moi : Depuis que j'ai arrêté de fumer…
H : Tu as arrêté de fumer, toi ?
moi : Oui, depuis jeudi.
C : Tu veux dire que tu n'a pas fumé trois jours.
Ils sont méchants. Ils ont raison. J'ai tendance à ne pas fumer trois jours toutes les trois semaines, trois semaines tous les six mois. La dernière fois que j'ai "arrêté" ainsi, c'était cet été. Il a suffi que j'apprenne la crise cardiaque de JM pour en rallumer une aussi sec.
Le dialogue ci-dessus avait lieu le 10 novembre. Je n'ai pas fumé depuis.
En fait, pour moi, ce n'est pas très difficile, car je n'aime pas ça. Ça me donne envie de vomir. «Mais alors, pourquoi fumes-tu?» s'exclame le chœur, dépassé par tant d'illogisme.
Je ne sais pas. Par ennui, parce que, au moins à court terme, cela présente moins d'effets secondaires que l'alcool, parce que la fumée de cigarette, c'est joli et que j'espérais (raté!) apprendre à faire des ronds, par esprit de contradiction, parce qu'arrêter en ce moment, ça donne vraiment trop l'impression de céder à une pression que je considère inacceptable.
Mais lorsque le chirurgien qui doit vous opérer murmure dans sa barbe, sans même lever les yeux: «Cigarettes… ça augmente le risque de nécrose des tissus…» et passe à autre chose sans insister, vous vous dites que ça ne vaut peut-être pas la peine de s'obstiner pour quelque chose à laquelle vous ne tenez pas.
Alors je bois du café, beaucoup de café. Je crois qu'on conseille à ceux qui arrête de fumer d'éviter les excitants. En réfléchissant, je me rends compte que j'ai besoin de mon point au cœur. Cigarettes ou cafés, qu'importe, du moment que j'obtiens cette présence. En réfléchissant un peu plus, je me dis que j'effectue un transfert: je transforme un malaise mental en malaise physique, je détourne mon attention de mon esprit vers ma poitrine.
Ce n'est ni rationnel ni raisonnable.
M'observer m'intéresse. Je trouve très pratique de s'avoir sous la main pour faire des expériences.
Je regrette que Ben ex-Machinchose ait fermé son blog. Il avait annoncé en mai dernier une série de mesures qui m'impressionnait: arrêter de fumer, arrêter le café, arrêter de boire, manger moins. J'aurais aimé avoir des compte-rendus d'expérience et connaître les résultats: est-ce vraiment possible, et vraiment souhaitable, de se convertir ainsi à l'ascétisme brutalement? Est-ce que cela vaut la peine?
Lorsque j'ai arrêté de fumer (à chaque fois que j'arrête), j'ai été malade : gorge, poumons, sinus. Il a fallu trois semaines pour que ça aille mieux. J'ai également arrêté de manger du chocolat et de boire de la bière depuis septembre: résultat, un gramme de moins toutes les quarante-cinq minutes, ce qui est beaucoup moins impressionnant que
les résultats de Gvgvsse (mais je ne cherchais rien d'impressionnant, je voulais juste inverser la spirale).
Je sais que l'intérêt principal pour moi, c'est de gagner en heures de sommeil: par expérience, je sais que la cigarette et les kilos en trop exigent que je dorme davantage. Pour moi, ça vaut vraiment la peine de se priver un peu pour gagner une heure de sommeil.