Billets qui ont 'internet' comme mot-clé.

C'est si étrange. Ai-je bien compris?

Dans les mentions légales du site Tartempion je trouve la phrase «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site www.tartempion.fr sans l’autorisation expresse et préalable de Tartempion».

J'éclate de rire: cela faisait partie des mentions qu'on tournait en ridicule circa 2003, pour illustrer les webmestres qui n'avaient pas compris que le buzz, la publicité naturelle, les liens vers leur site étaient une bénédiction, la manne que nul n'osait espérer, et qu'interdire les liens vers leur site était absurde et contreproductif.

Par curiosité, je fais une recherche google avec les mots «L’utilisateur ne peut mettre en place un lien vers le site xxx sans l’autorisation expresse et préalable de».

A ma grande surprise remonte un nombre respectable de sites, dont des sites gouvernementaux ou culturels. Parfois, plus raffiné, c'est l'interdiction d'un lien vers une autre page que la page d'accueil, (exemple d'un restaurant), le lien devant alors s'ouvrir dans une autre fenêtre.

Il y a encore des progrès à faire sur la compréhension du référencement naturel. Ou la crainte de l'utilisation malveillante des liens est-elle si forte qu'elle en est venue à justifier ce genre de phrase qui ne paraît(rait) plus ridicule?

Robinson

Cette année les cours commencent plus tôt — huit heures au lieu de huit et demie — et c'est la demi-heure qui change tout: il est beaucoup plus rare de se retrouver à la brasserie du coin pour prendre une bière ou manger sur le pouce que les années précédentes. J'en suis toute déconfite, car c'est la première fois que cela me serait possible depuis longtemps, ayant eu les années précédentes des heures de grec ou de latin avant le cours principal.

Hier, peut-être du fait du changement d'heure qui permet qu'il fasse encore jour à sept heures, nous nous sommes retrouvés à quatre, un retraité, un proche de la retraite, moi, un trentenaire. La conversation roule sur les vacances, le plaisir et l'ennui de deux semaines de farniente au bord de la mer. D'autre part, nous évoquons les Panama Papers, le monde comme il va mal, je regrette de n'avoir nul lieu sur la planète où échapper à la folie et au dysfonctionnement ambiants. L'un d'entre nous rit:
— J'avais un ami, ils s'étaient mis à plusieurs, ils avaient acheté une île au large de Madagascar. C'était très bien, mais c'était loin de tout, il n'y avait rien, il avait réussi à installer un groupe électrogène, il fallait tout emmener en pirogue, pendant trois semaines tu vivais comme un Robinson.
— Tu dois t'ennuyer, sans rien avoir à faire.
— Si tu dois pêcher ta nourriture et tout faire cuire au feu de bois, ça occupe, tu sais.
— A condition qu'il y ait du bois sur l'île.
— Comme ça tu es heureux de rentrer, de retrouver le métro, les embouteillages…
— C'est une chose que je me suis toujours demandé: pourquoi les gens qui reviennent enchantés d'un lieu dans le monde n'y reste pas. J'avais un collègue qui ne rêvait que de Brésil. Il avait épousé une Brésilienne qui venait d'une région éloignée des métropoles, il adorait cet endroit et les gens. Pourquoi il n'y était pas resté? Quand je lui avais posé la question, il m'avait dit que c'était pour les enfants. Mais si cet endroit le rendait heureux, pourquoi ne pas vouloir que ses enfants soient heureux?
— Mais il n'y a pas que ça. L'homme est grégaire, sociable. Il ne peut pas vivre loin de tout.
— Mais il ne vivait pas loin de tout. Il y avait la famille de sa femme, il n'était pas seul.
Et le plus jeune de dire:
— Le problème, c'est l'emploi. Tu as besoin d'argent, pour l'école, l'éducation des enfants. Tu t'imagines vivre sans internet?
Je le regarde, il est très sérieux, il est en train d'évoquer une situation insupportable, inimaginable. Je me mets à rire:
— En fait, ça nous est arrivé. Tu es trop jeune, mais nous, nous sommes nés avant internet. Donc je peux témoigner et nous nous en souvenons: il est possible de vivre sans internet. C'est même la forme naturelle de la vie.




(Minute people: Filippot et sa suite sont entrés dans la brasserie pour dîner. Je ne l'ai pas vu (je tournai le dos à la porte et quoi qu'il en soit je ne l'aurais pas reconnu) mais c'est ce que m'a dit mon vis-à-vis. Etrange impression, une envie de se lever et partir, davantage peur d'être contaminée que si j'étais en présence de déchets radioactifs. Il y a des gens que je ne souhaite pas croiser.)

Bâtons rompus

— Maman, il va lui falloir une stèle, tellement il y a de choses à écrire sur sa tombe.
— Mais non, on fera un écran qui défile.
— Dans ce cas, il ne faut pas qu'on meurt en même temps, il n'y a que papa pour développer ça.
— Et moi j'irai hacker le système.
— Gravehacker, c'est pas mal comme nom…


— Mais si, tu te souviens, ce film pas possible, on en a regardé un quart d'heure et j'ai craqué… Avec l'ex de Demi Moore… Kushner, quelque chose comme ça…
— Sex Friends, avec Nathalie Portman!
— Oui, sans doute… Franchement, je ne comprends pas, comment peut-on passer de Bruce Willis à ça? Il a du lait qui lui sort par le nez quand on presse…
— Cherche pas maman, il a une grosse teube.
— Je veux bien, mais qu'est-ce que tu fais le reste du temps quand tu te croises?
— Ça n'arrive pas. Tu l'enfermes dans sa chambre avec sa playstation.


Et sinon, il y a ça: on s'inscrit et le système vous alloue une personne à qui envoyer un cadeau anonymement. Par ailleurs vous êtes le destinataire du cadeau de quelqu'un de la liste. C'est ainsi que C. a reçu du chocolat biélorusse et une poudre à la cerise qu'il faudra délayer pour obtenir une sauce. (Je sens que je vais être la seule à oser essayer.)
Il est trop tard pour recevoir des cadeaux cette année (il fallait s'inscrire en novembre, je pense), mais vous pouvez servir de voiture-balai à un laisser-pour-compte, ie envoyer un cadeau à quelqu'un qui devait recevoir un cadeau et n'en a pas reçu. Tenir une promesse à la place de quelqu'un qui ne l'a pas tenue.
C'est un peu compliqué, il faut s'inscrire sur reddit, puis sur redditgift, puis attendre un peu (six heures, douze heures? j'étais si impatiente que j'ai cru que ça ne marchait pas et que j'ai abandonné. Deux jours plus tard C. a vérifié: le site m'avait alloué un destinataire (une destinatrice) aux Pays-Bas).

La fibre

Quand je rentre de la banque (pour un chèque de banque: «C'est pourquoi, ce chèque? — Vous avez besoin de connaître le motif pour l'établir? — Oui.» Qu'est-ce que ça m'énerve. Non seulement nous sommes obligés de déposer nos salaires sur un compte, mais nous ne pouvons pas le retirer entièrement à volonté (à la poste, affiche: prévenir 72 heures à l'avance pour un retrait de 1500 euros. 72 heures?!! Trois jours, et ouvrés, je suppose?) et voilà que je dois expliquer ce que je vais faire de mon argent. C'est mon argent, je l'ai gagné, s'il est véritablement à moi je peux en faire ce que je veux (de légal, je veux bien, mais c'est ma responsabilité de rester dans la légalité: pourquoi instituer ma banque comme mon tuteur officieux?). On dirait toujours que c'est de l'argent à moi alloué par ma banque dans sa grande bienveillance. Zut!) et de la poste (où je découvre avec stupeur que les 225 francs oubliés depuis juin 1999 sur mon livret A sont devenus (à peu près, de mémoire) 187 euros), H. m'attend tout excité:
— J'ai imité ta signature, on va avoir la fibre!
— Quoi? Quel rapport avec ma signature?
— Le contrat de téléphone est à ton nom.

Il me donne des détails techniques. Il est heureux.
Il faut dire que nous pensions que la fibre ne descendrait pas dans notre quasi-impasse (et nous avions déjà élaboré des plans alambiqués pour l'avoir malgré tout). En réalité, elle a été installée physiquement quand les compteurs d'eau ont été changés il y a plus d'un an. Mais pourquoi Orange ne nous a-t-il pas prévenus? Ce n'est que maintenant qu'un commercial démarche les habitants. Nos voisins, qui viennent de s'engager chez Free il y a une semaine, sont verts.

Grain de sable

Panne d'électricité vers onze heures. Impossible de renclancher le compteur. Nous avons d'abord cru à une panne dans le quartier (vérification chez un voisin: non) puis une goutte tombée sur la tête de O. nous a obligés à nous rendre à l'évidence: la baignoire fuyait au-dessus de l'arrière-cuisine, c'est-à-dire au-dessus du compteur électrique, mais aussi du firewall, de la boîte ADSL, etc.

Nous avons tout débranché , tout mis à sécher, rebranché l'urgent (internet pour O qui n'arrive pas à télécharger League of Legend jusqu'au bout).

Bon. Plus de lave-linge, un réseau sur deux (celui non protégé) et la perspective de casser le carrelage de la salle de bain.
Enfin, je préfère que cela arrive pendant que nous sommes à la maison.

Le pont de la rivière Kwaï

Matinée sur des sites de… teeshirts : spreadshirt, redbubble, I' m voting tea party, woot, 80stees, ça me fait rire (un rien m'amuse).

Commencé à écrire sur Tamar (je me suis aperçue que j'avais perdu ma dissert de l'année dernière sur tradition et révélation. Il faudra que je fouille dans ma clé USB sur laquelle je sauvegarde de temps en temps en vrac, générant quantité de doublons qui font que je n'ose plus l'ouvrir).
Cette deuxième année représente de grands progrès sur la maîtrise du temps, avec plus de rigueur et de discipline, à tel point que j'ai entendu H. regretter le temps où je perdais mon temps sur internet!!! (comme quoi tout est possible, même l'incroyable. Contexte: je me plains de tout perdre et de tout oublier. Il me répond: «Normal, tu fais trop de choses. Moi: —Tu plaisantes, j'en fais beaucoup moins, plus de blogs, plus de FB, j'ai beaucoup concentré mes activités. H: —Justement, surfer et glander, ce n'est pas fatigant.»)

Le pont de la rivière Kwaï. Je ne l'avais vu qu'une fois en cassette vidéo, j'en gardais un souvenir flou (deux images, "le four" du camp et le jardin paradisiaque du commandement britannique). Quelle perfection dans la construction narrative, tout le nécessaire, rien que le nécessaire, au moment qui convient.

Dîner chez Jaffar. Nous sommes clients depuis longtemps. Lorsqu'il avait fermé en 2010, j'avais cru que les charges avaient tué un petit restaurant de plus: j'ai la surprise de découvrir qu'il est recommandé par un journal de Chicago!

Si vous avez des minutes de votre vie à perdre

Le web inutile (mais pas sans intérêt. Enfin, un certain intérêt.)

Les digital mums

Spéciale dédicace à M. Cendres.

Certaines agences ont opéré une classification très précise des digital mums. KR Media et WebMediaGroup définissent ainsi quatre catégories de mamans connectées, en fonction de leurs comportements sur le Web, de leurs usages d'Internet et de l'opinion qu'elles ont de ce média.

La "Practical Digital Mum" (18 % des digital mums) utilise la toile pour trouver des informations pratiques: offres d'emploi, annonces immobilières, etc.
La "Shopping Digital Mum" utilise principalement Internet pour les achats de la vie courante (alimentaire, produits ou services) ou pour effectuer des démarches administratives, déclarer les impôts, consulter des plans, cartes/itinéraires. Elle sollicite particulièrement les sites à forte notoriété pour leurs achats. Cette catégorie représente 26 % des digital mums.
La "Social Digital Mum", qui représente environ un tiers des digital mums, est très présente sur les réseaux sociaux mais achète deux fois moins via Internet que les "Shopping Digital Mum". Pour cause, elle consomme essentiellement du contenu média (TV, presse et radio) et utilise Internet pour son côté pratique et ludique.
La "Social B Shopping Digital Mum" (23 % des digital mums) est le profil type de la maman souvent connectée qui participe activement à des tchats, forums. Très présente sur des sites communautaires, elle est friande du Web 2.0 (enchères en ligne, sites de vente collaboratifs, etc.). 73 % de ces mamans souhaitent acheter encore plus de choses sur Internet. Elles lisent et s'expriment via le Net et restent sensibles aux actions des marques sur le digital.

Marketing direct n°150 - octobre 2011

Steve Jobs (1955-2011)

C'est bizarre, tout le monde le connaît à présent, à cause (ou grâce) à l'iPod et l'iPhone. Quand l'iPod avait connu le succès, j'avais ressenti la même impression que lorsque Umberto Eco était tombé dans le domaine public avec Le Nom de la rose.

Mes souvenirs de Steve Jobs, c'est le Newton et le lancement de NeXT. Je devrais sans doute le mettre dans l'autre sens, d'ailleurs, NeXT France ayant précédé le Newton. Mais si l'on excepte le lancement de NeXT à la Défense , cela n'a compté qu'après (dans ma vie, je veux dire).

Le Newton, ce sont des week-ends de solitude avec C. qui savait à peine marcher, pendant que H. allait développer des "applis" chez et avec un ami. Evidemment, vu les ventes du Newton en France, cela ne nous a pas rendu «rêches et célibres», selon notre expression de l'époque. (Je me souviens d'un dessin, d'une pomme en train de tomber sur la tête de Newton, avec une bulle: «Soit je rebondis, soit c'est le grand splash.» La pomme n'avait pas l'air très rassurée.)
Sans doute cette solitude m'a-t-elle fait souffrir davantage que je ne le pensais (en fait je n'avais pas conscience de souffrir, je considérais tout cela avec bienveillance, amusée d'être perpétuellement trompée avec l'informatique (je n'ai jamais accepté un portable dans mon lit, comme quoi la symbolique doit être plus profondément enracinée que la boutade pourrait le laisser croire)), car lorsque l'iPhone a commencé à connaître le succès que l'on sait et que H. a évoqué l'idée de "développer des applis" pour lui, j'ai explosé. J'ai dit non, surprise moi-même par la violence des sentiments qui remontaient, et que j'ignorais jusque alors (entre les deux dates, il y a douze à quinze ans).

NeXT, c'est différent. Nous n'avions pas les moyens d'en acheter, et pourtant, je ne sais combien de NeXT il y a eu à la maison, plus ou moins en pièces détachées, les uns servant de donneurs d'organe aux autres. H. était en extase devant leur système d'exploitation, régulièrement je l'entends soupirer «l'informatique n'a fait aucun progrès depuis le NeXT, quand on l'allume, on voit que tout y était». Je n'ai jamais compris pourquoi il ne s'était pas lancé à corps perdu dans l'aventure. La peur de réussir ou la peur d'échouer ou la peur d'être déçu par ce qu'il aimait profondément? (et le savoir aigu que Steve Jobs avait un caractère impossible, dictatorial). J'aurais dû lui poser la question à l'époque, je regrette de ne pas l'avoir fait.
J'ai été heureuse d'apprendre un jour que NeXT était le père d'internet (enfin, ne disons tout de même pas trop de bêtises dans un domaine que je ne maîtrise pas: la machine qui a porté le premier réseau internet, cf. le lien donné plus haut).

Il me reste aussi un T-shirt. Je ne l'ai pas jeté, même si franchement il est dans un état lamentable.




J'ai pensé à «Roll the dice. Mourning will commence at dawn».

Point de vue

— Et ils ont même fait un film le dernier jour!
— Tu veux dire que tu vas être sur internet? Tu vas être célèbre?
— Ah non alors, j'ai tourné le dos quand ils me filmaient, pas question que ma figure s'étale partout sur internet!
— Partout, relativisons… Comme ça ce sera ton cul, ce sera beaucoup mieux!

Pour Elisabeth

Pour Elisabeth : nous étions six, Nicolas, GEF, Alain, Dominique, Sophie, moi. Sauras-tu attribuer à chacun ses propos ?

(Vrac et désordre, la conversation par bribes dans mes souvenirs. Je garantis que ce sont mes souvenirs, je ne garantis pas leur exactitude. Ce qui est sût, c'est que les sujets n'ont pas été abordés dans cet ordre).





— Même si je ne lis pas l'anglais, j'ai la version américaine de Laura, il sort en mars. Les cartes sont reproduites en fac-similés et peuvent être découpées à l'attention des lecteurs inventifs qui veulent écrire leur propre roman. — Et qu'est-ce que vous pensez d'Eric Rohmer ?
— Vous saviez que c'était le frère de René Schérer ?
— Ah oui, un autre grand malade… Mais c'était les années 68, et puis il était fouriériste… Lui c'était les petits garçons, il allait se fournir dans les secteurs para-psychiatriques, tandis que Rohmer ?
— Quoi, Rohmer ?
— Il aimait les très jeunes filles, ses actrices passaient toutes à la casserole. Mais elles étaient volontaires, c'est comme Woody Allen : il fait tourner ses actifs au tarif syndical, et ils le savent, mais ils sont tous volontaires…
— Perceval m'a beaucoup marqué.
— Mais ce fut un flop. A l'époque, si tu ne faisais pas quatre semaines sur les Champs-Elysées… Maintenant il y a les produits dérivés. Alors il a refait des films caméra sur l'épaule avec du papier Canson pour la lumière ?
— ??
— Tu ne savais pas ? Un jour un journaliste lui a demandé comment il faisait sa lumière, Rohmer a ouvert un tiroir de son bureau, a sorti une feuille de papier et a dit « Voilà, je mets la feuille derrière l'acteur, j'attrape le soleil, et je tourne. »
— Et le dernier ? Daphnis et Chloé ?
— David Hamilton revisité.
X. rit.

— Mais quand on est sur scène on dit souvent n'importe quoi. J'adore Vila-Matas, j'ai tout lu de lui. Dans ses livres il parle d'Achille Campanile ( ?? à confirmer), il dit que c'est un grand méconnu et qu'il l'adore, alors j'ai trouvé et acheté les livre de cet Achille Campanile, il n'y en a pas beaucoup, et quand j'ai rencontré Vila-Matas, je lui ai montré les livres d'Achille Campanile, et il m'a dit qu'il ne savait pas qui c'était ?

— Il y a des coupes dans les traductions. Le premier paragraphe du Crime du golf, d'Agatha Christie, est plein de termes techniques de golf, il n'a pas été traduit.
— Les Proust en ligne au Québec sont ceux de la collection blanche. On peut passer des heures à chercher une tournure qui n'y est pas (puisque tout le monde se sert des Pléiade comme référence).
— Certains se targuent d'être de vrais proustiens parce qu'ils possèdent l'édition Clarac de la Pléiade. Cela veut juste dire qu'ils ont eu vingt ans avant la parution de l'édition Tadié…
— Est-ce que l'édition du Borgès sera identique à la précédente, ou les notes vont-elles être revues ?
— Identique, je crois.
— La veuve s'était plainte parce qu'on avait utilisé des interviews de Borgès alors que celui-ci ne savait pas qu'il était enregistré. Elle criait à la manipulation.
— Mais tout le monde le manipulait, même elle…

— Mais alors, puisqu'on en parle, c'est quoi un mariage gris, ou noir ? Je n'ai pas suivi…
— C'est quand l'un des deux était sincère mais pas l'autre, pour l'un des deux ce n'était pas un mariage d'amour.
— Mais depuis quand faut-il s'aimer pour se marier ?
— Je me souviens d'un témoignage indien qui disait : « Chez vous on s'aime pour se marier, chez nous on se marie pour s'aimer ».
— Ça ne marche pas si mal d'ailleurs…
— Je ne suis pas sûre que l'Inde soit le meilleur endroit pour juger de cela.
— J'avais un ami tibétain qui devait venir se marier en France; sa famille l'a retenu au Tibet pour le marier de force. Il n'était pas heureux (et la jeune fille non plus d'ailleurs).
[reprise]
— Un mariage gris, c'est quand l'un des deux dit: «Je me suis fait baiser».

— Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif ?
— Moi j'ai écrit : « je t'ai reconnue! »
— Mais ce n'était pas moi !
— Comment, ce n'était pas toi?! [se tournant vers nous]. Il faut que je vous explique. J'ai eu une discussion avec X. sur "en vélo" et " à vélo". Elle me disait que seul "à vélo" était correct.
— Je lui ai donné comme exemple "Julie et Cécile vont à bateau".
— Et cette phrase, exactement celle-là, est sortie dans la liste Oulipo. Alors j'ai écrit: « je t'ai reconnue ! »
— Mais ce n'était pas moi! C'est vraiment incroyable. Il y a des choses comme ça, dans l'air… Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif?

— Chandler vendait des voitures sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il avait tout, il vivait très confortablement; il était fou amoureux de sa femme qui avait trente ans de plus que lui, la femme parfaite, épouse et mère… Et puis elle est morte, il a été inconsolable et s'est mis à boire… il écrivait bourrée. Il y a sa correspondance, c'est surtout ses échanges avec ses éditeurs qu'il engueule, c'est extraordinaire…
— Ah oui, je l'ai vu il y a moins d'une semaine, ça donne des phrases du genre : « Veuillez considérer que j'écris en patois suisse, mais si je décide d'agrémenter mon style velouté d'un néologisme argotique, vos ânes bâtés de correcteurs n'ont pas à y toucher » !!
[Et moi je crois à des conjonctions dans le temps et l'espace, malgré tout : avoir rencontré Chandler par hasard une semaine avant chez des amis.]

Tu sais que je conserve tous les exemplaires du Monde…?
— Mais alors… tu vas pouvoir me servir, je cherche un article de Camus au moment de la mort de Malraux.
— Mais (chœur à la voix indécise) ce n'est pas possible…
Moi, réalisant ? Mais non, pas ton Camus, mon Camus! En 1976.
— 1976… Hum, ce sont les cartons du fond, il va falloir tout déplacer…
— Tu sais que tout est en ligne ?
— Oui mais c'est payant, je me sers du moteur de recherche pour savoir quel journal consulter. Enfin, ce sont les suppléments littéraires que je conserve…1

— Quand j'étais petit je lisais une bande dessinée qui s'appelait Pierrot. Et puis l'air du temps est devenu anti-BD, et du jour au lendemain on a arrêté de me l'acheter. J'ai été très malheureux parce dans le dernier magazine le héros, Pierrot, courait dans des galeries à l'intérieur d'une falaise, et l'épisode se terminait il était arrivé au bout de la galerie et elle débouchait à flanc de falaise, directement sur la mer, et la légende disait « Il regarda l'abîme sans fond ». Et moi j'étais petit, j'avais huit ans, et bien, j'imaginais vraiment un abîme sans fond, c'était vertigineux. Et il il y a deux ou trois ans, en passant devant un bouquiniste, j'ai trouvé la suite de l'histoire…
— Et alors ?
— Eh bien en fait, Pierrot regarde vers le haut, et il s'aperçoit que le sommet de la falais est tout proche, et il grimpe et il s'échappe comme ça.
— Et vous avez acheté la revue ?
— Non, même pas…

— Vous savez mon outil a transformé les sites, le baraguoin2, eh bien, durant les vacances, il a commencé à prendre le contrôle d'internet…
— Hein? Qu'est-ce que tu dis ?
— Eh oui. Je ne sais pas comment ça se fait, Google a commencé à indexer des pages, et de plus en plus, naturellement; j'ai commencé à recevoir des mails d'universités, de municipalités, pour me dire d'arrêter… Je pense que c'est parce que Jean Véronis m'a fait de la pub cet été… Nicolas m'a aidé à arrêter le monstre, j'étais en train de prendre le contrôle de la Toile…
— Terminator 3, quoi!!


Note
1 : Vérification faite, il semble que l'article de Camus n'est pas paru dans un Monde des livres. Tant pis.
2 : free marche si mal que désormais le baragweb es

A quelque chose le malheur est bon

Une fois n'est pas coutume, je suis plutôt contente des Français, ou plutôt deux ou trois fois. Mon poste d'observation est un peu particulier, puisque c'est internet (j'ai remplacé le rideau soulevé à la fenêtre dans les villages par les blogs et twitter), mais il me semble valable, car il enregistre la même impertinence que celle entendue le matin aux comptoirs des cafés tandis que cadres et postiers succèdent peu à peu aux ouvriers du BTP arrivés plus tôt.

1/ Au moment de l'hypothétique nomination de Jean Sarkozy à la tête de l'Epad, puis surtout au moment de la fable de Nicolas Sarkozy à Berlin le 9 novembre 1989, la blogosphère et twitter ont éclaté de rire, ridiculisant "les puissants" dans une sorte de liesse populaire qui m'évoquait les pamphlets et les refrains circulant à d'autres époques dans Paris.

2/ La lamentable victoire des Bleus contre l'Irlande plongent les vrais supporters dans la consternation, et cela me rassure. Là encore, cette consternation se traduit par le rire et les jeux de mots (de mains, de vilains).

Twitter, ça sert à ce qu'on en fait.

Ah, que c'est reposant, quelqu'un qui explique ce que vous n'avez jamais pris la peine d'expliquer (c'est plus fort que moi: quand on commence par me dire «C'est nul!» ou «Faut vraiment avoir du temps à perdre» ou «C'est quoi ces gens qui se regardent le nombril» ou «J'ai autre chose à faire de ma vie»1, qu'il s'agisse de blogs ou de Facebook ou de Twitter ou de wiki, etc, l'envie d'expliquer quoi que ce soit disparaît totalement: il est hors de question que je justifie mes goûts et mes plaisirs à des personnes qui (me) jugent sans prendre de risques, sans avoir pris de risques. Juste envie de m'isoler et d'être tranquille avec ceux qui partagent sans juger.)

Donc allez lire la liste (non limitative) de ce qu'on fait sur twitter. J'y ajouterais une dimension plus affective: on peut aussi y veiller sur ses amis et s'en servir comme d'un baromètre à moral.

PS1: Ceci n'est pas un appel à vous servir de twitter. Chacun fait ce qu'il veut. Mais justement, chacun fait ce qu'il veut.
PS2: Cependant, je remets un lien vers un mode d'emploi en français.

Notes

1 Nous sommes six ou sept milliards sur la planète: que faisons-nous d'autre que vivre?

La célébrité

La célébrité, c'est avoir un rendez-vous dans une gendarmerie et d'être accueillie la main tendue avec un large sourire:
— Je vous reconnais, j'ai vu des photos de vous sur Facebook.

Osmose

En ce moment je vois circuler de nombreux d'articles (en français, enfin: on dirait qu'ils ont tous été traduits pendant les vacances!) sur les conséquences d'internet en général et de Google en particulier sur la lecture, l'attention et l'intelligence (sachant que cette dernière est très bizarrement définie à partir des qualités recherchées par les DRH: Dieu me préserve de posséder une intelligence de ce type).

Ai-je tort de ne pas me sentir concernée? Je suis sur internet depuis 2002. Je lis plus qu'avant, j'écris plus qu'avant, et, dernières mutations en date, j'ai le plaisir de vous annoncer un retour de la correspondance manuscrite et des longues plages de lecture (par opposition à la lecture en tranches de vingt minutes).

Pourquoi?
Parce que je féquente des gens qui écrivent et qui lisent, tout simplement. Il en existe sur internet. Parce qu'internet est juste un moyen de les trouver.
En d'autres termes, la pratique d'internet obéit aux mêmes règles que la plupart des activités humaines: ce sont les gens que nous fréquentons qui nous font évoluer.


Obaldia est interrogé par une jeune journaliste "doucement analphabète". Elle lui demande comment devenir célèbre:

— Le meilleur moyen si l'on veut devenir célèbre, c'est de fréquenter des hommes célèbres; si vous voulez être riche, Dany — permettez que je vous appelle Dany —, si vous voulez être riche vous avez intérêt à fréquenter des gens très riches, ça finit par déteindre.
René de Obaldia, Exobiographie, p.345

Intoxication

Arrêter internet est plus difficile qu'arrêter de fumer.

Presse-citon: jusqu'à la pulpe

Pour mes lecteurs qui vivent hors de la blogosphère, l'affaire du jour, c'est ça (je ne mets pas presse-citron en lien car les connexions n'aboutissent plus: trop de tentatives. Les bases juridiques sont disponibles (comme d'hab) chez Me Eolas.

Le plus énervant, c'est que d'après un site tchèque, Killie Minogue vient plus ou moins d'annoncer son mariage avec Martinez. (Je ne fournis pas de lien, ma connexion est trop pourrie, ça doit être disponible sur le site de Libé).

Revelé dans les blogs de veille (veille sur la veille, donc)

  • Les requêtes du Google français, pour le plaisir de la carte (quand je pense que certains à qui je m'adresse en entreprise considèrent que personne n'utilise le net, que c'est totalement un mouvement parisien réservé à des geeks, des journalistes, des ados, des célibataires en manque, et quand même, pratique pour préparer ses vacances).
  • Je suppose que tout le monde connaît Digimind, d'un autre côté, je sais que j'ai tort de supposer cela. Je signale donc le livre blanc de Christophe Asselin sur le web 2.0 et la recherche d'information (l'inscription pour le télécharger est gratuite).
  • Dans ce blog, tout m'intéresse. A noter la question dévastatrice du Time du 1er décembre 2007, «Pouvez-vous nommer un seul artiste français encore en vie qui ait une importance mondiale ?», qui reprend exactement les observations de Renaud Camus (qui décidément est toujours en train de dire ce que personne ne veut entendre).
  • La méthode Getting things done (GTD), si terriblement américaine, résumée en français (j'adore décidément les livres de self-help, même si j'ai arrêté de lire des variations de "Comment gérer votre temps" en me disant que cela ferait toujours gagner ce temps-là de lecture).
  • Pour mes (deux) lecteurs qui s'intéressent à la Russie (la Russie m'inquiète), un billet sur la main-mise ou le risque de main-mise ou la probabilité de main-mise du pouvoir russe sur la toile russe (petit détour par le scandale de la Bank of New York).
  • Un billet triste à propos de la réforme des universités, contre la réforme des universités, que je reprends ici en vous encourageant à lire quelques billets des jours précédents. Je pense à H. qui me dit toujours que les meilleurs informaticiens sont les docteurs qui sortent d'université et non les ingénieurs (H. est ingénieur).
  • Un portail avec les outils de recherche sur internet les plus courants sous la main (simple, clair, sans fioriture).

Ah, et puis, pas sur un site de veille, mais à ne pas manquer

Une manifestation sans chemise que je vais regarder quand j'ai besoin de me remonter le moral. (Merci Melisme!) (Dans le reste du site, une autre idée amusante: le métro sans pantalon). Tout cela me rappelle les Flashmobs.

Google bombing

Enfin, réflexions...

Je tente un google bombing à moi toute seule: Racheumeuneu


mise à jour le 28/09/2007 : j'en profite pour signaler que Berlinette a écrit le 26 septembre.

Expériences

Depuis vendredi je fais des expériences. J'ai ouvert un compte chez Netvibes et suivi les conseils de Zvezdo concernant les flux RSS (et je reperds le temps gagné à d'autres explorations), un compte chez Ziki que j'ai aussitôt détruit, un compte chez LybrariThing en me promettant de le remplir très lentement, et un twitter.

J'en suis à essayer de comprendre Technorati Profile (c'est pour cela que j'écris ce post: pour faire un claim (yes!)). Ce week-end, ou plutôt lundi, il faudra que j'essaie d'exporter mes flux RSS de Netvibes. Dès qu'on aborde l'internet américain on a l'impression de passer de la campagne à l'océan. J'entends les mouettes (et je lis trop de geeks)).



edit: comme je planque ce post dans les profondeurs dans la mesure où il n'est pas d'un intérêt grandissime, le vendredi dont je parle est le 6 juillet, c'est-à-dire demain par rapport à ce post…

Outils

Je m'absente donc une semaine. Je n'ai pas eu le temps d'installer (de faire installer) un anti-spam sur ce blog donc pas de panique s'il est brutalement envahi par n'importe quoi, je ferai le ménage en rentrant. (C'est une évidence, mais comme je déteste voir le blog des autres soudain envahi de mauvaises herbes, j'ai à cœur de vous prévenir).

Je ne sais pas si je pourrai écrire. Il y aura des e-cafés, bien sûr, mais la difficulté n'est pas technique : en vacances comme en week-end, le temps ne m'appartient pas, ce sont les moments où je suis le moins libre. C'est le temps de la contrainte. Il ne faut pas trop que j'y pense.
On va dire que le besoin de vacances me rend pessimiste.
Enfin, on verra bien.


PS : J'ai hésité sur le livre à emporter : les cinq tomes restant du Vicomte de Vaullabelle ou Journal de Travers? Finalement j'emporte le tome I de celui-ci, uniquement pour ne pas être trop à la traîne de vos lectures conjointes… Cela m'ennuie parce que je sais que chaque page va faire naître des correspondances que j'aurai envie de vérifier et que je n'aurai ni ma bibliothèque ni Vaisseaux brûlés sous la main.

À ce propos, pour ceux que cela amuse, je signale qu'il est toujours intéressant de faire une recherche sur un ou des mots dans Vaisseaux brûlés. (Utilisez le point d'interrogation en marge de droite).

Pars vite et reviens tard

H. étant un fan de Fred Vargas, nous sommes allés voir Pars vite et reviens tard.

L'impression est mitigée. Je ne me suis pas ennuyée, ce qui n'est déjà pas si mal (cela renseigne peu. Précisons (au risque de faire hurler Patrick): je ne m'ennuie pas devant Tais-toi! ou Bernie ou 8 femmes ou Ridicule, je m'ennuie devant Chacun cherche son chat ou Y aura-t-il de la neige à Noël? ou La Comédie de l'innocence ou Merci pour le chocolat. A bas les films intimistes à la française!)

La moitié des acteurs (dont Marie Gillain, je suis un peu déçue) ont l'air mal à l'aise devant la caméra. («Quel est le meilleur acteur français? Gérard Depardieu, hélas», est une paraphrase tentante.) Je n'ai pas réussi à trouver le nom de la black qui joue la pensionnaire sans papier (Lisbeth). Elle est bien.
C'est un film pour Parisiens, de préférence flânant souvent près de Beaubourg. J'ai beaucoup aimé les images des places, des toits, des ciels, des feuilles d'automne, du cimetière, des maisons en briques rouges de Clichy, j'ai été agacée par la caméra toujours en train de bouger, de zapper, incapable de prendre son temps devant ce qu'elle montre comme si elle avait peur de nous ennuyer, incapable de nous imposer son point de vue, en un mot manquant d'autorité. Agaçant également les couleurs, trop vives ou assombries, comme vues à travers de la fumée. Jeu réussi sur les lumières floutées, en revanche.
L'histoire tient moyennement debout mais ce n'est pas très grave.
Pensé fugitivement à Tlön et à Conrad en entendant: «En Afrique, on perd très vite ses repères, tout devient possible.»


En sortant, C. demande : Tu crois que c'est vrai, l'histoire du diamant à la main gauche pour se protéger de la peste?
H. répond oui, il a vérifié après avoir lu le livre.
— Tu as vérifié sur internet?
— Oui…
— Alors c'est l'histoire d'un mec qui lit Pars vite et reviens tard puis qui écrit un article dans wikipédia consulté ensuite par un mec qui veut vérifier les informations contenues dans Pars vite et reviens tard…
J'étais morte de rire et H. pas content.

Ah, et puis il faut que je pense à mettre une pipette anti-puces aux chats ce week-end (c'est toujours moi qui me fait piquer, désormais je sais que j'ai le sang le plus chaud de la famille).

Inattendu

Entre la fin du cours et le début du séminaire d'Antoine Compagnon, ma voisine se penche vers moi.
— Vous savez, me dit-elle avec sollicitude, ce n'est pas la peine de prendre des notes, il y a tout sur internet.
Elle m'indique les feuilles que son amie tient à la main, feuilles sur lesquelles sont imprimées les transcriptions de sejan et les miennes.

Mon pismo prend sa retraite

Ce billet N'est PAS de la publicité pour Apple. :-)


Je n'arrive pas à me souvenir du moment où j'ai hérité du pismo. Je l'utilisais déjà en septembre 2002, j'en suis sûre. C'était un ordinateur de récup: à partir du moment où nous sommes sortis des perpétuelles fins de mois difficiles, H. a acheté un nouvel ordinateur (un nouveau Mac) quasiment tous les ans en trouvant à chaque fois un prétexte (s'il me lit il va être furieux), des gens prêts à lui racheter le précédent, quelqu'un de la famille intéressé par un ordinateur gratuit (assez rarement, en fait, car la famille est anti-Apple), la nécessité d'acheter un portable, etc.
En 2002, je fus donc la personne qui héritai du pismo, avec un clavier et une souris extérieurs pour m'en servir en ordinateur fixe (je ne m'en suis pratiquement jamais servi comme d'ordinateur portable).

Je n'arrive plus à démêler les années. Il y eut la fois où je provoquai un court-circuit en tirant sur le câble d'alimentation: une carte grilla, je me retrouvai sans ordinateur. Une carte fut commandée, installée, l'ordinateur démarrait mais le son ne fonctionnait plus. Quelques bidouilles plus tard, le son sortait à nouveau, mais uniquement sur des hauts-parleurs externes qu'il fallait brancher sur le portable.
Le pismo avait été promis à C.; entretemps était sorti l'iMac, le coma de mon pismo avait été l'occasion de se procurer cette bête de course: un ordinateur neuf rien que pour moi (septembre ou octobre 2004, puisque par la même occasion H. m'offrit un iPod, le dernier joujou à la mode. Je n'en voulais pas (mon snobisme consiste à mépriser ce qui est à la mode), je m'y habituai très vite. J'espère qu'il va vivre encore longtemps.)
Je ne me suis jamais vraiment entendu avec mon iMac, je ne sais pas pourquoi. Trop beau, trop neuf, le syndrome de «C'est beaucoup trop beau pour un chien». En tout cas, nous n'étions pas destinés à vieillir ensemble. Pour une raison inexplicable, il a grillé sous mes doigts en janvier ou février 2006. Il paraît que c'est rarissime. Est-ce parce que j'ai éternué du thé sur le clavier? J'ai un don avec les ordinateurs et les programmes. Je trouve toujours le défaut.

Chance pour H., cela correspondait à la sortie du Mac mini. Il m'avait déjà annoncé qu'il fallait absolument que nous en eussions un à la maison, qu'il fallait qu'il le teste, que l'idée était géniale (et c'est vrai que...), que c'était destiné aux gens qui avaient déjà un écran et un portable, etc. Je ne voulais pas, toujours pas, de quelque chose bien trop beau (trop grand, trop puisssant, disproportionné par rapport à mes besoins) pour moi. Le Mac mini fut installé dans le salon pour les enfants et je récupérai mon pismo chéri, qu'il fallut faire passer sous Tiger ou Leopard ou Panter, je ne sais. C'était un peu lourd pour lui, mais toujours compatible.

Il y a quelques mois, H. s'est offert le plus grand écran que propose Apple, un 30 pouces (taquinerie à part, il faut tout de même que j'écrive ici que vu ce qu'il programme, c'est justifié). J'ai alors hérité de son 23 pouces. Le pismo a eu du mal. Il a fallu lui rajouter une carte vidéo. Il mettait plusieurs secondes pour passer en veille, il en sortait en affichant un voile rouge. Il fallait le ménager, je pris l'habitude de ne jamais laisser plus de trois applications ouvertes à la fois (le mail, internet, et une troisième). C'était une contrainte. Peu à peu j'avais l'impression de voir vieillir une personne âgée, une personne pouvant de moins en moins se permettre de bouger. Son état se dégradait.
Le pismo est devenu muet. La dernière vidéo que j'ai vue et entendue, c'est celle de la quinte juste. Je n'ai jamais osé avouer à Zvezdo que je n'avais pas écouté les illustrations de ses billets que je lis avec beaucoup d'attention et de plaisir (et maintenant, je vais aller écouter le billet sur Peter Grimes. C'était frustrant, tout de même.).
Mais pas simplement muet, aveugle, aussi. Impossible depuis l'été de regarder les vidéos de Tlön ou de Matoo.
Mon pismo était également asmathique, et j'aimais bien. Je l'entendais souffler quand je lui demandais quelque chose qui demandait de la ressource. Je n'aime pas abandonner les choses usées qui m'ont beaucoup servie. Il me semble que je leur dois quelque chose (Objets inanimés,...), avec eux disparaît un peu de nous-mêmes, aussi. Je ne disais rien à H., mais je savais que le pismo était en train de mourir.

La prochaine version du système d'exploitation ne sera pas supportée par le pismo. H. a acheté le dernier Mac mini (le premier a été vendu pour être évidemment remplacé par le dernier iMac Core duo, vous vous en seriez douté) et a remplacé mon pismo jeudi, sans rien me dire. Le plus étrange est que je ne m'en suis pas aperçue (je dois expliquer que le pismo était invisible, posé sous le bureau). Il m'a envoyé une vidéo, m'a demandé de la regarder. J'ai protesté qu'il y avait longtemps que je ne pouvais plus regarder de vidéo. Puis j'ai essayé. Ça a marché, je me suis réjouie, sans m'étonner. Je ne me suis pas étonnée non plus de ne plus entendre le bruit de l'ordinateur, pas étonnée que la carte-son fonctionne à nouveau. Je me suis dit que j'avais de la chance. Je suis absolument disposée à croire aux miracles, aux fées et aux trois vœux.
Je n'aurais toujours rien vu si H. n'avait pas fini par me le dire.
Cet aveuglement, lui, m'étonne à chaque fois, cette inaptitude à voir ce qu'on ne veut pas voir, cette aptitude à considérer le réel comme figé tant que rien n'indique formellement qu'il a été modifié...

Je suis soulagée. J'avais peur que mon portable s'éteigne un jour, un jour sans sauvegarde bien entendu. J'étais arrivée aux limites de l'exercice, même si je ne voulais pas l'avouer.
Je suis contente de pouvoir aller regarder les vidéos chez les uns et les autres, de pouvoir faire des recherches sur Youtube comme tout le monde, de lancer les radioblogs de Zvezdo. Je vais pouvoir rapatrier ma bibliothèque iTunes qui était sur un autre ordinateur car trop lourde pour le pismo.
J'espère que cet ordinateur-là me durera plus longtemps que l'iMac.


Ça fait un peu étalage, tant pis, ou plutôt tant mieux, ce billet était un billet d'adieu, mais aussi une recension. Je sais que nous avons toujours les derniers produits Apple à la maison, H. dit que c'est faux, en écrivant ce billet j'ai réalisé à quel point c'était vrai (et je n'ai pas parlé de l'ordinateur qui supporte le réseau, ni des deux titanium successifs, ni des iPod mini, nano, shuffle, offerts aux anniversaires et Noëls des uns et des autres, je n'ai parlé que de ce qui me concerne directement.)

Dessine-moi un caribou

J'ai commencé à surfer sur le net en septembre 2001. J'avais essayé six ans plus tôt, cela m'avait vite agacée, trop de "bruit".

Le six septembre, notre petite société était rachetée à 100% par l'un de ses deux actionnaires, et tandis que le portefeuille clients était basculé dans le système de cet actionnaire, les salariés attendaient d'être réintégrés dans la société de l'actionnaire évincé.

En attendant, nous n'avions rien à faire (cela a duré trois mois). On jouait à Tetris en réseau, j'ai vaguement essayé d'écrire une ou deux pages en html, et j'ai commencé à surfer. Au début je n'avais strictement rien compris, je récupérais conscieusement des adresses dans les magazines. J'ai récupéré celle-ci (enfin, pas exactement, elle a un peu changé, mais le contenu est le même) dans l'Echo des savanes. (J'avais acheté L'Echo des savanes après le 11 septembre à cause d'un dessin de Wolinski qui me coupait le souffle : un poivrot, repoussant comme Wolinski sait les dessiner, disait au patron du bistrot en regardant les avions se diriger vers les tours sur un écran de télévision : «précision, ponctualité… pas du travail d'Arabe, ça»)).

J'espère que vous n'avez pas cliqué trop vite, c'est quand même n'importe quoi, et je n'ai (n'aurais) pas eu le temps de vous prévenir... J'ai toujours rêvé de ce que nous aurions fait des années plus tôt au lycée avec ce genre de passe-temps à disposition pendant les longues heures de cours. Mon préféré est peut-être celuici, mais je n'en suis pas sûre.


Plus sérieux (si je puis dire. Disons : plus ambitieux) il y a lui (je ne sais plus chez qui j'ai piqué ça, il y a déjà longtemps (deux ans?)).
J'aime la fixité des dessins en trois plans, et une action entièrement contenue dans le texte (un peu dommage quand on ne comprend pas tout, mais on ne va pas chipoter (je suis en train de me rendre compte, commentaires de Zvezdo à l'appui, que je ne fais que commenter de l'anglais. Bizarre. Ça va me passer, je pense.))

Celui-là est sans doute mon préféré, avec bien sûr celui-ci.
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