Billets qui ont 'café' comme mot-clé.

Café

J'accompagne O. à son cours de flûte à Brunoy. Plutôt que m'endormir sur un fauteuil dans l'entrée de l'école de musique, je pars à la recherche d'un café.
Il y en a un, encore éclairé, mais j'entrevois la patronne qui balaie et des chaises retournées sur les tables. Sur la porte est indiquée l'heure de fermeture: sept heures.

Un homme grand barbe noire cheveux gris anorak gris bleu la soixantaine qui s'apprêtre à y entrer m'encourage:
— Mais entrez !
— Ça ne va pas fermer ?
— Mais non, hein Solange, tu ne fermes pas?

Il apparaîtra que le café ferme quand il n'y a plus de clients. Les tenanciers sont cambodgiens (je l'apprendrai plus tard en écoutant les conversations). Je fais un peu tache dans le décor asiatico-formica avec mes habits de bureau, mon manteau rouge et mon écharpe orange. Je compte ma monnaie (souvent je n'ai rien), demande le prix d'un crème (deux euros), je les ai, ouf. L'homme entré en même temps que moi a rejoint deux amis. Ils boivent du café, pas de petit blanc. Ils occupent les deux tables disponibles, sans chaise retournée dessus. Ils parlent à la cantonnade: « Faut pas avoir peur, Madame, on est pas méchant. Enfin, surtout moi, je m'appelle Jacques. Lui c'est Abdel, c'est déjà plus louche. »

Je ne suis pas sûre qu'il avait tout à fait envisagé que je prenne ma tasse pour venir m'assoir au bout de sa table, puisque c'est la seule place assise disponible (une table rectangulaire pour quatre personnes): « Vous permettez ? »
J'ai vingt minutes à attendre, j'écris des cartes de vœux ce qui leur permet de commenter, "Jacques" en biais par rapport à moi à la même table, les deux autres à la table d'à côté.

Quand je me lève pour partir, je ne peux pas m'empêcher de dire : « A la semaine prochaine, même jour même heure».
Je n'ai pas compris pourquoi "Jacques" m'a répondu : « Bonne mission ».
(?? Il a cru que j'étais James Bond ? Auditeur chez Arthur Andersen? Consultant ? Il connaît la profession de consultant ? Il a cru que je venais espionner Brunoy vingt minutes tous les mercredis soir ?)

Souvenirs de Lévi-Strauss

Août 1985 - Je composte des chèques dans une agence du Crédit Lyonnais. A midi, je lis Race et Histoire et Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes en dépensant mon ticket restaurant dans un café tranquille qui diffuse Rue barbare de Bernard Lavilliers. Thé et croque-monsieur.
Ces deux livres sont au programme de culture générale d'un concours que je dois passer en septembre.

Décembre 1988 - Covoiturage entre Paris et Lyon pour assister au mariage de mon meilleur ami, ce qui n'était pas encore un cliché. Discussion dans la voiture avec un ami de P., ami légèrement dédaigneux, légèrement supérieur :
— Tu as lu Race et Histoire ?
— Oui.
— Tu te souviens de sa conclusion ?
Comme il me prend de haut et que je fais un complexe d'infériorité, je panique un peu:
— Euh... Que l'évolution dépend de nos différences, de la différences entre les groupes et de leur façon d'interagir et de s'enrichir mutuellement ?
— Il dit surtout que certaines races sont plus cumulatives que d'autres, savent mieux acquérir, conserver et accumuler du savoir et de la technologie.

Il avait l'air très sûr de lui. Quatre ans après ma lecture je n'étais pas si sûre de moi. Mais il ne me semblait pas avoir lu ça, non, il ne me semblait pas avoir vu une telle interprétation, visant peu ou prou à organiser une hiérarchie des races (si tant est est que ce mot ait un sens: des cultures, des couleurs, des ethnies).
Je me souvenais surtout de la crainte de l'homogénéisation et de l'homogénéité: si tout devenait pareil, homogène, il n'y aurait plus de progrès possible.
Quand le mot "mondialisation" est devenu à la mode, employé à tort à travers, c'est à Lévi-Strauss que j'ai pensé.

Après quelques années sur internet, je ne suis plus inquiète: tout tend à prouver que des groupes se reconstituent toujours. Les critères ont changé, il ne s'agit plus de nationalité ou d'ethnie, mais de langues, d'affinités, de goûts ou de sujets d'intérêt communs ne tenant aucun compte des frontières. Il existe toujours des groupes, des différences, des échanges, et ces différences ne constituent pas forcément des hiérarchies. Une chose est sûre: ce n'est pas homogène.

Gestion du temps, toujours

Drink coffee : do stupid things faster with more energy !

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Battue, Madame Le Quesnoy

Là, ce n'est plus la rubrique "on s'en fout", mais la rubrique "nawak".

Dédié à Gvgvsse et Zvezdo, ceci est ma contribution au débat «Chantait-on mieux dans les églises de France avant Vatican II?» (Je dois avouer que la question m'a surprise, car je me suis rendue compte que j'étais en plein préjugé: à bien y réfléchir, je n'avais aucune idée de ce qu'on chantait dans les églises dans les années 50 ou 60.)

Merci aux commentateurs de Caféine.

The little differences

La référence est connue, c'est l'un des dialogues d'ouverture de Pulp Fiction:
Vincent: You know what the funniest thing about Europe is?
Jules: What?
Vincent: It's the little differences. I mean they got the same shit over there that they got here, but it's just - it's just there it's a little different.
Jules: Examples?
Vincent: Alright, well you can walk into a movie theater in Amsterdam and buy a beer. And I don't mean just like in no paper cup, I'm talking about a glass of beer. And in Paris, you can buy a beer at McDonald's. And you know what they call a, uh, a Quarter Pounder with Cheese in Paris?
Jules: They don't call it a Quarter Pounder with Cheese?
Vincent: Nah, man, they got the metric system, they wouldn't know what the fuck a Quarter Pounder is.
Jules: What do they call it?
Vincent: They call it a "Royal with Cheese."
Donc :
- Le liquide vaisselle est bleu ou vert, pas jaune.

- Les oranges sont sanguines.

- Les boîtes à œufs contiennent quatre œufs (c'est cute).

- Nous n'avons trouvé ni pack de yaourts (vendu à l'unité en pot familial) ni bougie d'anniversaire (pas assez de vocabulaire pour poser la question).

- Chez le coiffeur, le shampooing se fait la tête en avant (comme chez certains Turcs).

- J'ai mis trois jours à obtenir le caffelatte que je convoitais après l'avoir vu servi à une cliente un matin (à la décharge des Italiens, je vous rappelle que je ne suis presque pas sortie de ma cambrousse et facilement intimidée). J'ai essayé le capuccino, le caffe dupio en imaginant obtenir un café allongé (un café double (en réalité il s'agit d'un café moitié: la moitié d'eau pour la même quantité de café (c'est logique, quand on y pense))), le caffe con latte (le lait servi à côté du café dans un petit pot) et un dernier dont je ne me souviens plus (ça commençait par "ma"). C'est simple, j'ai essayé systématiquement tout ce qu'il y avait sur la carte.

- Les cuvettes de WC dans les restaurants et les cafés (la règle reste à vérifier chez les particuliers) sont naines, plus haut que des WC à la turque mais plus bas que des WC en France.

- Les poubelles sont bêtement des sacs en plastique (de ceux interdits en France) qu'on dépose devant sa porte, ce qui donne matin et soir aux rues et places de Venise un aspect dépotoir un peu désagréable mais surtout inattendu: le dépôt d'ordures n'est pas prévu sur les cartes postales. (J'ai réfléchi au problème. Je pense qu'en France on mettrait en place des containers avec obligation de s'en servir. On perdrait la vision éphémère des sacs poubelle pour la vision permanente des containers. Que vaut-il mieux?)
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