Je n'avais pas voulu vous infliger cela pendant les vacances. Il s'agit d'un article de
Management de décembre 2007:
les huit lois du temps qui vous rendront plus efficaces. Ce qui m'amuse, c'est que ces huit lois ont toutes des noms, et que l'article indique leur origine. C'est pour cela que je le copie ici: pour garder trace de ces noms.
Non seulement je copie des extraits de l'article, mais je vous inflige mes commentaires. Voilà donc un post totalement management de l'entreprise et self-help (je devrais avoir honte, mais cela m'amuse plutôt. J'ai lu récemment tant de blogs qui traitent de ce genre de sujet.)
Loi de Douglas : rangez votre bureau
Selon la loi dite de Douglas (dont l'origine s'est perdue), «les dossiers et les documents s'entassent jusqu'à remplir tout l'espace disponible.»
Vrai. Intérêt de ranger: réel. Libère l'esprit et fait gagner du temps.
Explication d'une amie bretonne à propos d'un chef dont le bureau était vide quand il partait:
— C'est un marin.
— Quel est le rapport ?
— Dans un bateau, tout ce qui n'est pas rangé tombe et roule.
Parfois quand je contemple ma cuisine je me dis que je devrais faire un stage de voile.
Loi de Carlson : limitez les interruptions
Dans les années 1950, en Suède, le professeur Sune Carlson a chronométré l'activité de dizaines de managers. Résultat : ils étaient interrompus toutes les vingt minutes en moyenne. Il en a tiré la loi des «séquences homogènes», selon laquelle effectuer un travail en continu prend moins de temps que le faire en plusieurs fois, car il faut au moins trois minutes pour se concentrer de nouveau, ce qui engendre fatigue et sentiment d'inefficacité.
Pas grand chose à dire. Je crois que la seule façon d'être tranquille, c'est soit d'avoir très mauvais caractère, soit de décaler ses horaires, et "travailler" (ici, réfléchir) avant que les autres n'arrivent, ou quand ils sont partis (quand il tombe une sorte de paix dans les bureaux, à l'heure où il ne reste que la femme de ménage).
Loi de Murphy : gardez une marge pour l'imprévu
L'ingénieur à l'US Air Force Edward Murphy a édicté cette loi en 1949 à la suite d'une expérience mesurant les effets de la décélération sur les pilotes. Or l'assistant chargé d'installer les capteurs d'effort sur les chimpanzés cobaye les avait montés à l'envers... D'où ce constat: «Une tâche prend toujours plus de temps qu'on ne l'imagine. Et ce qui peut mal tourner tournera mal.» C'est pourquoi elle porte aussi le doux surnom de «loi de l'emmerdement maximal».
Je suis ravie et surprise d'apprendre qu'il y a une origine identifiée à cette loi.
Loi du métro: c'est toujours la rame d'en face qui arrive quand vous attendez.
Loi de Murphy appliquée: plus vous aurez tout prévu, plus il arrivera autre chose, mais mieux vous ferez face à cet imprévu imprévu (jamais compris pourquoi, mais ça marche comme ça).
Loi de Pareto
En 1906, l'économiste italien Vilfredo Pareto a formulé ce constat devenu célèbre : 20% de la population concentre 80% des revenus. Ses disciples se sont ensuite penchés sur l'entreprise et ont observés que 20% du travail effectué produisait 80% des résultats.
La loi des 20/80 est applicable à un nombre impressionnant de cas.
Cependant, je ne suis pas forcément d'accord avec ça, cela dépend comment on définit l'essentiel. La gestion des priorités ne se fait pas forcément par rapport à "l'essentiel" mais aussi par rapport à l'urgence. La grande mode est de dire que l'urgent ne doit pas empêcher de traiter l'essentiel. Je dirais plutôt qu'il faut se débrouiller pour traiter les tâches suffisamment tôt pour que le plus grand nombre ne devienne jamais urgent.
L'un de mes premiers chefs avait pour objectif une journée d'avance dans toutes les tâches. Dans cette journée d'avance se glissait alors la loi de Murphy, comme si la perfection appelait la catastrophe (la vertu appelle le péché?) Avec le temps, je me dis qu'il s'agit plutôt d'un rapport à l'
ubris : la satisfaction de soi attire la colère des dieux… enfin bon.
Loi de l'Ecclésiaste : variez vos activités
Traduction pour les managers du XXIe siècle: afin d'être efficace, changez d'activité au cours de la journée.
Oui, bon. Celle-ci me paraît inutile tellement elle va de soi.
Loi de Parkinson : fixez-vous des délais
En 1958, le professeur Cyril Northcote Parkinson a tiré une théorie de son étude de l'administration britannique: «Un travail occupe tout le temps prévu pour sa réalisation». Ou, autrement formulé: «Tout travail tend à se dilater pour remplir le temps disponible.»
C'est en fait la loi de Douglas appliquée au temps. La plus vraie et la plus dangereuse, celle qui explique que les gens les plus occupés sont ceux qui ont le temps de faire le plus de choses et que ceux qui n'ont rien à faire ne font rien…
C'est ma loi préférée, la dérive qu'il faut maîtriser à tout prix.
Loi de Laborit : faites le plus difficile en premier
Le biologiste Henri Laborit, rendu célèbre par le film « Mon oncle d'Amérique » d'Alain Resnais, a consacré sa vie à l'étude du comportement humain. L'inventeur des neuroleptiques a notamment montré que l'homme est doté d'un «programme biologique de survie» qui lui fait fuir le stress et rechercher en priorité le plaisir. Cette loi a été vulgarisée sous l'appellation de «loi du moindre effort».
Je ne suis pas tout à fait d'accord: ce n'est pas le plus difficile qui est source de stress, c'est le remord. Faire en premier ce qu'on a le plus de remord de ne pas avoir encore fait, afin de se libérer l'esprit. Et de façon générale, commencer. Le plus stressant, c'est de repousser à plus tard. Le moindre effort, c'est donc de s'y mettre (élémentaire, mon cher Watson).
Loi d'Illich : accordez-vous des pauses
Penseur autrichien décédé en 2002, Ivan Illitch était une figure de la contestation capitaliste. Il a formulé les effets pervers du progrès technique et a énoncé la loi des rendements décroissants au bureau: «Au-delà d'une certaine durée, on devient moins productif, voire contre-productif.»
Bizarre destin pour un penseur anti-capitaliste que de devenir un gourou de la productivité en entreprise… (est-ce que j'ai bien compris?)
Je pense que cette loi n'a rien à faire là , c'est une reformulation d'un condensé des lois de l'Ecclésiaste et de Pareto. Le journaliste devait souhaiter une huitième colonne pour sa mise en page.