Malade
Par Alice, lundi 10 octobre 2011 à 23:18 :: 2011
Mon médecin est rentré mais il ne peut pas me prendre. Trop de monde. Il présente des excuses, sa voix est blanche.
Institut Arthur Vernes, six heures. Consultation sans rendez-vous. Nous sommes au moins six ou sept à attendre, je ne sais dans quel ordre, posés au hasard sur les chaises. Le silence est profond, impressionnant, comme si nous étions oubliés du monde tandis que la nuit tombe. Cela dure une heure. Je finis Sesbouë et je m'endors.
Virus grippal. Ce n'est pas la grippe, ce n'est rien en fait: dormir et boire. Je sais bien que c'est une réaction à jeudi.
Visite de la bibliothèque sous les toits. Dans la journée elle doit être admirable. J'en profite pour vérifier que JA n'est pas référencé dans la revue Études. (Ouf. Parfois la Terre se remet à tourner sur son axe.)
Histoire. Les peurs de l'Occident. «A fame, a peste, a bello, liberanos Domine.» Je m'ennuie doucement, je me dis que ce doit être nécessaire, ce doux ennui, nécessaire aux courses de fond, pas de précipitation. L'Occident toujours en guerre, au XVIe et XVIIe siècle, la paix une exception, les armées sous la protection d'un saint (et je me dis que nous ne sommes pas si loin de L'Iliade et des dieux de l'Olympe), la victoire comme une justification, la défaite comme une malédiction, un grain de blé en donne cinq, il faut en garder un ou deux pour les semences, et encore c'est une bonne année, si un grain en donne deux, c'est une catastrophe.
(A une époque, il courait le bruit que c'était une question à l'oral de l'ENA: combien de grains sur un épi? J'avais posé la question à mon père, qui avait pris le problème logiquement: un épi mesure quatre à cinq centimètres, chaque grain mesure sept à huit millimètres, ils sont attachés sur quatre rangs… Bref, nous arrivions à un nombre entre vingt et trente. A vérifier.)
Les sorcières, l'astrologie, le purgatoire, les limbes,… une jeune noire, dont je ne sais si elle vient des Dom ou d'Afrique, pose plusieurs questions: visiblement elle n'arrive pas à imaginer que l'Occident ait pu être aussi "attardé". (Et j'ai un peu honte, je me demande ce qu'elle a appris, je me dis que "nous" n'avons pas été honnêtes.)
Je savoure ce que je n'ai finalement jamais connu: un professeur qui lit des thèses, et qui est donc au courant des dernières recherches. Ses affirmations ressemblent à des lieux communs, mais chaque question provoque des précisions bien au-delà de ce que nous attendions.