Billets qui ont 'chat' comme mot-clé.

Watson

Watson est un gros chat roux. Il ressemble davantage à Churchill qu'à Watson. C'est la star du quartier.

Il habite en face de l'arrêt de bus dans la rue derrière chez nous. La première fois que je l'ai vu, à six heures et demie du matin dans le froid, en train de traverser lentement devant le bus qui arrivait, je me suis précipitée: j'ai eu peur qu'il ne se fasse écraser.
Depuis, je ne cours plus. Je sais que ça l'amuse de faire ralentir les voitures. Et les voitures et les bus ralentissent. Il trône au milieu des parkings et les voitures le contournent. C'est de la roulette russe: rien n'assure que le véhicule qui approche soit au courant et attentif.

J'ai appris son nom puisque tout le monde le connaît. Parfois quelqu'un le ramène chez lui quand il le juge trop loin. La surveillance est collective.

Cet après-midi il dormait le long du comptoir du coiffeur. De temps à autre il s'installe sur les genoux des clients. Quand je suis passée au shampooing, il avait squatté l'un des fauteuils.

le chat Watson

Les laitues du lamantin

— J'adore les lamantins. Je pourrais les regarder des heures.
— Tu as déjà vu des lamantins manger de la salade ?
— Non. Je n'ai jamais vu de lamantin tout court.
— Ils ont des petites pattes sur le devant; ils prennent la salade, et groumpf, groumpf, groumpf, ils la mangent en trois bouchées.
— En faisant des roulades dans l'eau. Ils sont super.


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Agenda:
Belle sortie ce matin. Un équipage heureux d'être ensemble, c'est tout de suite différent. Je rame en me disant que le week-end prochain sera le dernier. Cinq fois cinq minutes cadence course.
Repas d'anniversaire à base de coquilles St-Jacques, de Mont d'Or et de Saint-Honoré (non, pas ensemble).
Nous avons récupéré Charlotte pour une semaine. Elle a vieilli (17 ans), elle s'est décharnée et elle a peut-être de l'arthrose car elle monte lentement les escaliers. Globalement elle est en bonne santé.

Maison vide

Comme je m'y attendais, je n'ai pas repassé vendredi; comme je ne m'y attendais pas, H. m'a proposé d'emmener la chatte à Chartres (moitié du chemin entre Moret et Mortagne-au-Perche) où A. la récupérait.

Personne donc à la maison quand je suis rentrée, ni mari ni chat.
Le mari, ça arrive, mais le chat, jamais.
Il manque les miaulements entre accueil et engueulade («enfin! j'ai faim!»), le bruit infime des griffes sur le carrelage (elles ne sont plus totalement rétractiles et il faut que je les lui recoupe) et à chaque vêtement posé j'hésite et me souviens: «ah oui, je peux le mettre sur le lit, le chat n'est pas là» (habituellement c'est toujours sur le dos d'une chaise).

Je repasse, donc, en regardant Pour quelques dinars de plus sur Arte, un film amical, souriant, dont le potentiel de rebondissement des dernières images m'évoquent Un homme sérieux des frères Coen .
Le panier à linge est posé à mes pieds, ce qui en temps normal est impossible.

Je vais enfin savoir si je dors mal à cause du chat qui me piétine toute la nuit ou si je dors mal parce que je dors mal.

Rosalie

Mardi dernier (25 mai), A. nous a appris que Rosalie était morte dimanche.

A. nous avait envoyé un mot deux semaines avant (le 12 mai): «Rosalie sort de chez le véto. Problème cardiaque génétique qui a provoqué un épanchement pleural. Il serait probablement pertinent de faire vérifier Charlotte1».

Comme A. est du genre à ne jamais aller chez le médecin mais à emmener ses animaux chez le véto, je ne m'étais pas inquiétée (ce qui est un tort, car A. n'est pas riche: si elle paie le véto, c'est qu'il y a une raison).

J'ai eu A. au téléphone. Les poumons de Rosalie avaient été vidés, mais l'infection a été la plus forte. Rosalie a brutalement maigri et en deux jours elle était morte.
Seize ans.
Nous l'avions depuis juillet 2005.

chat de trois mois sur robe rouge



Rosalie en 2019 dans la pelouse, avant qu'A. ne l'emmène à Mortagne: j'étais consciente du temps qui passait; A. avait une relation privilégiée avec Rosalie; je voulais que toutes deux passent du temps ensemble alors que Rosalie se faisait vieille (mais je n'imaginais pas que le temps qui restait serait si court).

chat étendu de tout son long dans l'herbe verte






Note
1: sa sœur que nous avons à la maison

J'attends que le chat

J'attends que le chat se réveille pour faire le lit.

chat en boule sur un lit


J'attends que le chat se réveille pour ranger les différents types de draps et housses (parures) sous le lit (ou dans le lit, puisque c'est un lit-coffre).

J'ai sorti du sac-poubelle où elle dormait depuis vingt ans la nacelle du landau que j'avais conservée au grenier toutes ces années. Je l'ai remontée, elle est en parfait état, les élastiques toujours élastiques (c'est le point faible des habits d'enfant que je retrouve).
Qu'en faire? Je m'étais dit que cela pourrait servir de lit d'appoint pour d'éventuels bébés visiteurs, mais l'expérience prouve que personne — plus personne — ne se déplace avec son bébé et quatre couches: tous les nouveaux parents arrivent avec un breack rempli de lit, vaisselle, nourriture, habits, jouets; personne ne semble envisager de coincer un enfant qui ne marche pas entre deux coussins en guise de lit et de lui écraser une pomme passée au micro-onde en guise de goûter.
Etions-nous les derniers d'une génération vaguement baba cool, ou déjà à l'époque totalement has been, inconscients des nouveaux mode de parenting?

Je me suis décidée à donner cette nacelle, peut-être qu'elle servirait à une mère dans le besoin (je m'en suis servie comme lit jusqu'aux trois ou quatre mois des enfants; la sage-femme nous l'avait conseillée comme plus rassurante pour un bébé qui vient de sortir du milieu serré d'un ventre) quand à ma grande surprise H. a déclaré que puisqu'on avait de la place, il souhaitait la garder.

Je vais la laisser montée quelques temps pour bien retendre la toile puis je la rangerai dans le lit.

nacelle de landau


Départ

Appelé Agnès qui habite près de Melun. Elle m'a recommandé le château de Rosa Bonheur («acheté avec des indemnités de divorce»), m'a expliqué que la région était connue pour son raisin de Muscat qui était conservé dans des ballons en verre remplis de charbon dans lequel on plantait les tiges pour conserver le raisin… je n'ai pas bien compris.

O. est arrivé vers trois heures. Nous avons fait une machine et étendu son linge puis nous sommes partis en laissant la chatte avec des croquettes (la laisser seule vingt-quatre heures dans un lieu qu'elle connaît mal ou lui faire faire cinq heures de voiture en deux jours: nous avons choisi). L'a-t-elle compris? Elle s'est endormie le nez contre le canapé, le dos tourné au monde.

Chat le nez contre le canapé

Voyage sur les routes du Gâtinais dans la nuit tombante. Arrivée chez mes parents où seule ma sœur était présente. Cadeaux, repas. Beaucoup bu de champagne. Mes parents sont des cordons bleus.

Des meubles, un chat, des pompiers

J'ai réussi à relancer la comtoise, mais pour combien de temps? Depuis que je l'ai déplacée fin novembre (avant le départ de O.), elle s'arrête au bout de quelques minutes ou quelques heures. Il faut mettre des cales avec art de façon à la pencher légèrement vers la droite et en arrière afin que la pesanteur soutienne exactement le mouvement du balancier.

Marché. Trois bouquets de tulipes.

Avant que je le dépose à la gare pour qu'il rentre «chez lui» (je ressens un pang inattendu chaque fois qu'il dit «chez moi» en parlant de son studio à Paris: comment, ce n'est plus ici, chez lui?), O. m'a aidé à replacer sur la mezzanine deux étagères et le meuble télé relégués dans le grenier (the room of requirement) depuis le premier week-end de décembre 2018… (oui, les travaux sont finis depuis mars 2019). Objectif: les laver, les remplir de DVD, avoir de nouveau de quoi regarder des films sur un grand écran et non sur un ipad.
Mais apparemment cela ne va pas être si simple, une histoire de switch avec la box.

En remontant l'allée pour chercher la chatte chez les voisins, nous croisons le fils des voisins qui nous dit d'un seul souffle: «on a un problème avec Enzo mais c'est pas grave, vous pouvez entrer, on a appellé les pompiers.»
Pas grave, les pompiers? Je me retourne et effectivement, un camion rouge «18» s'est arrêté en silence au bout de l'allée.
Nous franchissons la porte et la voisine, beaucoup plus logiquement, nous met dehors: «ce n'est pas le moment». En repartant, nous recroisons le fils, un grand gaillard, au bord des larmes, accompagné des pompiers (Enzo est son fils d'un an).

Plus tard la voisine nous rappelle. Les pompiers ont emmené le petit-fils qui convulsait aux urgences. Nous prenons le thé en tenant notre première discussion sur les grèves depuis le début des vacances. Cela fait une semaine que nous avons très naturellement oublié le sujet. Nous récupérons notre chatte qui a passé la semaine sous les meubles du salon quand ils étaient dans le salon, sous les meubles de la chambre quand ils étaient dans la chambre.


Le lendemain, l'enfant est toujours en observation à l'hôpital. Fièvre et bronches encombrées. Pas de diagnostic précis.

Entourée




Cette impression de voir double, toujours (et de devenir fou: «Mais… elle est dehors? Je viens de la faire rentrer! —Mais non, c'est pas la même.)

Trois points :
1/ Hommage aux infirmiers, infirmières, accompagnants de vie qui travaillent même aujourd'hui.
2/ En conséquence de ma bêtise d'hier, H. a regardé mon blog de près. Il reste des traces de tout: de la séparation du blog initial en deux (parthénogenèse en 2009), de ma bêtise avec l'UTF-8 intervenue en avril 2012 (comme le temps passe), de ma transformation progressive des billets wiki en html…
45000 logs : je me suis loguée 45000 fois ici (ou j'ai appuyé 45000 fois sur "enregistrer", je suppose). Il y a la date et l'heure de chaque fois, je pourrais mettre ces données en ligne (mais je vais plutôt les détruire).
3/ J'ai demandé à revenir à l'ancien look, le look rose, en attendant que H. est le temps de faire mieux (je suis lassée de ce fond vert et jaune). Il n'a rien promis mais j'ai bon espoir.

Folie : la reprise

Je continue à prendre des notes pour le futur, quand nous ne comprendrons plus ce qui s'est passé (si tant est que nous le comprenions maintenant, mais au moins nous le vivons).

Trump est à deux doigts de déclarer la guerre à la Corée du Nord.
D'après "Rogue Potus", un compte twitter de "résistants" qui twitte de l'intérieur de la Maison blanche, les félicitations remportées par son bombardement en Syrie en réponse à un gazage de la population (et notamment des enfants) sont montées à la tête de Trump qui souhaiterait obtenir à nouveau le même type de louanges:
Rogue POTUS
Precisely. All the praise for being "Presidential" when he bombed Syria went to his head. Now he's looking for his next fix.


En France, l'hystérie s'est emparée du pays. Nous sommes loin de la réaction spontanée et solidaire de 2002 contre le Front National. S'est-on habitué à l'idée, ou la fille fait-elle moins peur que le père?

Mélenchon n'a pas appelé à faire barrage contre le FN, les évêques de France ne se sont pas encore prononcés, LaManifpourtous (devenue l'association Sens commun), sans (grande) surprise, se rallie à Le Pen.
Des gauchistes déclarent qu'ils s'abstiendront, comme si Macron était pire que Chirac, comme si Macron n'avait pas été un ministre de Hollande. (Faut-il que Macron soit brillant pour déclencher autant de haine. En tout cas, moi qui n'en pensais pas grand chose, je vais finir par le croire.)
Certains déclarent que voter Macron en 2017, c'est faire le lit du FN pour 2022 (cherchez la logique de favoriser celui-ci dès aujourd'hui).
Bien mieux, la nouvelle tendance semble de déclarer qu'on s'abtiendra (genre "je ne mange pas de ce pain-là") mais de pousser les autres à voter contre Le Pen "parce que le FN, c'est terrible".
Plus Tartuffe tu meurs.

Voici un fil twitter d'une femme de gauche détestant Macron mais appelant à voter pour lui. Ce qu'elle pense ne représente pas mon opinion, mais je trouve intéressant sa récapitulation de ce qui se passe aujourd'hui dans les mairies FN: ce qui se passe au présent, pas dans le futur.
Les tweets datent du 25 avril. Depuis, la tweeteuse L'étagère (c'est son nom) s'est déconnectée pour ne pas trop s'énerver.
Donc voici la suite des tweets, pour les lire aujourd'hui, les conserver demain.
Ce lundi j'ai lu plusieurs threads d'abstentionnistes de gauche expliquant pourquoi ils refusaient de voter, et avant de couper twitter 10j

j'aimerais répondre -sans agresser les gens- que je. ne. comprends pas. Vraiment pas. J'entends le "on lutte déjà", "on luttera autrement",

de nbrx militants associatifs de terrain, de gens dans l'opposition à l'échelle locale etc. Qui oui, s'engagent tous lrs jours, vote ou pas

Mais puisqu'on a le *pouvoir* de bloquer le FN *pourquoi* ne pas l'utiliser pour avoir à lutter contre le moins violent des 2 ?

Je ne comprends pas qu'on puisse prendre un risque aussi dingue. Macron c'est l'ubérisation de la France le libéralisme taré, totalement.

Mais putain l'autre c'est le fascisme. Le genre qui arrive au pouvoir par les urnes mais n'en repart pas forcément de la même façon.

Bordel même Fillon a appelé en 30 s à leur faire barrage. Même Alliance ! Tandis ce matin JMLP (Jean-Marie Le Pen) soulignait la dignité de Mélenchon :-(

Je rejoins totalement l'idée que le "vote utile" et les stratégies font toujours décaler un peu plus la "gauche" vers le centre / la droite

Que tous les 5 ans le candidat "de gauche" l'est moins que le précédent qui l'était moins que le précédent. Et d'ailleurs, convaincue depuis

bien *2 mois* que j'allais voter Macron en me bouchant le nez j'ai changé d'avis au dernier moment. Compris les potes qui votaient blanc

(Tout en agonisant jusqu'aux résultats et en remerciant ceux qui nous auront évité un 2d tour Fillon / Le Pen)

Mais on est au 2d tour. Avec un FN sur une base solide d'électeurs (qui ne s'abstiendront pas, eux) & une sacrée réserve de voix potentielle

mais surtout, surtout, avec un gouvernement actuel qui leur a mis en place tous les outils pour bien nous niquer dès leur arrivée.

La loi renseignement, l'état d'urgence. Evidemment que ça me débecte de voter pour ces gens là et que je me sens prise au piège

Ms est-ce qu'on peut pas juste bloquer l'autre & décider qu'on luttera de ttes nos forces contre celui qui ne tirera pas à balles réelles?

En fait ce qui me terrifie le *plus* quand j'écoute les amis de gauche abstentionnistes, c'est de réaliser qu'ils pensent vraiment Macron

aussi dangereux que Lepen. Ou plutôt, Lepen pas plus dangereuse que Macron. Alors sans nier une seconde le danger du candidat non-fasciste

Je vais tenter un petit rappel de ce que font les candidats facistes. Et nan je vous insulterai pas avec une comparaison France / CdN (Corée du Nord, je suppose)

Et préfère m'en tenir purement à ce que font les élus FN avec un mandat, ici, en France.
Genre, ficher les élèves musulmans (Béziers)

Ou confisquer les locaux de la Ligue des Droits de l'Homme (Mantes-La-Ville)

Ou interdire tout enregistrement de leurs conseils municipaux (arrondissement Marseillais)

Ou encore bannir les journalistes des dits conseils (Fréjus)

Faire virer les adjoints qui repèrent le trucage des comptes de campagne (Hayange)

Faire interdire des conseils de rock, ou des spectacles de danse orientale, ou un film (Revoyez-le tiens, "Chez nous".)

Virer les subventions des clubs de foot parce que les jeunes y parlent trop en mode "banlieue"

Se réjouir de l'assassinat d'un homme par les terroristes car "bonne diversion !"

Annoncer l'armement de la police municipale avec une campagne délirante en mode "les armes sont nos amies"

Recruter des ex Générations Identitaires fichés par la DCRI (quoi c'pas fiché S ?) (Cogolin)

Repeindre ou censurer des oeuvres d'art (Hayange), retirer @libe de la bibliothèque municipale (Fréjus)

Faire construire un mur anti-roms, pardon, "anti cambriolage" et transformer des rues en impasse (Hénin-Beaumont)

Faire évacuer le stand du Parti de Gauche par la police sur un marché (Fréjus)

Interdire l'accès au spectacle de Noel aux gamins ne présentant pas de papiers d'identité français (Marseille)

Annuler la participation de la ville au Téléthon tout en cherchant à s'augmenter de + de 40 % (Pontet)

Donc oui, j'ai 50 alarmes rouges clignotantes avec sirènes qui gueulent dès que Macron parle travail, chômage, entreprise, start-up

Mais avec le FN plus rien ne sonne parce que ça a déjà explosé depuis longtemps. Le FN au pouvoir c'est ça : une censure de la presse, de la

*culture*, le blocage des associations militantes, des partis d'opposition, et des affiches et initiatives qui feraient rêver la NRA

Si vous vous abstenez parce que vous pensez que MLP ne passera pas, qu'on est large, demandez vous combien font ce calcul

Et si vous vous abstenez parce que merde et "on fera avec" je vous conseille de passer quelques jours à Hénin-Beaumont, ou de lire ceux qui

y vivent (je vous renvoie sur le FB ou twitter de @marinetondelier, entre autres), de voir un peu avec quoi "on fera avec" #Régime

Suis toute pr descendre dans la rue les 5 ans qui viennent mais allez savoir pourquoi j'ai l'espoir que la lutte sera un cran moins réprimée

Si on fait barrage au parti qui veut tuer nos assos et nos moyens de lutter, armer leurs milices & faire taire la presse qui les dénoncerait

Bon & très égoïstement j'aurais rien contre garder le peu de droits acquis ss Hollande ni voir ma binationale de mère

Ou ma pote reconduite à la frontière mais ça c'est encore autre chose

Vous vous rappelez la mobilisation dantesque contre la Loi Travail? Et ses résultats? Sa répression déjà ultra agressive?

Parce qu'a priori la répression sous le FN ça sera pas juste des matraques un peu plus longues et 10 volts de plus dans les tasers.

Voter contre Marine (et pas "pour Macron") c'est pas se trahir, c'est juste se foutre un gilet pare-balles avant de descendre dans la rue

C'est absolument pas incompatible, en ce qui me concerne, avec l'idée de lutter sur le terrain contre cette politique libérale de merde.

Alors que sous le FN, pas dit que "être en capacité de lutter tout court" devienne un privilège plus restreint que jamais.

J'en profite pour dire aux amis abstentionnistes-mais-qui-partent-vivre-au-Canada que pour le bien de notre amitié on se reparlera post 7mai

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Agenda
Charlotte chez le vétérinaire. Détartrage et arrachage de dents.
Acupunctrice. Très encourageante en regardant mon IRM. Elle a piqué des endroits très douloureux dans le pied.
Reprise du travail. Je suis reposée.

Emploi du temps

Je ne suis pas allée en cours d'allemand ni en cours de théologie (trois cours manqués d'affilé).

J'ai fait le point sur l'oral de mardi prochain. Je ne suis pas encore tout à fait sûre du sujet que je choisis.

L'analyse de sang reçue aujourd'hui ne fait rien paraître de particulier. Dommage, j'aurais aimé un manque de potassium ou de calcium, cela aurait été si simple.
Demain acupuncture, jeudi dentiste (on m'a dit que des dents mal jointives pouvaient jouer sur le dos), IRM (rendez-vous pris aujourd'hui!!), ostéopathe.
Dans l'ensemble ça va mieux: sciatique qui prend vers quatre heures du matin et passe vers dix heures (mais pourquoi?), point dans le dos qui est le même que celui que j'ai connu en janvier et février.

Vendredi je retourne au bureau; A. se charge gentiment d'emmener les chattes chez le vétérinaire. Elles vieillissent.

Poe light

Le bail étant signé, les cartons commencent à s'accumuler dans le salon.
Ce matin, O. m'appelle, excité.
— Qu'est-ce qu'il y a? Les chats? Qu'est-ce qu'elles ont encore fait?



Du carton scotché s'échappe un faible miaulement désespéré.
Depuis combien de temps est-elle là-dedans?

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Agenda
Le fils de Jean. Léger. Beaux acteurs et accent québécois.
Soirée scoute. J'y vais seule; j'aime cette soirée de rentrée où sont présentées les photos des camps des enfants.

Poitrail blanc

— Normal que ce chat soit amical et veuille tout le temps entrer chez nous: il a le poitrail blanc.
— Hein, quoi?

Ma fille est venue récupérer sa voiture cette semaine. Entre autres matières, elle étudie l'éthologie. C'est ainsi que nous apprenons que l'une des caractéristiques des animaux sauvages domestiqués, c'est de perdre en quelques générations (quatre ou cinq chez le renard, par exemple) ce qui leur permet de survivre dans la nature, les oreilles droites pour entendre loin, le pelage de camouflage, etc.
L'une des marques de la domestication est le poitrail blanc : dans une portée, si vous souhaitez un animal docile, choisissez de préférence celui au poitrail blanc.

— Poitrail blanc : comme toi, finalement.
— Eh oui : vingt-cinq ans de mariage.

Relations filiales

Bien qu'étant une mère angoissée, je mets un point d'honneur à ne pas le montrer (parfois en voyant les réactions de l'aîné devant mes inquiétudes pendant les absences du benjamin, je me dis que je l'ai peut-être trop caché), à ne pas entourer mes enfants de soins excessifs mais au contraire à les pousser à la liberté et à l'indépendance.
Nous n'avons donc des nouvelles de notre fille que de loin en loin, partant du principe que «pas de nouvelle, bonne nouvelle» et que si elle a besoin de nous elle saura nous trouver.

C'est ainsi que le dernier sms reçue de A. datait du 18 janvier à 15h41: «Je pars aujourd'hui [en Angleterre par bateau] et ne reviens que samedi. Je ne sais pas si je serais joignable».
S'en étaient suivis quelques échanges badins (du genre "noyade interdite"), elle était partie, le temps avait passé sans que nous en rendions bien compte et je disais à midi qu'elle devait être rentrée, qu'il faudrait l'appeler, sans doute.

Quand soudain, out of the blue, arrive le sms suivant que j'ai découvert cette après-midi: «Vous pouvez compléter la nourriture de Charlotte par des croquettes pauvres en cendres, riches en fibres et éventuellement de type "aidant les reins". A son âge ça ne lui fera que du bien.»


Comme dirait O., «ma famille me fait rire».
Tout bien réfléchi, il n'a pas tort.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Oui. J'adore ça. La première fois cela devait être en stop, d'ailleurs, de la base de parachutisme de Royan à la gare… (était-ce le jour où nous sommes arrivés trop tôt car c'était le week-end du changement d'heure fin mars, ou plus tard, dans la première semaine de juillet? Je ne sais plus.)

2/ Euh oui. Rapide et régulière.

3/ Oui. Je suis fidèle si le travail est bien fait et si les gens sont serviables (sachant que l'on peut être serviables et revêches (comme les Vénitiens, par exemple, qui rendent toujours service sans jamais sourire). Je suis partisante du "vote avec les pieds": retourner aux endroits biens, boycotter les cons (je sais, on est toujours le con de quelqu'un. Mais tout de même, cela a un sens de favoriser ce qu'on aime).

4/ Non, sauf les contes. J'aime beaucoup les contes, ils sont riches d'enseignements. Il faut se conduire bien sinon tôt ou tard on en paie le prix, mais contre le mal, c'est la ruse plus que la droiture qui triomphe. Ce n'est pas une morale judéo-chrétienne, c'est très intéressant que ce soit cela qui soit transmis par la culture populaire. Je suis frappée du nombre de contes dans lesquels le diable perd parce que le héros triche ou détourne les règles du jeu en jouant aux cartes ou aux dés contre lui.

5/ Beaucoup moins souvent qu'on ne m'en accuse! (Smiley ou pas?)

6/ Que je n'aime pas souffrir inutilement.

7/ Suis-je responsable de quelqu'un ou quelque chose? oui. Prends-je mes responsabilités? depuis cinq ans, depuis que je me suis rendue compte que je devais avant tout compter sur moi seule et que mes décisions n'étaient ni meilleures ni pires que celles des autres, oui.

8/ Non. Mais j'aime la bonne pub, celle qui ressemble à un conte, justement, ou une fable de La Fontaine, avec un développement, un paroxysme, une chute. C'est magique quand c'est bien fait.

9/ Oui. D'ailleurs la chatte s'appelle Charlotte parce qu'à l'époque où elle est entrée chez nous nous mettions des charlottes par-dessus le produit anti-poux (qui était tout simplement de l'alcool à 70°).

10/ Hum, voilà une question intime. Je ne suis pas sûre de ce que c'est, mais je vais répondre: j'essaie.

Gestion domestique

Soit un panier de linge repassé déposé sur la table du salon dimanche soir.
Je découvre que le chat, inévitablement, s'est couché sur le pantalon couronnant la pile, y déposant moult poils et sans doute œufs de puce (petits points blancs).

Que faire ?
— armé d'une brosse collante, nettoyer le pantalon, puis distribuer le linge entre ses différents propriétaires (rien n'est pour moi, mes robes sont sur cintre, non pliées) ;
— la même chose, mais en vitupérant ;
— rien, après tout, ce linge n'est pas pour moi.

J'ai choisi la dernière solution, en prévenant les enfants que je n'étais pas là ce week-end, et que sans doute leur père serait furieux de l'état de son pantalon (on pourrait argumenter qu'il n'avait qu'à le ranger avant de partir. Question théorique: le fait que le père de famille s'absente la semaine pour nourrir sa famille le dispense-t-il des tâches domestiques, sachant que le reste de la famille n'a pas moins de contraintes horaires, même si moins rémunératrices? (Je pense que non, ne serait-ce que pour des raisons d'exemplarité, mais il argue de sa fatigue pour se défiler, et je voudrais éviter que cette fatigue ne se transforme en épuisement.))

Divers

- Réglé les détails de la garde d'un chaton dans la matinée (JA bon ange des petites bêtes, qui l'eût cru);

- ramé dix kilomètres AU SOLEIL. Très bon quatre;

- je suis à Florence ce soir (non sans être un peu ennuyée de laisser aux enfants le soin de s'occuper de la personne que nous allons héberger un certain temps (combien de temps?): il est arrivé jeudi, je lui avais demandé quand il repartait en précisant que c'était pour organiser les repas, il avait répondu qu'il arriverait les dimanches vers 23 heures et repartirait les vendredis tôt le matin. Il avait juste oublié de préciser que par exception avant la rentrée (il est prof) il souhaitait rester ce week-end. Donc il reste, mais sans nous. C'est un peu étrange, mais il n'avait qu'à répondre précisément à ma question précise (c'est surtout pour les enfants que ça m'ennuie, bis. Mais enfin trois sur quatre sont majeurs, et ils savent (bien) cuisiner)).

Songe

«Si vous voulez lire le Targum de Babylone en araméen, il existe l'édition xxx, un peu ancienne, mais excellente.»

Ce qui soutient le rêve, c'est qu'elle est sérieuse, elle paraît réellement imaginer que deux ou trois d'entre nous allons lire le Targum en araméen.





Ce matin la chatte était là en train de réclamer, comme si de rien n'était.

Journée active

A six heures trente, débarras de la chambre d'O. car son lit doit arriver à dix heures (je l'ai appris hier soir tard: il était prévu dans l'après-midi, je pensais avoir le temps).
A sept heures trente, départ pour Saint Lazare. A. repart à Lisieux. Elle aurait pu prendre le RER, je ne suis pas sûre qu'elle y gagne en voiture, mais bon. Je n'aime pas l'idée de la laisser repartir en RER, j'ai l'impression de l'abandonner trop tôt.

Reste de la journée à laver la voiture (un lavage par an, la pauvre) et finir de m'occuper des rosiers. Trié les vers de terre de la terre que j'emporte au bureau pour rempoter deux plantes vertes. Question: combien de temps vit un ver de terre? Si j'en ai oublié un, combien de temps vivra-t-il en pot, comme un poisson en bocal?

Le lit est livré. O. l'attendait depuis mi-août (il s'agit de caser son mètre quatre-ving-dix dans un deux mètres et non plus dans un mètre quatre-vingt), mais la malignité classique de la vie veut que ce soir, il dorme sous la tente dans un sac de couchage.

Relevé du compteur d'eau. Véritable élevage d'escargots sous la planche qui protège la fosse où se trouve le compteur.

H. revient défait de la pharmacie: il a pris ma voiture, la chatte dormait sur la plage arrière, il ne l'a pas vue, elle s'est échappée dans un jardin voisin quand il est revenu de sa course. C'est à trois cents mètres de la maison, mais bécasse comme elle est, il est à peu près certain qu'elle ne saura pas revenir seule, surtout qu'elle s'est enfuie paniquée.
Quinze jours, c'est le délai pour la revoir ou pas.

Soirée de rentrée scoute. Il fait très doux sous les arbres, beaucoup plus qu'il y a deux ou trois ans. C'est l'occasion de voir des photos des vacances des garçons.

Les canapés

Vous traversez l'espace des salons et tu penses à tout ce qu'il t'a raconté: le canapé, c'est la mort de l'homme, etc. Et combien tu as été prise au dépourvu lorsqu'il t'a démontré comment tu passerais de ton petit convertible utilitaire et étudiant à un vaste salon de cuir, parce que afficher sa réussite est inévitable.

Thierry Beinstingel, Ils désertent, p.113
J'ai ri, parce que nous avons un canapé en cuir. Mais il n'est pas le signe de notre réussite, plutôt de celle de mes parents: nous l'avons récupéré quand ils voulaient en changer au bout de dix ans (il en a vingt aujourd'hui).

Cette évocation de convertible m'a rappelé une autre histoire: la réaction de ma grand-mère devant le choix de notre premier canapé. Elle nous avait donné de l'argent pour cet achat lors de notre emménagement à Paris, et pensant lui faire plaisir, je lui avais conscienceusement envoyé une photo du canapé que nous avions choisi: un Togo vert vif.
Lors de notre visite suivante, elle me demanda:
— Alors ton canapé, il est comment?
— Mais tu le sais, je t'ai envoyé une photo!
Elle a marmonné à sa façon: —Ah bon…
Et j'ai compris qu'elle avait espéré avoir rêvé, que je lui répondrais que je m'étais trompée de photo ou que nous avions changé d'avis, qu'elle ne pouvait admettre qu'il soit vert, et qu'il ne soit pas convertible "parce que c'est pratique".

Peut-être que nous "afficherons notre réussite" avec notre prochain canapé. Le cuir de l'actuel commence à partir en miettes sur les accoudoirs (quand je regarde notre intérieur de bric et de broc, je me dis qu'il ne fait pas du tout "adulte (qui affiche sa réussite)", tout est posé là en fonction de ce qui compte (les livres et l'ordinateur, le bois pour la cheminée), et le reste part à l'abandon, les murs gris comme si nous fumions trois paquets par jour et la peinture qui craquelle et les fils d'araignées (que j'aime bien, en fait: tout fil me rappelle "les fils de la Vierge" de la première page des Lettres de mon moulin (mais je les enlève quand même)).
Je ne suis pas pressée d'en changer, de toute façon je ne m'assois jamais dedans.

Est-ce l'effet d'une phrase de mon autre grand-mère?
Mes grands-parents avaient changé leur canapé et ses fauteuils inusés par un autre canapé de velours à grosses fleurs avec une paire de fauteuils. Une fois les meubles livrés, j'ai demandé à ma grand-mère du fond d'un fauteuil:
— Tu ne les essaies pas? Ils sont très confortables.
— Oh non, je ne m'assois jamais.

Avec un choc, j'ai réalisé alors (j'avais moins de vingt ans) que je n'avais jamais vu ma grand-mère assise ailleurs que sur une chaise dans la cuisine pour le tilleul vespéral. Sinon, elle était debout.
J'y ai souvent pensé au moment de la mort de notre chatte. Je ne m'asseyais jamais parce que je ne voulais pas qu'elle s'installât sur mes genoux parce que je savais que dans quelques minutes je me relèverais (les enfants) et que cela me ferait de la peine de la déloger, ou que je n'en aurais pas le courage et que je resterais assise entraînant un retard dans toutes les tâches à accomplir.
Mais ces tâches étaient-elles si importantes? (Ce n'est pas rhétorique, je n'en sais vraiment plus rien.) Ma chatte est morte et cela faisait des mois que je ne l'avais pas prise sur les genoux.

Des nouvelles de mon supermarché

Trois ou quatre jeunes gens dans l'allée centrale, au niveau du rayon animalerie. L'un en revient et annonce aux autres, éberlué:
— Dis donc, il existe de la nourriture bio pour chat.

(Je ne l'ai pas trouvée.) Les rayons ont été déplacés, les rayons chats et chiens ne sont plus dans la même allée. En revanche, le rayon chat est en face de celui "nourriture pour oiseaux".

Neige

Le chat me regarde d'un air accusateur.

Un rêve

Cette nuit j'ai rêvé de RC.

Nous étions en voiture sur une nationale, les nationales de notre enfance, pas encore transformées en "quatre voies". Deux chats persans caramel se tenaient sur la route immobiles, nous fixant de leur nez écrasé.
Nous les dépassions et je convainquais H. de revenir en arrière pour les déplacer, les enlever de la route où ils allaient se faire écraser et provoquer un accident.

Quand nous atteignîmes les chats, RC était sur place avec Pierre, pour les mêmes raisons que nous je suppose. Il avait une barbe longue de plusieurs centimètres, totalement sauvage, qui lui donnait l'air fou de certains Russes du XIXe siècle.

Fin du rêve, rien de plus.

Dentifrice

La chatte miaule devant le frigo, feignant le désespoir:

— Mais enfin, tu ne vas pas donner de la pâtée à ce chat. Elle n'a pas faim, elle vient de manger une souris.
— Mais si, c'est pour avoir meilleure haleine.

Première couche

— Je me sens bizarre… une sensation pas désagréable, mais bizarre…
— Tu es fatigué, imbécile !
(citation approximative des Dalton se rachètent)

Peint toute la journée parce qu'il faisait beau. Moi qui pensais que muret et poteaux iraient plus vite que le grillage… («Mais enfin non; c'est tout de même proportionnel à la surface!» Oui bon, j'avais pas réfléchi.)
J'ai si mal aux mains que je peux à peine taper.

J'ai réussi le raccord de mon bronzage aviron: j'ai un V sur les pieds, j'ai peint en tongs exprès (pas pour avoir un V, pour bronzer des pieds (on rame en chaussures)).

J'ai envie de faire un titre à la Didier Goux: «Les insectes sont des cons». Et d'ajouter: surtout les gendarmes (un gendarme à demi-peint en blanc avec de la peinture à l'eau survit. Je ne sais pas combien de temps). L'insecte ne paraît pas sensible aux odeurs (mais peut-être à la couleur).

Et sinon pas grand chose. Demain la seconde couche. Si j'arrive à me lever malgré mes courbatures (peint accroupie, les talons à plat, une bonne partie du temps).

(Pensées vagabondes, Vierzon toujours. Dans le travail, la rumeur de la ferme. Il y avait toujours une poule pour chanter, une vache pour meugler, les outils de mon grand-père pour vriller l'espace. Ici, voisins. Un peu gênée des bêtises que nous racontons, tout s'entend si bien. Nous racontons toujours des bêtises.)

PS: Par exemple je raconte ce twitt (qui correspond un peu à notre quotidien) : Au tel : "mon chat a vomi une souris entière, et elle ne bouge pas, il faut faire quoi ?" Ben... #NePasRepondre "Lui dire de mâcher ?"

Histoires de chats - légendes familiales

Mes parents sont arrivés à Inezgane en septembre 1968, comme coopérants. Ils étaient professeurs de mathématiques et physique. Un jour mon père a ramassé un cadavre de chat sur le bord de la route, l'a attaché à un arbre et l'a dépouillé comme un lapin. Les arabes qui passaient le regardaient avec effarement, qu'allait-il faire, manger le chat?
En réalité il était tout simplement en train de se procurer une peau de chat pour ses cours sur l'électricité statique.
(Je n'ai pas vu cela, ce n'est pas un souvenir. Ce dont je me souviens, c'est mon père en train de raconter cette histoire avec son petit sourire embarrassé d'être le point de mire de la conversation).

L'été nous rentrions en France. La chatte et la chienne restaient à Inezgane, nourries par la fatime (la bonne). Une année, quand nous sommes revenus, la chatte Minouche, une angora de gouttière blanche et noire, souffrait d'une profonde blessure au cou. Après plusieurs semaines à tenter de la soigner, mes parents ont abandonné tout espoir. Leur éducation paysanne les poussait à achever la chatte: on ne laisse pas souffrir un animal.
Mon père a mis la chatte en joue avec la carabine, la chatte l'a regardé droit dans les yeux, mon père n'a pas pu tirer.
Dans la semaine qui a suivi, elle a commencé à guérir.

Hiver 1997. Ma chatte Framboise a un terrible abcès à la joue. Le vétérinaire le crève en trois endroits, fait couler le pus, me confie la bétadine.
Tous les matins je me lève une demi-heure plus tôt. Je prends la chatte, je rouvre les entailles, je fais couler la bétadine dans l'entaille du haut en soulevant la peau afin qu'elle s'évacue par les entailles du bas en entraînant le pus et en nettoyant la plaie. Le vétérinaire m'a dit que certains préféraient laisser mourir leur animal plutôt que faire eux-mêmes ce genre de soins (mais je ne vois pas bien où je prendrais le temps ou l'argent d'emmener la chatte tous les jours chez le vétérinaire).
Ça dure. Au bout d'un mois je n'en peux plus de ce soin à jeun le matin, de l'odeur écœurante de la bétadine, de mon chat qui ne guérit pas, de cette demi-heure prise sur mon sommeil. Je me souviens de Minouche.
Je mets Framboise sur la table, je la regarde dans les yeux: «Je n'arrive plus à te soigner. Maintenant il faut que tu guérisses, je n'y arrive plus.»
Elle a guéri.

Soirée

— Je suis confus…
— Je vous confirme: vous êtes confus.

— Je fais comme Kafka, je vais chercher le pain.

Whisky, champagne, thé.
Et tequila et foie de veau.
Et feu de bois.
Dans la cuisine, des pots d'épices ("safran yéménite") et un petit sachet de sucre ou de sel avec une citation: «I am a very good housekeeper. Every time I get a divorce, I keep the house. Zsa Zsa Gabor»

600 g en un an, c'est beaucoup pour un chat (adulte). M. a mis au point un programme d'amaigrissement: la chasse à la croquette. Elle les cache un peu partout dans l'appartement, de temps en temps B. en retrouve qui moisissent paisiblement derrière les livres.
— Avec moi, ça ne marche pas.
— Evidemment, vous lui donnez des croquettes de régime! Moi je cache des croquettes "Roi des félins" ou "Festin gourmand".


Avant ces agapes, traîné en librairie. Lu longuement La route des ossements, d'Anne Fine, dans "L'école des loisirs". Elle est décidément excellente. Elle et Robert Cormier, mes grandes découvertes des années 90, quand je ne lisais que des polars et de la littérature pour enfants.

Dans la bibliothèque de B., je découvre Strindberg et van Gogh, Swedenborg, Hölderlin de Karl Jaspers.

Rêves et souvenirs

Deux chats prêts à bondir dans l'encoignure d'une porte surveillent un pigeon. Un cercle de touriste s'est formé pour observer la scène.
Un touriste jette des graines au pigeon — en direction des chats.


Trois heures de sieste. Je ne pensais pas être aussi fatiguée.
Je m'applique à lire — on s'est tant moqué de moi à cause des livres "inutiles, tu ne les liras jamais", que j'emportais. Les balades de Corto, avec leur lot d'histoires horribles, de personnages torturés, sciés en deux, de restaurateur servant de la chair humaine ou de jeunes filles enfermées au couvent (sort à comparer aux plaisirs du sérail, selon les auteurs), me plongent dans une rêverie douloureuse.
Venise est une ville sans nostalgie. Le temps s'y fond si bien que les souvenirs sont immédiatement présents, que l'histoire est toujours là. La dimension temporelle y est remplacée par la dimension onirique, et Brodsky a raison: le reflet est aussi une réalité.

Trouvé un nouveau chemin vers les Zaterre, en me perdant de nouveau dans le labyrinthe et en voyant se déployer une nouvelle ville dans un quartier que je pensais bien connaître. Toutes les Venises se superposent, celles de mes souvenirs et celles de mes rêves; je me rends compte en revenant ici que je rêve très souvent de Venise. Je ne sais pas retrouver les lieux. La Venise de mes dix-huit ans possédait beaucoup plus de palmiers et de chats et de puits. Impossible de savoir où j'ai erré alors.




Agenda
Fini La cantatrice chauve (Je prépare mon intervention sur le kitsch de Théâtre ce soir. Grand stress, mon premier colloque). Etabli la liste des chose à lire et à faire.
Santa Maria della Salute

Taches suspectes

En novembre dernier, lorsque j'ai sorti ma carte de groupe sanguin pour répondre à la demande de l'anesthésiste, il a contemplé avec incrédulité l'espèce de torchon que j'ai sorti de mon portefeuille. (Et pourtant j'avais essayé d'amortir le choc: «Euh oui, j'en ai une, euh, elle est un peu bizarre…»)

Ma carte avec la première détermination de groupe date de 1991. Comme il faut deux déterminations, j'en ai fait faire une seconde en 1994, mais pas dans le même laboratoire, qui a refusé de noter les résultats de son analyse sur ma carte de 1991. J'étais furieuse, j'ai donc découpé la partie utile de la carte de 1994 que j'ai agraffée sur la carte de 1991. J'ai rangé la carte rapiécée dans mon portefeuille.
Quelques mois plus tard, j'ai emmené le chat chez le vétérinaire, et par facilité, j'ai mis mon portefeuille dans le panier à chat. Le chat, angoissé, a pissé dans le panier, trempant mes papiers que j'ai alors soigneusement fait sécher. Il leur en est resté quelques auréoles jaunâtres, notamment au niveau des plis, et pendant longtemps (c'est fini), une odeur bizarre…

— Vous avez eu trois enfants avec ça? a demandé l'anesthésiste incrédule.
Il n'a pas fait d'autre commentaire, mais la première chose qu'ont faite les infirmières mercredi dernier lorsque je suis entrée en clinique pour quelques jours (rien de grave), c'est une prise de sang à chaque bras.
— Qu'est-ce que vous faites?
— L'anesthésiste a demandé une détermination de groupe sanguin.
— Ah. (Quel sournois.) Pourquoi aux deux bras?
— Il faut une double détermination, effectuée par le même laboratoire.

J'ai maintenant une carte neuve. Ça m'ennuie de jeter l'ancienne.
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