaux de deux jours s'abattre dans l'herbe, plats comme des descentes de lit, une heure après leur première sortie au grand air.
Toujours cette curieuse sensation, ce complexe à double sens: complexe de l'intello qui a peur de se faire mépriser par les "manuels", les gens de la terre, "ceux qui travaillent", peur que les "manuels" se sentent méprisés par les gens des villes, les intellos.
C'est stupide, cela leur est bien égal, je n'arrive pas à vivre simplement dans l'instant.
Toutes ces odeurs et toute cette ambiance me rappellent la ferme tant aimée. Je médite sur cette vie au rythme si différent. Est-elle vraiment tentante? Non pourtant, j'ai trop dans l'oreille les paroles de ma grand-mère: «C'est trop dur, la terre, je ne voulais pas que les garçons restent ici, c'est trop dur».
C'est étrange de se dire que la génération suivante manifeste des velléités d'y retourner.
Réécriture de l'histoire: il est vrai que nous sommes réunis au nom de la grand-mère disparue, il est vrai qu'elle serait enchantée de nous savoir là , petits-enfants et arrières-petits-enfants, il est faux de penser qu'elle "aurait aimé voir ça", je ne me souviens, moi "la pièce rapportée", que de brouilles et de lettres vengeresses du temps où elle était en vie.
Mais si certains le pensent nous nous taisons tous, et nous passons vraiment un bon moment, dont quelques longues minutes à réexpliquer aux plus jeunes qui est qui (— Doudou c'est mon beau-père — Ah, ouuiii! — C'est vous la mère d'Harry Potter?), et qu'ils oublient aussitôt comme de juste.
Cette année un cousin nous accueillait chez lui, à la ferme. Poules et brebis. Je me rends compte que ce qui me manque le plus, ce sont les odeurs (et particulièrement les odeurs mécaniques, l'odeur de la graisse froide des outils et celle du cuir, puis celle des bêtes). Passé un long moment à regarder les agneaux, à les écouter bêler comme des bateaux perdus dans la brume: l'identification de la mère se fait à l'oreille. Ri à voir les agneaux de deux jours s'abattre dans l'herbe, plats comme des descentes de lit, une heure après leur première sortie au grand air.
Toujours cette curieuse sensation, ce complexe à double sens: complexe de l'intello qui a peur de se faire mépriser par les "manuels", les gens de la terre, "ceux qui travaillent", peur que les "manuels" se sentent méprisés par les gens des villes, les intellos.
C'est stupide, cela leur est bien égal, je n'arrive pas à vivre simplement dans l'instant.
Toutes ces odeurs et toute cette ambiance me rappellent la ferme tant aimée. Je médite sur cette vie au rythme si différent. Est-elle vraiment tentante? Non pourtant, j'ai trop dans l'oreille les paroles de ma grand-mère: «C'est trop dur, la terre, je ne voulais pas que les garçons restent ici, c'est trop dur».
C'est étrange de se dire que la génération suivante manifeste des velléités d'y retourner.