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Dissection

Après les fractals et les cafards. Conversation entre nanas acte III.

— Et il t’a parlé de la dissection ?
— Non. Vous avez disséqué un cheval ?
— Oui, à Brighton.
— Pourquoi, c’est interdit en France ?
— Non, mais ils ont un refuge pour vieux chevaux, et quand ils meurent, ils les congèlent.
Moi, incrédule: — On vous a amené un morceau, un cuisseau ?
— On a eu un cœur, un rein… il tenait juste dans ma main. J’ai eu plus de mal avec la tête. Elle était coupée en deux, une moitié pour chaque groupe. La prof a eu besoin de sortir, normalement elle ne peut pas laisser les élèves tout seuls, mais elle les a laissés en leur recommandant de ne pas toucher à la seconde moitié. Ils ont coupé la cervelle en quatre, il y a de l’eau qui coulait pour que ce soit toujours propre, ça s’effilochait dans l’eau, ils ont posé l’œil au milieu des quatre morceaux comme une fleur. C’était beurk (dit-elle réjouie au dessus de ses rognons de veau).
— Attends, j’ai pas suivi… tu faisais partie du groupe ?
— Oui, mais j’ai juste regardé. L’intérieur, c’est super, mais si on voit que c’est un cheval, j’ai du mal. La cervelle était remontée par l’orbite…
— Ah, ça avait fait dépression… Tu devrais vraiment regarder Big Bang Theory, Amy, l’amie de Sheldon, est neurobiologiste, elle est tout le temps en train de découper de la cervelle.
— On devait chercher le nerf optique, et c’est pas facile. Ils ont crevé l’œil… (Changeant de sujet) On a vu un diaphragme, aussi. C’est vachement plus facile à comprendre quand on le voit. C’est très élastique et super solide; si t’as un problème au diaphragme, c’est vraiment un problème. C’est d’un seul tenant, il n’y a que trois hiatus.
— Trois tubes.
— Oui. Veine cave, aorte, œsophage.

Etc. Le hamburger normand (camembert) était très bon.

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Agenda
Le matin concours hippique (6e sur 27, elle a une belle position, une bonne assiette, je ne l’avais pas vue monter depuis six ou sept ans).
L’après-midi Vice-versa (le film).

Wittemberg

Le centre commercial à deux pas est fermé (ouverture à sept heures, proclame l'affiche), je parcours la ville à la recherche d'un magasin ouvert. Je trouve une boulangerie salon de thé et achète beurre, confiture, pain (ce sera notre nourriture de base de la semaine, avec les coktails aux entractes).

Nous décidons in extremis d'aller à la messe de l'Ascension à Oranienbaum. Le long de la forêt les pistes cyclables sont envahies de cyclistes avec enfants, fleurs, packs de bière (selon l'âge).
L'église est plutôt laide à l'extérieur, clocher en forme de tour carrée de béton sale, mais l'intérieur peint en jaune clair avec de grandes ouvertures vitrées en petits carreaux violets, roses et mauves est charmant. Nous sommes très peu nombreux, mais je m'étonne qu'il y ait des catholiques ici, sous la double hypothèque du protestantisme et du communisme. Pourtant la communauté semble vivante car les lieux de culte sont étonnamment nombreux, je dirais presque plus nombreux qu'en France en proportion de la population baptisée catholique (enfin, ce n'est qu'hypothèse de ma part).
Pendant toute la liturgie nous nous débattons avec le livre de chants (avec variations d'un land à l'autre, apparemment). Chantent-ils très faux, ai-je l'oreille peu entraînée? Bien qu'ayant compris le système de numérotation des chants, je ne reconnais les paroles qu'à quatre ou cinq syllables de la fin à chaque fois.
Le prêtre sort seul tandis que les paroissiens restent calmement assis pour se lever une fois qu'il est en place pour saluer chacun à la porte. Avec cette méthode, nous ne coupons pas aux explications. Le prêtre parle un peu, très peu, français, mais les phrases qu'ils prononcent sont fluides. Il parle très bien hollandais et polonais, nous dit-il; il a autrefois parcouru l'Ile-de-France à vélo en dormant à la belle étoile.
Il part faire une conférence à Wörlitz sur la Bible et voudrait bien nous y entraîner, mais «Meine Tochter wartet auf uns».

Sur la suggestion de JY nous passons l'après-midi à Wittemberg, lieu des 96 propositions de Luther. L'anniversaire (30 octobre 1517) aura lieu dans deux ans et tout ce qui concerne Luther, maison, église, université, est en travaux.
La ville est magnifiquement restaurée, pimpante et colorée. Nous découvrons tout d'abord une plaque nous apprenant que Lessing a fait ses études ici, mais bientôt, nous nous apercevrons qu'une maison sur dix ou sur huit a sa plaque, la plupart de théologiens inconnus, mais également des noms très connus, à croire que tout le monde est venu un jour à Wittemberg: le maréchal Ney et Napoléon, Gorky, Schiller, Pierre le grand, Giordano Bruno… Cranach y a sa pharmacie et une plaque affirme que Faust pourrait avoir habité telle maison.



Des Allemands nous arrêtent pour nous demander d'où nous venons, ce que nous pensons de la ville. Nous essayons de transmettre un peu de notre ravissement.

Au dos du retable de Cranach se trouve une étrange représentation de serpent sur la croix, représentation que je retrouve sur une autre tableau d'une présentation de Jésus au temple (une carte postale m'apprendra plus tard qu'il s'agit d'un tableau de Peter Spitzer, Darbringung im Tempel). J'interroge mes amis FB (pensant qu'ils ont plus de facilité à chercher que moi sur mon téléphone) et apprends qu'il s'agit de la représentation du serpent d'airain de Moïse préfigurant le rachat de l'humanité par le Christ ainsi que la continuité entre l'ancienne Loi et la nouvelle. Ce symbole aurait été couramment utilisé au Moyen-Âge, c'était la première fois que je le voyais. (Merci à ceux qui se reconnaîtront).

Parenthèse vétérinaire: pendant le déjeuner, et pour une raison que j'ai oubliée, A. nous a fait un cours sur les haras nationaux : le Percheron est le cheval de trait le plus exporté au monde tandis que le mulassier poitevin et le xx (j'ai oublié) sont en voie de disparition.
Les haras nationaux ont été créés sous Louis XIII, le but était d'élever des chevaux d'apparat ou de chasse français pour l'aristocratie (les paysans, ces rustres, ne se préoccupaient que de chevaux de trait et tous les beaux chevaux étaient importés d'Espagne, ce qui revenait extrêmement cher à l'économie nationale).
Les résultats en furent médiocres car la jumenterie était pauvre: «en Angleterre, on avait compris qu'il fallait de bonnes juments, mais en France, on considérait que cela n'avait aucune importance, que tous les caractères venaient de l'étalon. C'est Napoléon qui a changé cela.» Je commente à mi-voix qu'avec Joséphine et Marie-Louise, il savait à quoi s'en tenir sur l'importance de l'élément féminin dans la descendance…

Nous partons en retard, en retard.

Nous arrivons après la deuxième sonnerie pour écouter et voir une Walkyrie électrique et multicolore. Cette œuvre me navre profondément.
Lillet aux fruits des bois.
Errance vaine dans Dessau pour trouver un restaurant après le spectacle. Nous nous couchons sans manger — mais sans avoir faim.

Copié/collé d'une discussion FB de ma fille

Claude : Tuesday a foutu ses postérieurs dans Bryan après la course dimanche. Il va bien (qq points de suture, un œil au beurre noir et difficulté à ouvrir la bouche) grâce à un énorme coup de chance : le premier coup a été amorti par son gilet de protection et a évité à sa tête de prendre le second de plein fouet.
Il est en vacances jusqu'à dimanche au moins.


Lise : Ouch ! Point positif, point positif… Il est vivant! Sale poney, on l'a mieux éduqué que ça, pourtant.


Claude: Pour tout te dire, je croyais que tu savais et que ton sms concernait son état à la sortie de l'hôpital, et je me demandais comment t'avais fait. ._.
Il lui enlevait les cloches après la course (qu'il a gagné œuf corse) et il lui a foutu un coup en pleine poitrine qui l'a fait voler. C'est pour çà que celui destiné au visage a foiré. Dieux soit loué !
Résultat, vu que le we, c'est plutôt tranquille, je les quitte quand il revient.




J'ai eu un oncle qui a passé six mois entre la vie et la mort en 1994 ou 1995 à cause d'un coup de pied au foie.

Manger du cheval

C'est toujours mieux que de manger de la vache enragée. Unanimement autour de moi personne ne comprend tous ce foin. Tant que la viande n'est pas avariée...

Je songe à ce passage de Souvenirs où l'oncle de Joseph Conrad raconte qu'il a mangé du chien, ce qui me faisait penser à mon grand-père (polonais) qui s'enorgeuillissait d'être capable de reconnaître dans tous les cas de la viande de cheval — pour refuser de la manger.


''Pourquoi les chevaux se sont-ils cachés chez Findus?
— Because they can't find us'' (répondent les chevaux).

Humour policier

L'un des chevaux de la brigade de police montée de ma ville s'appelle "Non violent". (J'ai tenté une photo, mais il faisait trop mauvais).

(Et sinon, j'ai un souffle au cœur. (— Ça veut dire quoi? — Ça veut dire que l'aorte est légèrement rétrécie, et que le sang au lieu de faire Chtomp-feu fait Tchou-ifff.) Ça me fait rire jaune; quand j'étais au collège et au lycée je considérais que les élèves qui ne faisaient pas de sport sous prétexte de souffle au cœur n'étaient que des tire-au-flanc. Je crois de plus en plus au karma.)

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