Billets qui ont 'cravate' comme mot-clé.

Fragments

— Vous lisez votre Langelot un crayon à la main?
— Oh oui, vous savez, c'est difficile.

— Vous reprendrez bien un peu de momie avec votre jus de criquet ?

— « Quand la guerre est déclarée, la vérité est la première victime. Â» Arthur Ponsonby (1928)

— C'est dommage, tu ris trop, tu es floue.

— Je ne vais pas empêcher de courir un cheval qui a envie de courir.
— Merci! [rires.]

— Je peux vous demander pourquoi vous avez commandé vos livres de philo dans une librairie portugaise?

— C'est quoi, ces cravates au mur?
— C'est la tradition, on coupe les cravates.

— On a moins de chance d'être le Proust du XXIe siècle que de gagner à l'Euromillion. (D'ailleurs j'ai mon billet dans mon sac).

Un demi-siècle de cravates

La femme de Paul est en train de mourir.
Elle était devenue très faible depuis septembre, elle avait si mal à la gorge qu'elle ne pouvait quasiment plus manger. Elle allait chez son médecin qui la renvoyait chez elle avec une tape sur l'épaule et la phrase informulée mais qui tranparaissait sur son visage: «C'est normal à votre âge».
Paul se désolait mais n'arrivait pas à la faire changer de médecin ? «Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances»... En mars elle est entrée à l'hôpital, les examens ont révélé une leucémie. Les médecins ont prescrit des médicaments pour faire dégonfler sa gorge et l'ont renvoyée chez elle en lui conseillant de mener une vie tranquille et agréable.%%%

Paul était en colère, mais également fataliste: «Ils m'ont dit qu'on ne pouvait pas la soigner, que les traitements risquaient de la tuer.»1
La semaine dernière il a annulé un rendez-vous, ce qui a dû lui arriver une fois en sept ans. Sa femme était hospitalisée d'urgence.

J'ai déjeuné avec lui jeudi. Il m'a dit ses craintes, en particulier de la voir souffrir. Il redoute l'acharnement thérapeutique. Il ne se sent pas la force (les forces) d'une hospitalisation à domicile. Il est fatigué.
Depuis combien de temps est-il marié? Il s'est marié pendant la guerre, ou juste après. Cela fait donc au moins soixante ans. Au cours des mois, j'ai écouté beaucoup de récriminations contre sa femme, très bavarde, régentant l'appartement, interdisant l'accès de certaines pièces devant "rester libres pour les enfants" (qui ne viennent jamais), prenant à mon avis sa revanche sur ce mari qui n'a pas dû être très présent durant toutes ces années (Il a arrêté de travailler à 70 ans, me disait-il jeudi. Certains jours il me fait rêver en me racontant ses promenades à cheval quotidiennes au Bois tôt le matin avant d'aller travailler. Non, il ne devait pas être très présent).
Mais tous ces agacements ont disparu depuis septembre, il ne reste que l'inquiétude.

Nous avons parlé d'autres choses, des petites choses quotidiennes. Parce que j'évoquais la difficulté de faire tenir dans les armoires pendant trois semaines ou deux mois (selon les caprices du temps) les vêtements d'hiver et les vêtements d'été, il a ri: «J'imagine! Moi, j'ai toujours mes cravates.»

Périodiquement il essaie de mettre de l'ordre, de classer, de ranger, les papiers, les vêtements, les livres. C'est ainsi qu'il y a deux ou trois ans il m'avait parlé de ses cravates: cinquante ans de cravates, toutes de marque. Qu'en faire?
— Hermès coûtait cher, j'ai peu de cravates Hermès, précise-t-il.
— Mais il y en a beaucoup, au total?
— Je ne sais pas, deux cartons. Voyons…
Il se tait, estime: — Peut-être deux cents?

Que faire de toutes ces cravates? Qui a une idée?


Note
1 : Le risque de cancer se multiplient après 70 ans (une personne sur trois meurent du cancer après cet âge) mais les personnes âgées sont cinq fois moins représentées dans les essais cliniques, on ne sait pas et on essaie peu de les soigner. Voir ici un article de vulgarisation.
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